• Manuel Diez Matilla : un destin oublié

     

     

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

     

    11ème partie

     

    Par Christian Diez Axnick

    Refonte au dimanche lundi 26 août 2013 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      J'ai fini il y a quelques temps une mission dans le secteur de la recherche mécanique, au sein d'un important organisme de conseil au plan national.

     Même si Toro reste une importante capitale artistique, religieuse, juridique et royale, ou encore taurine, et même culinaire, avec ses «   Pastas » et ses «  bollos », ses remarquable «  Polvorones » ou encore politique, archéologique, viticole, Manuel Diez reste un des derniers représentants de sa splendeur artistique.

    Il est un des derniers produits importants qui soit né là bas. Même si l’essentiel de sa carrière s’est déroulée en métropole. Quelques traces du christianisme semi-païen ont subsisté dans son œuvre.

    Il est allé vers plus de synthèse chrétienne, traditionnelle et historique. Une partie de certains vins de Bordeaux vient du vignoble de Toro, ou l’on produit le «  Sarmiento », ou plutôt pour être plus correct le «  Cermeño ». Artistiquement, le XVIème siècle est très représenté là bas, comme le siècle d’or. Gérard Depardieu possède quelques bons crus de là bas. J’étais allé avec Nina chez sa femme Elisabeth à Bougival à l’époque ou Guillaume vivait encore et ou Julie était célibataire. Elle recherchait un couple de jardiniers. Toro est un peu à l’Espagne ce que Jérusalem est à Israël. Une capitale humaine et sociale incontournable, Le Téjar ayant été en quelque sorte le Bethléem de mon père. Les torésanos n'ont pas vraiment apprécié que Depardieu se présente un beau matin chez eux pour vendre du vin. Ma mère n'a pas aimé non plus.

      Comme toujours pour les artistes, il faut savoir se remettre en cause, se remettre en question, et poursuivre sa route par les méandres sinueux qui mènent à nos buts respectifs, s’aménager des portes de sortie, et aller vers un moindre mal, sans pour autant entièrement perdre de vue ses propres ambitions.

      L’Espagne est à la croisée des chemins. Ses oligarchies représentent encore le passé sanglant et répressif de l’Europe. Elle tient arc-boutée sur de vieux fondements, prisonnière du terrorisme aujourd'hui davantage maîtrisé, morcelée et écartelée par ses autonomies qui retiennent et contiennent le sentiment national.

    Quel avenir aura-t-elle après lui, je l’ignore. Je suis resté tellement éloigné de l’Espagne, comme maintenu à distance, que je ne sais plus comment apporter le maximum à ce pays.

      Pourtant, ce pays a fait encore récemment des choses prestigieuses, comme par exemple les excellents résultats et le titre mondial de La Roja, il a réalisé il y a peu des avancées et il serait difficile de le faire dans un pays comme la France ou règne davantage de liberté, mais aussi une relative anarchie cadenassée par un pouvoir qui veille sur tout. Je ne suis pas beaucoup retourné à Toro, et j’aimerai y aller plus souvent, ne serait-ce que pour me recueillir à nouveau sur la tombe de mes ancêtres.

      Ce que j’aimerai beaucoup, ce serait avoir plus d’argent et plus de temps pour peindre et en revenir à ce qui a fait la vocation et les heures de gloire de cette petite partie de la famille Diez que nous sommes. C’est ce que nous savons faire de mieux, même si tous, nous nous sommes dispersés depuis la terrible mort de mon père. Il faut en revenir à l’humilité, le ciment de l’art.

     José-Mari, le fils cadet de Vénancio, s’est lancé dans la peinture avec un relatif succès, du vivant de Christine et après sa disparition tragique. Il nous a même dépassés. Je souhaite dessiner et peindre beaucoup plus qu’aujourd’hui. Ingo peint un peu. Moi j’ai beaucoup perdu de contact avec le chevalet. Et puis, d’autres techniques modernes ont pris de l’importance. Les toiles africaines en sable coloré par exemple. Kheira, la sœur d’Hanifia, m’en avait offerte une.

      J’aimerai après un bref passage par l’art moderne ( à un moment j’ai été inspiré par les tags et les graffitis ) et le surréalisme, en revenir à l’art classique ou néo-classique, à l’impressionnisme. Je manque de tubes de peinture et d’argent. Mais si je pouvais créer une activité ou une entreprise, un atelier, je ne dirais pas non. J’ai eu quelques contacts avec Ute Hadam, une très grande artiste, et je ne désespère pas de repartir un jour sur de bonnes bases. Il y a aussi Birgit Magler-Wieseman. Ce qui compte souvent, c’est la volonté, l’humilité.

      L’espoir est là, il nous tend les bras, dans un monde ou presque tout nous est opposé. C’est à nous de savoir nous ressaisir, nous remettre en question. Il faut tout recommencer, repartir de zéro.

      Ce que j’ai essayé de faire en écrivant le manuel d’introduction rédigé en quatre parties, et ces onze études psychologiques dont certaines sont encore perfectibles, c’est de mettre en évidence un diaporama historique et culturel. Les textes autobiographiques de mon père reflètent davantage sa propre pensée. J’accorde une certaine importance aux relations publiques, au débat d’idées, sans lequel l’art n’avancerait pas non plus. Je ne veux pas tout trahir, ou livrer les opinions politiques de mon père, car il était avant tout un peintre passionné, vivant dans une certaine démesure, au sommet des possibilités artistiques et picturales de son temps.

      Pour ceux qui l’ont aimé, qui ont été ses contemporains, je tiens à accorder le pardon, l’indulgence. Je voudrais que ses ouvriers, les travailleurs de l’ombre, ceux qu’il a connus et engagés, aient aussi leur part de gloire et de reconnaissance dans l’héritage qu’il a laissé, Pédro, Ramon, Antonio Illan, Landrin, Agop Agopian, tant d’autres. C’est la moindre des choses. Le père de Pédro est mort il y a deux ans.

     Manuel Diez n’aimait pas les gens prétentieux, les bêtes à concours et à diplômes, mais les gens humbles, ceux qui parti de rien prenaient le risque entrepreneurial avec lui, ceux qui savaient être et rester à leur place en apprenant à progresser.

      Puissent ces travaux écrits, rédigés et pensés aider à une meilleure compréhension de ce qu’il a incarné et représenté, pour que l’on oublie jamais les décors aquatiques et floraux, naturalistes, merveilleux et fabuleux qu’il a composés. Pour que l’on soupèse à la lumière du jour le travail accompli, sa maturité, sa dextérité, son extraordinaire diversité de tons, de couleurs et de nuances. Mon père était un granvirtuose de la peinture, une obsession qui ne l'a jamais quitté..

      Je repense à nouveau à la catastrophe de Fréjus avec cette digue qui avait rompu, et à cette image d’un homme recueilli devant une croix dont il a tiré plusieurs tableaux à empâtements, comme pour le chasseur de chardonnerets. Mon père s’inspirait de tout, il partait d’une idée, parfois comme ici d’une photo parue dans un journal pour composer d’authentiques chefs-d’œuvre.

      Puissions-nous repartir de zéro, nous remettre en question, et marcher à nouveau sur ses traces gravées dans nos mémoires à jamais.

      Et au public, je voudrais dire merci, mille fois merci de bien avoir accepté de nous suivre dans nos pérégrinations et nos aventures, d’être entré dans l’intimité créatrice de ce géant du XXème siècle à qui nous devons tant et tant de merveilles. Lui-même ne cachait pas son admiration devant certaines œuvres et certains tableaux. Il était capable de s’émerveiller, il aimait son métier et la peinture était sa passion. Il a commencé à 4 ou 8 ans et ne s’est plus jamais arrêté de peindre.

      Je tenais à vous remercier tous, les visiteurs de ce blog, tous ceux, toute la foule des anonymes qui ont suivi et se sont intéressés à cet être impressionnant d’audace et de débrouillardise, ce travailleur manuel infatigable que le destin nous a repris cruellement. Merci à tous, et que nos conseils, notre témoignage vous soit utile et vous permette de mieux vous situer dans le monde immense de l’art.

    Ce colosse de petite taille, qui ne pesait plus que quelques kilos avant sa mort, a tant œuvré pour faire avancer les coloris, l’esthétique et la création picturale, l’innovation et le style d’une œuvre forte et mature. Merci donc, et que le vent soit avec vous, qu’il vous mène à bon port.

      Le public est d’une certaine façon le sauveur non pas des apparences, mais des réalités. Quand je pense au meuble de linge sublime qui se trouve dans la chambre de ma mère, avec des chinoises qui sont représentées, je me dis qu’il n’a pas eu beaucoup d’occasion de nous laisser quelques unes de ses magnifiques oeuvres. C’est la vie. Il n’existe plus de petits artisans de son envergure. Aujourd’hui, les systèmes s’effondrent, le monde arabe bascule dans de terribles révolutions prolétariennes. Non pas que la révolution ne soit pas quelque chose d’intéressant, même de passionnant. D’ailleurs Hanifia est de toutes les façons et depuis longtemps de ce bord là, mais le prix à payer en termes de vies humaines me semble beaucoup trop élevé, pour un gain politique, administratif et bureaucratique relativement réduit. Il y a eu beaucoup trop de morts et de martyres. Je pense que même si certains dirigeants ont des milliards, issus de la corruption et de l’accaparement des richesses, ces révolutions ont donné lieu à un effroyable bain de sang. Ce qu’il manque, c’est une alternative. La guerre civile en Syrie est aussi un terrible drame dont on ne voit plus la fin, dont on arrive pas à trouver de solution.

      Après lui, qui a su donner un cap, les systèmes de valeur s’effondrent. La vie humaine ne compte pas assez, on ne la prend pas suffisamment en compte. La vie humaine doit être quelque chose de sacré. L’Europe ne peut se mêler facilement aux nouveaux défis mondiaux que pose la pauvreté.

      Elle-même est très pauvre aussi. Comme la véritable Amérique du reste. La vraie révolution ne peut aboutir que par sa propre consolidation, et pas autrement. Il faut au moins un pied dans le pouvoir, sinon c’est l’hécatombe.

     Pourtant, la majeure partie de dirigeants arabes qui ont chuté sont venus en Europe, et ont été reçus, mais ce sont les systèmes qui ne marchent pas, les projections sur le long terme.

      Mon père savait ne pas trop se mêler des affaires des autres, ou de la vie des autres, il remettait tout sur le métier, et continuait son parcours, en se méfiant des pièges de l’histoire, des subterfuges, des mensonges par omission distillés aussi par les journalistes et l’audiovisuel. Il menait sa route, savait contempler son œuvre, persévérer, continuer dans un mode de vie modéré.

      Les révolutions ne sont pas un mythe, mais elles coûtent un immense crédit également. La révolution est un but qui nécessite une clarification, une reconnaissance du partage nécessaire du pouvoir, une acceptation de l’exercice du pouvoir. Elle ne peut aboutir autrement. De là est né et provient le socialisme, la seule norme à peu près acceptable par les communautés, lorsque les systèmes de droite mènent à l’impasse.

      J’ai lu le livre de Gérald Messadié, «  Saladin, chevalier de l’islam », paru aux éditions de l’Archipel, et si la contagion qui a gagné le maghreb et le monde arabe m’a parue justifiée, je pense que l’opposition doit accepter le partage et une expérience du pouvoir, ou plutôt les oppositions. Récemment j'ai lu le livre de Rudolph Pesch " L'évangile n'est pas antisémite ", ou il plaide pour l'évangéliste Jean.

     Le monde s’accélère, il faut un édredon, un amortisseur qui puisse permettre l’économie de vies humaines. Je suis d’accord avec Gérald Messadié lorsqu’il dit «  Au 1er siècle de notre ère, Jésus brisa le moule du judaïsme, qui présentait dieu comme le maître du bien et du mal, pour imposer le concept d’un dieu exclusivement bon ». Il parle aussi dans son livre des péripéties advenues à la vraie croix, que les combattants francs ont perdue dans une bataille. Mon père m’en avait parlé aussi.

      Il est vrai par exemple que ma mère était revenue d’Espagne, et même si elle est viscéralement protestante, elle a assisté à un office à la paroisse San Julian de Toro avec Méré. Jésus est aussi l’homme de la cohérence. Elle est passée dans le journal, sur une photo, avec Méré, sous un article consacré aux toréros. Elle et Méré sont sur la file, à gauche des autres. Dans ma famille, nous avons eu un chulo et un banderillo.

      Au fond, ce qui me sépare de ma femme, c’est que je suis un peu plus conservateur qu’elle, alors qu’elle, elle ne reconnaît aucun des pontes au pouvoir dans ce pays, qui font tous de la lèche et passaient leur temps à astiquer les bottes du nabot. Moi je suis révolutionnaire du coté d’un Bernardo Sandoval et de son «  Sendero luminoso », du coté de vraies idées, et plus ou moins socialiste. Elle, elle est plutôt socialiste, et convaincue que tous sont mauvais. Elle zappe dès qu’apparaît le visage de Sarkozy ou de l’un de ses amis sur le petit écran. Elle ne peut pas les voir ni les supporter. Moi je trouve que la république espagnole fait partie tout simplement du patrimoine espagnol. Albéniz était basque et espagnol, comme Manuel de Falla, Rodrigo ou Manolo Caracol. Il ne faut pas qu'une république en absorbe une autre.

      Ces gens, comme autrefois les socialistes et Mitterrand, mais à un moindre niveau en ce qui concerne ces derniers, nous ont fait passer du paradis à l’enfer. Le monde actuel n’offre aucune issue autre à la contestation que la lutte de classe ou la lutte armée. On ne peut pas être des deux cotés, c’est impossible. C’est d’ailleurs ce qui fait encore la force de l’église en Castille y Léon, sa dureté et sa durabilité, son intransigeance.

      Pourquoi avons-nous perdu tant de sens manuel et d’habitudes de travail ? Parce que nous sommes dans l’engineering, le process, le génie civil, les bureaux d’études, les métiers intellectuels. 

      Contrairement à ce que croient beaucoup de français, c’est souvent nous qui faisons presque tout dans ce pays. Notre civilisation est franque. Ceux qui vont de l’avant sont souvent les plus positifs, nous n’avons guère d’autres atouts dans le monde contemporain. Nos seules chances sont dans la cohésion des forces, et non dans leurs divisions.

      Alors j’ai parfois la nostalgie de l’atelier, de notre ancienne entreprise familiale, mais sans mon père il n’était plus vraiment possible de continuer. Ou alors, il aurait fallu que les commandes de tables et de meubles affluent, mais nous ne pouvions plus donner de garanties suffisantes aux clients. C’est une affaire de grandeur, d’envergure, d’entreprise, et lorsqu’il faut faire vivre jusqu’à 10 salariés, rien n’est jamais acquis ou facile, surtout à cause des charges. Le départ de Pédro a précipité les choses aussi, comme pour les autres.

      J’aurais voulu continuer, mais en vérité, je ne pouvais pas le réussir tout seul. Il m’aurait fallu au moins un employé ou deux. Alors il m’a fallu renoncer. En plus, Bernard a fait sauter l’installation et le compresseur en voulant passer du triphasé au biphasé. Peu à peu, la transition avec l’atelier paternel s’est délitée. Je ne pouvais pas continuer l’atelier seul, même si j’ai du faire une brocante ou deux avec Nina. Le rêve s’est peu à peu évanoui.

      Pedro a monté sa boite dans le midi, une société ou il s’est mis à travailler avec le vernis polyester. Ma mère a fait démolir l'atelier vétuste pour créer une salle de bains.

