-
Manuel - français - 4
Manuel d’introduction au métier de peintre laqueur décorateur
Synopsis et contexte de l’œuvre de Manuel Diez Matilla
Refonte au dimanche 18 août 2013
Par Christian Diez Axnick
Partie 4
La beauté est parole de dieu. Même si je ne connais pas l’œuvre de Pablo Camino, je sais qu’il est une référence universelle au sein de l’hispanisme, et même au plan mondial. Cela résume bien l’abstraction exigée par notre jugement. On en arrive rapidement à « penser après lui les pensées de dieu », dès que l’on s’engage dans les méandres sinueux de l’esthétique et des mathématiques confondues. Car dieu est le seul qui ait fait les choses différemment. Il y a aussi Neruda, et d'autres poètes.
Après tout, le seul successeur de Charles-Quint est Jaime de Mora y Aragon, et les Valois continuent d’exister, ils nous avaient même offert un kir comme je l’avais dit plus haut avec Nina et Xavier.
De Chenonceaux à Villandry avec ses magnifiques fleurs printanières, à Azay-le-rideaux, jusqu’à Chartres avec sa cathédrale extraordinaire aux vitraux somptueux, une des plus belles de France et même d’Europe et du monde, où se trouve un châle blanc attribué à la vierge Marie, on le voit, notre pays est devenu grand lorsqu’il a accueilli les artistes des autres pays, des autres coins et endroits les plus reculés du monde. Ce même pays est petit et méprisable lorsque certains politiques ne posent plus aucune limite à leur pouvoir, à leur conception raciste, leur haine et leur mépris des différents cultes, et même de tous les cultes.
C’est faute de magistrats compétents et clairvoyants que ces gens ne sont pas poursuivis et agissent sur le devant de la scène en toute impunité. C’est un fait indiscutable. Il faut un contre-pouvoir, et on le sait depuis longtemps.
L’expansion universelle des différents cultes, même alliée le cas échéant à la laïcité, ne peut s’accommoder de tels individus et personnages, pas plus que la démocratie.
Il n’est pas franchement question en Europe, pas plus qu’en France, de revenir en arrière, de remettre en cause le passé, son apport, l’émancipation qu’il nous a apporté jusqu’à présent. Ni pour Zurbaran, ni pour Murillo, ni pour les maîtres italiens, français, allemands ou anglais. L’art est fait d’ajouts, de recherche, d’innovations, de compléments, d’idées. La France est un pays profond, aux élites politiques malheureusement totalement décalées des réalités les plus sociales.
L’homo politicus est devenu un être abject et immonde. C’est un fait auquel notre démocratie morcelée s’est habituée, et c’est pourquoi elle cherche à puiser ses forces dans les principes traditionnels et ancestraux, pour mieux combattre ces attaques incessantes contre ses corps anciennement constitués.
Mais la meilleure réponse à cette crise viendra décidément toujours de la base. Je pense par exemple à mon curé de baptême, le RP Don Primitivo Belver, très fidèle supporteur du cardinal Ratzinger des années déjà avant qu’il ne soit élu pape. Je crois que les seules chances du christianisme sont dans la force et la clairvoyance de son analyse, dans la qualité et le courage de sa critique.
L’ésotérisme, la métaphysique, les sciences du hasard doivent être traitées séparément, comme tout ce qui a trait à la complexité de la vie sur terre et des rapports entre les hommes.
Il y plusieurs années déjà je faisais les réservations et le carottage en plomberie pour le sous-sol et les étages du Sénat, et comme tant de travailleurs et de cadres, je crois que seules d’infinies précautions associées à une certaine hauteur de vue peuvent permettre à l’église de transmettre un message séculier pour ne pas dire millénaire, de transcender sans les fanatiser ou les appauvrir les populations du monde.
Plus tard je faisais la CVC du CHU d’Amiens, qui a tout de même 5 prix Nobel à son actif. Ces derniers temps, comme je l’indique dans la série psychologique, je fais plutôt du génie civil. Je suis tenu au secret. Mes travaux doivent généralement revenir à l’entreprise qui m’emploie.