      Les arts traditionnels pour se perpétuer nécessitent une colonne vertébrale, et c’était mon père qui l’incarnait. Sans lui, plus rien ne pouvait tourner de la même façon. Il savait répondre et faire face aux exigences et aux demandes de la clientèle. Aujourd’hui, j’arrive tout juste à me remettre de cette époque révolue, puisque je travaille dans les bureaux d’études depuis une vingtaine d’année, mais parfois, un regain de nostalgie me gagne, des espoirs déçus, la grandeur passée, le prestige, les livraisons que nous faisions au Faubourg Saint-Antoine. J’ai du mal à oublier, je regrette cette époque ou je voyais mon père réaliser des merveilles et des décors fabuleux, inoubliables.

      Je crois, enfin j’ai essayé d’être le meilleur auxiliaire pour lui, je l’ai toujours soutenu, j’ai toujours été à ses cotés, et parfois il ne me faisait pas de cadeaux. Il lui arrivait d’avoir la critique acerbe.

    Il avait toujours un peu tendance à me mettre à part, sauf lorsqu’il avait besoin de moi. Il savait qu’il pouvait compter sur moi.

      Les évènements qui ont gagné le monde arabe depuis déjà quelques mois démontrent la vivacité et la détermination de la révolution et la terrible répression armée qui existe. Le majordome de Mme la baronne n'était pas loin du lieu ou Youssoupof assassina Raspoutine le jour de l'assassinat. La baronne Gousry de Roslan était riche, et savait utiliser son argent. Du moins tant qu’elle a tenu Frogères en Sologne, une fois partie à Bormes-les-Mimosas dans le Var, elle n’était plus qu’un légume. Sa fin de vie a été longue, car elle est morte très âgée, née avec le siècle et morte avec lui.

      Elle avait deux parentes plus ou moins proches et éloignées, les deux faisant partie de la noblesse, l’une dirige encore aujourd’hui un célèbre parc botanique ( Saint-Jean de Beauregard me semble t’il ), et l’autre qu’elle a peu connu s’était mariée à un hobereau allemand. Dieter et ma tante Gerda ainsi que leur fille Daniela vivent non loin du château ou elle a vécu, ou un de ses portraits orne un mur. Des fêtes villageoises ont eu lieu là. Encore une drôle de coïncidence.

     Ce majordome qui fut au service de la Baronne n'était pas loin des évènements, du lieu de l'assassinat de Raspoutine qui fut le prélude de la révolution bolchevique avec son douloureux et terrible cortège de 20 millions de morts. De la même façon, les révolutions, les mouvements de protestations, de contestation qui ont pu se développer ces derniers temps dans le monde arabe, entraînant déjà la chute de deux dirigeants importants, sont le résultats de décennies de tyrannie.

    On a pris le parti d'ignorer les problèmes des peuples, et voilà le résultat. C'est l'impasse et l'escalade dans l'horreur. Puissent les peuples entendre raison, et surtout les despotes véreux et multimilliardaires qui contrôlent cette partie du monde, depuis toujours et jusqu'à aujourd'hui, dans la répression et le sang des innocents.

      La Lybie a basculé dans la guerre civile il y a deux ans. Ce fut l’escalade dans l’horreur, avec des mercenaires venus du Libéria, des snipers, une répression atroce. De plus, la France est un des pays qui a déroulé le tapis rouge devant Khadafi depuis toujours, sans compter le scandale avec Michèle Alliot-Marie et son départ ainsi que celui de son compagnon, ministre comme elle. Ce pays est devenu non pas un berceau pour l’art et l’artisanat, mais un marchand de canons qui fait la courbette devant tout le monde. Ces vieux despotes ne veulent pas quitter le pouvoir. On en avait déjà eu l’écho lors des jeux de Barcelone, avec tous les anciens suppôts du régime nazi. Heureusement le conflit lybien a pris fin depuis avec la mort de Khadafi, qui en soit était un combattant de l'islam, même excentrique.

    J’aime la Catalogne, j’aime les catalans, mais il est difficile, voire impossible de comprendre comment des gens qui ont exterminé la moitié de l’Europe avec les nazis, rayé de la carte pour ainsi dire les pays baltes, participé aux plus grands massacres de masse de l’histoire de l’humanité ( dont ceux de Tréblinka à l'arme lourde ), ont pu réussir à s’accaparer les jeux et la direction du mouvement olympique durant un quart de siècle. Les documentaires sur Treblinka et sur les massacres dans les pays baltes sont indescriptibles, avec ces gibets de 40 mètres de haut qui s'étendaient à perte de vue. Il faut le voir pour le croire.

    Quel manque de réaction de la part de nos démocraties, quel fiasco. L'Espagne sombre depuis, et n'en finit plus de glisser vers l'abîme. C'est depuis cette époque, à la charnière des années 90, que j'ai définitivement perdu ma première petite amie, ma dulcinée du Toboso. L'Espagne nous a rejetté comme d'incapables combattants de l'ombre. Depuis, j'ai connu Hanifia, mais je souffre encore de n'avoir rien pu faire à l'époque. Nous sommes devenus des parias, avec les suffrages de toute l'Europe ligués contre nous, une Europe entièrement complice à nouveau comme dans les années 20, les années 30. Ma vie de fils d'immigré espagnol a basculé dans ces années là. Rien n'a ete possible à entreprendre qui puisse soulager le fardeau de l'Espagne. Elle s'est comportée comme après notre victoire en 1936, nous broyant méthodiquement et au fur et à mesure. " Habiamos ganado ", disait Maruja. " Lo téniamos todo ". Aujourd'hui, cette ex a deux filles, c'est fini pour moi. Le pouvoir nous a broyé, la faiblesse de nos moyens de réaction nous a mené vers la catastrophe. Le dilettantisme mène à l'impasse humaine.

      Même Louis-Napoléon III, qui a sorti des contre-réformes très dures, n’a pas sorti de contre-réforme aussi dure. Le problème en Espagne, c’est le suffrage européen et mondial, c’est que de telles contre-réformes puissent voir le jour. Ici on a affaire à un véritable assassinat par l’ignorance. Le monde entier s’est ligué contre nous. Et le monde entier paie les conséquences de la politique diffamatoire qui a été conduite contre nous depuis toujours. On demande un visa aux espagnols en Turquie, pas aux autres. Une telle contre-réforme va laisser des traces pendant des décennies, et les conséquences seront terribles sur le long terme. Non pas que je n'aime pas Barcelone, mais c'est aussi par là que la bourgeoisie s'accapare tout dans ce pays. Championnats d'europe ou du monde, Barcelone broie l'Espagne, la bourgeoisie s'accapare tout de la façon la plus anti-démocratique qui soit. Ce n'est pas l'Espagne qui décide, mais l'Europe qui dicte sa loi.

     Le seul moyen pour mettre un terme à une telle situation, c’est l’éducation, la prise de conscience des masses et du peuple lorsque ses intérêts vitaux sont en jeu. Sans réussir à faire prendre conscience au peuple que des dirigeants passés experts dans les massacres de masse sont devenus un danger pour la démocratie et son avenir, rien n’est possible. Envoyer des malheureux à l’abattoir ou au casse-pipe n’est pas non plus une bonne solution, c’est au plus haut niveau qu’il faut pouvoir intervenir, et tout cela ne peut se faire sans un minimum de crédibilité. Ce ne sont pas quelques originaux, quelques manifestants, qui peuvent faire changer les choses, il en faudrait des milliers, des millions. La pauvreté s'étend en Espagne, et les politiques publiques sont nulles. Cest la part consacrée au tertiaire qui a permit à la France d'éviter, de conscrire une évolution de cette nature.

      Et ou est-elle cette crédibilité lorsque je pense encore aux deux ans d’agonie passés en réanimation intensive à l’hôpital Bichat et auparavant à Gonesse et Stains par mon père ? Nulle part en réalité. Des mondes et des univers se succèdent les uns aux autres, sans que l’on ne puisse rien faire d’autre que rechercher à témoigner d’un passé glorieux. La fin de vie est une chose atroce et indescriptible. Est-ce que tout cela vaut vraiment le coup ?

       Je voudrais me relancer, peindre à nouveau, mais je dispose de peu de temps et de peu de moyens. Je ne veux pas faire de misérabilisme, et je garde bon espoir. Mais la vie est dure, le monde est devenu terrible, les temps ont changé, les hommes ne durent pas toujours.

      Depuis longtemps en France, on a porté Serge Gainzbourg au pinacle, surtout son ami Drucker. C’est vrai qu’il était un grand vulgarisateur musical, un immense artiste. Mais 70 % à 80 % de son répertoire provient d’Anton Dvorak et de quelques autres, Dvorak qui lui-même a réussi à synthétiser le répertoire traditionnel et folklorique tchèque, comme beaucoup de compositeurs issus des nationalismes en Europe, y puisant de nombreux leitmotiv. J’étais allé voir Gainzbourg en concert avec David. Il ne respectait pas trop ses musiciens, mais le concert était de toute beauté, une réussite musicale et poétique. Il est vrai que l’objectivité n’étouffe pas toujours les européens. D’autres grands groupes musicaux, comme Maluzerne, ont beaucoup apporté aux musiques traditionnelles et à la composition. Moi-même j’essaie de mettre au propre mes compositions.

      Les producteurs de Johnny Halliday ont également repris Dvorak, et une de ses symphonies, la symphonie du nouveau monde je crois. En réalité, les variétés empruntent souvent au classique, qui lui-même puise dans le répertoire populaire. Il est vrai en revanche que Gainzbourg reste un des seuls à avoir tenu la dragée haute aux anglo-saxons.

      Maruja, ma tante, était très amie avec Narciso Yepes, elle était depuis toujours très proche de lui. Ils étaient mêmes des amis intimes. Mon père m’avait emmené le voir à la salle Pleyel. Par contre, il avait refusé de l’emmener dans sa fourgonnette, sa fameuse fiat 238. Yepes l’avait mal pris et lui en avait tenu rigueur. Il m’avait par contre serré la main. Yepes aimait beaucoup les enfants, et donnait beaucoup de cours à des petits, un monument comme lui savait se mettre à la hauteur des enfants. J’ai également travaillé dans une maison musicale de jeunes ( MJC ) avec Pierre Bénichou et Jean-Paul Beqvort, qui l’ont connu aussi, ce sont des proches de Jorge Cardoso. Yepes a probablement été, au moins sur le plan arithmétique, algébrique, le plus grand qui soit. Seuls quelques uns, comme Lagoya et Ida Presti, Segovia, ses contemporains, ont été aussi importants. Siegfried Behrend également. J'ai connu et vu deux fois avec Hanifia Emmanuel Roessfelder, un élève de Lagoya.

      Le répertoire de Yepes est impressionnant, hallucinant même, comme celui de Ségovia. La guitare a 12 ou 24 cordes, qu’il s’était fait fabriquer, a été son gagne-pain durant toute sa vie. Lui et Maruja étaient très liés, ils ont même enregistré le Concerto d’Aranjuez sous la direction de Kurt Masur. Le disque de la RTVE, Maruja me l’avait offert, celui avec les violons en première partie, comme le voulait Joachim Rodrigo. J’ai toutefois préféré la version de Behrend sans les violons, qui n’est pas la version officielle, mais donne plus de mordant dès l'introduction. Mais je me souviendrais toujours du cadeau de Maruja, qui a pas mal enregistré avec lui.

     Moi j’ai beaucoup étudié le flamenco, notamment avec Andres Serrita, le fils de Serra et le fils spirituel de Jose-Antonio Sabicas. J’aurais souhaité jouer certains de ses chefs d’œuvre, comme «  Noche de Arabia », ou «  Mosaico tropical ». Il m’a juste manqué le temps. Lui comme son père ont travaillé avec Paco de Lucia. " El Pecino", mon premier professeur de flamenco, est comme lui d'Algéciras. Le parrain de David était de San Pédro de Alcantara, pas très loin de là. Il était chez lui une année.

     Aujourd’hui, j’aimerai en revenir à la musique moderne, au blues, au rythm’n blues et au rock and roll. Mais j’ai peu de temps. Je compose surtout du classique et du flamenco, et j’aimerai aussi sortir des bases qui sont les miennes et des sentiers battus. Si j’avais plus de moyens informatiques, je pourrais éditer mes partitions plus facilement. J’ai connu de grands groupes de rythm and blues, partis sur les traces de Clapton, notamment avec des amis d’enfance, Frédéric Roy, les Martin-Boileu. Ils ont même fini par faire des tournées aux Etats-Unis, Mustapha était le chanteur et le soliste. En Amérique, c’est beaucoup plus demandeur.

      Je ne voudrais pas trop critiquer Johnny Halliday, car il a vécu c’est vrai. Il a été un très grand artiste, notamment par ses passages vocaux, les accords et les passages harmoniques qu’il a toujours réussi. Mais il me semble aujourd’hui âgé, il ne dispose plus de tous ses moyens. Témoin sa grogne contre les producteurs. Il s’aigri. Je l’ai toutefois vu dans le concert qu’il avait fait pour la mairie de Paris, celui qui a suscité des remous par son cachet trop consistant au goût de certains.

      Ingo a vu Eddy Mitchell en concert, moi j’ai eu l’occasion de voir Jacques Higelin, qui a beaucoup fait pour le spectacle, avec quantité de trucages et d’effets de scène, d’accessoires. Higelin est un huguenot, un grand artiste de troupe. Ingo n’aime pas Johnny, mais plutôt Elvis, Eddy Cochran, Gene Vincent et les autres grands du rock. Avec David j’ai eu l’occasion entre autres de voir les Dogs, un des plus grands groupes de rock français, avec notamment ce soliste incroyable qu’ils ont. Angelito, David et moi avions vu Foreigner aux arènes de Fréjus. Avec David j’ai aussi eu l’occasion de voir Bashung, Rita Mitsouko, the Damned bien d’autres.

      La carrière de taxi de David s’est mal terminée. Lui qui a transporté Gérard Oury, Michèle Morgan, que mon père était allé voir dans une de ses dernières pièces de théâtre. Elle s’appelait je crois «  Mon dernier amour sera pour vous ». Il était allé la voir à la fin de la pièce. Michèle Morgan est une très grande actrice, une des plus grandes actrices françaises avec Suzanne Flon. Sa famille a eu des problèmes avec la drogue. Mon père était fou d'elle.

      David vivait mal, il avait quelques problèmes d’argent ponctuels. Son mal vivre n’a fait qu’empirer lorsqu’il s’était séparé de Laurence, son amie. Et puis, la maladie terrible de mon frère aîné n’a rien arrangé. J’aurais bien voulu pouvoir faire face, mais moi-même j’avais des problèmes de moyens. Il s’était de plus en plus aigri, il était devenu de plus en plus violent. Et puis il a perdu son emploi avec les taxis parisiens. Le décès de mon père a pesé aussi. En plus, il avait des problèmes avec toutes sortes de gens. Je n’ai pas su le tirer de là. C’est comme pour Rémi Martin-Boileu, un ami d’enfance, qui a perdu son fils dans un accident de voiture. On ne sait plus quoi faire. On ne sait plus comment faire. Le monde entier vous tombe dessus.

      Le monde est ce qu’il est. La vie ne nous fait pas de cadeau. Moi j’ai sans doute su relativiser un peu mieux, surmonter mes échecs et les drames de ma vie. Et puis j’ai connu Hanifia. Elle était repassée à nouveau chez Julien Lepers à Question pour un champion ( 2008 et 2011 ). Elle a perdu face à un adversaire méritant et très brillant, et on a pu la voir à la télévision en septembre 2011. Elle avait gagné avec une amie je crois dans l’émission «  Motus ». Je l’avais accompagnée. On avait mangé au grec en face des studios. Elle s'entraîne d'ailleurs pour repasser à Motus.