Je suis pour une ligne tolérante et forte, dans le respect des droits humains.
Il est vrai qu’au fil des ans, le dessinateur, le projeteur que je suis, en plomberie, en climatisation, en bâtiment, en architecture, n’a que de moins en moins de temps à consacrer à l’art, mais malgré tout je fais en général des études très approfondies pour mes sujets, y compris des sujets modernes, même si faute de temps parfois la montagne accouche d’une souris. Je me suis beaucoup étoffé en revanche, je maîtrise mieux des domaines très différents, mais qui en définitive se rejoignent. En revanche, je peints peu, et surtout des œuvres modernes qui demandent pas mal de conception. Je me suis finalement éloigné de l’art classique.
Les drames familiaux que j’ai connus et connais encore, ces drames successifs, ne m’ont laissé en définitive que peu de temps à consacrer à l’art. Je pense par contre qu’il y aura toujours de grands artistes, car la France reste un pays ouvert. J’ai démissionné du parti des travailleurs, car je l’ai au bout du compte trouvé trop replié sur lui même, tournant à chaque fois le dos à l’Europe. La position du parti m’a semblé trop anti-européenne au final. J’étais plutôt pour des négociations moins catégorielles et plus élargies, mais j’ai trouvé qu’à chaque fois telle ou telle classe jouait l’interposition entre la base, les militants, et la direction. Nos militants ont beaucoup souffert, beaucoup donné, et on les a abandonnés au profit de dogmes incompréhensibles.
J’eus souhaité davantage de réalisme de la part des militants, et un peu moins d’ignorance des réalités les plus cruelles. Il existe un manque de responsabilité, mais le courage de nos militants n’est pas en cause. Leur volonté de changer la société non plus.
Mais il est vrai que je ne suis d’aucun parti en vérité. Pour moi un parti est un lieu d’échange des idées, de contradiction, et en dernier lieu un terrain de consensus si possible. En fait, le débat contradictoire que nous avons eu n’a pas abouti.
Il faut une nouvelle voie. Elle passe par l’unification des européens autour de valeurs communes. Car face aux puissants impérialismes concurrents, effrayants, terrifiants, l’Europe doit garder et conserver une capacité d’union, et cela elle n’y parviendra jamais sans la négociation, ni dans la négation de son passé récent. Trop souvent nos dirigeants tournent le dos aux grands projets de demain. C’est à nous tous de trouver un terrain d’entente, de parvenir à nous unir.
Je forme le vœu que l’on comprenne, et la publication assez récente de l’évangile de Judas a donné à ce dernier une espèce de tribune, dans la mesure ou Judas semblait très bien connaître la religion juive, même sa métaphysique et la philosophie, en fait la Torah, que Jésus ne pensait pas tout à fait la même chose que lui, même si ces textes rapprochent les deux hommes. Non pas qu’il ne faille pas réhabiliter Judas d’un point de vue intellectuel, ce serait travestir la conception qu’il avait de sa mission, mais je crois qu’il faut inlassablement rappeler que les enseignements du Christ restent supérieurs aux siens.
Le testament de Judas a conservé une meilleure presse que l’évangile de Judas. Au-delà de ces questions, et ma mère aimerait bien lire le testament, considérons que l’évangile est incomplet, et que certaines données sont faussées, biaisées. Elles ne rendent pas assez bien le contexte, car les textes ont été endommagés.
Au fond, qui a souffert durant la deuxième guerre mondiale, quand même surtout les juifs allemands, les communistes allemands, les républicains, les démocrates-chrétiens, les paralytiques, les handicapés, les homosexuels, les infirmes, en quelques sortes les bouches inutiles trouvées par le régime. Le monde actuel, après s’être ligué contre l’Allemagne, devrait admettre qu’elle puisse avoir aussi son mot à dire. Je crois que l’Allemagne un jour devra se débarrasser des tutelles russes et américaines, et être aussi en mesure de se défendre et de frapper. Ses intérêts vitaux l’exigent face aux nouvelles menaces qui émergent un peu partout dans le monde. Il faut extirper l'Allemagne de son passé. Une capitale comme Koenigsberg, la capitale de l'ex prusse orientale, ne sera jamais vraiment russe ou soviétique.