      Maintenant chez Lepers, il y a une cantine. Elle a échoué plusieurs fois au CAPES, elle a un très bon niveau et une très grande culture générale, beaucoup de connaissances. J’ai bon espoir. Elle connait presque tout sur la littérature et l’ancien français. Hanifia possède beaucoup de connaissances et dispose d’une solide culture générale. Pourvu qu’elle gagne à nouveau. Hier elle a passé les tests pour se présenter un troisième fois à Question pour un champion.

      Me mère voyage beaucoup depuis la mort de mon père. Elle s’est rendue dans au moins 8 pays éloignés. A Saint-Petersbourg et à Moscou, en Russie, à Königsberg, capitale de l’ancienne Prusse Orientale, en Pologne par ou elle est passée.

      A Saint-Pétersbourg elle n’a eu que deux jours pour visiter l’Hermitage, qui est un peu depuis toujours en concurrence avec le Louvre. L’Hermitage est en réalité plus grand, même si le Louvre a été agrandi, j’ai d’ailleurs travaillé à son extension, pour la tour carrée. L’Hermitage rassemble en revanche beaucoup plus d’objets, surtout par leur densité. Il faudrait au minimum une semaine pour le visiter, et encore, seulement en partie. Il dispose de réserves au moins aussi considérables que le Louvre.

      Je l'avait emmenée à l'aéroport avec Angelines ( Illan), elle est allée à Antalya en Turquie ou elle s’est déjà rendue trois fois, ou elle a visité cette fois-ci la Capadocce. Elle est allée à Dubrovnik en Croacie après la fin de la guerre, en Egypte, à Rome ou elle a pu voir les richesses incroyables amassées par le vatican, la basilique Saint-Pierre et la sixtine. Elle est allée aussi au Maroc, comme Ingo.

      Elle a beaucoup voyagé et connait bien le monde. Elle projette de faire un autre voyage en Prusse Orientale, ou elle est née, à Momehnen et Gerdauen-Neuendorf, villes qui sont aujourd’hui en Pologne et en Russie. Elle est née à Gerdauen.

      Tout ce tumulte a contribué à m’éloigner de la peinture et des arts traditionnels, mais a aussi apporté sa pointe de modernité. Et puis c’est une ouverture sur le monde, car pour ma part j’ai peu voyagé, je ne me suis rendu qu’une fois chez ma belle famille en Algérie.

      J’aimerais bien un jour voir l’Amérique du Sud, ou les caraïbes, mais je regrette vraiment de ne pas avoir pu aller avec elle. Peut-être un jour si j’atteins la retraite. J’aimerai voir Berlin et faire le voyage de Prusse Orientale, ou rendre visite à ma famille de Dresde. Enfin et pourquoi pas, faire un jour le voyage en terre Sainte.

    Berthe Mann n’a pas voulu aller en Turquie avec Angelines et Christa en raison des problèmes entre la Turquie et Israël. Elle a peur. Elle nous a offert un fauteuil. Elle a longtemps travaillé à la Cooper avec ma mère. C'est elle qui s'occupait de la fermeture.

      La montée dans les sondages du Front National n’arrange pas les choses non plus. Les gens veulent-ils vraiment sortir de l’euro ? En tous les cas ils devraient méditer sur cette question. Lorsqu’on a la monnaie la plus puissante du monde, il ne s’agit pas de tourner le dos à l’Europe. Les américains sont trop contents de cette situation. Et ils ne sont pas les seuls.

      La FED avait provoqué le krach de 29 aux Etats-Unis, je ne rentrerai pas dans les détails, Hitler avait d’ailleurs réussi à embobiner tout le monde en arrivant au pouvoir juste au moment de la déflation, puis il y a eu la crise de 1996 avec les subprimes. A chaque fois tout cela a mené à des conflits mondiaux. Cette fois-ci, il se pourrait que les choses se passent de la même façon. Les témoins virent au rouge.

      La situation est très difficile. J’ai travaillé dernièrement comme chargé d’affaires. Il y a quelques années je m’étais rendu sur un chantier boulevard Haussmann, et c’est sur ce même boulevard d’ailleurs que Jean Sorel, qui est très riche et passait voir sa femme tous les jours sur le lieu de travail d’Hanifia, possède un immeuble particulier également. Nous sommes passés par là pour voir l’exposition sur les Romanov à la pinacothèque de Paris, derrière la Madeleine.

      L’exposition, qui rassemblait des collections privée, était assez petite et comprenait relativement peu de tableaux, mais notamment toutefois un portrait de vieillard de Rembrandt, un autre visage de vieillard de Tiepolo, quelques toiles de maîtres espagnols, dont Ribera, Alonso Cano, Murillo, des hollandais, des italiens, des Courbet, des Derain, et tant d’autres.

      Si la nature a peur du vide, et cette phrase résume à elle seule tout ce qu’il peut y avoir de consistant dans l’œuvre de mon père, je dois dire que les tableaux de l’Hermitage ( pas l'église La Hermita de toro, mais l'Hermitage de Saint-Pétersbourg ), qu’il rêvait de voir un jour, sont de somptueux chefs-d’œuvre, et ceux de l’exposition à la pinacothèque n’en étaient qu’une infime partie, du reste cette exposition ne comprenait que relativement peu de toiles.

      Le terrible tremblement de terre au Japon, suivi d’un effroyable tsunami qui a rayé des villes de la carte, sans compter les problèmes encore pires avec l’explosion de plusieurs réacteurs nucléaires, démontre encore à quel point la nature à horreur du vide. Moi-même je suis pris de vertige devant la force et la puissance de la nature, nous ne sommes que d’insignifiants fétus de paille. Les conséquences seront très graves.

      Si les juifs ne sont plus que 13 millions sur terre, il faut savoir qu'Hitachi, avec qui j’ai travaillé et qui fabrique aussi des refroidisseurs dans le nucléaire, est en fait dès l'origine une entreprise familiale et paternaliste, pas une entreprise d'état, mais privée. Cela souligne l'ampleur du problème dans l'approche des enjeux nucléaires.

      Le nucléaire devrait plutôt être confié à des entreprises nationalisées, avec une commission consultative et des organes représentatifs. Le problème du refroidissement est qu'il faut au moins un ou deux systèmes de secours, si ce n'est plus.

      Aujourd'hui on le voit de plus en plus, la situation est terriblement difficile. Une collègue d'Hanifia a perdu son frère, un jeune agent de police en Cote d'Ivoire. Il est tombé dans une embuscade tendue par les rebelles. Elle est venue travailler et on le lui a soudain annoncé. Elle à du revenir encore d'ailleurs.

      Quant aux catastrophes nucléaires au Japon, aux guerres civiles en Lybie et en Cote d’ivoire, elles nous mènent de plus en plus vers l’abîme. Les écologistes marquent des points. Il faut une alternative au nucléaire. Est-ce qu’elle viendra d’une meilleure gestion de la force marée motrice ? D’autres découvertes ? On ne le sait pas pour l’instant, mais on sait que le nucléaire peut-être très dangereux entre autres combiné à des catastrophes naturelles. Sa gestion humaine et technique est en cause. De la même façon je ne suis pas parvenu à gérer la situation avec David. J'ai travaillé avec un directeur commercial qui avait 35 ans d'expérience dans le traçage électrique, dans l'agro-alimentaire, l'industrie, le nucléaire. j'étais tenu au secret, comme ailleurs ensuite.

      L'an passé déjà, j’avais eu la chance de passer une semaine à Guardamar del segura, dans le Valencian, et une autre à Toro. J’étais très ému de revoir Toro, qui n’a pas beaucoup changé. Depuis Guardamar, nous sommes remontés à Alicante, et après avoir pu admirer ses murailles, nous sommes également descendus sur Carthagène, ou nous avons pu voir l’amphithéâtre romain et les splendides balcons de la ville.

      A Toro, nous avons notamment visité le monastère de Sancti Spiritus, les arènes, les églises, les couvents, la Colegiata, la Hermita, le Téjar, notre propriété, et d’autres endroits. Nous sommes descendus en Espagne par la Catalogne, et nous sommes remontés par le pays basque et les landes. Quelle émotion en revoyant Toro, ou Mere possède un appartement dans une rue qui donne sur la Colegiata. De là, nous sommes allés avec Angelito à Zamora, puis à Tordesillas.

    Les vues sur Pelléas et Valdefinjas depuis Toro, d’oû sont les ancêtres de mon père, sont magnifiques.

      Mere possède un splendide tableau de mon père, une représentation avec Joseph, et Marie lui présentant l’enfant Jésus. Le couvent de Sancti Spiritus est à deux ou trois rues de chez Mere. Une sœur nous a accueilli, et une dame qui était au consitoire avec Juan Basi, le frère d’Ambrosito et l’autre fils d’Atilana, sa sœur, nous a fait visiter le monastère et ses admirables tableaux.

     Doña Beatriz de Portugal, la femme de Juan primero, repose là. Sur le dessus, sa couronne est éloignée de sa tête, car elle avait perdu la guerre de succession du Portugal. Elle a été reine d’Espagne 8 jours je crois. Sur le flanc, «  las descalzas » lui ont mis la couronne sur sa tête, car elles la considéraient encore reine du Portugal.

      Il y a des merveilles dans ce couvent, dont un olivier de plus de 800 ans, des œuvres exceptionnelles de l’art médiéval espagnol et flamand. Toro est aussi la ville des deux filles du Cid Campeador, dont Léonor, qui habitait à deux rues de chez Mere, ma tante. La maison du Cid se trouve à Zamora, nous l’avons vue aussi.

      Lorsque nous sommes descendus à la Hermita, Ambrosito y était avec ses amis. Angelito nous a également fait visiter l’ancien bastion des rois d’Espagne, et un endroit ou se trouvent aujourd’hui des associations «  Conde » je ne sais plus quoi, Marquina, quelque chose comme ça. Des piliers et une marquetterie en bois ont été refaits sur trois étages.

      A guardamar, Mere et Javi ont un appartement, les reste de la famille aussi, Ramon a aussi un appartement. Je voulais voir Victoria, la petite sœur de Noël. Ma mère est allée cette année, en 2012, au mariage de Michaël, le fils de Ramon ( ramonin pour nous ), celui qui tient un garage à Bagnolet.

      J’ai lu le livre d’Allen Carr pour arrêter de fumer sur les plages de Guardamar. Le parc Alphonse ( X ou XII je crois ) qui donne sur la plage est remarquable, avec ses paons et leur cris d’amour, ses écureuils, ses tortues, ses canards et ses oies.

      En vérité nous sommes allés de Guardamar à Toro en remontant par Madrid, et en passant l’Escorial et el Valle de los caïdos, puis en passant la province de Ségovie et celle il me semble d’Avila. Avec mon père, nous faisions souvent halte à Tordesillas ou Villanueva del Campo, mais pas cette fois-ci. Nous y sommes allés après notre arrivée.

      La vue principale de Toro sur la plaine du Duero est toujours aussi majestueuse, et le pont romain que nous avons traversé est aussi une merveille. Une grosse couleuvre nous attendait à notre arrivée au Téjar, elle se dorait au soleil, comme pour nous souhaiter la bienvenue.

     Hanifia avait enregistré à «  Question pour un champion », je l’avait accompagnée à la plaine du Landy, non loin du stade de France, ou le maquilleur et le coiffeur l’a reçu. Elle a concouru dans l’après-midi, et l’émission est passée vers le 9 septembre 2011 ou quelque chose comme ça.

      Depuis mon retour d’Espagne, j’ai suivi l’actualité, le printemps arabe, et si Hanifia est très à gauche, j’ai toutefois peur de la difficulté qui attend ces peuples pour se prendre en main et en charge, la tâche est redoutable, et l’on peut craindre des contre-révolutions ou des contre-réformes. Jusqu’à présent, on a surtout assisté à un bain de sang, et chaque camp s’ignore et se combat.

      Pour ma part, j’étais particulièrement ému de revoir mon pays, et de pouvoir me recueillir devant le caveau familial et la tombe de Vicente, mon oncle et le mari de Mere, de revoir Javier et Angelito, mes cousins, sans compter les enfants de Javier.

      Je voudrais bien que le monde soit plus facile, que le travail, la paix soient accessibles à tous, et le mouvement des indignés est aussi celui de gens qui demandent du travail. L’Espagne compte 20% de chômeurs contre 9% en France.

      Angelito, qui est le plus illuminé de nous tous, est celui qui soutient le plus ce mouvement, qui était très actif à Zamora, des tentes se sont montées sur la place.

      Ce que veulent «  Los indignados », c’est faire bouger les lignes, là ou le parti communiste se chargeait de le faire auparavant. Aujourd’hui, il n’existe plus, alors il fallait une alternative, d’autres formes de contestation.

      Certes, il faudrait plus de solidarité, mais les états de droit réagissent aussi. Chaque pays veut pouvoir assurer la sécurité et le droit public. Mais il faut reconnaitre que seule la mobilisation peut permettre d’assurer de nouvelles conquêtes sociales.

      Revoir Toro, la ville natale de mon père, m’a comme revigoré, quelle émotion en franchissant le premier arc de la ville, et en atteignant el Arco del Reloj. Nous avons pris sur la gauche une fois arrivés à sa hauteur pour contourner l’avenue principale et aller chez Mere. Ville légendaire, berceau de la chrétienté en Espagne, ville qui représente tant pour le pays. Doña Pilar de Borbon a inauguré les travaux de rénovation de la Colegiata, qui sont en cours. Mon père a tellement peint dans cette ville et aux alentours. Puisse son souvenir nous guider dans nos orientations futures, devenues tellement difficiles par les temps qui courent.

      Nous nous sommes promenés dans Toro, par exemple depuis el Arco del Reloj à l’autre passage, Manolita, une amie de tia Angelita, vivait dans cette rue.

      Dans les bars, on entendait les clameurs dues à la victoire du barça en coupe d’Europe. La vieille Espagne est vivante, et plus que jamais.

      Esperanza, le guide qui nous a fait visiter les arènes, était une « toresana » typique de la région, avec ce parler espagnol si particulier et si charmant. J’ai posé avec un groupe à la sortie les arènes. Nous avons revu Esperanza près de la Colegiata, à la sortie du musée qui se trouve sur la rue principale de l’Arco del Reloj. Comme la dame connaissait Angelito, elle nous a laissé visiter le musée gratuitement.

      Il y a quelques années, nous sommes allés voir «  Le chat du rabbin », un film tiré d’une bande-dessinée, avec une musique d’Enrico Macias. Je n’ai pas pu voir l’exposition Manet, mais j’ai vu celle de la mairie de Paris, et celle de Giverny.

      Ingo était rentré de Chine, ou il a visité à nouveau Pekin et est allé à Wu Deng mille km plus au sud, Wu Deng berceau des arts inter ( Thai Chi, Chi Kong etc … ). Il est revenu avec des nouvelles intéressantes. Les chinois travaillent artisanalement le cuivre et le peignent en divers coloris, seul l’intérieur des objets n’est pas étanche.

     Tout de même, la Chine a été occupée par les mongols jusqu’en 1920. Il est revenu avec le petit livre de citations rouge de Mao Tse Toung. Je tacherai de le lire une bonne fois pour toutes.

      J’ai lu le livre de Patrick Süskind «  La parfum », que j’ai trouvé pas mal, j'ai lu aussi «  le Prince », de Machiavel. Hanifia était passée à la télévision vers le 8 ou le 9 septembre, après avoir enregistré à «  Questions pour un champion ». Elle a donc perdu face à un candidat il faut le dire aussi particulièrement brillant.

      J’ai réalisé la clim de l’ambassade du Burkina Faso il y a quelques années, j'avais faite celle des Etats-Unis il y a de longue années. 

      Finalement, Hanifia est passée à Questions pour un champion le 8 septembre 2011, et elle a atteint la finale comme en 2003. Son vainqueur, très brillant, était encore en lice. Elle va peut-être repasser à Motus, ou elle avait gagné avec une amie.

      Le 11 septembre est notre date anniversaire de mariage, puisque nous nous sommes mariés un an avant les attentats du Worl Trade Center. José-Mari, qui s’était fait opérer, avait eu un accident avec un loup aux environs de Barcelone. Il ne restait rien de la voiture et du loup, mais il en est sorti lui indemne. Par contre il est malade et les nouvelles de sa santé sont plutôt mauvaises.

      Le dimanche 11 septembre 2011 l’ambassadeur d’Allemagne avait fait un discours à l’église allemande. Ma mère y était et je devais y aller, mais finalement je n’y suis pas allé. Il a ete remplacé par une femme depuis.

      Finalement, Michel, le vainqueur d’Hanifia a gagné ensuite 5 fois et fait tomber la cagnotte. Il a dit au sujet d’Hanifia qu’il a failli se faire grignoter. Elle a réalisé une belle remontée face à lui et aura été un des ses plus sérieux adversaires.

      Hanifia était passée à Motus le 6 octobre. Elle a gagné 500 Euros. Nous étions allés voir le film "un cochon pour Gaza" qui est une remarquable parodie humoristique des relations israëlo palestiniennes. Nous avons depuis obtenu le crédit pour notre pavillon, enfin pour y faire les travaux nécessaires. Depuis, Hanifia est passée chez Slam, ou elle m'a un peu chambré, et ou le jeune animateur Cyril ( ou Damien ) Feraud s'est un peu moqué de moi, en me parodiant sous la forme d'un canard qui se noit dans une bouée et appelle sa femme à l'aide. Hanifia est en effet une très bonne nageuse, je lui ai appris et elle m'a dépassé au papillon. Mais le médecin m'a déconseillé la piscine en raison d'une arthrite, depuis je fais aussi un peu d'acide urique, ce qui n'arrange rien.

      Je suis rentré il y a quelques mois d'un week-end thalasso avec Hanifia à Saint-Malo. Ma mère séjourne actuellement à Toro, chez Mere. Plus tard elle doit aller à Cologne et faire un voyage en Israël. J'ai donc fini il y a un mois et demi une mission dans un des plus grands centres de recherche en mécanique de l'hexagone, depuis j'ai fait un bref passage chez Bouygues. Je suis horrifié parce qu'il se passe en Egypte et en Syrie. En raison des massacres, dont ceux de Houla, certains ambassadeurs ou diplomates ont ete déclarés persona non grata par l'ex-gouvernement. C'est aussi un problème du point de vue du droit international et de la tradition républicaine dans ce pays. L'usage des armes chimiques contre les populations et les enfants est une atrocité.

     Dans l'existentialisme de Sartre " Vous faites des choix ", c'est le teneur philosophique de la théorie sartrienne. Je dirais aussi, vous faites, vous êtes face à des évènements successifs et espacés dans le temps qui se présentent à vous, et vous ne pouvez les aborder que de manière passive, soit en les ignorant, ou soit en tentant d'être actif, d'être un acteur engagé, et ainsi de tenter d'influer sur le cours des évènements. L'autre partie de la théorie est plutôt que les évènements se présentent indépendamment de votre volonté, au cours de votre vie. A vous de pouvoir réagir, ou au contraire de subir ces évènements. Les évènements se multiplient les uns après les autres, et vous êtes pris dans ces feux croisés.

      Le père de l'actuel dictateur syrien semblait, ou donnait l'impression d'être un homme habile et avisé, voire sain d'esprit. Mais sa disparition faustienne a précipité le pays dans le chaos d'une alternance confisquée, d'une succession ratée, dans l'abîme le plus profond, le désordre et l'horreur de la guerre civile. Le " choix " a ete mauvais, Sartre était décidément un petit-bourgeois, mais aussi un visionnaire implacable.


    votre commentaire
  • Manuel Diez Matilla : un destin oublié

     

     

     

     

     

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

     

    10ème partie

     

    Par Christian Diez Axnick

    Refonte au lundi 26 août 2013

     

    «  Goury de Roslan née Von Moltke ou l’anti-machiavélisme »

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      Cette dixième partie, je l’ai en partie aussi rédigée à l’intention de gens qui souhaitent sans doute connaître un peu mieux mes idées. Je pense par exemple à Mlle Ghaza, une athlète syrienne qui a été championne du monde d’heptathlon dans le sillage de Carolina Klüft, juste avant son ascension, et pourquoi pas à tous ceux qui me détestent. Ils ont le droit de me critiquer, mais sans doute pas tous les droits non plus. Je ne me situe pas au dessus de tout, mais je me situe à ma place de bonimenteur, d’amuseur et de personnage bizarre et pas trop intelligent non plus. Récemment une athlète ukrainienne a réussi à conquérir le titre aux championnats du monde de Moscou.

      Je ne pense pas être une carpette pour autant comme le pensait mon regretté frère David durant sa dépression, et j’ai plus d’honneur que ne le croyait ma tante Edith, mais je cesse ici ces inutiles polémiques, elle avait en fait bien raison. Le monde est ce qu’il est. Un large public, je l’ai remarqué, souhaite intégrer le personnage fabuleux qu’était manuel Diez Matilla en passant par moi, le benjamin de la famille, David étant le cadet et Ingo l'aîné. Je veux bien servir d’humble relai. Je lui dois bien ça. J’admets la critique réfléchie et raisonnable. Car mon rôle est aussi d’informer. Du moins dans mon esprit.

     “El viento puede llévar todavia mas a veces”.“ Subimos a tieso ”. “Estamos a tutellar y a soto”. Cessons tout orgueil. Edith était sans doute dans le vrai aussi. J’irais même plus loin et je dirais que l’Allemagne possède une vision plus saine, plus objective et plus critique. Un certain recul campé sur sa situation.

      “Dale que te pego”, comme disait mon père. “Séguimos andando”. Il est vrai que vous êtes tout de même plus de 36 700 personnes et quelques qui s’intéressent jusqu’à aujourd’hui au personnage et au peintre hors du commun qu’il était. Le public est juge, il est un baromètre et un indice sérieux du succès d’un artiste. Et mon père, même après sa mort, représente certaines valeurs incontournables, aussi bien dans le domaine de la peinture à l’huile que dans celui de la laque cellulosique. Il parlait d’une seule voie, et presque au nom de toute l’Espagne, en tous les cas il était un des rares espagnols a avoir atteint un tel niveau artistique et pictural depuis des décennies. J’écoutais tout ce qui sortait de sa bouche.

      Je pourrais dire que j’ai beaucoup aimé il y a deux ou trois ans le spectacle comique de Michel Boujenah à l’espace Lino Ventura de Garges, qui précède d’assez peu les évènements de Tunisie, dont le dénouement malgré des affrontements mortels semble heureux aujourd'hui. En tous les cas je l’espère pour ce pays, car malheureusement, les élus de l’opposition ont refusé l’expérience qui leur a été offerte du pouvoir. La politique de la main tendue n’a pas fonctionné. Cela se comprend, car cette révolution compte déjà plus d’une centaine de victimes, et maintenant beaucoup plus. Boujenah est un immense comique troupier.

      J’ai beaucoup aimé encore le film «  La hottentote » que j’ai vu au cinéma Jaques Prévert. Il m’a semblé à la fois drôle et triste car humiliant et pervers, enfin si l’on veut, car la production est ce qu’elle est et dans la situation qu’elle se donne aussi. Dans le fond de ma pensée, je souhaite en revenir davantage à la langue espagnole, mais aussi à une langue comme l’hébreu.

      Pour autant, je ne suis pas si dupe. Il y a aussi le yiddish, l’allemand, l’anglais, et puis le fait que des réalités semblent claires ou non. L’arabe est aussi la langue d’un milliard de personnes, les langues altaïques sont également très intéressantes, l’araméen en fait partie, l’arménien, le turc. Il y a tant de langues intéressantes.

      Je n'ai pas trouvé comme Hanifia que l'on ait eu affaire à une obscure actrice cubaine. Si Micaëla voit un jour le film, elle le trouvera sans doute assez drôle. Mon frère David écoutait beaucoup vers la fin de ses jours le chanteur cubain Compay Segundo. C’est une grande actrice et comédienne.

      L’hébreu pour Jésus reste le parent pauvre, la langue de référence, la langue la plus neutre, la plus incontournable. Mais ses ennemis se sont déjà fait jour. Déjà ils veulent le mettre à mort comme pour le fossiliser dans cette langue morte.

     Essayons pour en revenir à notre époque récente d’esquisser quelques travaux plus contemporains sur la pensée gaulliste, celle à l’origine d’un général doté il est vrai d’une importante grandeur d’âme, mais indifférent parfois à la misère sociale du nord, calculateur et fourbe d’après ses ennemis, enfin dans une certaine mesure, car l’avidité du pouvoir a toujours dévoré une bonne partie des principaux dirigeants gaullistes aussi. Plutôt le haut que la base d’ailleurs.

     De ces conspirateurs hypocrites et aveugles selon certains qui font toujours les choses de telle façon, qu’en bout de course, les marocains comme d’autres, les américains par exemple, vous diront toujours qu’Hitler et Franco n’avaient qu’un seul testicule entre quelques crimes de plus, quelques médiocrités de plus ou seules leurs femmes savent arranger le coup et sauver la face, et encore. Aujourd'hui il y a au moins autant d'allemands que d'espagnols aux Philippines.

     De Gaulle s’est fait bâtir une constitution pour ses propres épaules, par Lecanuet, Jacques Chaban-Delmas et Valéry Giscard d’Estaing. Son voyage en Russie, son aveuglement au sujet de la ligne Oder-Neisse, alors que 12 millions d’Allemands ont perdu leur patrie, démontre il est vrai la folie et la totale inconscience politique du personnage. Notre famille aussi avait ses propres racines en Prusse Orientale.

      Et encore, ce centralisme démocratique, est-il si sérieux ? On peut bien y venir par d’autres bouts, cela va de soit aussi, même si certaines marocaines sont bien mignonnes, mais fondues dans leur système de pensée en proie à maintes difficultés au contact du monde chrétien. Je ne suis pas là non plus pour donner raison ou inventer des excuses qu’ils n’ont pas aux dictateurs. “ No dice enseguida … ”. 

      Le séisme des jeux de Barcelone, qui ont vus la consécration de quelques uns des dirigeants qui ont contribué à l’assassinat de la moitié de l’Europe, participe au naufrage d’une génération, jadis portée aux nues, mais qui a fini par se trouver en bout de course. Même s’il a manqué non pas quelques dizaines de manifestants, mais des milliers pour ne pas dire des millions. Pendant ce temps, nous passions à l’as, refusant de nous allier, légèrement à contrecœur, mais refusant tout de même. La raison d’état ne permet pas tout. Il a sonné notre glas, la fin de notre crédibilité, nous sommes devenus impopulaires.

     Je n’ai pas spécialement détesté le livre de Jacques Chaban-Delmas «  Mémoires pour demain ».

    J’aime bien par exemple un passage ou il livre sa réflexion page 143 :

    «  Mais il faut bien reconnaître qu’avec les progrès foudroyants de l’audiovisuel le débat a changé de nature. L’écrit, on le prend pour le lire ; l’image, on est pris par elle. L’écrit permet à l’esprit d’anticiper le sens des mots. L’image est la patrie des émotions. L’écrit constitue par excellence le véhicule des idées. L’image ne donne à comprendre qu’en donnant à ressentir. L’écrit est un fusil dont les mots sont les balles. L’audiovisuel une artillerie lourde ».

     Bien sûr, Chaban dans sa tradition gaullienne n’est pas non plus le journaliste allemand Peter Scholl Latour, qui il est vrai est assez critique dans son livre «  Hexagonie », mais il se place de facto du point de vue semble t’il d’un parlementaire, et non du point de vue d’un soldat ou d’un homme politique avide de pouvoir et de mensonge, tout au moins il s’y essaie.

     Scholl Latour quant à lui, du moins cela reste sous-jacent dans son livre assez magistral et typiquement allemand, ne passe pas nécessairement sous silence le plus absolu ce qui selon lui représente la mal fait à l’Allemagne.

     Ce qu’il rapporte sur la Sarre et brosse sur les hommes politiques allemands ou même français est intéressant. Ce qu’il dépeint sur les relations entre Aix-la-Chapelle et Reims, sur l’histoire des deux pays aussi, notamment en ce qui concerne mai 68 ou la branche générale des capétiens aussi. Il définit Jacques Chirac comme un néo-gaulliste, ce qui me semble vrai.

      Je ne tiens par ailleurs Chaban pour plus technicien qu’il n’est. Page 233 il brosse, je le dis au risque de me tromper lourdement, une peinture de sa vision en ce qui concerne Pierre Mendès France.

      François Mitterrand aura aussi sa vision des choses à ce sujet. Partant là-dessus, il ne semble pas y avoir d’ambigüité, et pourtant, c’est un symptôme relatif aussi entre ce qui me semble bien être le rapport, la relation parfois distendue entre le monde politique et les juifs, du moins en France.

     Il y a donc une difficulté des gaullistes en matière de cuissage de présomption, ou d’écran de fumée, mais le cinéaste marocain ou arabe qui a réalisé le film «  La hottentote », ne fait-il pas aussi la même chose du point de vue arabe ? Stoppons l’action ici quelques temps. Oui, il existe en Europe, et je ne pense pas me fourvoyer de beaucoup, des rapports sociaux, sociétaux. Ils sont parfois obscurs, voire absconds, car l’Afrique, terre mythique, est aussi sympathique qu’en proie à ses propres intérêts de domination aussi. Mais globalement, on est dans l’humour ou le mélodrame.

     Dans le moment ou des populations entières stigmatisent une partie de l’Europe, je pense à la Castille, là ou s’enracinent mes origines profondes, et s’arrogent le droit de faire régner toutes les formes de terreur, il ne faut pas non plus se montrer trop naïf. Les coquilles vides et les utopies régaliennes ne sont pas moins nombreuses. Il n’est cependant pas toujours faute d’avoir essayé ou tenté quelque chose de nouveau.

      Plus personne ne veut d’armée de conscription en Europe, du moins en France, mais de quoi en retourne t’il vraiment ? Est-ce vraiment sérieux ? Et le passé a-t-il été comme cela à tout crin tant qu’ils y sont ? L’enseignement a sombré dans le cynisme et le corporatisme depuis longtemps. Corps et bien. Pour autant, les Borgia, qu’ont-ils réellement apporté à Rome, et les apôtres, qu’ont-ils apportés aux lions du cirque en dehors de leur chair inutile ? Et ces cruels italiens, qu’apportent-ils eux ? Et les catholiques, qu’ont-ils donc inventés de si incroyable si ce n’est eux-mêmes ?

     Les français détournent tout à leur propre image et à leur propre intérêt, depuis toujours.

     Soyons sérieux, De Gaulle a pris la responsabilité froide et cynique de refuser de recevoir Franco, qui était moitié Castillan, moitié galicien, comme il y a en effet des Galiciens pure souche, mais qui marchent dans quoi aussi ? Lui aussi a cherché à basculer vers l’autarcie.

     Ce n’est pas un bien grand secret, mais cela met en évidence certains calculs fourbes et perfides que les états n’ont pas à s’autoriser d’une manière aussi cynique non plus. L’arme psychologique prend souvent le pas sur la raison d’état, et comme celle-ci est souvent un leurre et un miroir aux alouettes. Il ne suffit pas toujours de se bander les yeux.