Enfin après Eugène Ionesco, Gérard de Nerval, qui parlait de Gonesse, des étangs de Comelles ou se rendait Blanche de Castille, la mère de Saint-Louis, et aussi la fameuse Dame Blanche, après tant d’artiste qui ont réussi à faire renaître la critique, l’art exceptionnel de Manuel Diez Matilla, qui a longtemps vécu dans le Val d’Oise, a su insuffler une deuxième vie à la peinture à l’huile, aux normes picturales, au domaine des relations entre les artistes, dans les années pour ainsi dire qui précèdent la découverte et l’indentification définitive de l’ossuaire de Jésus.
Pour l’anecdote, le château de la reine blanche, face aux étangs de Comelles ( ou étangs de la Dame Blanche ), serait celui ou Blanche de Castille, la mère de Saint-Louis, aurait été cloitrée à la suite d’un adultère.
Véritable icône de la butte Montmartre dans les dernières années de sa vie, mon père avait son style, il a su insuffler sa vision des choses. Dans mon esprit il est incontournable, et reste un des derniers artistes connus qui ait eu des périodes en Espagne, en France, et qui ait rejoint les dizaines de grands peintres qui ont séjourné sur la butte, notamment au 12 rue Cortot, le bateau-lavoir se situant un peu plus bas.
Je forme le vœu que notre profession martyrisée renaisse un jour de ses cendres.
La création du CA.P. de laqueur décorateur aiderait beaucoup l'état à assurer la formation des artistes de demain; puisse son souhait être exaucé.
Il est vrai que le monde actuel, fait de lobbyings, a zappé, est passé au travers d’un artiste de sa trempe. Un peintre comme lui méritait mieux. Parfois, j’ai l’impression que les médias ont pris le parti de nous déstabiliser, et les onze études psychologiques que je lui consacre devraient en partie remédier à ce problème de démocratie élémentaire.
Je pense qu’il est encore temps de savoir prendre le pouls des impressions qu’il a laissées derrière lui, de sa marque et de sa trace impérissable. Il me disait parfois en riant « Filosofia Don Diego », sois philosophe. On n’en faisait pas beaucoup de philosophie à la maison; tout était consacré à la peinture. Sa vie entière y était dédiée. Cela m’a conditionné jusqu’à aujourd’hui.
Aujourd’hui, avec l’âge, j’ai davantage de recul. Je me rends compte de ce que c’est que peindre, moi qui suis resté oisif, incompris et critiqué à raison parfois. Pour autant, j’ai été un témoin vivant de l’histoire qui s’est accélérée devant moi. Ce n’est pas sans avoir la larme à l’œil que j’ai assisté à l’évolution des choses, au fur et à mesure de mes voyages en Allemagne, qui finalement ont été plus nombreux qu’en Espagne. « Kuk mal dir Arme Leute », me disait Marita, lorsque l’on passait des images de massacres à la télévision. C’est à n’y rien comprendre, et pourtant il est terrible ce constat, celui de l’évolution dramatique des choses.
Construire n’est pas simple, détruire est facile. L’Allemagne a perdu et perd de l’influence, « Einfluss », dit-on. Et elle n’est pas seule dans ce cas, mais sa position est particulièrement délicate depuis toujours.
On ne refera pas un génie comme Manuel Diez, avec tout ce que cela implique et laisse entrevoir comme conséquences. Là encore je suis sur la sellette, sur le grill. J’essaie de trouver le temps de peindre, mais je n’ai pas les moyens même depuis que j'ai le pavillon, qui demande pas mal de travail; vivement qu’on aille aussi en Espagne et en Algérie ma femme et moi.
Il me faudrait un atelier pour mes vieux jours. De quoi me permettre de m’organiser un peu mieux sur le plan manuel. On ne peut pas peindre dans les petits appartements des cités. La peinture sent fort. Et puis, ma mère est très critique, comme ma femme.Il ya quelques années c’est Norbert qui était venu repeindre le salon. Il avait 57 ans tout de même déjà.