     Il y a par défaut la Grande et la Petite Espagne, la naïveté, ça ce n’est pas acquis entièrement.

    Car il y a aussi les puissances de la désinformation, du cynisme et du mensonge, les forces manipulatrices.

     La république est aussi un laboratoire d’imbéciles rassemblés comme dans une étuve. Un gouffre béant ouvert à tous les ânes de la terre. Laissons ses cornes au taureau, il en bien besoin, comme nous avons besoin de nos dents. Tudela fût la première heure, la nouvelle propriété de Bernardo à Tordesillas sera la seconde.

      La côte du guerrier gaulois est en partie en cause aussi. Vercingétorix est aussi une charge et presque une cause perdue, ou assez mal engagée. Son destin a basculé à Rome.

     Jésus parle en réalité pour le peuple hébreu, mais il n’en pense pas moins nécessairement. La maison d’Israël peut vaciller, être en cause. Mais elle connait les tenants et les aboutissants.

     L’araméen est aussi la langue du Christ, comme le grec.

      Israël peut donc tanguer, comme de surcroit et par extension toutes les maisons. Le rapport économique demeure aussi un rapport de force, enfin si on veut, ce rapport est sous-jacent et mêle en même temps qu’il distille l’influence et la force des décisions.

     Si Jésus parle du décime de la vérité, il le fait en s’avançant un peu aussi, à tâtons et par suppositions. Rien de trop sorcier non plus. Steffi Graf aura donc des enfants moitié iraniens plus assagis. Rappelons-le, l’Iran a déclaré la guerre à l’Allemagne pour faire passer ses poncifs, le panarabisme possède quelques voies suspectes aussi. La pression est la pression, le décime se faufile au-delà des rapports de force. C’est aussi la loi de la démocratie. Je suis son vicaire de conviction, car ce qu'il disait, les mots qu'il employait, s'adresse à ma définition fondamentale et métaphysique.

     Au fond, Jésus ne recherche pas une vérité absolue et parfaite, mais plutôt une vérité plus aboutie et plus imparfaite, celle d’un certain flou ultime.

     Pourtant, il me semble aussi employer le langage de la précision. Je ne suis pas non plus le décime de la vérité sans être parfois un peu précis.

     Je ne cède jamais à l’oppression, à l’intimidation. J’ai tout de même des centaines de victoires, des centaines de combats, et je ne veux pas passer pour un vieil imbécile niais et falot, obéissant et rangé, que je ne suis pas vraiment non plus.

     Le chapelet sur l’honneur n’est pas anodin, mais l’odeur de la putréfaction ne se décrète pas. Avant toute chose, Jésus ne se veut pas entièrement dupe, il sera pieux comme un empereur romain, mais toutes proportions bien gardée, car lui n’est pas non plus dans ce cas là.

      La Mecque aussi n’est qu’une ville. Et si un chrétien ne veut pas donner d’argent pour la construction d’une mosquée, gageons qu’il puisse évidemment le faire aussi. Quoi de plus facile.

    Je le fais de bon cœur.

     Il ne suffit sans doute pas toujours de se présenter avec toutes ses mauvaises odeurs, moi je suis venu humblement et proprement. Je n’ai rien demandé à personne, à qui que ce soit.

     Mais c’est ici, et bien ici, que le bourrage des urnes, l’inutilité des armées, leur corruption, redevient très vite une évidence. Georges Bush connait aussi. Le Vietnam n’aura été qu’une répétition comme une autre, un laboratoire humain et inhumain parmi d’autres.

     Oui la vraie histoire des Kennedy par exemple semble pourtant bien être celle d’une famille de catholique irlandais je crois, ceux-ci mariés en effet à une française ( Jacqueline Bisset ), oui le caractère extrapolateur de l’homme, ce qui consiste pour lui à se répandre en analyses de toute sorte n’est pas entièrement secret. Mais la vraie nature de l’homme est une autre question. Lorsque mon père avait exposé à Valançay, il avait effectivement payé des journalistes pour lui faire un peu de publicité, par simple coquetterie. Pour lancer son atelier et son activité, aussi.

     Mais les historiens ne diront pas tout de suite de lui qu’il a aussi travaillé pour un Mr ou une Mme Dupont et ainsi de suite, et chez tant de particuliers. Considérons ici un Jésus-Christ qui sait raisonner sur des immensités, mais qui ne croit pas forcément des énormités, et non pas un jésuite caché, calculateur et froid, mais un chef juif avec ses codes. Tous les Graf n’ont pas non plus assassinés des juifs dans les fosses à fusillés. Beaucoup de gens s’appellent «  Graf », «  Diez », et ainsi de suite aussi. Pour autant, si les imbéciles gouvernent la terre, cela éveille aussi parfois l’attention de gros lascars bien planqués.

    «  Dar a trigo », «  Péro a quien ?  ». C’est aussi une polémique possible. Jésus sait que les juifs comprennent, mais voilà aussi une inconnue historique ou les choses ont pris un cours pour le moins clair et connu. Veulent-ils vraiment faire avancer le monde sérieusement ? Là réside un nouveau problème, celui aussi du manque d’inspiration, mais aussi d’un univers sclérosé.

     Pour lui, autant donc devenir roi des juifs, c’est plus rapide en effet. Pour autant, à partir d’un tel point de vue, il n’y a pas non plus de Claude Monet qui tienne à son époque. Presque rien de ce qui existe aujourd’hui n’existe à son époque.

     Il lui faudra admettre de défendre la cause des juifs, il lui faudra intégrer cette réalité qui pour nous autres chrétiens ne va pas entièrement de soi. D’ailleurs, la cause de la république n’est pas si loin non plus, mais qu’est-elle vraiment ? Rien d’autre qu’elle-même, évidemment.

     D’un autre coté, qu’est-ce qui nous autorise réellement à croire aux vertus du christianisme ?

    Pour ainsi dire, pratiquement rien. C’est un fait. Il n’y a rien non plus à glaner dans une telle religion. Notre propre crédo n’engage que nous, et bien entendu, ne nous engage à rien non plus.

     Voilà pourquoi Jésus croit sincèrement que les juifs résument ce qui pour eux reste et demeure fondé. Mais voilà, il y a effectivement la question publique, et cette lancinante interrogation :

    «  Pourquoi défendons-nous bec et ongles la communauté, alors que nous-même connaissons toute la perversité de ce pseudo-principe éculé depuis des siècles ». Sans doute parce que nous disposons des moyens pour le faire de toutes les façons, et du savoir requis. Même de l’inspiration.

     Et aussi, parce que les choses sont séparées, et même avec De Nittis, ami de Claude Monet, parce que c’est le principe de la culture gréco-latine, mais ce n’est qu’un pis-aller. Le christianisme est parfois aussi ressenti comme une corvée malgré son génie incandescent. La rétrospective consacrée à Monet a connu un très grand succès.

     Au fond, si Jésus reconnait le droit des juifs à disposer d’eux-mêmes, il ne leur reconnait pas nécessairement le droit de cautionner n’importe quoi, et justement, le monde est aussi n’importe quoi, n’importe qui. Voilà ce que pense en partie, mais en partie seulement Jésus, et encore.

    Mme Rummo ne dit rien de trop sérieux non plus, du haut de son perchoir, ou dans le tombeau ou elle s’est emmurée vivante.

     « Préserver l’identité des cultures face aux systèmes » comme le dit Chaban. Quelle démagogie aussi. Surtout dans un pays on l’on a jamais produit autant de zyklon B pour les nazis, ou les laboratoires Pasteur ont effectivement causé la stérilité de millions de femmes, sans compter le reste, avec le dernier scandale des laboratoires Servier. Quoi de mieux ?

    Et les crimes que Mendès France a cautionnés ? Et ce qu’ils ont appelé « la guerre d’Algérie », sans jamais même lui donner un nom, mais en en faisant une convenance ?

    Peter Scholl Latour situe Mendès à gauche, même si Mitterand s’est méfié de lui à l’époque de sa relative alliance de circonstance avec Waldeck-Rochet. Chaban le situe plus à droite. Pour Peter Scholl Latour, il voulait contourner le parti communiste par la gauche.

     Qui pourrait croire ici le point le vue français exactement ? Personne, bien évidemment.

    Jésus le sait : il n’y a pas non plus de système, mais des codes, des mensonges, des félonies, des trahisons, des vérités de circonstance illusoires, des rapports de force et de mépris.

    Oui, dans une certaine mesure, les vainqueurs ne peuvent se situer en lieu et place des perdants, et réciproquement.

     Pauvre Amélie Vandepush ou pas, de toutes les façons, le vrai De Gaulle est aveugle socialement de par sa propre nature, il conduit en partie masqué. Non Dresde, ce n’est pas Grozny. Oui le point de vue francophone est suspect.

     Qu’ont fait les français mis à part nous dérober nos femmes, nous spolier de nos droits, nous diffamer, nous calomnier ? Le pays de Sarkozy, de l’extrême-droite et du FN a bon dos.

    Comment leur vérité pourrait-elle être sérieuse aujourd’hui ? En vérité, la fête est finie depuis longtemps. Pour eux aussi. Leur pseudo-vérité est bien écornée.

    Le prolétariat est une constante. Le dirigisme, c’est aussi le pari de l’ignorance et de la négation des réalités, l’esquive de la pauvreté.

     Bien sûr, qui dit génocide, ethnocide, comme au Rwanda, au Libéria, ou ailleurs en Afrique, comprend très bien que tout est affaire «  d’Einfluss », d’influence, de influenza, et caetera.

    Les blancs et les noirs le voient bien. Une première partie est très vite jouée. Jeanne d’Arc meurt tout de même finalement dans les flammes et sur le bucher.

     L’astuce elle, existe bien. Peu à peu, les ex-empires coloniaux ont perdu leur influence, leur crédibilité.

     Quant à l’évangile de Judas, il n’est évidemment pas le testament de Judas. Quant à son treizième comme il l’appelle lui-même, il est évidemment son treizième, mais réellement, voilà toute l’astuce aussi. L'évangile de Judas brosse des lignes directrices, des théorie insoupçonnées.

     Voilà quel pont avec le monde réel semble bien consommé. Et surtout, car la langue espagnole est vaste et diverse, de quelle façon jésus voit le monde juif : avec ses deux yeux. Comme il le disait : «  Tu vois la paille qui est dans l’œil de ton frère, mais tu ne voit pas la poutre qui est dans ton oeil ».

     Bien sûr, la maison d’Israël n’est pas non plus au dessus de tout. Le «  Don Fernando » s’installe aussi. A terme du moins, et dans une certaine mesure aussi. Le cancer s’installe aussi, et à tous les niveaux. Nous avons aussi peu à peu perdu le contact avec l’Espagne, avec ces gens extraordinaires, ce peuple drôle, à l’humour si particulier, et inventif.

     Jésus parle du décime de la vérité, car il comprend le drame de la vie, entre ce que nous avons voulu, ce que nous avons fait réellement, et ce qui est, et cette fois-ci, le mot « rien » est un problème différent, même s’il est récurrent. Un mot qui ne veut plus rien dire du tout.

     Oubliés le remarquable Anselmo Fuerte, Gutierrez, le coéquipier d’Ocaña je crois, ou Bahamontès, le tolédan, le cyclisme est en effet un sport de force qu’affectionnaient fanatiquement mes deux frères ouvert à tous mais aussi libre. Une de nos amies vit à quelques kilomètres de Tolède.

     Mon père n’aimait pas trop les ténors du cyclisme, mais il accompagnait souvent mes deux frères au cyclisme qui étaient de véritables passionnés. Il aimait bien Indurain.

     Mais regardons désormais un peu plus loin, et nous verrons facilement les clochers de la grande et de la petite Espagne se répondre aussi. Voilà comment aussi.

     Bien sûr que tout est aussi à découvert, et que Pierre n’est que Pierre. Il n’est qu’un traitre, un renégat. Bien sûr, Jésus ne croit pas nécessairement tout. Il se doute aussi que l’écho de nos rêves n’en est pas toujours le reflet, et que nos caprices sont bien divers, nos attitudes pour le moins contradictoires, mais nos buts sur terre sont et demeurent ce qu’ils sont, d’ailleurs, la plupart de nos prétendus objectifs sont vains déjà. Pierre est aussi une charge, un traitre.

      Derrière la façade prestigieuse du chef de l’église se cache le traitre au Christ, le calculateur ruiné.

     Par exemple, je ne peux m’empêcher de penser que je n’habite ni Hiroshima, ni Nagasaki, mais j’ai réussi à intégrer d’autres systèmes de pensée et de réflexion. Je ne raisonne pas par le vide, mais j’essaie aussi de discerner le bon sens. Et le bon sens, existe-t-il ici ? En tous les cas, je comprends ces gens.

     Si j’étais jésuite, je me dirais bien qu’il n’y a pas à priori de différence entre faire la manche dans la rue, demander une cigarette, et tendre la pièce ou en donner une. Mais je ne suis pas jésuite, je ne suis pas Saint-Thomas non plus, et pour autant je ne crois pas forcément aux dindes papales, aux voitures, et à la grande kermesse médiatique. Alors, qu’est-ce que je crois ?

     Et bien je crois que dieu est une entité enfouie en chacun de nous, mais que d’une génération à l’autre, il fait figure d’utopie relative. Je crois que les alliances ne se font qu’en partie dans l’hypocrisie, la mauvaise foi, l’obscurantisme et tout le reste. Nous sommes trop déracinés à la longue pour nous maintenir sur une ligne stable.

     Je pense que nous sommes tous indépendants, mais réellement aussi. Il n’y a pas lieu non plus de croire au karma. Les histoires n’existent que directement, elles se terminent directement aussi.

    Nous ne sommes pas tous des surdoués ou des fous de travail, ni des paresseux. Ce n’est pas vrai non plus.

     Pauvres, nous le sommes tous. Idiots et victimes, nous le sommes tous aussi. Mais l’univers n’est pas comme nous nous le représentons. Il est séparé de nos projections, et bel et bien. Car tout nous est ennemi sur terre, et car les communautés vivent le plus souvent à l’état séparé. Voilà quelle réflexion me semble différente.

     Chacun possède la démagogie dans sa bouche, chacun veut gagner pour lui, mais pas vraiment autrement. Il n’y a pas réellement de norme, mais la panse et le portefeuille parlent au monde extérieur, et le monde réel répond ce qu’il veut bien répondre. Il n’y a pas nécessairement de secret, mais des passages d’un bout à l’autre ou dieu égare et réunit ses brebis. Lorsque le ciment communautaire est mouillé, nos vies se dispersent dans le néant.

     Le travail est aussi en partie une fausse définition de l’homme, un prétendu qu’il définit comme sien, car il ne trouve rien d’autre en face de lui, car l’homme est rejeté s’il ne se défend pas, pourchassé s’il se défend, car il ne peut croire qu’au travail et à rien d’autre, c’est tout ce qui lui reste. Mais il reste l’homme.

     Et lorsque la femme devient la servante du rien, c’est son affaire et son problème aussi.

    Bien sûr que Jésus a vécu, qu’il a grandit, et qu’il a fait non pas « carrière » comme nous le pensons, mais qu’il a vite compris que ce ne serait pas possible non plus, et qu’il ne restait plus qu’à inventer l’église pour de bon. Si jamais l’opportunité de le faire se serait sérieusement présentée.

     Pour le reste, il est vrai que nos vies à tous continuent, que le peintre a été et sera de nouveau, le maître a été et disparaitra. Les immigrés ont été et seront, faites leur bon accueil. Il est vrai que ma question est réflexive aussi. J’ai mes défauts, dieu a les siens aussi, d’autres peuples veulent aussi en asservir d’autres, ils n’y arrivent jamais non plus. Rien ne se fait facilement sur terre. Personne n’est dupe et tout le monde est pour lui-même pendant que dieu est pour lui aussi. A t’il seulement des objectifs sérieux en ce qui concerne l’homme ?

     Alors, je voudrais dire à Mlle Ghaza qu’elle serait sans doute la bienvenue chez moi aussi. Sait-on jamais ! Et pourquoi pas ? Après tout, est-ce une vue de l’esprit ? N’est ce pas plutôt ce que l’on appelle tout de même “  le champ du possible ” ? L’imaginable en quelque sorte. Ce qui tombe à peu près encore sous le sens commun dans notre propre inconscient, ce souffle obscur et perceptible qui inonde la dérision de nos vies.

     Le mode écrit possède un semblant de logique, même si il est battu en brèche par les antagonismes et tout ce qui vient à notre encontre. Il se veut aussi le reflet, le témoin historique de l’œuvre d’art, sa compréhension relative, à des moments différents et sous-jacente. C’est aussi un vecteur de propagation et de vulgarisation. Il sert un peu aussi à fixer les limites de l’œuvre et de la tâche accomplie.

      Lorsque Hanifia est rentrée d’Algérie nous sommes allés voir «  Grand corps malade » à l’espace Lino Ventura de Garges le 5 février 211. C’était pas mal, très drôle. Elle travaille dans une résidence à la Celle Saint-Cloud. Des personnalités importantes y sont accueillies en fin de vie. Des médecins entre autres.

      Est passé par là par exemple l’ex-entraîneur de Mari-José perec, mort dans l’abandon et l’anonymat. S’y trouve actuellement également une ancienne actrice italienne, «  Ana-Maria », l’épouse de Jean Sorel, l’acteur qui a campé Pierre, le mari de Catherine Deneuve dans le film de Luis Bunuel «  Belle de Jour ». Je l’avais vu pour la première fois à Madrid, lorsqu’on m’avait emmené rendre visite aux cousins de Madrid, j’étais tout petit à l’époque. Le film a été rediffusé il y a peu sur le petit écran. Jean Sorel, c’est son nom d’acteur, vient lui rendre visite tous les jours, au deuxième étage : " Appelez-moi Jean ", dit-il. Mais la discrétion est de rigueur dans ces établissements. Hanifia travaille au troisième étage, mais parfois aussi au deuxième. Jean Sorel possède un immeuble particulier boulevard Haussmann, pas très loin du chantier pour lequel j’ai travaillé  sur ce même boulevard comme chargé d'affaires avec ERCC.

    Ana Maria Ferreiro, qu'il passe voir tous les jours, a ete aussi une actrice italienne, elle a ete mariée à Vittorio Gasmann.

     J'ai souvent ete entre des missions d’intérim. Nous avons basculé d’un monde à un autre monde. Le savoir-faire se perd et se dilue dans le temps et l’espace. Il ne nous reste plus que les vestiges d’une époque passée, témoins de la grandeur des temps et des sociétés mi féodales mi primitives. Aujourd'hui, j'ai réussi à me stabiliser professionnellement.

      Je pense souvent à mon frère David, aux derniers mois de sa vie ou il se montrait survolté, très violent et aggressif. Je n'ai pas su lui parler, le raisonner. Sa mort est aussi la fin définitive d'un système familial. Sa dépression a ete longue, il ne s'est pas soigné comme il aurait du. Sa fin incarne la faillite d'un processus alors périmé, et symptomatise la mise au banc de notre caste, son éviction par la société. Je formule le voeu qu'on le l'oublie jamais, lui qui a au moins lutté, qui s'est défendu et qui m'a défendu aussi parfois.

      Pauvre David. Je pense souvent à toi et ça me rend triste. Comme les regrets sont nombreux. En 1983, Chano Lobato avait donné un des plus grands concerts de flamenco du siècle, 8 ans avant la disparition de mon père, probablement le plus grand ténor de flamenco du siècle, une bête de scène capable de résoudre toutes les difficultés artistiques, vocales et harmoniques, de se jouer et de s'affranchir de toutes les difficultés. David est mort quelques années après. Jésus a voulu dans un certain sens de son vivant dominer et affermir des vérités purement techniques. Il se situait aussi dans l'absolu. Chano Lobato est un géant, un monstre sacré du cante flamenco, probablement le plus grand avec El Camaron, El Pele et quelques autres. C'est un monument, un artiste d'un niveau indescriptible. A lui les Jaléos et à El pele les Toñas. Comme a Carlos Montoya les Saetas et à Serrita les Zambras. Aujourd'hui, les artistes espagnols sont des gens comme Vicente Amigo, ou encore quelques nouveaux venus dans le sillage de Paco de Lucia comme Cañizares.

     J'ai toujours admiré la génération laissée par la république en Espagne, celle de Manuel de Falla, de Fernando Sor, d'Isaac Albéniz, de Joachim Rodrigo, de Manolo Caracol et de tant d'autres. On dit qu'il faut 25 vies des plus grands pianistes pour ne jouer ne serait-ce qu'un dixième d'une oeuvre comme Ibéria. Lorsque sarkozy est venu au pourvoir avec Cécilia comme première dame, j'ai d'un coté regretté que notre pauvre république, si bien partie, soit absorbée, annexée et reléguée à l'état de dépendance de la république française. J'avais honte. d'un autre coté, c'était une forme de reconnaissance internationale. Mme Dati et cécilia sont très amies par exemple. Finalement, Albéniz était surtout un musicien basque, un des seuls musiciens basques a avoir atteint ce niveau. Mais dans le fond, même si mon épouse déteste Sarkozy, il n'a fait que son travail, il ne pouvait que faire le jeu de la continuité républicaine, la démocratie étant trop faible en France comme dans d'autres pays.

     Lorsque nous étions petits tous les trois, mon père nous avait fait suivre des cours de piano chez une très grande pianiste arménienne, très virulente, une femme à poigne très proche du caractère et des idées de mon père. Ingo était le plus naturellement doué, moi j'étais plutôt doué pour la guitare ou quelques compositions. Plus tard j'ai longtemps pris des cours avec Serrita, une dizaine d'années environs. La disparition de David marque une rupture, quelque chose me manque, quelque chose est resté inabouti depuis qu'il est parti. Nous n'avons pas eu assez de temps à nous et de chance de notre coté.

     


    votre commentaire
  •  

     

     

    Manuel Diez Matilla : un destin oublié

     

     

     

     

     

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

     

    9ème partie

     

    Par Christian Diez Axnick

    Refonte au dimanche 18 août 2013

     

     

     

     
    Je recommande pour éclairer sur un plan plus général le lecteur de cet essai un
    livre intitulé «  Les grandes dates de la littérature française », d'Alain
    Couprie, aux éditions Nathan Université, qui retrace assez bien les différents
    mouvements dans la littérature française. On peut ici comprendre par exemple
    que le nouveau roman est le dernier courant de littérature qui ait eu lieu en
    France. Sa définition peut aujourd’hui nous sembler confuse, et sera plus
    claire d’ici quelques années.

      
    De la même façon, et dans le même ordre d'idée, Manuel Diez appartient à la
    tradition livresque, celle du roman, dans la mesure ou il s'inscrit dans une
    certaine continuité.

     
    Un livre à lire, je l’ai lu il y a quelque années : « Le Montmartre de nos
    vingt ans », de Paul Yaki, préface de Francis Carco, éditions le vieux
    Montmartre. C’est un ouvrage incontournable pour qui s’intéresse à la pensée
    française et à Montmartre.

     
    Mon père a fréquenté au cours de sa vie les endroits par ou les plus grands
    sont passés, surtout à Montmartre. Je pense aussi bien à Van Gogh, Utrillo,
    Utter, Suzanne Valadon, Gen Paul, Fujita, Man Ray ( le photographe américain de
    Montparnasse ), Toulouse Lautrec, Depaquit, Emile Bernard, Raoul Dufy et tant
    d’autres, comme le chansonnier Aristide Bruand,  ou Renoir, que mon père
    n’aimait pas trop. On y retrouve un certain parallélisme, le quartier étant une
    véritable fourmilière d’artistes peintres et de personnalités de tous ordres.
    Mon père «  avait sa gueule » comme on disait de lui.

     
    C’est lui par exemple qui a réalisé les étagères en bois pour ranger tout un
    tas de vieilles sculptures, sauvé bon nombre d’affiches de Poulbot. Francisque
    Poulbot a habité là; j’ai travaillé chez SR Electricité, pratiquement en face
    de la maison ou il a vécu également à Saint-Denis, à deux rues de la basilique.

     J’ai travaillé pour cette société sur la rue de Rivoli ( Ensemble commercial
    Celio/Jennyfer ) et sur le Drugstore Champs-Elysées notamment.

     Lautrec, aussi, est passé par là. Qu’est ce qu’il a pu sauver comme affiches de Lautrec.
    Quel foutoir c’était que ce musée. Idem avec les sculptures et toutes sortes
    d’objets et de sculptures.

     Il s’est jeté aussi dans l’antre, plus que dans l’arène. Si Zola écrivit « 
    le ventre de Paris » en référence aux Halles, Montmartre est une véritable
    termitière. Il détestait Charpentier, qu’il a longtemps accusé de se promener
    avec des aiguilles, et de venir dans son dos. Une fois ou nous passions en
    voiture avec Pruden après son licenciement, il m’a même demandé d’accélérer et
    de le faucher alors qu’il sortait subrepticement du 12 rue Cortot, le musée
    donc du vieux Montmartre. Son procès je l’ai dit a tout de même duré 2 ou 3
    ans, avec une foule de témoins.

     
    Il était particulièrement remonté contre lui. Moi je n’ai en réalité pas trop
    connu Charpentier. Il n’était presque jamais là quand je venais, et Claude
    Estier n’en parlons pas. Mon père recevait parfois des amis, le père Charnin,
    un prêtre suisse, des amis espagnols, ou encore mes frères, ou simplement des
    relations de la butte. Il y avait Anne-Marie, Mme Vertex.

     
    Puisse l’espèce de mémorandum que je lui consacre éclairer les amateurs d’art
    en tout genre, et apporter sa pierre à l’édifice. Aujourd’hui par exemple, la
    Evangelische Kirche que fréquente ma mère tous les dimanches à Paris organise
    des visites guidées sur les pas d’Utrillo. Une exposition a eu lieu à la
    pinacothèque. Mme Buttler s’occupe de ça, elle est pasteur. J’ai vu
    l’exposition avec ma femme. Je trouve ses tableaux vraiment formidables, et sa
    démarche très intéressante il est vrai.

      
    Les concerts à l'église allemande sont remarquables.

      
    Il y a une chose que j’aime, et qui vaut plus que tout au monde pour moi, c’est
    l’enthousiasme des jeunes générations nipponnes, la volonté de s’intégrer des
    japonais qui vivent en France. Même les chinois que je vois parfois dans mon
    métier s’intéressent me semble t’il aussi au fait que Jésus était un juif
    moitié syrien, moitié palestinien. Enfin, j'exagère, car Jésus était israëlite,
    parlait l'hébreu, et accessoirement le grec et l'araméen.

     
    Mais l’optimisme japonais me semble encore plus important chez les plus jeunes.
    La fraîcheur des japonais est quelque chose d’agréable. Je n’en dirais pas
    autant de la faiblesse ou de la quasi-inexistence de nos rapports avec eux,
    malheureusement.

    Je voudrais le dire ici, car si l’on interprète correctement la pensée de Jésus,
    c’est important.

    Il y a quelques années, Kristel, la sœur de Oma, ma grand-mère, est décédée. Je
    n’ai même pas pu être à l’enterrement. A ce propos le livre «  Les
    sagesses d’orient » de Gilbert Sinoué, est un excellent livre de réflexion. Je
    regrette souvent que les familles se connaissent assez peu ou trop peu et
    soient séparées par la géographie.

     Mon frère a fait un deuxième voyage en Chine. C’est très difficile de repartir en
    Asie depuis Hiroshima et Nagasaki, il faut bien du courage. Là aussi les crimes
    de l’impérialisme américain sont innombrables et nous ont été rapportés aussi.
    Mon frère est un cas, il n’a jamais travaillé de sa vie, mais comme je l’ai déjà
    dit il a cotoyé la majeure partie des plus grands maîtres d’arts martiaux du
    monde. Dida Diafat par exemple est de Villiers-le-Bel, je l’ai aperçu une fois
    avec Ingo. Il a été champion du monde de boxe thaï.

     
    Je pense aussi à ce jeune boxeur thaï, Mohamed, lâchement assassiné il y a
    quelques années à Drancy. Au fond, notre algèbre existe dans la société, la
    criminalité est un problème crucial, angoissant. Dieu soit loué, Berthe Mann a
    de la famille qui vit à Jérusalem ! Voilà qui nous rapproche un peu de la terre
    sainte.

     
    Vers cette époque j’avais écrit à l’empereur du Japon, mais il a préféré ne pas
    me répondre. Les problèmes de la banlieue existent il est vrai pour tous.
    Latimier ne l’a pas décidé.

      
    Je pense que le Gulistan, de Saadi, est une grande œuvre. Pierre Seghers l’a
    édité au S.N.E.D., en fait, il a pillé les textes. J’en suis venu à bout, mais
    pas en langue arabe ou perse. Je n’avais pas vu l’exposition sur les
    Sassanides. Je ne désespère pas avec les Pahlavi. Surtout à cause de la mort de
    Leila. Je peux me tromper, mais je fais de mon mieux malgré mes pépins de
    santé. Je pense qu’ils ont beaucoup progressé. Deux choses peuvent nous nuire,
    dit Saadi dans le Gulistan : se taire quand il faut parler; parler au lieu de
    se taire.

      
    En dehors d’une chanson comme « La suerte y la inteligencia », de Pepe Pinto,
    je ne vois pas de référence majeure ici. Les choses devaient être difficiles
    pour Leila, elle ne pouvait avoir que peu de repères dans la vie.

     
    Mon père et moi écoutions beaucoup cette chanson au cours de ses trois
    dernières années de sa vie au musée Cortot à Montmartre. Le canari de mon père
    virevoltait autour de sa cage. Un jour il s’est échappé et mon père était resté
    fou de tristesse. Il est presque mort de chagrin de ne plus avoir le canari. Un
    jour il n’est pas retourné dans sa cage, quelqu’un a du ouvrir la fenêtre. Je
    ne sais pas si c’est moi, je ne crois pas. Mais sait-on jamais comme on dit.
    Tout peut arriver.

    Trois autres proverbes :

    - Le sage travaille, l’ignorant espère.

    - Ta parole est comme ta fille : sache oû la placer.

    - Notre langue est un arc « On ne voit pas plus revenir la parole échappée de la
    bouche que la flèche échappée de l’arc » Et quand la flèche se plante dans le
    cœur de l’autre, il est trop tard. ( Abou Shakour ).

     
    J’ai vu le film « La journée de la jupe » avec ma mère et Hanifia. J’ai trouvé
    ça pas mal. C’est très théâtral. Je me suis finalement fait enlever un énorme
    névrome de Morton au pied gauche.

     
    « Grantorino » est aussi un bon film. Pour une fois, ma mère et Hanifia ont
    bien aimé Eastwood. Je l’ai vu en V.O. avec Hanifia. Je pense que c’est un des
    meilleurs Eastwood et sans doute un des derniers.