Je me suis toujours bien senti avec Norbert, mon oncle. Il avait été opéré comme Uwe. Uwe de la tête et lui de la vésicule. Ils m’avaient ramené plein de schaschlick de là bas. Je suis un grand amateur. J’adore la cuisine allemande, les patisseries, les Monkuchen, les Streuzelkuchen. La patisserie allemande est excellente, remarquable. Je suis resté gourmand de l’Allemagne. Les patisseries valent bien les pastas et les bollos d’Espagne. Mon père était plus dans le camp espagnol, ce qui est normal. Moi j’ai toujours gardé un œil sur l’Allemagne, et même deux, même si je suis friand de polvorones.
Edith, ma tante, me trouvait peu d’honneur. On peut voir les choses de cette façon, c’est vrai.
Mais mon cœur bat aussi pour l’Allemagne. Même si je ne me méprends pas. Mais je suis conscient de mes origines et de ce qu’elles impliquent dans la vie de tous les jours.
Ma mère est née à Kreis Neuendorf, qui se trouve en actuelle Russie. Sa sœur Gerda est née à 6 km de là, à Momehnen, actuelle Pologne. L’autre partie de l’ex-Prusse orientale, la troisième, est aujourd’hui un état balte. La dernière fois que je suis allé en Allemagne, nous sommes allés chez Dieter et Gerda.
Oui, Jésus-Christ parle du « décime » de la vérité, car il raisonne en termes généraux. Nous sommes nombreux à nous appeler Diez dans le monde. Nous ne sommes pas tous les mêmes, nous n’avons pas tous les mêmes idées. Mais nous avons tous connus des drames familiaux, nous avons tous été confrontés à l’incompréhension.
Au fond, nos vies sont diffuses, linéaires, turbulentes. On ne peut pas tout comparer facilement.
Parfois, nous sommes isolés, livrés à nous-mêmes et craintifs. Mais pas tant que ça. Il nous arrive de réagir, d’avoir certaines pulsions, certaines réactions. Il est beaucoup question d’influence, c’est un fait. Mais parfois aussi, la vie privée s’immisce de façon il est vrai aléatoire, telle une vérité descendue par dieu sur nos vies. Et puis, peu à peu, elle s’efface à nouveau. On passe à autre chose.
La vie nous réserve un peu de tout.
La France est une puissance putative, une hydre avec une gueule béante. Mais on finit toujours par relativiser, sans tout ramener à soi pour autant. Les deux cotés du fusil sont différents l’un de l’autre, c’est comme ça. Je fais des erreurs, j’en accumule, je dois assumer et payer ces erreurs.
Je ne voudrais pour rien au monde que ma famille ou mes proches fassent les frais de mes erreurs.
Il y a quelques années l’oncle d’Hanifia est mort d’alzheimer, la vie continue à nous démunir de tout, à nous enlever nos proches. Il était très gentil. La vie s’en va, elle quitte les uns et les autres, la mort caracole et vient chatouiller ceux qui restent. Nous sommes mortels, c’est un fait.
Daniel Parent, un de nos amis d’enfance, est mort il y a quelques années d’un accident du travail. Il travaillait à la centrale électrique d’Ivry. Il devait faire une manipulation avec deux autres employés qu’il a voulu faire seul. Un ensemble électrique lui est tombé dessus. Il a été électrocuté. Tout lui est tombé sur le visage. Ainsi va la vie. Nos générations disparaissent progressivement, peu à peu nos forces s’amenuisent, tout disparait. Ces drames nous laissent pantois et livides, interrogateurs et blêmes. Daniel était à la CGT. Il a été militant toute sa vie. Il payait le timbre et les semestres.
Pauvre Daniel, il laisse un fils orphelin et tant d’amis dans la circonspection. Il était jeune, plein de vie et de fougue. C’était un syndicaliste de toujours. Il s’était fait dérober son 4X4 en face de chez nous une année.
-
Commentaires