      
    J’avais signé un contrat avec une société nationale. J’étais tenu au secret;
    finalement, il m’est arrivé la même chose avec une autre société par la suite.
    A la fin du chantier toutes mes créations ne reviendront pas à cette société
    puisqu’on ne m’a pas gardé en définitive. Je n’étais pas assez pugnace,
    j’aurais dû réclamer des notes de calcul. Généralement, pas mal de BE ou
    d’entreprises qui m’embauchent me recommandent la discrétion ou le secret.
    Récemment j’ai fait la plomberie d’un centre culturel du sous-sol inférieur
    jusqu’à la toiture.

     J’ai visité le palais de l’UNESCO, et je l’ai trouvé particulièrement innovant et
    moderne.

     
    Notamment la présence de plaques de granit provenant d’Hiroshima ou Nagasaki.
    Les américains ont lâché la bombe alors que la paix était signée et la guerre
    finie. L’ancien directeur de l’UNESCO était japonais.

     
    L’UNESCO abrite également des œuvres de Miro, Picasso et beaucoup d’autres
    choses très intéressantes, dont une tapisserie au dessin signé Le Corbusier
    fabriquée à Aubusson.

     
    Ma mère dit qu’elle a été d’une génération sacrifiée, comme celle de mon père,
    et c’est vrai. On peut parler en effet de génération sacrifiée, et quelque
    part, c’est un peu la même chose pour la nôtre. Par exemple encore récemment un
    film ( Inglorious bastards) retrace l’histoire d’un commando israélien chargé
    d’éliminer Hitler. C’est de la fiction comme de la parodie j’imagine, je ne
    l’ai pas vu.

     
    Dans le cas de la génération des mes parents, c’est la réalité, aussi bien du
    coté des Moltke que du coté d’Opa Linie, le grand-père de mes cousins Arne et
    Markus. J’ai ai parlé dans le manuel d’introduction. Eux sont vraiment et
    réellement allés au feu face à Hitler, lorsqu’il faisait parfois jusqu’à 99 %
    des voix dans les villages les plus reculés d’Allemagne. Cela mérite autre
    chose que ces parodies américaines assez teintées de nationalisme US, même s’il
    est vrai qu’Hitler avait d’autres ennemis importants, dont ce Von je ne sais
    plus quoi, Stauffenberg je crois.

     
    Il y a quelques années, j’ai accompagné ma mère aux Diaconesse de Versailles,
    qui sont liée je crois aux diaconesses de Reuilly.

     
    Ma femme Hanifia, était passée à l’émission de Julien Lepers «  Question
    pour un champion » lorsqu’elle est arrivée en France, et est ensuite passée
    dans celle de Thierry Beccaro ( Motus ) puisqu’elle avait réussi les
    qualifications. Elle a gagné avec une autre dame. Beccaro que j’ai vu est un
    grand professionnel de l’audio-visuel à mon avis, un homme droit dans ses
    bottes, intègre, sobre et travailleur. Lepers est aussi un homme ouvert et
    intelligent, parfois un peu dispersé.

     
    Il me semble qu’elle va à nouveau passer à Motus.

     
    Elle a écrit à je ne sais plus quel organisme pour leur dire que « c’est de la
    lèche », en mon nom en réalité.

     
    En effet des journalistes s’étaient introduits pour filmer le chien de Carla
    Bruni ou je ne sais plus quoi, puis le président, « la crotte » comme elle
    l’appelle, s’est invité sur le plateau. C’était en réalité concerté, les
    journalistes criant à la surprise.

     
    Décidément l’Europe est tombée bien bas, notre pays plus qu’un autre. Le tenant
    d’un des pires nationalismes de son histoire a réussi le tour de passe-passe de
    devenir omniprésent sur nos écrans, il monopolise les médias. Et la gauche,
    faute de prévention, faute d’union, faute de combativité se laisse débaucher
    par ce minable.

     Ma femme hait Sarkozy et change de chaîne dès qu’il pointe le bout de son nez, elle
    zappe tout le temps quand passent les informations et la cohorte de ministres
    qui le suivent. Moi j’estime que parfois il fait son boulot comme il peut, et
    que la société est largement complice aussi.

     
    Ce sont toujours les mêmes qui doivent faire le travail, jamais les dirigeants
    au pouvoir. Il n’y a pas dans le panorama actuel d’alternative à cette tyrannie
    qui se dessine depuis déjà des années. Il manque une force de réaction. Quel
    désastre industriel et financier, le plus grand qui ne se soit jamais produit.
    Quel manque de solidarité et de continuité historique. On nous casse. On nous
    humilie, on nous broie. On minimise notre passé glorieux par la calomnie, la
    parodie et la satyre. Je lance ici un appel solennel. Il faut réagir.
    Réveillez-vous, levez vous avant qu’il ne soit trop tard. La démocratie vaut
    cette peine. Ne laisser pas vos dirigeants répandre le mensonge et l’ignorance.
    Organisons la lutte. Chacun doit y prendre part. L’heure est grave. Nos
    libertés sont en danger.

     
    Je ne dis pas que les divergences n’existent pas entre nous. Pour moi l’Alsace
    et la Lorraine ( Elsass und Lothringen ) ont été allemandes durant des
    millénaires. Mais il faut aplanir nos différents, lutter ensembles, et chasser
    Sarkozy et sa clique du pouvoir. Il faut un consensus, une ligne générale.
    Laissons nos différents au placard. Passons à l’action. Ne faisons pas dans la
    demi-mesure, nos positions doivent être claires.

     
    Prenons le parti de la transparence face aux forces et aux puissances réactionnaires.

     
    Nous l’avons toujours fait, nous savons le faire, nous saurons bien le faire à
    nouveau.

     
    Ma grand-mère disait «  Wer sich als ein Hund vergibt, muss auch als ein Hund bellen ».

    Celui qui se conduit comme un chien, doit aussi aboyer comme un chien. Je trouve
    cette phrase très vraie aujourd’hui. Ma grand-mère n’a jamais caché qu’elle
    était pour Hitler, et au fond je lui donne presque raison, ou tout au moins je
    la comprends. Hitler était un juif autrichien parmi d’autres, mais au moins
    parlait-il clairement et disait-il vraiment ce qu’il pensait, même si je n’ai
    jamais pensé comme lui, ce qui n’est pas le cas de Cohn-Bendit, pour qui j’ai
    voté aux dernières élections européennes. J’ai été déçu à l’arrivée des courses
    je dois dire. C’est vide de sens. Et sinon tous votent à droite, et se laissent
    embobiner comme des laquais.

     Ma grand-mère lorsqu’elle perdait aux jeux, se mettait à tricher. Sacrée Oma. Par
    exemple lorsque nous jouions au «  Barrikadenspiel », le jeu des
    barricades ou l’on joue avec des dés et place des barricades aux autres. Elle
    faisait bien rire ma mère. Oma était très mauvaise perdante. Au rami, aussi, ou
    j’ai toujours assez bien joué, ou à d’autres jeux. Ma mère ne lui a pas trop
    pardonné d’être si mauvaise perdante. Au Kniffel aussi, de temps en temps, elle
    trichait. Mais j’adorais Oma.

     
    Certains parlent de risque révolutionnaire dans ce pays, mais disent-ils que
    durant des décennies, l’assemblée a été tenue par Jean-Louis Debré, dont j’ai
    parlé dans le manuel d’introduction, et qu’il n’a même pas été capable
    d’obtenir son bac ? Ils ne le lui ont donné que plus tard et à regrets. Il ne
    l’a pas eu tout de suite.

     
    Il faut réagir, c’est la règle en démocratie. La France ne doit pas demeurer au
    sein de l’OTAN. La majorité veut l’indépendance. Point final. Nous sommes 500
    millions de francophones, et presque autant d’hispanophones, d’hispaniques.
    Sarkozy veut faire de nous les valets de l’Amérique. L’Amérique peut se passer
    de nous, elle l’a toujours fait. A vrai dire, vis-à-vis de nous, l’Amérique a
    toujours joué la carte de l’ignorance. Elle nous ignore. Nous ne comptons pas
    pour elle et elle joue sans nous, nous exploite au maximum. La crise des
    subprimes est un déchet de l’Amérique.

     
    Les américains semblent bien être les premiers à se foutre royalement de
    Sarkozy. Qu’on n’imagine pas que je suis d’accord avec lui, il n’est qu’un pion
    aussi. Le coté «  haut les cœurs » est bien connu. A chacun de balayer
    devant sa porte.

     
    Un déficit public multiplié par deux, les députés envoyés siéger à Bruxelles,
    un congrès à 400/500 000 euros pour lui, sans compter tout le reste, Sarkozy a
    profondément changé le panorama, notamment chez les jeunes. Il y a ceux qui le
    détestent, ceux qui haïssent et zappent à chaque Sarkozy, ma femme en fait
    partie, et l’immense majorité des autres.

     
    Je dirais que le français est difficile à cerner. Prenons Jacques-Laurent Bost,
    un écrivain français qui a pas mal écrit sur l’Espagne.

     
    Il dit dans «  L’Espagne au jour le jour » ( Editions Paul Morihien )
    des choses pertinentes et sans nul doute très intéressantes, mais son racisme,
    son mépris et son irrespect gâchent tout. Prosper Mérimée est l’autre écrivain,
    celui me semble t’il qui a le plus écrit sur l’Espagne.

     
    Ce qu’il décrit sur le « Pundonor » est très proche de la réalité, et
    de ce que représentait le théâtre espagnol, que j’ai eu l’occasion de voir.
    C’était à se tordre de rire.

     
    C’est là qu’il faut rappeler aux plus jeunes et aux moins informés quel artiste
    extraordinaire et hors du commun était Manuel Diez Matilla. Pour qu’ils
    comprennent cette Espagne étrange, repliée et envoûtante. De lui jusqu’à Diego
    Amador, le guitariste de Flamenco qui monte ces derniers temps.

    On ne refera plus des peintres comme lui. Nous sommes trop en bute aux profonds
    changements de société de nos jours, trop opprimés, déconcertés même.

     
    Comprenons aussi qu’il disait parfois « Los Americanos lo saben muy bien »,
    mais je ne sais pas quoi exactement. Il semblait faire allusion aux casernes
    américaines en Espagne.

     
    Ici, je préfèrerais faire allusion à Lia Marchese, qui me connait bien. Mais je
    peux me tromper. Je le sais. Il y a aussi Francesca Lardin, la dernière amie de
    David, que j’ai bien connue aussi.

     Une page importante de notre histoire commune se tourne, et il faudra songer à
    interroger les générations à venir, leur demander ce qu'elles veulent faire à
    leur propre tour, leur expliquer que cet important héritage artistique les
    concerne aussi, que chacun doit savoir se prendre en main, se prendre en
    charge.

     Pour ne livrer qu’un exemple, à l’époque ou mon père était à Montmartre, Clause
    Nougaro marchait déjà avec Maurane dans le quartier, ou plutôt c’est elle qui
    marchait sur ses pas.

     J’aiassisté à son excellent concert à Garges-lès-Gonesse ou elle lui rend hommage
    dans sa tournée «  O Nougaro ». Mon père avait croisé sa route un
    soir d’hiver je crois. Les deux hommes avaient des points communs. Quel poète
    était Nougaro.

     
    Pas loin dans le quartier, la maison donc de Diane Dufresne et de je ne sais
    plus quel artiste nous disait Maurane. Elle a chanté dans un cabaret du
    quartier. J’ai trouvé ses musiciens particulièrement excellents, remarquables
    pour tout dire. Dernièrement, ma mère, Hanifia et moi sommes aussi allés voir
    un concert de country à l’espace Aznavour d’Arnouville.

     
    Je suis allé voir avec Hanifia le dernier film de Richard Geere « 
    Hatchi ». C’était vraiment très bien, très touchant, l’histoire de ce
    chien qui est retourné durant 9 ans sur la place ou il cherchait encore son
    maître disparu.

     
    Hanifia et moi avions vu aussi une représentation très intéressante de La flute
    enchantée à Garges.

    Mon père l’avait vu aussi avec ma mère il y a très longtemps. C’est un véritable
    chef-d’œuvre.

    J’écoute souvent la Flute enchantée de Mozart. Je trouve ce compositeur particulièrement
    génial, et je pense que ce qu’il a apporté au peuple allemand et à sa musique
    est gigantesque.

     
    En revanche, le fait qu’il était diminué, presque infirme en raison me semble
    t’il de maladies vénériennes, se ressent légèrement dans son œuvre.

     
    Mon père avait quantités de disques à la maison, mais il était à moitié sourd.
    Il entendait très mal. D’ailleurs, il est mort en réalité des complications
    postopératoires de son opération de l’oreille ou du pavillon.

     
    Il a tout d’abord perdu connaissance, et les choses se sont ensuite aggravées.
    L’infection s’est généralisée par la suite d’établissement en établissement.
    C’est parti de Gonesse ou il est tombé dans le coma, suivant l’opération ratée
    de l’oreille à l’hôpital Delafontaine de Saint Denis, puis Bichat …

     
    Ma mère parle à juste titre dans le cas de sa génération de «  génération
    sacrifiée ». C’est le cas depuis toujours et jusqu’à aujourd’hui, en
    effet. La mienne aussi a beaucoup donné, sans presque rien obtenir non plus en
    retour. Je n’ai vu Opa Linie qu’une fois, c’est dire la transition qui s’est
    faite. Personne n’a rien fait, personne n’a levé le petit doigt pour ce petit
    homme, ce vieillard encore jeune, qui a participé à un des plus grands
    attentats contre Hitler, le père d’Hanswerner, le grand-père de mes cousins
    comme je l'ai dit du coté de ma tante Marita. L’Europe n’a rien fait pour lui.
    Ni l’Allemagne ni les autres pays. C’était cet attentat qui s’était soldé par
    des centaines d’opposants décapités, dont on a tiré une parodie
    cinématographique. Mais pour ma famille allemande déracinée, c’est l’Allemagne
    profonde, la voix de l’Allemagne.

     
    J’ai beaucoup apprécié il y a plusieurs mois l’exposition sur Munch à
    la pinacothèque. Munch est un très grand artiste, un immense peintre,
    probablement un des plus grands peintres scandinaves. Sa peinture rappelle un
    peu certains chefs-d’œuvre d’Utrillo. Mon père d’ailleurs se rapproche beaucoup
    de ce style d’expression. C’est un peu la même école, le même cru. Il collait
    au pinceau, le travaillait, l’appuyait. Il grattait comme on dit dans le
    bâtiment.

     Une fois, ma mère a vendu un de ses tableaux pour gagner un peu d’argent.

    Un grand tableau avec un pot de fleurs et des ornements de type et dans le style de la
    Vieille-Castille. Une partie de la peinture de mon père était ornementale et
    symboliste aussi. Ce tableau était un des très rares ou il ait fait appel au
    rouge, même s’il utilisait les tons rouge aussi pour donner des nuances aux
    tables et aux meubles parfois. Soit il éclaircissait, il bleutait, soit il
    allait vers les tons cuirs, ou encore les verts, soit il réchauffait les décors
    avec du rouge. Cela dépendait du thème, des décors et des souhaits du client.

     
    Souvent, avec Hanifia, ma mère ou d’autres personnes de la famille, nous allons
    visiter des châteaux ou des parcs de la région parisienne, qui n’a presque plus
    de secrets pour moi. Nous sommes allés à Giverny et comptons y retourner.

     
    Le public peut le remarquer, notre mode de vie s’est en partie adouci depuis la
    disparition de ce grand travailleur insatiable qu’était mon père, il peignait
    sans arrêt, sa passion était infatigable.

     Il a peint jusqu’à ses derniers instants. Je ne compte pas ses deux dernières
    années d’agonie et de coma, car il n’avait plus connaissance de lui, il n’était
    plus en état de conscience. Il est mort en 1991.

     
    Ses deux frères, mes oncles, l’ont suivi avec David en 1999, mort très jeune.
    Aujourd’hui mes oncles d’Allemagne Uwe et Norbert sont eux aussi sortis
    d’opérations. Espérons que les temps à venir ne soient pas trop durs. Hanifia a
    du encore subir une opération après sa réduction mammaire réussie. Moi je suis
    sorti il y a quelques années d’une douloureuse nécrose de l'épiploom.
    L'opération s'est bien passée.

     
    Les derniers moments de sa vie furent pour lui un calvaire et une terrible
    agonie. J’étais dérouté, je ne savais pas quoi faire. «  No te hagas el
    perrin » ( ne fais pas le chiot - el cachorro ), m’avait-il dit vers la
    fin de sa vie, avant qu’il ne plonge dans la maladie. Il attendait comme
    quelque chose de moi, et ne désirais pas que je puisse le faire pour d’autres.
    Il est mort en fait de complications liées à la tuberculose. Lui dont un
    médecin lui avait confié à son arrivée en France qu’il n’avait jamais vu des
    poumons comme les siens. Ainsi passent les années et les siècles, ainsi vont et
    viennent les faiseurs de rêves et d’illusions, ainsi passent les artistes.

     

     


    votre commentaire
  • Manuel Diez Matilla : un destin oublié

     

     

     

     

     

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

     

    8ème partie

     

    Refonte au dimanche 18 août 2013

    Par Christian Diez Axnick

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      Ci-dessus un vieux souvenir, notre maison au début des années 60.

    Ci-dessous notre affiche à la grande époque.

     

     

     

     

     

     

     

      Je dois le dire, lorsque ma tante était venue d'Espagne avec sa nièce, cela m'avait un peu donné le mal du pays. L'espagnol est une langue si poétique, si chantante, à la prose si imaginative et surprenante. J'aime cette langue, qui chante moins que l'italien, mais permet tellement de subtilités et de finesse dans une discussion.

      L'espagnol est la langue de l'agréable et du raffinement, de l'humour typiquement espagnol.

    L'humeur flegmatique de cette langue, calme, plaine de drôlerie, est pour moi quelque chose dont je ne peux me passer.

      La France est un pays globalement plus riche que l'Espagne, Catalogne incluse. Rien qu'en Ile-de-France, chaque région possède pratiquement au moins une centaine de châteaux avec parcs et jardins. Celui de Chamarande, dans l'Essonne, dispose d'un parc gigantesque, à couper le souffle.

    Des archives nationales s’y trouvent, comme à Pierrefitte ( j’y ai travaillé chez BETOM pour la clim ). Plus de 20 000 ouvriers ont trouvé en revanche la mort lors de la construction du château de Versailles, notamment en raison des marais et du paludisme.

     Un monde entier s'est écroulé avec la mort de Manuel Diez, celui aussi des dernières illusions d'un monde un peu plus juste, un peu moins sectaire. C'était véritablement un grand génie, aujourd'hui ses tableaux sont allés un peu partout, la famille, les amis, quelques ventes alimentaires.

     Je ne veux pas être ringard, mais je trouve que des peintres de sa dimension et de sa carrure manquent déjà à notre époque décousue, ou l'on essaie de lancer quelques artistes modernes tant bien que mal.

     J'ai entrevue l'exposition sur le peintre suisse Paul Klee par exemple, ou plutôt survolée. Gérard Garouste est passé à la télévision plusieurs fois, étant considéré comme le plus grand peintre français contemporain. Mais je ne retrouve pas le souci du détail et la passion envahissante de la perfection qui possédaient mon père, la poigne qu'il avait. Un documentaire a ete consacré à Garouste qui a peint aussi en terre-Sainte.

     Lui et Jeumont sont des gens charmants, avec lesquels mon père a tout de même travaillé une vingtaine d'années et pour lesquels il a réalisé des centaines de tables et de meubles. Mais pour aller au devant des difficultés, je dirais que le monde de l'art stagne aujourd'hui, pour ne pas dire qu'il se retrouve dans l'impasse ou on a bien voulu le jeter.

     Les parts furent injustement réparties depuis le début. Je veux dire par là qu'on ne refera plus un artiste comme mon père. Et puis, la France est un pays jaloux de ses prérogatives, exploiteur même. Il y est de plus en plus difficile de travailler, d'y trouver l'inspiration qui est notre fibre à tous.

      Cette inspiration, elle venait parfois à lui manquer, mais elle finissait toujours par refaire surface à l'improviste. Mon père travaillait avec toute sa tête. C'était un peintre intelligent, très malin et très débrouillard. Il avait ce sens inné de la peinture, cette passion dévorante, cette faculté à résoudre les difficultés les plus grandes, ces éclairs lumineux exceptionnels. Il avait la classe et le talent réunis.

    Toute sa vie se passait et défilait devant les tableaux qu’il composait.

      Honnêtement, je n'ai rien de tout cela, des qualités qu’il avait, même si j'ai pris beaucoup de notes de ce qu'il m'expliquait et m'apprenait. Il m'a toujours soutenu, toujours dirigé, toujours enseigné ses mille et une astuces et autres petits trucs. Son talent était insensé. J'étais émerveillé par ce que je voyais, épaté, il était bluffant, souvent complètement époustouflant. Quand je pense à lui, j'ai l'impression d'être un nain à coté de lui. Quelque part, j'ai presque honte de moi, mais je revis les merveilleux instants que nous avons parfois passé, je revois en rêve le travailleur infatigable qu'il était. Je l’ai toujours suivi comme j’ai pu, de mon mieux.

      Oui, il pouvait parfois avoir un peu de mépris pour tel ou tel, ou ne pas aimer tel ou tel autre, toiser les plus grands, un tel génie pouvait se le permettre. Ce n'est pas peu dire. Je l'ai vu à l'oeuvre durant des années. Il m'écrasait comme un vulgaire pou de toute sa classe. J'oserais presque dire que j'avais l'air d'un con face à un tel monstre de la peinture, autant pour l'huile, que pour la cellulosique, la peinture à l'eau ou le pastel. Mes fondements étaient explosés par tant de maîtrise et de savoir-faire. Je me suis retrouvé un peu dans une carrière parallèle un peu solo, tellement je ne faisais pas le poids. Quelque uns ont apprécié mon travail, lui même parfois. Il me prodiguait tous ses encouragements, il m'aidait beaucoup.

      Issu d’un monde prosaïque sur le point de disparaître, un monde exceptionnel que l’on ne retrouvera plus, manuel Diez a aussi été quelque part le produit de ce monde, un de ses derniers représentants.

     Nous avons un point commun, c’est qu’il prenait beaucoup de notes au crayon dans son atelier qui a laissé place aujourd’hui à une extension de la maison. Moi aussi sur mon lieu de travail, en général je prends des notes. Puissent ces quelques lignes aider, conseiller et inspirer les talents à venir, les jeunes qui arrivent.

      Je me souviens d’une livraison à Deauville. Il avait absolument voulu que Katia Granof lui dédicace son livre «  de l’Espagne » à Honfleur. Il vouait une véritable passion aux écrivains contemporains. Il aimait beaucoup lire. Il aimait beaucoup Jean D’Ormesson par exemple, ou Michèle Morgan comme je l’ai dit ailleurs dans mes études. Elle a aussi une galerie à Paris, sur les Champs-Elysées je crois.

      Je suis passé par Honfleur avec Hanifia après un séjour à Fécamp. Sa galerie existe toujours. De bons artistes exposent toujours à Honfleur. La promenade tout au long des galeries est douce et plaisante. Honfleur est une petite merveille adossée à la mer, et compte même une petite plage. Les lumières de Fécamp sont très jolies la nuit aussi.

      Sur la photo qui suit, antérieure dans le temps, on le voit en compagnie de Jasper, le chien qu’il a probablement le plus aimé. Il est venu avec nous aussi à Deauville, comme Viking, le berger allemand, nous en avons eu plusieurs de ce nom là. Jasper avait mordu Guy, du décor du logis, une fois qu’il était venu. Il n’était pas de tout repos. Mais il était très affectueux avec mon père.

     

     

     

      On aperçoit la vieille table de l’atelier, sur laquelle il a tellement travaillé, et le bric-à-brac au fond.

     

     

     

      Sur cette photo, David est en bas à gauche, et moi assis sur mon père allongé.


    votre commentaire
  •  

    Manuel Diez Matilla : un destin oublié

     

     

     

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

     

    7ème partie

     

    Refonte au dimanche 18 août 2013

    Par Christian Diez Axnick

     

     

     

     

    «  No te hagas el perrin ( ne fait pas le chiot ) », disait-il.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ci-dessous une table ronde ivoire faite par mon père, d’une grande richesse ornementale.

     

     

     

     

     

     

     

      Autre cliché des 4 portes avant d’un meuble de mon père. Ci-dessous une photo à Noël.

     

     

     

     

     

        Photo de famille, avec pupuce ( mohli ) et viking.

     

     

     

     

      De gauche à droite : Micaela, Carmen ( carmenchu ) en bas, Prudencio avec Maria Congost, à droite Don Primitivo. Je ne me souviens plus de l’autre personne au centre, Luisa que crois.

    Ci-dessous réunion de peintre en Espagne.

     

     

     

    En bas, un de mes travaux de composition moderne. Il m’a demandé une foule d'études de conception et une disposition poussée de l'harmonie des couleurs. Le visage se plie et se déforme, se contorsionne. Le nez rejoint une oreille en forme de sein. J’ai emprunté certaines idées à Pruden.

     

     

     

     Comme je peints très peu, je m'efforce de travailler la conception, et je travaille à des oeuvres modernes on va dire, car je suis dessinateur projeteur. Mais faute de temps, j'ai un peu perdu le fil de la peinture.

     

     

     

      Mon père me prodiguait toujours de très bons conseils pratiques, et je les suivais de mon mieux.

    Mais après sa disparition, peu à peu, les réflexes se sont amenuisés. Je ne baignais plus dans l’ambiance de son atelier de peinture, dans les odeurs de la térébenthine et de la peinture à l’huile.

    Il avait un drôle de caractère, un caractère trempé, une sacrée conception de son métier. C’était un maniaque de la composition, de la perfection, de tout ce que l’on peut imaginer en peinture.

    Quelle force, quelle puissance de caractère et de volonté de bien faire et de perfection il dégageait.

     

      Je me suis après sa mort de plus en plus orienté vers la CAO-DAO, l’informatique, j’ai fait pas mal de plans EXE par exemple, sur AUTOCAD. Partant de là ma vie professionnelle s’est trouvée absorbée par le monde des bureaux d’études au fil des années. De plus en plus vers le technique, le génie civil, la CVC, la HVAC, la plomberie et ainsi de suite.

      En fait, j’ai rendu service à la France, mais ma carrière artistique s’est retrouvée en suspens.

      Il y a quelques années, des journalistes présentaient Gérard Garouste à la télévision, qui est le plus grand peintre moderne français. Je l’aime bien aussi, c’est un fait, puisque mon père a travaillé durant l’essentiel de toute sa carrière avec Garouste et Jeumont, les gérants du Décors du Logis, rue du Faubourg Saint-Antoine à paris, enfin anciennement. Aujourd’hui, les trente glorieuses sont terminées, révolues. Mais quelle époque c’était. Il a eu je crois jusqu’à 10 employés sous ses ordres. J’allais livrer avec lui étant petit rue du Faubourg Saint-Antoine, avec sa fameuse Fiat 238, la fourgonnette qui ne l’a jamais quitté. Lorsque j’ai demandé son enlèvement, car elle était vieille et à l’état de carcasse, d’épave, il ne me l’a jamais pardonné par la suite.

      On s’était mal compris ce jour là. Je lui avais suggéré de demander l’enlèvement avec l’Opel de ma tante Angelita et il m’avait répondu que oui, mais finalement ils n’avaient enlevée que la fourgonnette, et pas la voiture.

      Il a tout de même produit en 20 ou 30 ans des centaines de meuble sublimes et inoubliables, de tables, et travaillé ainsi du coté donc du Faubourg Saint-Antoine, avec les ébénistes aussi, durant tout le milieu de sa vie. Il avait d’autres clients à Biarritz et à Tours. A Deauville aussi, les mêmes que ceux de Tours. Quel règne il a eu, celui d’une domination picturale sans partage.

      Aujourd’hui, pour tout vous dire, je mène une vie un peu monotone et un peu médiocre aussi, son génie n’est plus là, son assurance, sa poigne non plus, alors de temps en temps je me laisse un peu aller à la routine, à mes souvenirs perdus, et je pense aux heures de gloire presque en pleurant.

      Tant d’autres sont disparus aussi dans ma famille après lui, des figures familières, pour commencer mon frère David, puis du coté de mon père, Vénancio son frère aîné, puis Vicente ( Petente comme on le surnommait; Méré, sa femme, nous a rendu visite il y a quelques années avec sa nièce Ouria, elle vit à Toro ). Mes deux oncles sont donc ainsi morts après David. Puis ma tante d’Allemagne, Edith, est disparue aussi, il ne reste plus que Marita et Gerda, Helga est morte avant mon père, après la disparition d’Hulda, ma grand-mère, qui a suivi mon grand-père je crois.

    Mere ( Emerenciana ) nous a invités à Toro. Elle possède un appartement là bas. Angelito a tenu un cybercafé à la sortie de Toro.

      Javi, lui, vit à Guardamar del Segura, avec sa femme Loli, son fils Noël qui nous avait rendu visite avec sa tante Méré, et une petite est venue aussi, Victoria. La majeure partie de ma famille d’Espagne repose au cimetière de Toro, dans le caveau familial. Vicente a une tombe à part.

      J’ai commencé des tableaux mais je n’arrive pas à les finir faute de temps et de moyens. Marisa elle, la femme de Bernardo, mon cousin, un des fils de Vénancio, s’est lancée dans les icones depuis de longues années.

     

     

     

     

     

     

     

      Photo de nous trois tous petits, devant des « andas ». David à gauche en chemise jaune et Ingo au centre en chemise rayée.

     

      Quelque part, il faut bien le dire, le déficit de démocratie dans ce pays a ouvert la voie au totalitarisme. Lorsque les rangs conservateurs ne sont pas devant, des élans de restauration se font jour peu à peu. La grande époque de Manuel Diez n’a rien à voir avec ce nouvel intégrisme, ce nouveau sectarisme intellectuel. Au contraire, c’est une époque de pionniers, une véritable épopée pour l’artisanat. L’artiste est émancipé, il mène une vie nous l’avons dit livresque et proche de son temps et de ses modes, il s’investit. Mais déjà, on presse dangereusement le citron. Déjà, on surexploite les bonnes volontés, on amaigrit le pouvoir d’achat des entrepreneurs de talent, des ouvriers qui les suivent dans l’aventure.

     

     

     

       On le voit à ce cliché, nos produits n’étaient plus adaptés au nouveau temps du laser-disc, qui a quelque part apposé sa signature sur la fin de cette grande époque ( chaînes HIFI, VIDEO, disques 33 tr, bibliothèques … ).

     

     

     Nature morte de mon père. Le trait, le dessin ( el trazo, el dibujo ), la propreté et la variété des nuances, des tons et des couleurs, caractérisent ses œuvres, la composition aussi. C’est une composition d’arrangement, de disposition et de volume. " El trazo es muy importante, la cantidad de pintura es muy importante ", disait-il.

     

     

     

       Mon père et moi au début des années 70. Il devait cesser de fumer d’un jour à l’autre. Moi je suis en train d’arrêter peu à peu. Je ne désespère pas d’y parvenir, je prends des nicopass. J'ai fortement restreint.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique