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    Manuel d’introduction au métier de peintre laqueur décorateur

     

     

    Synopsis et contexte de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

     

    Refonte au dimanche 18 août 2013

     

    Par Christian Diez Axnick

     

    Partie 4

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La beauté est parole de dieu. Même si je ne connais pas l’œuvre de Pablo Camino, je sais qu’il est une référence universelle au sein de l’hispanisme, et même au plan mondial. Cela résume bien l’abstraction exigée par notre jugement. On en arrive rapidement à « penser après lui les pensées de dieu », dès que l’on s’engage dans les méandres sinueux de l’esthétique et des mathématiques confondues. Car dieu est le seul qui ait fait les choses différemment. Il y a aussi Neruda, et d'autres poètes.

    Après tout, le seul successeur de Charles-Quint est Jaime de Mora y Aragon, et les Valois continuent d’exister, ils nous avaient même offert un kir comme je l’avais dit plus haut avec Nina et Xavier.

    De Chenonceaux à Villandry avec ses magnifiques fleurs printanières, à Azay-le-rideaux, jusqu’à Chartres avec sa cathédrale extraordinaire aux vitraux somptueux, une des plus belles de France et même d’Europe et du monde, où se trouve un châle blanc attribué à la vierge Marie, on le voit, notre pays est devenu grand lorsqu’il a accueilli les artistes des autres pays, des autres coins et endroits les plus reculés du monde. Ce même pays est petit et méprisable lorsque certains politiques ne posent plus aucune limite à leur pouvoir, à leur conception raciste, leur haine et leur mépris des différents cultes, et même de tous les cultes.

    C’est faute de magistrats compétents et clairvoyants que ces gens ne sont pas poursuivis et agissent sur le devant de la scène en toute impunité. C’est un fait indiscutable. Il faut un contre-pouvoir, et on le sait depuis longtemps.

    L’expansion universelle des différents cultes, même alliée le cas échéant à la laïcité, ne peut s’accommoder de tels individus et personnages, pas plus que la démocratie.

    Il n’est pas franchement question en Europe, pas plus qu’en France, de revenir en arrière, de remettre en cause le passé, son apport, l’émancipation qu’il nous a apporté jusqu’à présent. Ni pour Zurbaran, ni pour Murillo, ni pour les maîtres italiens, français, allemands ou anglais. L’art est fait d’ajouts, de recherche, d’innovations, de compléments, d’idées. La France est un pays profond, aux élites politiques malheureusement totalement décalées des réalités les plus sociales.

    L’homo politicus est devenu un être abject et immonde. C’est un fait auquel notre démocratie morcelée s’est habituée, et c’est pourquoi elle cherche à puiser ses forces dans les principes traditionnels et ancestraux, pour mieux combattre ces attaques incessantes contre ses corps anciennement constitués.

    Mais la meilleure réponse à cette crise viendra décidément toujours de la base. Je pense par exemple à mon curé de baptême, le RP Don Primitivo Belver, très fidèle supporteur du cardinal Ratzinger des années déjà avant qu’il ne soit élu pape. Je crois que les seules chances du christianisme sont dans la force et la clairvoyance de son analyse, dans la qualité et le courage de sa critique.

    L’ésotérisme, la métaphysique, les sciences du hasard doivent être traitées séparément, comme tout ce qui a trait à la complexité de la vie sur terre et des rapports entre les hommes.

    Il y plusieurs années déjà je faisais les réservations et le carottage en plomberie pour le sous-sol et les étages du Sénat, et comme tant de travailleurs et de cadres, je crois que seules d’infinies précautions associées à une certaine hauteur de vue peuvent permettre à l’église de transmettre un message séculier pour ne pas dire millénaire, de transcender sans les fanatiser ou les appauvrir les populations du monde.

    Plus tard je faisais la CVC du CHU d’Amiens, qui a tout de même 5 prix Nobel à son actif. Ces derniers temps, comme je l’indique dans la série psychologique, je fais plutôt du génie civil. Je suis tenu au secret. Mes travaux doivent généralement  revenir à l’entreprise qui m’emploie.

    Je suis pour une ligne tolérante et forte, dans le respect des droits humains.

    Il est vrai qu’au fil des ans, le dessinateur, le projeteur que je suis, en plomberie, en climatisation, en bâtiment, en architecture, n’a que de moins en moins de temps à consacrer à l’art, mais malgré tout je fais en général des études très approfondies pour mes sujets, y compris des sujets modernes, même si faute de temps parfois la montagne accouche d’une souris. Je me suis beaucoup étoffé en revanche, je maîtrise mieux des domaines très différents, mais qui en définitive se rejoignent. En revanche, je peints peu, et surtout des œuvres modernes qui demandent pas mal de conception. Je me suis finalement éloigné de l’art classique.

    Les drames familiaux que j’ai connus et connais encore, ces drames successifs, ne m’ont laissé en définitive que peu de temps à consacrer à l’art. Je pense par contre qu’il y aura toujours de grands artistes, car la France reste un pays ouvert. J’ai démissionné du parti des travailleurs, car je l’ai au bout du compte trouvé trop replié sur lui même, tournant à chaque fois le dos à l’Europe. La position du parti m’a semblé trop anti-européenne au final. J’étais plutôt pour des négociations moins catégorielles et plus élargies, mais j’ai trouvé qu’à chaque fois telle ou telle classe jouait l’interposition entre la base, les militants, et la direction. Nos militants ont beaucoup souffert, beaucoup donné, et on les a abandonnés au profit de dogmes incompréhensibles.

    J’eus souhaité davantage de réalisme de la part des militants, et un peu moins d’ignorance des réalités les plus cruelles. Il existe un manque de responsabilité, mais le courage de nos militants n’est pas en cause. Leur volonté de changer la société non plus.

    Mais il est vrai que je ne suis d’aucun parti en vérité. Pour moi un parti est un lieu d’échange des idées, de contradiction, et en dernier lieu un terrain de consensus si possible. En fait, le débat contradictoire que nous avons eu n’a pas abouti.

    Il faut une nouvelle voie. Elle passe par l’unification des européens autour de valeurs communes. Car face aux puissants impérialismes concurrents, effrayants, terrifiants, l’Europe doit garder et conserver une capacité d’union, et cela elle n’y parviendra jamais sans la négociation, ni dans la négation de son passé récent. Trop souvent nos dirigeants tournent le dos aux grands projets de demain. C’est à nous tous de trouver un terrain d’entente, de parvenir à nous unir.

    Je forme le vœu que l’on comprenne, et la publication assez récente de l’évangile de Judas a donné à ce dernier une espèce de tribune, dans la mesure ou Judas semblait très bien connaître la religion juive, même sa métaphysique et la philosophie, en fait la Torah, que Jésus ne pensait pas tout à fait la même chose que lui, même si ces textes rapprochent les deux hommes. Non pas qu’il ne faille pas réhabiliter Judas d’un point de vue intellectuel, ce serait travestir la conception qu’il avait de sa mission, mais je crois qu’il faut inlassablement rappeler que les enseignements du Christ restent supérieurs aux siens.

    Le testament de Judas a conservé une meilleure presse que l’évangile de Judas. Au-delà de ces questions, et ma mère aimerait bien lire le testament, considérons que l’évangile est incomplet, et que certaines données sont faussées, biaisées. Elles ne rendent pas assez bien le contexte, car les textes ont été endommagés.

    Au fond, qui a souffert durant la deuxième guerre mondiale, quand même surtout les juifs allemands, les communistes allemands, les républicains, les démocrates-chrétiens, les paralytiques, les handicapés, les homosexuels, les infirmes, en quelques sortes les bouches inutiles trouvées par le régime. Le monde actuel, après s’être ligué contre l’Allemagne, devrait admettre qu’elle puisse avoir aussi son mot à dire. Je crois que l’Allemagne un jour devra se débarrasser des tutelles russes et américaines, et être aussi en mesure de se défendre et de frapper. Ses intérêts vitaux l’exigent face aux nouvelles menaces qui émergent un peu partout dans le monde. Il faut extirper l'Allemagne de son passé. Une capitale comme Koenigsberg, la capitale de l'ex prusse orientale, ne sera jamais vraiment russe ou soviétique.

    Enfin après Eugène Ionesco, Gérard de Nerval, qui parlait de Gonesse, des étangs de Comelles ou se rendait Blanche de Castille, la mère de Saint-Louis, et aussi la fameuse Dame Blanche, après tant d’artiste qui ont réussi à faire renaître la critique, l’art exceptionnel de Manuel Diez Matilla, qui a longtemps vécu dans le Val d’Oise, a su insuffler une deuxième vie à la peinture à l’huile, aux normes  picturales, au domaine des relations entre les artistes, dans les années pour ainsi dire qui précèdent la découverte et l’indentification définitive de l’ossuaire de Jésus.

    Pour l’anecdote, le château de la reine blanche, face aux étangs de Comelles ( ou étangs de la Dame Blanche ), serait celui ou Blanche de Castille, la mère de Saint-Louis, aurait été cloitrée à la suite d’un adultère.

    Véritable icône de la butte Montmartre dans les dernières années de sa vie, mon père avait son style, il a su insuffler sa vision des choses. Dans mon esprit il est incontournable, et reste un des derniers artistes connus qui ait eu des périodes en Espagne, en France, et qui ait rejoint les dizaines de grands peintres qui ont séjourné sur la butte, notamment au 12 rue Cortot, le bateau-lavoir se situant un peu plus bas.

    Je forme le vœu que notre profession martyrisée renaisse un jour de ses cendres.

    La création du CA.P. de laqueur décorateur aiderait beaucoup l'état à assurer la formation des artistes de demain; puisse son souhait être exaucé.

    Il est vrai que le monde actuel, fait de lobbyings, a zappé, est passé au travers d’un artiste de sa trempe. Un peintre comme lui méritait mieux. Parfois, j’ai l’impression que les médias ont pris le parti de nous déstabiliser, et les onze études psychologiques que je lui consacre devraient en partie remédier à ce problème de démocratie élémentaire.

    Je pense qu’il est encore temps de savoir prendre le pouls des impressions qu’il a laissées derrière lui, de sa marque et de sa trace impérissable. Il me disait parfois en riant «  Filosofia Don Diego », sois philosophe. On n’en faisait pas beaucoup de philosophie à la maison; tout était consacré à la peinture. Sa vie entière y était dédiée. Cela m’a conditionné jusqu’à aujourd’hui.

    Aujourd’hui, avec l’âge, j’ai davantage de recul. Je me rends compte de ce que c’est que peindre, moi qui suis resté oisif, incompris et critiqué à raison parfois. Pour autant, j’ai été un témoin vivant de l’histoire qui s’est accélérée devant moi. Ce n’est pas sans avoir la larme à l’œil que j’ai assisté à l’évolution des choses, au fur et à mesure de mes voyages en Allemagne, qui finalement ont été plus nombreux qu’en Espagne. «  Kuk mal dir Arme Leute », me disait Marita, lorsque l’on passait des images de massacres à la télévision. C’est à n’y rien comprendre, et pourtant il est terrible ce constat, celui de l’évolution dramatique des choses.

    Construire n’est pas simple, détruire est facile. L’Allemagne a perdu et perd de l’influence, «  Einfluss  », dit-on. Et elle n’est pas seule dans ce cas, mais sa position est particulièrement délicate depuis toujours.

    On ne refera pas un génie comme Manuel Diez, avec tout ce que cela implique et laisse entrevoir comme conséquences. Là encore je suis sur la sellette, sur le grill. J’essaie de trouver le temps de peindre, mais je n’ai pas les moyens même depuis que j'ai le pavillon, qui demande pas mal de travail; vivement qu’on aille aussi en Espagne et en Algérie ma femme et moi.

    Il me faudrait un atelier pour mes vieux jours. De quoi me permettre de m’organiser un peu mieux sur le plan manuel. On ne peut pas peindre dans les petits appartements des cités. La peinture sent fort. Et puis, ma mère est très critique, comme ma femme.Il ya quelques années c’est Norbert qui était venu repeindre le salon. Il avait 57 ans tout de même déjà.

    Je me suis toujours bien senti avec Norbert, mon oncle. Il avait été opéré comme Uwe. Uwe de la tête et lui de la vésicule. Ils m’avaient ramené plein de schaschlick de là bas. Je suis un grand amateur. J’adore la cuisine allemande, les patisseries, les Monkuchen, les Streuzelkuchen. La patisserie allemande est excellente, remarquable. Je suis resté gourmand de l’Allemagne. Les patisseries valent bien les pastas et les bollos d’Espagne. Mon père était plus dans le camp espagnol, ce qui est normal. Moi j’ai toujours gardé un œil sur l’Allemagne, et même deux, même si je suis friand de polvorones.

    Edith, ma tante, me trouvait peu d’honneur. On peut voir les choses de cette façon, c’est vrai.

    Mais mon cœur bat aussi pour l’Allemagne. Même si je ne me méprends pas. Mais je suis conscient de mes origines et de ce qu’elles impliquent dans la vie de tous les jours.

    Ma mère est née à Kreis Neuendorf, qui se trouve en actuelle Russie. Sa sœur Gerda est née à 6 km de là, à Momehnen, actuelle Pologne. L’autre partie de l’ex-Prusse orientale, la troisième, est aujourd’hui un état balte. La dernière fois que je suis allé en Allemagne, nous sommes allés chez Dieter et Gerda.

    Oui, Jésus-Christ parle du «  décime » de la vérité, car il raisonne en termes généraux. Nous sommes nombreux à nous appeler Diez dans le monde. Nous ne sommes pas tous les mêmes, nous n’avons pas tous les mêmes idées. Mais nous avons tous connus des drames familiaux, nous avons tous été confrontés à l’incompréhension.

    Au fond, nos vies sont diffuses, linéaires, turbulentes. On ne peut pas tout comparer facilement.

    Parfois, nous sommes isolés, livrés à nous-mêmes et craintifs. Mais pas tant que ça. Il nous arrive de réagir, d’avoir certaines pulsions, certaines réactions. Il est beaucoup question d’influence, c’est un fait. Mais parfois aussi, la vie privée s’immisce de façon il est vrai aléatoire, telle une vérité descendue par dieu sur nos vies. Et puis, peu à peu, elle s’efface à nouveau. On passe à autre chose.

    La vie nous réserve un peu de tout.

    La France est une puissance putative, une hydre avec une gueule béante. Mais on finit toujours par relativiser, sans tout ramener à soi pour autant. Les deux cotés du fusil sont différents l’un de l’autre, c’est comme ça. Je fais des erreurs, j’en accumule, je dois assumer et payer ces erreurs.

    Je ne voudrais pour rien au monde que ma famille ou mes proches fassent les frais de mes erreurs.

    Il y a quelques années l’oncle d’Hanifia est mort d’alzheimer, la vie continue à nous démunir de tout, à nous enlever nos proches. Il était très gentil. La vie s’en va, elle quitte les uns et les autres, la mort caracole et vient chatouiller ceux qui restent. Nous sommes mortels, c’est un fait.

     Daniel Parent, un de nos amis d’enfance, est mort il y a quelques années d’un accident du travail. Il travaillait à la centrale électrique d’Ivry. Il devait faire une manipulation avec deux autres employés qu’il a voulu faire seul. Un ensemble électrique lui est tombé dessus. Il a été électrocuté. Tout lui est tombé sur le visage. Ainsi va la vie. Nos générations disparaissent progressivement, peu à peu nos forces s’amenuisent, tout disparait. Ces drames nous laissent pantois et livides, interrogateurs et blêmes. Daniel était à la CGT. Il a été militant toute sa vie. Il payait le timbre et les semestres.

    Pauvre Daniel, il laisse un fils orphelin et tant d’amis dans la circonspection. Il était jeune, plein de vie et de fougue. C’était un syndicaliste de toujours. Il s’était fait dérober son 4X4 en face de chez nous une année.


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    Manuel d’introduction au métier de peintre laqueur décorateur

     

     

     

    Synopsis et contexte de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

    Refonte au samedi 13 juillet 2013

    Par Christian Diez Axnick

    Partie 3

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Surtout, on étale la colle très très chaude au couteau, la plus chaude possible, en veillant à ne pas se brûler.

     

    b) Le ponçage des meubles, des tables et des panneaux

     

    Le ponçage est plus délicat avec les panneaux. Il faut y aller plus doucement, avec très peu d’eau au début. L’essentiel du ponçage se fait à sec. Une fois ceux-ci poncés on les laisse à nouveau sécher. Ce n’est qu’ensuite qu’on va les plaquer. Les panneaux sont les cotés et le dessus des meubles, les portes.

    A l’aide d’un outil et d’une règle, on peut déjà délimiter les contours du panneau, même parfois mais rarement celui des grecques, et le découper au ciseau.

    Les panneaux sont souvent peints et toujours roulés en boule avant l’étape du placage.

    Si on veut faire des craquelures manuelles, c’est aussi donc avant le placage, pas après.

    Le meuble peut déjà avoir été poncé avant d’être plaqué, surtout s’il est sec, mais de toutes les façons, c’est après le placage des panneaux qu’on laissera sécher avant de poncer à nouveau jusqu’aux finitions.

    a) Le placage

     

    Il se fait aussi très très chaud, c’est même l’étape ou la colle doit être la plus chaude possible. On utilise un couteau.

    Avant le placage, on peut nous venons de le dire faire des craquelures après avoir découpé le panneau.

    Pour cela on le place à l’envers sur une surface plane, une table, avec une moquette par-dessus. A l’aide d’une cale on va dans un sens jusqu’à obtenir une craquelure manuelle.

    Une fois cette opération terminée, on va plaquer le panneau, qui précisons-le peut déjà avoir été peint. C’est même mieux s’il a déjà été peint, car cela permet de vérifier au passage s’il a bien été poncé. Généralement ce sera du jaune pour un meuble cuir et du blanc pour un meuble ou une table ivoire.

    La colle étant brûlante ( mais jamais d’ébullition comme toujours ), à l’aide de la broche, on enduit de colle la zone du meuble ou viendra le panneau et on enduit de colle également le papier au verso du panneau. La broche doit être bien imbibée et la colle pas forcément trop épaisse, mais toutefois consistante. Sans perdre de temps, et en allant très vite, on plaque alors le panneau en s’aidant soit d’un couteau soit d’une cale.

    On dirige la colle vers les extérieur, le tout très chaud, et on nettoie les extérieurs avec une éponge humide pour retirer la colle qui vient en trop. Le panneau est plaqué au meuble ou à la table et collé. Tout doit se faire méticuleusement et très vite pour ne pas laisser à la colle le temps de refroidir.

    Plus tard on repassera une légère couche de colle sur les angles du meuble au cas ou de la colle serait partie avec les frottements sur les cales de sol revêtues de moquette durant le placage.

    V. La décoration.

    a) La laque cellulosique.

    Son avantage est dans toute la gamme de coloris des laques cellulosiques et dans la richesse et la lumière, la luminosité de ses pigments.

    Les trois couleurs complémentaires, à savoir le jaune, le rouge et le bleu permettent d’obtenir des couleurs très propres. Les couleurs doivent toujours être très propres sur la palette, surtout le blanc. Les gammes de verts sont par exemple très importantes et très belles en laque cellulosique, tout comme pour les bleus.

    Les oranges sont très beaux, plus encore s’ils ne sont pas entièrement dilués, mais laissent échapper des imperfections. Les couleurs terre sont moins fournies et moins riches qu’en peinture à l’huile. Par contre, la propreté des couleurs, les sur-tons créés avec des additifs, les patines, permettent de faire des choses, des paysages d’une profondeur qu’on ne pourrait presque pas créer avec la peinture à l’huile.

    Ce sont des couleurs suaves, sur les gammes chaudes ou froides. On peut comme à l’huile obtenir des tons neutres, de très beaux gris, des couleurs cassées, des blancs cassés. Seule le jaune de Naples et les tons chair restent plus réservés à la peinture à l’huile. Dans d’autres domaines décoratifs la laque cellulosique surclasse presque la peinture à l’huile, notamment par sa propreté et la limpidité de ses gammes.

    Les motifs ornementaux se font soit avec la laque soit avec les dorures.

    Jusqu’à présent, la peinture cellulosique a surtout traité l’art chinois ou japonais, l’art asiatique, donc les meubles chinois, ce qui correspond assez bien au sumi-e en peinture à l’eau. La technique avec les poils du pinceau est très semblable, les mélanges également, suivant que l’on imbibe un peu ou beaucoup le pinceau, suivant qu’il est fin, très fin, moyen ou assez épais.

    On peut faire des fonds avec des pinceaux épais.

    L’avantage de la laque cellulosique, est qu’on peut également créer des surépaisseurs, des hauts-reliefs, en l’additionnant de poudre de blanc d’Espagne et en la travaillant avec un petit couteau. Son diluant est le diluant cellulosique, son vernis est le vernis cellulosique.

    La laque cellulosique permet de réaliser d’excellents paysages exotiques, aquatiques, asiatiques, toutes sortes de motifs ornementaux. Pour les faire on emploie du talc et des feuilles de calque percées et quadrillées. On presse la poire pleine de poudre de blanc d’Espagne sur le calque. Les points blancs servent ensuite de repère pour les motifs.

    A titre indicatif, j’ai vu des paysages aquatiques faits par mon père, avec des sur-tons, des dizaines d’étapes de décoration, des éclairages, des ombrages, qui portent très haut ce que l’on peut faire avec la cellulosique. Il faut des heures pour réaliser certains décors, et seule la cellulosique permet de s’affranchir de certaines difficultés ou de venir à bout de certains impératifs picturaux, floraux. J'ai parfois pensé en observant les tables traçantes et les scanners employés dans certains bureaux d'étude par lesquels je suis passé, que le scanner permettrait de stocker des décors de façon optimale et propre. Et puis certains logiciels, comme Inventor Fusion 2013 ou paint, permettent de passer d'autocad à de la création d'esquisse de très bonne qualité.

    On peut aussi avec des diluants et des vernis cellulosiques travailler avec des poudres dorées de différentes pigmentations, pas seulement l’or. Ce sont des poudres spéciales, moins fines que la fugine. Répétons-le, on peut faire avec la cellulosique des choses qu'on ne peut faire à l'huile et inversement. C'est pareil pour l'eau, le pastel et d'autres techniques. L'informatique, l'émergence de l'infographie, les scanners high-tech, sont des éléments qui tardent encore à être utilisés dans nos corps de métier. Pourtant je voudrais bien stocker de très beaux calques si j'en avais les moyens. Il existe aujourd'hui des scansgrand format.

    b) Les patines

    Les patines permettent de vieillir les décors en employant le plus souvent du bitume mais aussi des sur-tons de couleurs variées additionnés à l’essence de térébenthine; parfois aussi on utilise un peu de peinture à l’huile en guise de sur-tons. Elles s’emploient pour réchauffer ou refroidir les tons lors de la décoration, partant du principe qu’un sur-ton jaune réchauffe et un sur-ton bleu refroidit ou éloigne.

    Son objet essentiel est tout de même de vieillir le meuble ou la table à la fin des décors en uniformisant le ton d’ensemble. Plus d’uniformité donne plus de cohérence et d’assurance à l’œuvre.

    Alors avec un chiffon on peut enlever de la patine et le bitume dans certaines zones pour faire rejaillir les endroits lumineux laissés éclairés. Cela met d’avantage en valeur les éclairages nuageux.

    Notons ici que les ferronneries sont patinées comme et avec le meuble.

    c) Le polyester

    Le polyester est un vernis très très dur, qui de plus en plus sert d’apprêtage, car il s’aplanit en surface, et devient très dur et transparent. Son seul inconvénient est qu’on ne peut pas travailler à la cellulosique, on doit se contenter de collages ou de peinture à l’eau. Il durcit très vite. Souvent, on utilise des cartons de couleur ou des posters sous le polyester. De grands aquarellistes, comme Le Guennec, ou Kinzinger, que mon père a connu à Montmartre et qui a passé deux ans sous le feu nourri des mitrailleuses allemandes, pourraient utiliser l’eau avec le polyester. Kinzinger aimait beaucoup faire des scènes religieuses sur la vie et la décollation de Saint-Denis.

    d) Le travail au pistolet compresseur.

    Le pistolet compresseur permet de suivre le travail à la main, par exemple pour des fonds, et de créer des nuages, en associant 2 ou 3 couleurs. Par exemple des nuages de rouge sur du jaune donneront avec le fumage un cuir foncé et réchauffé. Des nuages de rouge permettent ainsi de donner un ton chaud et orangé à l’harmonie finale.

    Même chose pour les tons froids, les bleus, les verts avec leurs gammes infinies au pinceau.

    Lorsque l’on fume le meuble on emploie donc un dosage de bitume, de diluant cellulosique et de vernis. Le jaune passe directement au cuir. Les patines plus tard permettront d’atténuer ou de renforcer suivant que l’on ajoutera un colorant bleu ou rouge ( surtint ).

    Il est possible, du moins j’ai le vague souvenir d’avoir vu mon père le faire il y a très longtemps, de travailler les neutres, ces tons marrons et ocrés qui servent de fond aux paysages.

    Un peu comme les XREF pour le logiciel AUTOCAD en informatique, qui est le standard mondial en matière de dessin industriel. Ce fond possède un ton et une couleur neutre ( 8 ou 9 ). C’est la même chose à grande échelle avec un meuble. Et comme en décoration les premières couches sont très importantes, et c’est la où il ne faut aucun vernis, mais des pigments de base qui aideront par la suite, il arrive qu’on le fasse au pistolet, mais c’est rare. C’est possible toutefois.

    Il est clair que de toutes les façons chaque fond est spécifique, et anticipe les couleurs du décor à venir. On peut malgré tout déjà faire une légère couche de vernis pour égaliser le fond avant de commencer à travailler tout le décor à la main. Mais il reste hors de question de trop mettre de vernis à la transition entre le pistolet compresseur et la reprise à la main du décor. Le vernis est comme toujours uniquement pour la fin.

    Il arrive, comme pour l’aérographe et le polyester, que l’on utilise des caches, mais généralement en cellulosique, ceux-ci sont maintenus à plus de 10 ou 15 cm du décor.

    On peut malgré tout dans certains cas masquer par exemple les grecques si elles ont déjà été gravées avec un rouleau de ruban adhésif.

    VI. Les grecques, la gravure.

    Les grecques se gravent sur les extérieurs des panneaux et parfois des médaillons. Leurs motifs exacts sont variables. Pour affûter les outils on recourbe l’outil en le tordant puis on ébauche la pointe avec une petite meule, puis la pointe est taillée avec une pierre sur laquelle on met un peu de salive. On fait venir l’outil en sens inverse.

    La pointe doit être bien au centre, et recourbée.

    Ensuite on place le pouce en bas à gauche de l’instrument, l’index et le majeur venant refermer l’outil, l’index au dessus.

    On emploie aussi une réglette en bois repérée et graduée par des encoches peintes tous les 3 ou 4 centimètres, suivant la longueur des grecques, ainsi que deux règles en acier. Une grande et une petite.

    Avec la grande règle en acier, après avoir tiré les premiers traits verticaux à la main en s’aidant de la règle graduée en bois, on tire les premiers traits horizontaux de part et d’autre. Le tout décrit et donne comme des S d’équerre alignés en long. Ensuite avec la petite règle ou directement à la main on referme les grecques d’étape en étape.

    Il arrive souvent que l’on grave des motifs variés, et aussi les décors, c'est-à-dire les feuilles, les arbres, les fleurs. Cela exige tout un apprentissage des normes de gravure.

    La gravure des décors, des paysages floraux est assez codifiée suivant chaque artisan.

    Parfois on met de la poudre d’or dans les striures, et avec une éponge, on l’enlève des surfaces planes. Celle-ci est dans un mouchoir ou un foulard en bulbe qui la laisse se répandre sur la surface et surtout à l’intérieur des striures ou la poudre d’or restera.

    On grave aussi parfois les filets, mais moins souvent. C’est plutôt lorsque ceux-ci seront dorés. A l'atelier, c'est moi le plus souvent qui faisait les grecques.

    VII. La dorure.

    Ce sont ces grecques qui lorsque le décor sera fini seront enduites de mixtion et dorées ou argentées à la feuille. Ces mêmes dorures seront légèrement patinées et uniformisées tout à la fin.

    Auparavant, on aura fait un peu ressortir le rouge de la mixtion avec une poudre blanche humidifiée, une espèce de talc, de façon à vieillir la dorure en faisant un peu revenir le rouge de la mixtion pour lui donner un ton rouillé. En effet, la mixtion est soit une mixtion artisanale du commerce transparente, soit le plus souvent et c’est plus économique une peinture glycérophtalique de couleur rouge, que l’on fera donc légèrement ressortir pour la marier avec l’or. L’or est peu esthétique lorsqu’il est seul, il a tout à gagner à être mis en valeur par des agents différents.

    Une solution à base de bitume permet de raviver la dorure pour finalement la protéger avec de l’alcool. Il ne faut pas se tromper dans le traitement de l’or, et je ne me souviens pas de toutes les recettes. Il ne faut pas inverser les étapes.

    VIII. Les patines, les sur-tons.

    Les patines s’additionnent de sur-tons. Beaucoup de gens ne savent pas patiner, car cette opération demande une grande force physique au niveau des bras et de l’avant bras. Bien patiner demande des dispositions physiques, une grosse vigueur à l’ouvrage, et c’est le plus important.

    Il est facile de mal patiner, mal patiner veut dire disposer une couleur sombre uniformisée, ce que les gens font le plus souvent, y compris avec la bande dessinée moderne. Je pense en particulier à l’aérographe à l’eau, qui en réalité ne fait que reprendre une partie négligeable du principe de la vraie patine, dont l’un des buts essentiels reste de vieillir.

    En ameublement, on patine à la fois pour vieillir et pour donner davantage de qualité aux éclairages et aux sur-tons, on n’uniformise jamais complètement l’œuvre, au contraire, on la laisse un peu irrégulière. Pour cela on ajoute très peu de térébenthine avec le bitume, et cela se fait à la force des bras, en appuyant fort et en avançant irrégulièrement, mais progressivement.

    Beaucoup d’artisans, y compris les asiatiques, ne savent pas patiner. On ne patine pas

    s’il n’y a pas lieu de le faire, comme sur les nacres par exemple dans les chinoiseries, ni sur le polyester.

    La patine fait partie d’un tout, d’un ensemble artistique de coloris, de gammes, d’éclairages, d’une composition. Elle demande vigueur et force physique, très peu de térébenthine, une surface propre débarrassée de toutes poussières.

    C’est l’étape la plus importante, celle qui donnera non pas l’uniformité mais le caractère final des pigments. On ne peut pas la prendre à la légère, et c’est à la sueur de son front que mon père décidait des finitions, en payant de sa personne. Il n’était pas question de mettre une forte dose de térébenthine et d’attendre que tout le décor épouse une seule teinte uniforme, ça jamais.

    Une bonne patine nécessite une grande puissance et vigueur d’exécution, associée à une forte compréhension décorative, à une bonne interprétation des décors.

    IX. Les vernis, la finition.

    Les vernis viennent tout à la fin. Ils servent à fixer la patine sur la laque et l’ensemble du décor. Leur composition comme celle des patines peut varier légèrement, suivant qu’ils auront plus de vernis ou plus de térébenthine, qu’ils seront plus ou moins liquides ou épais.

    Il vaut mieux les faire avant la dorure, puisque les finitions sont à l’alcool. Il ne faut pas trop en mettre sur les grecques.

    Le vernis incolore a pour principe d’être passe-partout, et de bien fixer la laque.

    Il faut surtout que la patine soit bien sèche et ait bien pénétré avant de vernir, et que le vernis ne soit pas trop dilué, ni trop épais.

    Pour cette étape, le pistolet compresseur est assez indispensable, du moins plus que partout ailleurs. Son réglage s’effectue à la fois suivant la pression du pistolet, et aussi suivant la distance avec le support.

    X. Les réparations, les rebouchages.

    Les réparations sont ce qui coûte le plus cher à l’artisan et ce qui l’intéresse le moins financièrement.

    Mais il doit les faire, car c’est un gage de stabilité et de sérieux pour son entreprise. Lorsque c’est bien fait, bien conçu, et vite fait, c’est bien. Il ne faut pas que cela traîne en longueur ou que ce soit mal fait.

    On répare bien sur en réutilisant du blanc d’Espagne, c'est-à-dire de la colle si le bois est à nu. Si le bois n’est pas à nu on peut employer de la laque cellulosique à froid, mélangée et épaissie avec de la poudre de blanc d’Espagne.

    Il faut toujours nettoyer et dégraisser les surfaces du meuble ou de la table qui ont pris des coups et qui sont à réparer. On peut lorsqu’on va chez le particulier réparer directement en prenant un peu de vernis teinté, à peu près comme celui qui s’utilise durant le fumage, de façon à maquiller les imperfections et les défauts.

    Il faut aussi avertir le client et le mettre en garde. Il est arrivé qu’un client pose un fer à repasser chaud et brûlant sur le décor d’une table. La laque est fragile, et plus encore avec le temps, lorsque par exemple l’humidité commence à pénétrer les apprêtages dès qu’un trou ou un petit bobo s’est formé. Les coins humides sont déconseillés. De tels meubles ont plus à gagner à avoir des espaces vides et aérés de part et d’autre.

    Peinture à l’huile, à l’eau, pastel, laque cellulosique, les décors, les natures mortes, les paysages peuvent être traités sur tous les supports possibles et imaginables.

    XI.Conclusions.

    On l’a vu, l’offensive contre les vieux corps de métiers existe, elle est réelle. Il y a une réelle confusion qui s’est opérée entre la modernisation, le progrès, et ce qu’on en a fait, c'est-à-dire que l’on s’est attaqué aux industries anciennes alors qu’elles sont le préalable, le prélude à toutes les industries. Et cela sous le prétexte de modernisation, sans tenir compte de la qualité.

    Il est alarmant de constater comment des masses budgétaires, des subventions importantes, vont à des secteurs dits modernes et créateurs d’emploi, et pas à d’autres non moins créateurs d’emploi. Toute formation se juge sur le niveau et la qualité.

    Les multinationales ne l’entendent pas de cette oreille et voient d’un mauvais œil le gisement d’emplois que représente l’artisanat et ne comprennent que leur profit.

    Pour contre-attaquer il n’y a pas que la loi du nombre, mais il est clair que quelques individus seuls ne peuvent rien. Il faudrait que l’industrie artisanale puisse avoir le même pouvoir économique qu’à l’époque des comptoirs, et nous n’en sommes pas encore là pour le moment.

    Il n’y a pas de plan concerté à l’échelle nationale, c’est aux partenaires industriels d’en décider et de s’asseoir à une même table.

    Enfin, il faut rendre hommage à ceux qui ont fait la profession et se sont battus toute leur vie pour elle, ceux dont on ne parle jamais, dont la bonne foi n’est plus à démontrer, et pas à ceux qui l’ont abattue en détournant le principe de l’impôt ( l’URSSAF ) à leur propre profit et pour des profits bureaucratiques.

    Qui dit fin de l’artisanat dit fin de la liberté d’entreprendre et fin de la liberté tout court. On n’insistera jamais assez là-dessus.

    Les trois dernières années de la vie de mon père se sont déroulées à Montmartre, quartier qu’il connaissait comme sa poche. Le quartier de l’aquarelliste Kinzinger, qui a passé deux ans sous le feu des mitrailleuses allemandes. Il aimait beaucoup faire des aquarelles sur la vie de Saint-Denis comme je l’ai dit. Mon père connaissait tout le quartier, et toute son histoire, de Charles-Nodier à Marcel Aymé, jusqu’à Cézanne, Van Gogh, Utrillo, Gen Paul et tant d’autres. Tous les grands peintres avant, pendant et après l’impressionnisme son passés par là. Notamment par le musée de Montmartre, au 12 rue Cortot ou il a peint et travaillé. Le bateau-lavoir de Picasso est juste en bas.

    Il était membre de l’association « Les amis d’Utrillo » et aussi adorateur à la basilique du sacré-cœur. Nous allions souvent à la messe de 22H00, et il connaissait bien les gens, les habitués du quartier, les gens de la Butte en quelque sorte.

    Il a beaucoup peint à Montmartre, surtout des vues avec Marthe Vertex ( et non Berthet ), veuve du poète Jean Vertex, qui lui a souvent servit de modèle.

     Utter et Suzanne Valadon, les parents d'Utrillo, ont habité l'appartement, en dessous duquel vivait Claude Estier, que mon père abhorrait également et qui n'était jamais là.

    Juste à droite. C'est à ces étages que mon père a sauvé bon nombre de sculptures et d'objets pour lesquels il a fabriqué et posé des établis en menuiserie.

     A l'étage au dessus de son appartement logeait Claude Charpentier, que mon père détestait au plus haut point, il faisait un vacarme incroyable, avec sa fille, que je n'ai jamais vu et qui était je crois paralytique.

      Paul Yaki parle dans «  Le Montmartre de nos vingt ans » p.103 à 105 d’Octave Charpentier. Il décrit très bien le 12 rue Cortot dans ces pages. Raoul Dufy est passé par là aussi, Emile Bernard aussi.

     Charpentier séquestrait quelqu’un, sans doute sa fille. Mon père ne cessait de pester contre lui et de donner des coups de balai au plafond pour faire cesser les bruits de gémissements. Quoiqu’il en soit, il le considérait comme un «  imposteur ».

     On pourrait en ce qui concerne cette période artistique de sa vie  parler d’ hypozeuxe ( ou parallélisme ). Mme Vertex était une des seules personnes qui lui faisait confiance, et en qui il avait confiance, l’ancienne propriétaire de l’appartement d’Utrillo comme nous l'avons dit. On pourrait aussi parler d’énallage, qui est l’échange d’un temps, d’un nombre ou d’une personne contre un autre temps, un autre nombre, une autre personne. Elle était une femme de transition, son hégérie et sa dernière muse.

    Il a fait quelques autoportraits qui contiennent une certaine angoisse et une certaine interrogation et intro ou rétrospection, comme les toiles qu’il a fait avec des tonalités froides bleues et vertes de ma grand-mère évoquent assez bien sa maladie, l’alzheimer. Sa peinture collait de très près au sujet.

    A l’époque, car Montmartre est la dernière époque de sa vie de peintre, et un peu son quartier d’adoption et de mort, je l’avais emmené au salon des indépendants exposer avec le peintre catalan, le surréaliste Prudencio Salvador Asencio, un ami qui était venu chez nous à cette occasion.

     Il allait souvent à la basilique, ou il connaissait une vielle dame aveugle; il était adorateur, son ami le père Charnin, un prêtre suisse,  venait souvent lui rendre visite au musée.

    Synecdoque, métonymie et métaphore sont les trois tropes plus communément appelés figures de sens que l’on retrouve dans son œuvre. La synecdoque est fondée sur une relation d’inclusion, la métonymie sur une continuité logique ( prendre la partie pour le tout ), quant à la métaphore, elle est fondée sur une relation d’analogie.

    En fait, on retrouve beaucoup de figures de style dans son œuvre, même si celle-ci est difficile à interpréter.

    Il est vrai que la peinture s’est humanisée, démocratisée, et même répandue à grande échelle, mais en définitive, on a très peu parlé de la peinture au vingtième siècle d’un point de vue intellectuel.

     Les seuls qui ont donné une autre image de la peinture sont les successeurs de Freud et de Jung, les Lacaniens, je pense en particulier à Ollivier Kaeppelin, ou à quelques autres écoles de psychiatrie en Europe. Disons ceux qui ont expliqué une partie de la peinture par les figures de style. Depuis Aristote jusqu’aux tropes du vingtième siècle, beaucoup de choses ont évolué.

    Mais pour le reste, et c’est une constante, on a laissé les artistes un peu à l’écart.

    Et puis quelque part, un artiste est toujours un peu fou aussi.

    Mon père a connu de son vivant beaucoup de grands artistes, on ne pourrait pas tous les citer. Mais au cours de sa vie, il en a côtoyé un grand nombre. Il a eu l’occasion de prendre position pour Francis Bacon face à un journaliste, qui est un peu en Angleterre l’héritier de Turner et d’Edward Burne-Jones, en ce sens que comme mon père il avait tendance à créer des troubles et à éveiller les sensibilités un peu partout. Il a connu aussi de très grands artistes asiatiques, italiens, français, espagnols. Il aimait beaucoup Fujita, et ce célèbre photographe américain, Man Ray. A vrai dire, tous sont passés par le musée Cortot, qui fait un peu ici office d’entonnoir de la Butte, c’est le lieu d’un certain vulgus chanté par Francis Carco et bien d’autres, juste un peu plus haut que le Lapin Agile. Des artistes de toutes tendances, de tous les milieux, s’y retrouvaient.

    Montmartre est un peu une galaxie à part. Montparnasse est une petite réponse.

    C’est plutôt le quartier des américains.

    Il est clair pour prendre un peu de hauteur de vue que Jésus est pan turc dans une certaine mesure, la Turquie étant un des pays au monde qui dispose du plus grand nombre de lieux saints toutes confessions confondues. C’est là ou se trouve le tombeau de la vierge Marie, le lieu ou Paul a été emprisonné, ou se trouvent les restes du prophète Mahomet. En vérité, on dit que la mère de Jésus a simplement vécu là, c’est tout.

    Quoique Jésus en plus du grec et de l’hébreu parlait l’araméen, langue dont est assez proche l’église assyro chaldéenne, tant critiquée dès que des ministres prétendent faire preuve de laïcité. Le mot Jésus a la forme d’un poisson en grec.

    D’ailleurs, j’ai connu Rénara Delatre, une des plus grandes pianistes grecques du monde, d’origine turkmène et azérie. Le fait que le Christ ait un titre universel, est du à la baisse de fréquentation des églises, à la crise des vocations. C’est aussi une façon comme Saint Thomas de réduire les choses à leur plus simple expression, à l’essentiel.

    Je dirais que la découverte de l’évangile de Judas devrait apporter un éclairage capital au monde civilisé.

    Je me souviens être allé à une messe avec Nina en hommage et en souvenir du président Poher.

    L’église de France est plus active qu’on ne croit. Et surtout, elle fait preuve de modestie, d’attention et n’avance qu’avec d’infinies précautions.

    Certains ministres par le passé, qui n’hésitaient pas à appeler à la haine raciale contre l’église, ou la qualifiant de secte, sont des gens qui dans une démocratie normalement constituée, devraient être jugés et aller en prison. Leur ignorance va de pair avec leur conception totalement parvenue, les énarques ne savent plus ou donner de la tête, ne cessent d’attaquer à coup de jeunes ministres.

    Des gens très opportunistes sont une fois de plus passés à travers les mailles du filet.

    La séparation entre l’église et l’état est une chose, mais ce qui consiste à rabaisser des pans entiers de l’église officielle en est une autre. C’est à la justice de se saisir de telles déclarations.

    C’est un autre volet de notre société, celui du laisser-faire, celui d’une bureaucratie parlementaire totalement instrumentalisée, qui joue sa partition inlassablement, assène ses coups contre les plus misérables, les plus pauvres. Comme s’il était devenu du jour au lendemain honteux de construire une église orientale assyro chaldéenne ou une mosquée.

    Il manque un contre-pouvoir, une capacité de réaction et de soulèvement.

    Et seul le peuple peut proposer des solutions, au besoin de sévir, de punir des gens qui s’expriment selon eux au nom de tous et de la collectivité nationale tout entière, rien de moins. Il faut doter nos institutions d’un vrai pouvoir judiciaire contre les François Fillon et autres fossoyeurs de la république.

    Le génie des artistes d’hier, celui des artistes de demain, sera toujours de divertir, d’éclairer les masses en refusant de courber l’échine devant des normes décrétées au fur et à mesure que l’on opprime les couches les plus pauvres de la population.

    Un artiste produit des richesses de ses propres mains, il n’a pas à en avoir honte.

    Ceux qui devraient avoir honte aujourd’hui, c’est toute la cohorte d’hommes politiques qui ont fait de la cinquième république une antichambre de la troisième, un système implacable ou toute initiative est irrémédiablement stoppée par ceux qui pensent avoir le droit de décider de qu’est ce qui est bien et qu’est ce qui est mal.

    C’est leur propre lecture du droit qui n’a pas de sens. La principale crise de la démocratie réside dans le simple fait que l’on puisse admettre que le droit soit régi d’une telle façon par quelques uns, martelant constamment leur vision du monde.

    Comme l’écrivait Gautier : « Toute âme est un sépulcre où gisent mille choses ».

    De là même façon, il s’agira un jour de continuer l’œuvre accomplie, et de continuer le chemin qui a été tracé. Sartre a critiqué Gautier remarquez, je crois qu’il avait un peu raison aussi de se démarquer déjà.

    Mon travail et mon expérience passée comme archiviste au Louvre des Antiquaires au même moment que les travaux du déplacement de la Joconde m’ont rappelé que le Louvre est le plus grand musée du monde, le symbole de l’art en France.

    La France n’est pas une démocratie comme les autres. La preuve en est qu’on a fabriqué des tonnes de zyklon B à Villers-saint-Sépulcre, dans l’Oise, pendant la guerre, comme on en produisait à Dessau, près de Halle, en Allemagne orientale. Le pays a connu ses heures sombres, ses heures de chaos et de laideur, comme tous les autres pays.

    La patrie des droits de l’homme a largement collaboré à l’anéantissement de la civilisation occidentale.

    Mais quand je lis les travaux du mathématicien H. E. Huntley sur le nombre d’or, quand je mesure l’étendue infinie de ce que peuvent apporter les mathématiques à l’art, je m’aperçois que l’espoir existe, il est tangible et palpable. Et je me surprends à faire des recherches et à formuler des hypothèses mathématiques, car comme l’écrivait Poincaré : « L’expérience est seule et unique source de vérité ».

    Saint-Louis s’est rendu une vingtaine de fois à l’abbaye de Royaumont, où j’ai trouvé le livre du mathématicien anglais H. E. Huntley et Marguerite Neveux. Le recul pris sur les civilisations de l’antiquité donne un autre aperçu des mathématiques, qui tend vers la synthèse.

    Cette expérience, cette approche du beau, par exemple des rapports entre phi ( φ = 1,61803, φ’ = 0,61803 ) , le nombre d’or, et pi ( π = 3,14 ) ou d’autres dimensions mathématiques très nombreuses dans le domaine de la géométrie et de l’algèbre, dont √ 5, cette permanence de la construction artistique nous permet de nous rapprocher d’un tableau qui serait celui de notre rapport actuel à l’art et à la beauté, celui de l’image de notre propre dimension projetée sur nos réalisations architecturales et autres.

    L’homme a souffert de ses expériences, et il a encore tout à apprendre. Les travaux de Fibonacci ( Léonard de Pise ), sa célèbre suite, comme les triangles de Pascal, le triangle chinois, sont autant d’éléments qui prouvent l’ancienneté des investigations au sein des mathématiques et l’importance considérable du rapport d’or.

    Le mythe du nombre d’or φ = ( √ 5 + 1 )/2 et φ’ = ( √ 5 - 1 )/2 s’étend à la musique, à la peinture. On le retrouve partout dans la nature. On le retrouve dans le dessin industriel, du bâtiment, de la plomberie, de la climatisation.

    On le retrouve toujours un peu par surprise, à l’improviste Dans les grecques, dans les décors floraux, dans tout ce qui rend l’artisanat consistant et constant.


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    Manuel d’introduction au métier de peintre laqueur décorateur

     

     

     

    Synopsis et contexte de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

     

    Refonte au dimanche 20 mars 2011

     

     

    Par Christian Diez Axnick

     

     

    Partie 2

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Sans l’ordre ancien, l’ordre soit disant moderne et évolué n’avancerait pas, comme Gainsbourg n’aurait pratiquement pas existé sans Dvorak, ou Racine sans Tirso de Molina ou le Cid de Castro. Toute vérité romane ou gothique est maître de ses implications. Les Gitanillos de Jerez sont par exemple les plus grands danseurs et les plus grandes danseuses que je n’ai jamais vus de ma vie. Cette apothéose, je l’ai vue avec Nina.

     

    J’ai eu la chance dans ma vie de voir et d’entendre chanter une des plus grandes, sans doute la plus grande mezzo-soprano du monde, avec mon père. Elle est argentine et chante dans le répertoire classique argentin si magnifiquement exceptionnel. L’art vocal poussé à un tel niveau est une question d’un autre ordre, d’une autre dimension. Mon père évoquait déjà cette question dans un texte personnel autobiographique qu’il a laissé sur l’incendie de l’église Santa Catalina survenu en 1957 à Toro. Le manuscrit est bien antérieur apparemment au concert de la RTVE au TMP.

     

    Une diva de ce talent peut se permettre de laisser échapper des sons et des mélodies

    « callejeros », les plus callejeros possibles. On en reparlera dans quelques dizaines d’années, lorsque d’autres tenteront vainement de l’imiter.

     

    L’art sérieux est inimitable, sa facture est toujours incroyablement élevée. Ce ne sont pas les assassins et les bouchers d’aujourd’hui qui peuvent se risquer à ces exercices.

    Précisément, l’art, le vrai, le grand, est un exercice qui se démarque du commun.

    Parfois il jette un regard de loin, mais toujours avec une hauteur de vue ou une façon de se mettre au même niveau et de faire ressortir toute la gouaille du menu peuple.

    Le propre, le fond de l’art classique, est de faire intervenir telle ou telle force, tel ou tel moment, de montrer et de restituer le dépouillement, d’amener sa patte autrement que par des incantations.

     

    La rigueur d’un chef d’orchestre italien comme Campanella, le génie de ses décorateurs, font de l’art lyrique qui s’annonce une entreprise de très haute envergure, d’une très haute prétention et d’un très fort niveau artistique. Même à l’aube du XXIème siècle, la force pure et dure se montre capable de séduire le public.

    Certes, ce n’est pas la question la plus répandue, mais les faits sont là, le classicisme le plus froid peut encore avoir une rigueur, des idées force, et s’imposer. C’est un fait.

     

     

    a) Les signes d’une renaissance.

     

    Il serait vain de penser que l’art va cesser d’exister. L’art officiel est puissant depuis toujours. Les grandes idéologies totalitaires l’ont compris, de gauche comme de droite.

    Elles font vivre un modèle ou tout ce qui est critique est par nature sacrilège, tout ce qui n’est pas dans les normes fixées par le marché de l’art est immonde.

     

     

     

    L’art qui nous intéresse, et le mot art veut dire manière de vivre, est plus en marge il est vrai de la société. C’est celui qui fait vivre une communauté d’intérêts, et aussi une communauté culturelle. Pourquoi les métiers ne peuvent ils pas disparaître ?

    Parce qu’ils sont utiles à l’épanouissement de l’homme et à sa dignité.

     

    Le génie de la plupart des religions est d’avoir su donner une vision, objective ou subjective.

     

    Pendant longtemps, l’art a été placé au centre des décisions, au centre des pouvoirs, en correspondant à une entreprise fixée. Par exemple la reine Sophie de Grèce descend de Vélasquez. Elle décide de qui aura une fondation, quelle œuvre moderne aura ceci, qu’est ce qui est bien. Qu’est ce qui ne l’est pas. Même chose en France, suivant les pouvoirs en place le pouvoir central décide des attributions. Ce système descend de l’inquisition pratiquée par les compagnies en Bourgogne. C’est une forme de terreur officialisée et légale. L’inquisition pratiquée par les compagnies en Bourgogne compte tenu de la population au moyen âge, atteint sensiblement le même ratio par rapport à la population que ce qu’il s’est passé à Tréblinka ou dans les pays baltes. 200 000 à 500 000 morts sur une population de quelques millions d’individus, sont autant qu’un million et demi à trois millions de morts sur une population de plusieurs dizaines de millions d’individus.

     

    C’est la même chose en taille, en dimension, en quantité de gibets. Il faut bien comprendre qu’un des vieux leviers qui sert la volonté de terroriser une population, c’est celui qui consiste en cette sinistre arithmétique statistique. On est sûr d’atteindre sa cible.

    Le père d’un de mes amis, Mr Moreau, un castillan comme moi, a été déterré vivant in extremis dans les dernières secondes de la libération de Tréblinka par des deuxièmes classes de l’armée rouge. Encore deux ou trois coups de pelle et il était mort. Il est rentré avec la croix rouge américaine qui est arrivée 8 mois plus tard. Il ne pesait que quelques kilos alors. A l’époque, on se battait avec des cailloux et des bâtons contre des fusils et des mitrailleuses.

     

    A partir de Manuel Diez Matilla, qui était un homme d’un sacré caractère et d’une certaine trempe, tout se disloque. Les centres de décision et de pouvoir ne sont plus aussi importants.

      Mon père n’hésitait pas à s’attaquer à tel ou tel au besoin.

    Son procès aux prud’hommes contre le directeur du musée Cortot a duré 3 ans. Il n’avait pas peur, et allait même plus loin.

    Ici, l’artiste a une capacité, il impose ses conditions. Mon père pouvait peindre on peut le dire honnêtement sans rentrer dans tous les détails pratiquement au niveau d’un Claude Monet, pour moi qui l’ai suivi durant presque toute sa carrière, bien au-delà, mais il demandait le salaire non différé conséquent.

    Bien lui en prit avec la TVA et le reste, car ne l’oublions pas, il aura cotisé pratiquement 7 ans de sa vie sans que cela ne revienne aux artisans ou à son corps de métier.

     

    Dans sa profession de patron d’entreprise, la force de travail est alors prédominante, il faut bien le dire, et bien plus pour lui que pour le salarié, quoique les petits ruisseaux font les grands fleuves.

     

    De la même façon, lorsque Mozart est mort, on pensait à l’époque que plus personne ne viendrait révolutionner la sonate. A la mort de Mozart, Beethoven a révolutionné plus de 400 fois la sonate au lieu de 3 ou 4. Ici l’artiste s’impose au public pour la première fois. Mais il n’impose pas encore ses conditions financières. On lui impose toujours sa condition par la force, du moins en partie.

    Mozart était un immense et grand génie, mais aussi en partie un infirme.

     

    A partir de mon père, on peut dire de l’artisan qu’il impose et les conditions financières liées au coût des matières premières, et le service, et la force de travail tout en gardant la plus value et les royalties virtuels, sans compter l’attrait de la nouveauté, le chic et le réconfort matériel.

    Et c’est normal car une table ou un meuble peut être revendue, des spéculateurs peuvent revendre la marchandise, sans compter la contrefaçon. Mais le prix fixé est définitif. C’est la condition au contrat.

    N’oublions pas que Midavaine est le premier entrepreneur français à avoir fait venir des décorateurs asiatiques en France.

    Mon père a démarré aux tous débuts chez lui, et plus tard ou auparavant, il a aussi travaillé chez un asiatique, son salaire était sa nourriture.

    Mais jusqu’ici à la fin des années 50 le décorateur est salarié, il n’est pas encore devenu son propre patron, libre de signer les contrats ou non et d’entreprendre, ce qui ne va pas tarder.

     

    Le pendant de la question si l’on considère la liberté d’entreprise est le risque encouru à la fois par le patron, mais aussi par le salarié, surtout lorsque les commandes stagnent, ou au plus fort de la crise comme celle qui suivit les 2 chocs pétroliers.

    Le progrès social n’a pas suivi assez vite, et sans doute un jour les pouvoirs publics le comprendront-ils au lieu de saboter les industries les plus anciennes. Je pense en particulier à tout ce qui devrait en réalité être fait dans l’artisanat, les primes, les tickets restaurant, les mutuelles, l’affiliation à un régime retraite honnête.

     

    L’exemple de mon père prouve qu’on peut tenir une vingtaine d’années, lé décor du logis était un de ses principaux clients, avec Garouste et Jeumont, mais avec en partie l’attrait de la nouveauté et une qualité très élevée et continue. Et au-delà ?

    Au-delà c’est plus difficile. Les meubles cache TV-HIFI-VIDEO de mon père ne sont plus tout à fait adaptés au marché actuel du laser disc et de l’écran plat.

    Il faut repasser par les bureaux d’étude, refaire des plans de meubles, de tables, ce que je fais depuis quelques années déjà, tenir compte de l’évolution de l’informatique et des nouvelles technologies.

    Mais on ne recompose pas un parc machines si facilement. Il faudra quelques années encore avant que les investisseurs ne refassent surface, que les ateliers ne renaissent, que les magasins rouvrent à nouveau.

     

     

     

    Ma tante, Maruja, a été une des deux ou trois principales fondatrices de l’orchestre de la radio télévision espagnole ( RTVE ). Elle aura travaillé, étant elle même une très grande violoniste, avec quelques uns des plus grands musiciens de son temps. Cela va de Narciso Yepes, au violoniste israëlien Seyrig, à d’autres grands pianistes et d’autres très grands musiciens. Il est clair que nous sommes une famille d’artistes, et que les signes les plus tangibles de la profession qu’a exercée mon père sont très difficiles à discerner, mais palpables.

     

    Son père, le frère de mon grand père, c'est-à-dire l’oncle de mon père ou encore mon grand oncle, a été maire de Toro durant la guerre civile. Opposé à l’époque à ce que l’on fusille des gens, dont des femmes et des enfants, par dizaines dans sa ville, il a été fusillé à son tour par les franquistes.

     

    On ne peut pas dire que l’art peut disparaître du jour au lendemain, il se transmet de générations en générations. Ce qui ne se transmet pas toujours exactement de la même façon, c’est la valeur travail et ses principes humains.

     

    Je pense une fois encore à ce grand cinéaste juif qui a filmé des milliers d’heures de documentaires dans la clandestinité, et qui avait enfoui des kilomètres de pellicules, déterrés à la fin de la guerre. La France avec Bois d’Arcy a longtemps conservé les originaux et Israël la copie des films. Il a mis 5 ans à mourir de faim à Paris. Je suis arrivé un an trop tard pour l’interviewer. Il était mort dans la misère un an avant.

     

    Je pense qu’il faut rester optimiste, et garder son âme, prendre la mesure des enjeux humains. Mais on ne peut pas toujours être optimiste lorsque l’on voit l’indifférence relative dans laquelle il est mort. Cela reste significatif.

    Même chose avec ce groupe de peintres qui s’était créé il me semble à Auschwitz. Mme Bouissy nous en avait parlé et nous avait montré des photos, des cartes. Les artistes ont toujours essayé de témoigner de leur condition.

     

    A vrai dire, on voit aujourd’hui les signes avant-coureurs d’une renaissance de l’artisanat. Je veux dire par là que peu à peu le secteur panse ses plaies, peu à peu, des activités redeviennent rentables, donc susceptibles de redémarrer un jour.

     

    Mais tant qu’il n’existera pas une parité entre nous, le vieux monde judéo-chrétien comme l’appellent certains et les monopoles qu’exercent les multinationales, tant qu’il n’y aura pas plus de justice sociale, les secteurs traditionnels resteront bloqués et tributaires de leur capacité d’investissement et de la capacité d’absorption du marché.

     

    Il faudra bien un changement dans la façon de procéder de nos gouvernants, si l’on veut un jour sortir de l’ornière. Hors aujourd’hui, la finance est plus importante que l’industrie. Le secteur financier abat ses cartes.

     

    Le syndicat est une solution parmi d’autres. Mais il reste symptomatique de constater qu’un des lieux les moins prisé par les hommes politiques reste les chambres de commerce et d’artisanat, tellement on sait que la finance soutient les multinationales.

    C’est bien le pire endroit pour ces messieurs, du moins celui on l’on ne va que pour quelque inauguration ou pour glaner quelque distinction.

    En tous les cas, la plupart se gardent bien de se jeter dans la mêlée.

     

     

     

     

    Soyons sérieux, le problème de l’artisanat ne peut pas se limiter aux problèmes politiques. Mais on ne peut comparer la France sous Louis XVI qui par exemple était passionné de serrurerie et avait fait de ses propres mains la serrure du portail du château d’Arnouville-lès-Gonesse, ce portail se trouvant aujourd’hui au château de Thoiry ; on ne peut comparer des dirigeants impliqués de leurs propres mains, et une bureaucratie prête à tout pour spéculer sur le dos des artisans.

     

    Le comité d’accueil ne peut pas être le même, pas plus que le principe humain.

    Curieusement avec Nina, des gens de la branche des Valois nous avaient offert un kir lors d’une exposition de peinture en Sologne. Nous y étions allés avec un ami peintre, un corse, qui voulait leur vendre une pièce de bois en acajou. Une comtesse nous avait reçus au Mont-près-Chambord. Elle descendait des Valois, un de des branches laissée par les capétiens.

     

    Les Valois m’ont toujours fait une bonne impression, car j’aime ce peuple Solognot

    ( la baronne a longtemps vécu en Sologne avant de vendre et de partir à Bormes-les-Mimosas ou elle a fini ses jours avec ma tante Méré, le tout ponctué par l’emploi et le travail de ma mère également ).

     

    Les Valois pour en revenir à eux ont beaucoup moins conspiré contre nous les Castillans si on les compare avec les Louis qui se sont succédés juste avant la révolution, qui eux n’ont pas arrêté d’encourager les portugais à nous attaquer, au moment historique ou la Castille était tout de même très pauvre et misérable, surtout si l’on se réfère aux couches populaires les plus défavorisées. Malheureusement les rois de France se sont alliés aux portugais et nous ont fait la guerre, laissant la révolution française anéantir le peuple de Vendée quelques années plus tard, abandonnant la couronne. Heureusement nous avons gagné cette guerre, justement à Péléagonzalo, dans la plaine près de Toro.

     

    Je pense cela dit que cette maison des Valois peut encore servir la France, même si je ne suis pas vraiment très monarchiste. Il ne faut pas être plus royaliste que le roi, mais ce sont des gens adorables, polis et hospitaliers, ouverts à tous les artistes, même aux enfants qui ne manquent pas de talent non plus d’ailleurs.

     

     

    Pour en revenir au caciquisme dont nous parlions, puisque nous avions abordé le sujet, je dirais que le propre du caciquisme, s’est l’attentisme. On a l’impression que ces oiseaux de proie que sont nos dirigeants attendent patiemment une fois qu’ils se sont perchés le plus haut possible, multipliant les croassements et les sarcasmes. Mais la paralysie est devenue le propre de nos démocraties, qui non contentes de se laisser insulter, laissent le mensonge et l’intoxication des masses se répandre.

     

    Tous les moyens d’intoxication des masses sont bons pour abrutir les enfants dès le plus jeune âge, et s’assurer un pouvoir médiatique que l’ont pourrait dire de droit divin dans son inspiration profonde. Les exemples abondent.

    Prenons le cas de Claire Chazal, la présentatrice du 20H00, ou de son ami Poivre d’Arvor. Pas une seconde ils n’imagineraient qu’en démocratie on puisse contester leur monopole, leur droit à l’expression.

     

    Pourtant Claire Chazal a prétendu plusieurs fois que les américains ont libéré Tréblinka avant les russes. Je ne sais pas combien d’argent elle a reçu pour ça.

    Mais elle a aussi fait l’éloge d’un criminel de guerre comme Charles Taylor, qui s’est proclamé président de la république du Libéria, et qui n’a rien à envier à Hitler.

     

    Ses hommes de main ont même faillit m’assassiner, à Paris même. On pourrait continuer encore longtemps. La liste est longue, les tortures et les crimes indescriptibles. Cela va de l’assassinat sommaire, aux mutilations et aux gens que l’on jette vivants dans des fosses à serpents.

      Sans compter les ethnocides en tout genre, dont celui des mandingues. Charles Taylor, c’est trois génocides et trois ethnocides, rien de moins.

     

    J’ai travaillé avec Ghislaine Carlessimo et le sergent Garcia, qui ont également faillit être assassinés, notamment à l’aéroport. Je ne parle pas ici de l’artiste sud-américain, mais d’un dirigeant commercial de l’ex-société Bidermann.

     

    La chape de plomb est là. A eux les honneurs et la gloire, l’argent, mais on ne peut pas tout avoir en démocratie. Que je sache ils n’ont jamais mis en cause un grand voleur de châteaux comme feu le président Mitterrand, ou son copain Seydoux. Leur conception de l’information est révolue, totalement anti-juridique.

     

     

    L’objectif de la 4ème internationale, au-delà des tendances, est aussi un objectif culturel.

    La tradition ouvrière et communiste est assez marquée en France. Rassembler le plus grand nombre, le troupeau, est une mission.

     

    Je pense aux grands sujets nationaux, à Compiègne, Pierrefonds, Villers-Cotterêts, à tout ce qui a cimenté, construit au fil des siècles la pensée et le destin national, en passant par les cathédrales de Senlis, d’Amiens, une des plus hautes du monde.

     

    La lutte des classes est un principe historique. Constamment, périodiquement, l’impérialisme des grandes puissances se fait plus marquant. Il vise en partie à démanteler l’unité nationale.

     

    Sans le soutien économique, militaire et politique des superpuissances, il n’y a pas si longtemps, les catalans de Samaranch et Maragal n’auraient pas obtenu les jeux de Barcelone. Eux qui ont exterminé la moitié de l’Europe, rayé de la carte la quasi-totalité des états baltes avec les nazis. J’avais écrit à Samaranch pour tenter de l’encourager, mais sans aucune illusion.

     

     

     

    Les grandes puissances, comme les Etats-Unis et la CEI en sont bien conscientes, d’ailleurs les Etats-Unis arment Donosti, la principale filiale d’ETA en Espagne. Toutes les armes sont américaines. Cela suit ce qu’il s’est passé durant la guerre civile, avec les implications américaines et italiennes. L’Amérique arme ici une des principales organisations terroristes du monde, comme pour Al-Qaïda. D’ailleurs les Bush ont été les principaux argentiers d’Hitler.

     

    Cette contradiction des Etats-Unis sur le plan humanitaire est une constante de l’impérialisme américain.

     

    On le voit, l’impact et la puissance des superpuissances issues de Yalta ont un pouvoir de dévastation, et très vite les perdants de 39-45 ont repris du terrain sur les vainqueurs. Diviser pour mieux régner.

     

    Il serait vain de situer uniquement l’avenir d’une profession du point de vue des rapports de force géopolitiques, mais soyons clairs, constamment, incessamment, tout ce qui a trait au pouvoir politique a été fait et défait à volonté. Nous ne vivons plus dans un monde doté d’un moule rationnel, mais dans un monde ou plus rien de tient, et même si la politique est une guerre, elle n’est jamais acquise à quiconque ou gagnée d’avance.

     

     

    Loin de moi l’idée de rejeter les uns et pas les autres, la cause de la paix doit avancer de toutes les façons, mais il est clair que des puissances étrangères ne peuvent se soucier à notre place de notre stabilité, loin s’en faut.

     La farce est énorme, elle a atteint son paroxysme. Des décennies de tyrannie sont devenues peu à peu notre seule histoire commune. On ne peut y voir qu’un pur hasard.

    Le sort de l’Europe n’est pas une mince affaire.

     

    II . L’ébénisterie et la menuiserie, l’atelier.

     

    a) l’apprêtage en menuiserie.

     

    Il faut distinguer 2 types d’apprêtages. Les apprêt ébénisterie, et parfois menuiserie, qui correspondent au montage du bois et des meubles ( colle à bois, colle agobois ) et les apprêtages au blanc d’Espagne ou de Meudon, ou encore violet, qui sont les apprêtages les plus essentiels dans notre profession, et qui serviront de préparation à la première couche des décors ou des panneaux décorés. C’est le célèbre Coromandel en laque de Chine et de Venise.

     

    Soit on a en vue de faire des panneaux, c’est le cas le plus souvent. Et alors on apprête tout le meuble en fonction. Soit on n’a pas en vue de faire des panneaux, par exemple dans le cas de certaines tables ou de certains meubles, et dans ce cas plus rare on apprête d’une autre façon l’ensemble.

     

    Le plus souvent, on fait des panneaux, et on peut évidemment en avoir en réserve, surtout si ce sont les mêmes, mais il est très difficile de les préparer également de toutes les façons. L’apprêtage est l’étape la plus importante qui déterminera la qualité de tout le travail ensuite.

     

    Un mauvais apprêtage donnera une faible qualité artisanale, encore que de nos jours on ne puisse pas faire abstraction du polyester et d’autres techniques parallèles ou spécifiques. Un très bon apprêtage au blanc d’Espagne par exemple donnera une bien plus grande qualité finale.

     

     

     

    La technique du Coromandel a déterminé la qualité de la laque de chine, le blanc d’Espagne est la même technique à peu de chose près. Nous y reviendrons aux chapitres suivants. Mais insistons tout de suite : la qualité de l’apprêtage est déterminante pour toute la suite.

     

    Lorsque l’on ponce un apprêtage, on ponce soit à sec, en finition le plus souvent, juste avant la laque, soit mouillé mais dans ce cas exclusivement avec de l’eau froide, jamais de l’eau chaude ou tiède. On emploie parfois des cales en bois pour faire les recoins.

     

    On ne mouille jamais trop, mais juste ce qu’il faut. Une éponge légèrement humide sert à nettoyer et aplanir le support, à le débarrasser des impuretés issues du ponçage au fur et à mesure.

     

    Bien sur, on emploie du papier kraft ou de la toile émeri plus usés en finition que lorsqu’on dégrossit. Ponçage à l’eau, le papier est légèrement mouillé, ponçage à sec il est utilisé sec.

     

    Surtout répétons-le, sur le blanc d’Espagne ou ne ponce qu’avec de l’eau froide, jamais avec de l’eau tiède ou chaude, en limitant la quantité d’eau. Jamais de flaques, cela accentuerai et créerait des petits trous.

     

    Bien respecter le sens de ponçage en l’adaptant au meuble ou à la table, dans telle direction définie au départ. On peut croiser, mais ne pas changer de direction.

     

    Ne confondons pas l’apprêtage, c'est-à-dire le blanc, avec les techniques d’ébénisterie ou de menuiserie, par exemple lorsque l’on emploie des règles de blocage, ces espèces de petits étais auto coinçant, ou d’autres technique de fabrication. Ici on parle bien de la colle, qui entoure et enrobe tout un meuble ou toute une table.

     

    b) Le montage et démontage des meubles.

     

     

    Suivant les professions et les corps de métiers, le montage et le démontage n’est pas toujours le même. Chez nous, il faut déjà séparer la serrurerie, les charnières, les vis, et bien penser que tout ce qui est métallique est numéroté et mis dans des boites.

    Les ferronneries font partie de l’ossature d’un meuble, elles sont déjà montées et démontées avec la carcasse et le meuble. On en aura besoin à nouveau à la fin de la fabrication du meuble.

     

    Un pré montage permet de travailler les trous avec une pointe et de tout contrôler, de préparer le terrain avant le montage final qui intervient à la fin. Ensuite on démonte, on classe et on range tout temporairement. Il est important de savoir ou iront les trous des charnières, tant sur le meuble que sur les panneaux, avant l’apprêtage et le placage, pour ne pas risquer de ne pas pouvoir les retrouver plus tard dans certains cas, suivant les travaux en cours.

     

    Il faut prévoir une place dans l’atelier pour tel meuble ou telle table, en veillant à ranger les parties de menuiserie dans le même coin de l’atelier, et en évitant de tout mélanger. Les pièces doivent être bien rangées, aussi bien les pièces en bois que les pièces de ferronnerie rangées dans des boites et numérotées.

     

     

     

     

     

     

     

    III . La préparation, les apprêts, les panneaux.

     

    c) Le blanc d’Espagne ou de Meudon, ou violet.

     

    Le blanc d’Espagne est considéré comme un des meilleurs apprêts à l’ancienne. Seules des techniques plus modernes comme celles du polyester sont parvenues récemment à le détrôner, et encore seulement en partie.

     

    Son avantage est par exemple de permettre l’utilisation de la laque cellulosique durant toutes les étapes de fabrication ultérieures. Quelques autres enduits de moindre qualité le permettent également, mais pas le polyester.

     

    Vendue en sacs, la poudre sert à préparer le blanc d’Espagne, utilisé très chaud pour le placage des panneaux, moins chaud pour la préparation des apprêts.

     

    Lorsque l’on prépare le blanc, on prend une cuvette en acier qui ira sur le feu, de préférence au gaz, la bouteille étant reliée au détendeur avec 3 ou 4 pieds sur le sol.

    Sur cette cuvette on place des pierres plates, et au dessus un récipient en acier dans lequel se fera la préparation.

    On accroche une broche pour le placage, des petits et moyens pinceaux à l’aide d’une clou replié, sur la cuvette, les poils dans l’eau car la cuvette est remplie d’eau, et le récipient vient dans l’eau au centre de celle-ci.

     

    Au fur et à mesure de la préparation, on ajoute des morceaux de gélatine qui viennent fusionner avec la poudre, on peut ajouter un peu de liquide ou les plaques ont macéré pour liquéfier provisoirement la préparation. Une fois la poudre et la colle assez homogènes, on commence à tourner avec un gros bâton tout autour du récipient pour éliminer les grumeaux, en veillant à bien frotter contre les parois du récipient.

     

    Toutes ces opérations se passent à feu doux ou moyen. Même à grand feu, mais quoiqu’il arrive il ne doit jamais se former de bulles dans la préparation et celle-ci ne doit jamais bouillir. En cas d’ébullition on réduit alors le feu en agissant sur le réglage gaz. Lorsque la substance obtenue est homogène et débarrassée entièrement de grumeaux, et pour cela il faut touiller régulièrement en tournant, alors on la rend plus ou moins liquide ou épaisse en ajoutant ou pas du liquide, et on peut apprêter le meuble ou la table à chaud. Ce doit être de toutes les façons très très chaud.

     

    On fait la première couche avec le pinceau pour les recoins, ou à la broche pour les extérieurs. On la laisse sécher un peu. Lorsque la première couche est suffisamment dure ou sèche, mais humide, on passe à la deuxième couche. Généralement 2 ou 3 couches suffisent suivant l’épaisseur recherchée. On laisse toujours le bois à nu à l’endroit ou iront les panneaux, généralement sur les extérieurs du meuble ou au centre de la table sur le dessus. Ceux-ci seront plaqués plus tard.

     

     

    C’est en raison de cette étape de travail que l’on peut comprendre la nécessité de l’utilisation de bois tendre et non de bois durs comme le chêne. Il est plus facile d’apprêter au blanc d’Espagne sur du latté, du contreplaqué, et bien entendu sur du tilleul et toutes sortes de bois tendres, pour que la préparation à chaud pénètre bien les fibres du bois. Des bois comme le peuplier ou le merisier sont déjà un peu plus durs, le chêne et l’acajou étant les bois les plus durs, et l’acajou est du reste un bois précieux.

     

    Toutefois, le merisier et le peuplier s’emploient. Mais le latté, le contreplaqué, le tilleul ou le saule sont plus courants dans cette profession, avec parfois le merisier.

    Dans cette branche professionnelle, le latté s’emploie donc assez souvent, et aussi le tilleul qui est déjà un produit de luxe. L’étape de l’apprêtage en constitue la principale raison.

    D’autres bois laqués sans apprêtage et d’autres techniques existent, y compris avec la dorure sur bois. Mais dans le cas présent, le bois est préparé avant d’être laqué.

    Cette étape de la préparation est fondamentale; plus la qualité de la préparation sera élevée, mieux les étapes suivantes seront réalisées.

     

    Pour les meubles, on ne peut apprêter qu’en plusieurs fois puisqu’il faut faire les intérieurs et le dessous du meuble. Les piètements seront donc en l’air et le dessus reposera sur des cales auxquelles on aura fixé de la moquette, pendant qu’on fera la colle pour l’intérieur du dessous. Il faut à chaque fois que ce soit sec pour que le meuble puisse reposer sur les cales, et pour pouvoir avancer la colle et l’apprêtage.

     

    d) La colle de peau de lapin.

     

    Elle s’utilise avec le blanc d’Espagne et lui sert de liant. On la prépare en la laissant macérer 24h00 dans un récipient avec de l’eau. Ensuite on conserve l’eau dans laquelle a macéré la plaque de peau de lapin pour la réutiliser plus tard dans la préparation du blanc d’Espagne. Lorsque la plaque n’est plus aussi dure, mais molle, on la fait fondre à feu très doux au bain-marie en veillant à ce qu’il n’y ait et ne se produise aucune ébullition.

     

    La solution obtenue de couleur grisâtre est ensuite versée dans un récipient en plastique de préférence et on la laisse refroidir. Elle deviendra comme une espèce de gélatine épousant les formes de se récipient. C’est cette gélatine un peu comme du caoutchouc qui sera progressivement ajoutée à la poudre de blanc d’Espagne pour la préparation du blanc d’Espagne.

     

    Une bonne colle ne doit pas être périmée. Les détaillants la vendent en sacs, parfois on en trouve en moins grande quantité qu’en gros.

     

     

    IV . Les panneaux

     

     

    a) La préparation

     

    Les panneaux avant d’être plaqués sont préparés sur des tables ou des panneaux en bois le plus souvent contreplaqués. On utilise pour les faire beaucoup d’eau, et notamment du papier qui devient collant dès qu’on le mouille.

    Une grosse éponge sert à mouiller le panneau de contreplaqué à grosse eau, et les deux faces du papier. Lorsque c’est assez mouillé on étale le papier sur le panneau en bois, et avec l’éponge, on ramène l’eau vers les extérieurs de façon à tendre la surface du papier qui servira pour faire les panneaux. Puis au verso du panneau, on plie le papier d’une certaine façon, d’équerre. Ensuite on place le scotch ou plutôt le papier qui devient collant dès qu’on le plonge dans un seau d’eau ; de cette façon on fixe le papier au verso tout en veillant à ce que cela reste bien tendu

    Ensuite on laisse sécher le panneau sans trop le laisser exposer au soleil, car il pourrait craquer en séchant, puisqu’il va perdre toute son eau en séchant.

     

    Ensuite lorsque le panneau est prêt celui-ci est toujours fait avec la colle, mais au couteau. On va dans un sens, en courbe, puis lorsque c’est sec ont revient toujours en courbe dans l’autre sens. Lorsque l’épaisseur est suffisante on laisse sécher.

     

    La qualité des panneaux et des apprêts sera déterminante pour la qualité globale du travail.


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    Manuel d’introduction au métier de peintre laqueur décorateur

     

     

     

    Synopsis et contexte de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

     

    Refonte au dimanche 20 mars 2011

     

     

    Par Christian Diez Axnick

     

    Partie 1

     

     

     

     

     

     

     

    Sommaire

     

     

    I . Introduction

    a) Avant-propos.

    b) Une profession qui disparaît.

    c) Les signes d’une renaissance.

     

     

    II . L’ébénisterie et la menuiserie, l’atelier.

    a) l’apprêtage en menuiserie.

    b) Le montage et démontage des meubles.

     

     

    III . La préparation, les apprêts.

    a) Le blanc d’Espagne ou de Meudon, ou violet.

    b) La colle de peau de lapin.

     

    IV . Les panneaux

    a) La préparation

    b) Le ponçage des meubles, des tables et des panneaux

    c) Le placage

     

     

    V. La décoration.

    a) La laque cellulosique.

    b) Les patines

    c) Le polyester

    d) Le travail au pistolet compresseur.

     

     

    VI. Les grecques, la gravure.

     

     

    VII. La dorure.

     

     

    VIII. Les patines, les surtons.

     

     

    IX. Les vernis, la finition.

     

     

    X. Les réparations, les rebouchages.

     

     

    XI. Conclusions

     

     

    I. Introduction

     

    a) avant-propos

     

    S’il est une profession légendaire et mythique, qui n’a jamais eu son CAP jusqu’à ce jour, c’est celle de laqueur décorateur. Cette profession extraordinaire est à l’origine un métier de pauvre. Elle n’a pu soutenir le poids économique des multinationales, des chocs pétroliers ou des grands groupes monopolistiques du bois.

    Mais ce métier aux racines profondes et nombreuses reste et demeure une légende,

    tant il oblige l’artiste à puiser au plus profond de ses ressources, de sa capacité de travail, de son savoir-faire, de son imagination et de sa débrouillardise.

    C’est parce que ce métier associe plusieurs métiers à la fois et les juxtapose, parce qu’il accumule les difficultés, que le résultat est parfois au delà de l’imaginable.

     Ne nous y trompons pas, c’est la mauvaise foi, la méchanceté, accouplée à l’ignorance et au mépris général qui ont fait de cette profession une sorte de profession fantôme. Ce n’est guère le contraire, et on peut l’affirmer sans aucune complaisance, sans pour autant s’abstraire ou se soustraire de milliards de questions fondamentales.

    Tous les professionnels le savent, l’artisanat est menacé en permanence, et dans tous les domaines de l’initiative privée, tant la rapacité du monde politique est sans issue.

     Comme partout ailleurs, il ne faut pas faire la confusion entre les peurs ancestrales, et ce que l’on peut très bien prendre au premier degré.

    La caractéristique de cette profession, est de ne s’être jamais soustraite à tous les cultes. La vérité est qu’on l’a laissée sur le bord de la route. Ce n’est pas une énigme, mais la vérité. On pourrait s’évertuer à dire et répéter qu’il y a 12 apôtres comme 12 petits prophètes, et 4 grands prophètes. Mais pratiquement toutes les religions du monde l’ont deviné, le problème est celui du client réellement indésirable, celui qui veut de la scatologie, de la pornographie, celui qui ne sait pas ce qu’il veut.

    Jésus-Christ sait qu’il n’est pas Jérémie, mais le problème ne se pose pas vraiment, Jérémie n’est pas non plus Jésus-Christ.

    Il n’est pas question ici de mettre en doute tel ou tel ésotérisme, la question est plutôt à mettre sur le compte d’une clientèle de spéculateurs perfides et paumés qui souvent font perdre leur temps et leur argent aux professionnels que nous sommes, voulant tout et n’importe quoi.

    Tous ces marchands, ces experts en marketing ajoutent surtout de la confusion. Jésus ne les a pas chassés du temple sans raison.

    On ne peut pas recréer Louis XV, ni même Louis XVI, passionné de serrurerie et d’horlogerie en son temps, on ne peut pas non plus sortir de la profession et de son cadre général pour assouvir les besoins inconsidérés de tel ou telle.

    Albert Einstein n’avait pas David Aouat dans sa poche, enfin pas au sens spirituel, c’est clair. Il n’a fait que rêver à un monde juif plus fraternel, meilleur.

    J’ai eu pas mal de démêlés et de problèmes avec Aout, comme Nina. Comme Berthe Mann, une très proche amie de ma mère, il est plutôt l’archétype même de l’intégriste juif, ex-membre du Bétar. Einstein était un juif allemand plus ouvert, au raisonnement moins fermé. Ne va-t-on pas quelque part avec l’EPR, sans doute aussi, réaliser un jour le rêve des alchimistes du moyen-âge, c'est-à-dire changer le plomb en or ?

     

    En tous les cas, l’EPR est la seule alternative à ce que nos connaissances en physique puissent évoluer. Beaucoup d’évolutions sont imaginables.

     

    S’ingérer dans les problèmes ou les controverses entre les hébreux reste tentant, mais le vrai christianisme garde son label, sa façade.

     

    A vrai dire, le propre de l’artisanat, c’est de garder sa force d’expression, ses codes, sa subtilité, la force se perd comme toujours avec la vieillesse. Il ne faut pas rêver trop vite non plus.

     

    Il est clair au sortir de la seconde guerre mondiale en 45 que le monde juif est morcelé,

    et même le monde chrétien ou le monde arabo-musulman.

     

    J’ai connu Katia Ackstein, de son nom adoptif, une des plus grandes philosophes talmudistes en Allemagne d’après guerre, qui a travaillé comme ethnologue 2 ans dans le sud irakien. Son père était un juif londonien, le seul rescapé avec elle. Toute sa famille a été décimée dans les camps. Lui était resté à Londres.

    J’ai vécu 10 ans maritalement avec Dominique « Nina » Vende Zimmermann, dont le père a été champion de Paris du 20 000 m et dont le grand-père a été fusillé en 44 aux alentours du ghetto de Varsovie.

    J’ai longtemps été aussi et encore jusqu’à aujourd’hui très ami avec Nicole Lévy, qui a été aussi l’amie de Jean-Pierre Bourrin, mort des suites de bombardements chimiques en Irak. On ne sait pas si c’est l’aviation irakienne ou américaine qui les a bombardés. Son frère a fait 5 ans de vietnam.

    Mon père a fait un meuble superbe pour Georges et Bernard Lech, anciens footballeurs du stade de Reims et du matra racing. Les deux sont également d’origines polonaises. Le père était sur une chaise roulante, il a été le plus jeune sélectionné en équipe de France, son fils a continué à Reims et au matra racing. C’est lui et sa femme qui lui avaient commandé le meuble, enfin deux meubles il me semble.

    C’était déjà un peu sur la fin de carrière de mon père. Tout à la fin de sa carrière, il a fait des tables avec des paysages floraux et aquatiques, des éclairages fabuleux, des meubles et des décors exceptionnels, il était vraiment au firmament de sa carrière, de son savoir et de sa technique. Mon père à ses débuts avait même fait la copie d’un paravent du musée Guimet avec un autre décorateur asiatique chez Midavaine. Un paravent superbe qu’avait commandé Luis Mariano.

     

    Il faut bien dire que la Pologne est inséparable de Jean-Paul II, comme l’Allemagne l’est de Saint-Boniface et l’Algérie de Saint-Augustin, ou l’Espagne de Sainte Térèse d’Avila ( qui est passée par Toro d’ailleurs ).

    Peu de grands artistes juifs ont réellement émaillé l’après guerre, hormis peut-être Marc Chagall et plus récemment, le chanteur de Toñas « El Pele » que j’ai connu sur le palier des escaliers de Andres Francisco Serrita avant qu’il ne devienne un des 2 ou 3 plus grands chanteurs de Toñas du monde. A l’époque, j’étais élève depuis pas mal de temps, et il était dans les 10 plus grands du monde pour se faire un ordre de grandeur.

    Il y eut aussi Raymond Loewy, qui a travaillé dans le désign pour les emballages, pour la NASA, et avec qui j’ai quelques points communs. Simplement, nous n’avons pas évolué dans les mêmes domaines exactement. Moi après avoir commencé l’atelier à 8 ans et l’usine à 16, après avoir pratiquement aidé mon père pendant 25 ans, je me suis orienté vers un travail de projeteur, dans le bâtiment informatique au début, puis dans la mécanique, le ferroviaire, la plomberie, la climatisation et la CVC, et bien d’autres domaines encore, la tuyauterie pharma par exemple, ou plus récemment le génie civil. Aujourd’hui je suis chargé d’affaires clim.

     

     

    Le judaïsme a souffert d’un fort rejet culturel durant la guerre froide. Par contre,

    La réaction est venue de grands intellectuels juifs. Je pense en particulier à Mme Bouissy, proche amie d’Edgard Faure et ancienne groupie d’Arafat, qui nous a quitté il n’y a pas si longtemps finalement, qui était aussi une des 2 meilleures historiennes de France, et avec qui j’ai tout de même travaillé 4 ans. Je pense au centre gauche traditionnel, même s’il ne faut pas se faire d’illusion, le socialisme dominant l’a toujours trahi une fois au pouvoir et en place.

     

     

    Des gens comme Poincaré, comme plus récemment le président Poher, que mon père a aidé de son vivant lorsque ses gardes du corps l’avaient perdu au musée Cortot à Montmartre, sont des gens qui globalement m’ont donné l’impression de chercher à faire quelque chose pour aider ce que j’appellerai un judaïsme décomposé et un catholicisme exsangue, ou même d’autres cultes.

     

    C’est Mme Bouissy qui nous avait emmenés lorsque nous étions enfants voir l’exposition sur Lucy au musée de l’homme, ou se trouvait mère Térésa lorsque je l’ai rencontrée pour la première fois. C’est elle aussi qui nous avait emmenés au musée des Arts et Traditions populaires.

    A l’époque, ce musée n’était pas ce qu’il était aujourd’hui, et le domaine des explications dépassait de plusieurs milliards d’années lumière la matière, le matériau. Aujourd’hui la situation est moindre.

     

    Si mon père était plutôt conservateur, le centre gauche s’est toujours démené en France, il a toujours eu une matrice, un vecteur général et collectif, ce qui n’a pas toujours été couronné de succès.

     

     

    b) une profession qui disparaît.

     

    Soyons sérieux sur le fait que la profession disparaisse. Elle ne disparaît pas seulement en raison de ce que les kabbalistes pourraient appeler de véritables prises d’otage à la franciscaine ( ne me prenez pas pour plus anti-franciscain que je ne suis, après tout le pape Jean-Paul II prit leur défense dans un de ses derniers livres « Levez-vous ! Allons ! » ), ou en raison du concept caciquiste de nos démocraties, mais aussi parce que le monde civilisé disparaît en même temps avec elle.

    Nous sommes en réalité face à 2 mouvements composés et ensuivis dans le temps. Repli économique et perte d’un savoir faire vont de pair.

    Du chrétien d’Anouan au juif du ghetto de Varsovie, au musulman de Grozny ou d’ailleurs, on le voit dans tous les conflits à travers le monde : l’homme est mauvais, il devient de plus en plus mauvais. La barbarie gagne du terrain plus qu’elle n’en perd.

    Hors, notre métier est fragile.

    L’homme est tellement mauvais, qu’il ne peut plus légitimement aspirer à ce que tout soit fait pour son bien être. Et par conséquent, les artistes de haut vol, de grand calibre, ont le droit de poser leurs conditions et de refuser les simulacres.

    Les plus petits artistes, dont je suis, peuvent même refuser purement et simplement de suivre le mouvement impulsé de force ça ou là. On ne rêve plus tellement de nos jours.

     

     

    Le vrai métier disparaît, aussi à cause de toutes sortes de menus tyrans et caciques locaux qui vivent comme des parasites, sur le dos de la profession avec les forces de police, les huissiers, les détraqués sexuels de tout poil. Une profession ne disparaît généralement pas sans que des raisons particulières ne viennent émailler d’incidents graves à la fois son développement et surtout sa profondeur.

     

     

    Par exemple, en France, le président Mitterrand a conspiré avec son premier ministre, un juif, Fabius ( de son vrai nom Fabuzzi ), pour qu’il signe des milliards en chèque à une entreprise comme Ikéa pour qu’elle continue à piller tranquillement le bois africain. Pendant ce temps, et bien les africains meurent réellement de faim, de froid, le gibier disparaît, l’écosystème disparaît. Les réalités souvent cruelles rattrapent toute initiative incontrôlée.

    Les scandinaves prôneront leur révolution sexuelle évidemment sur les cadavres des africains. C’est bonjour Monsieur je suis pour vous. Certains ont toujours œuvré pour jeter de l’huile sur le feu, pour favoriser l’antisémitisme et s’assurer le pouvoir.

    Bien sur, Nord se sert sur le dos de Sud. Il n’y a pas là de doute possible. Il y a aussi la volonté de terroriser, de faire peur.

    Bien sur que l’Islam sera à terme la religion dite de domination, la thèse dominante, même si personne n’aime les thèses à reculons. Mais c’est la bonne thèse.

    En réalité, aucune profession ne meurt si tout n’a pas été fait pour qu’elle disparaisse, sous le poids des lobbies économiques. Hors, tout a été fait pour que la notre disparaisse, à tous les niveaux et à toutes les échelles, y compris à l’échelle politique.

    Rien n’est plus insupportable à des dirigeants en quête de pouvoir que des corps de métier bien portants qui font de l’ombre à leurs rêves de puissance et de la concurrence à toute vérité suprême, s’inscrivent en faux avec une conception économique de masse.

    Il n’y a pas de redistribution massive des richesses sans pillage.

     

    Une autre forme de pillage est le pillage intellectuel, qui sans mon témoignage serait attribuable à Garouste et Jeumont ( associés à l’époque du décors du logis ) sans les 20 ans de travail dévoué et acharné de mon père, sans l’énorme quantité de tables et de meubles qu’il a fait pour eux. Gérard Garouste est aujourd’hui un peintre moderne reconnu, à qui des ministres et même le président de l’assemblée nationale rendent visite. Certes, ils défendent de louables causes, des associations pour que les enfants puissent partir en vacance, mais pourquoi n’ont-ils rien fait pour ce monstre sacré qu’était Manuel Diez Matilla ? Ne peut-on pas y voir aussi une totale inégalité de traitement ?

     

    Je n’ai jamais trop cru que de grands modernes, de grands désigners pourraient émerger sans un tremplin, sans toute une base, tout un terreau, un soutien aux idées novatrices. D’ailleurs à la grande époque de Manuel Diez, Gérard Garouste n’était qu’un obscur petit artiste moderne en herbe, anonyme et insignifiant, même si mon père l’encourageait déjà et se gardait de tout commentaire prématuré.

    Son désign d’une bouteille de pastis sortie sur le marché en 2006 m’a toutefois emballé, comme une des ses toiles exposée à Beaubourg, avec tout un traitement du rouge, qui est la couleur qui met le plus longtemps à sécher.

    Je trouve en revanche qu’il manque l’équilibre que mon père savait apporter.

    Mon père aura en tout et pour tout travaillé une vingtaine d'années pour Le décors du Logis, et fabriqué des centaines de tables et de meubles pour eux.

     

    Le pire exemple de confusion celle-ci économique que j’ai vue est l’exemple industriel, lorsque le pouvoir est concentré entre peu de mains.

     

    Par exemple lorsque peu à peu les ébénistes, les charpentiers et les menuisiers du faubourg Saint-Antoine ont disparu, lorsque les ébénisteries et les ateliers ont fermé progressivement, que les Vernis Jacquelin sont partis à Bagnolet, déjà, le malaise industriel était général. Déjà, les laques cellulosiques craquelaient et craquaient si on ne leur ajoutait pas de vernis. Impossible de faire une première couche sans vernis.

     

    Hors, en première couche, il ne faut bien sur surtout pas de vernis, il n’en faut qu’à la fin. Déjà, c’est toute la chaîne industrielle, notamment allemande, qui était sabotée dans son ensemble.

    La chimie est le levier qui a permis de pratiquer la casse au profit des multinationales et des plus grosses entreprises, au mépris de la loi et de l’intérêt des artisans.

     

    Il est clair qu’au sortir de la deuxième guerre mondiale aussi, le rideau de fer a séparé les concepts, affaibli les tendances, nivelé les oppositions de masse.

     

    J’ai connu dans ma jeunesse une des trois dernières femmes du monde à avoir passé 5 ans à Auschwitz, et lors d’une discussion d’une demi-heure que nous avions eue dans le train, elle m’avait notamment parlé de ce que les plasticiens faisaient en Russie.

    Elle était retirée du coté de Kiev ou Tbilissi, ou j’ai également laissé de lointaines origines ukrainiennes.

    Cette conception, celle des plasticiens russes, était davantage celle de la compétition que celle de l’art, et nous en avons très franchement largement hérité aujourd’hui, par exemple dans les dessins animés et la bande dessinée. Surtout dans les dessins animés avec l’émergence de l’infographie. Les industries se livrent une lutte sans merci.

    Le dessin industriel, celui du bâtiment et des industries, qui correspond à la voie professionnelle que j’ai suivi, est également le monde de la vitesse et de la rentabilité comme seule norme économique, et bien trop souvent on en oublie tout le reste, à savoir la créativité et l’imagination, la fantaisie nécessaire à l’entreprise de tout grand projet.

    Je suis projeteur climatisation et plomberie également, assez axé méthodes bâtiment.

    J’ai quand même une vingtaine d’années d’expérience aujourd’hui.

    La compétition entre les artistes a d’abord été un moyen de compromis, de cassure avec la civilisation occidentale décadente, mais cette même civilisation a tôt fait de reprendre le concept de concurrence à son compte. On prend des idées là ou il y en a.

     

    Longtemps puisque l’humanisme a été l’autre courant de la renaissance, il a servi de frontière définie avec les grands courants picturaux de la renaissance elle-même. Franchir cette ligne de démarcation, c’était se glisser dans le camp des intellectuels subversifs ou mécontents quelque puisse être leur culte, leur confession, ou leur camp artistique.

     

    Déjà si à l’époque le seul but de beaucoup d’anciens déportés et d’anciennes déportées était de témoigner, le monde moderne ne manquait pas de faire émerger de nouveaux puissants médias. Ceux-ci, on pouvait déjà le présager il y a une vingtaine d’années

    ont pris de plus en plus de pouvoir depuis le satellite avec les moyens modernes et polluants de communication. On a choisi de dépecer l’espace lointain, comme seul compromis pour l’humanité. Nous sommes loin de la propreté et de la netteté copernicienne.

     

     

    Ex membre du Parti des Travailleurs, issu de la 4ème internationale, je pense qu’il faut à la fois de la pondération et du recul face au pouvoir des médias dans nos sociétés contemporaines.

     

    Je renvoie ici le lecteur à deux ouvrages qui me semblent les plus significatifs au plan français en ce qui concerne la 4ème internationale : Itinéraires, de Daniel Gluckstein, le secrétaire général du P.T., et Pierre Lambert ( aux éditions du Rocher ), et Lutte des classes et mondialisation, de Daniel Gluckstein ( aux éditions Selio ). Je pense qu’à la différence d’un Jean-Pierre Bret, d’une Y. Taborin ( je ne sais plus si c’est Yvonne ou Yvette, je crois que c’est Yvette ) ou d’autres grands intellectuels communistes, le classicisme de la 4ème internationale est sans doute encore plus net.

     

    J’avais fait un exposé oral pour Monique Olive et Y. Taborin sur Terra Amata, et la grotte du Lazaret en 1983 à Paris 1. En 2006, lors d’une mission d’intérim à Nice, j’ai eu l’occasion de voir le spectacle aquatique unique de Villeneuve-Loubet, Marineland, et de voir aussi le musée de terra Amata à Nice. Il y consacrait également une autre exposition sur le site de Dmanissi, en géorgie, sur des homos erectus, venant d’homo ergaster, baptisés homos georgicus, et vieux de 1 800 000 ans.

     

    En fait, le plus grand parc aquatique d’Europe se trouve non loin de Benidorm et de Valence.

     

    L’art est différent de la communication, il est le support d’un début de communication, le préalable à une question plus ensuivie. Sa transformation peut parfois ressembler à une forme de prostitution. Je parle ici de son adaptation massive pour telle ou telle catégorie d’âge et de public ponctuel, du fait que les temps modernes l’ont rendu malléable et corvéable à merci.

     

     

     

    A vrai dire, pour ne prendre que notre exemple à nous, qui sommes des enfants d’apatrides et d’immigrés, aux origines européennes diverses, Toro est un peu la Jérusalem espagnole, et la ville natale de mon père, en Vieille Castille, aujourd’hui Castille et Léon. Il en a fallut du chemin depuis Alonso Berruguete, depuis Churriguera, Diez Azevedo, Aléman, Grégorio Fernandez, Fernando Gallego,Valdévi et tant d’autres jusqu’à mon père, Manuel Diez Matilla. Le christianisme reste une composition abstraite, ou la bourgeoisie se confond avec le peuple, ou les classes sont rompues à tous les exercices, ou leurs limites s’estompent au fil du temps. Et puis Toro a aussi été la capitale des lois en Espagne pendant plus de 8 siècles, la ville a les plus anciennes arènes d’Espagne, une soixantaine d’églises et de couvents, de lieux religieux prestigieux, et de toutes tendances. Toro est aussi le site de la bataille de Péléagonzalo. Mes ancêtres sont de Pellas et Valdefuza. Toro est aussi une capitale royale pour les souverains espagnols et portugais.

    Le vrai christianisme n’est pas l’exercice de l’exclusion, mais celui de la fusion vers un seul et même but suprême et intangible. On pourrait leur ajouter Juan de Juni, Salcillo, l’école du Levant et tant d’autres encore.

     

    Un grand coloriste comme Manuel Diez est aussi né du rejet de ses prédécesseurs, du rejet des classes bourgeoises dominantes. Du refus.

     

     

    Les grands artistes ont souvent tendance à se replier sur eux mêmes, à refuser et refouler le passé peu après l’avoir admiré, à aller de l’avant. L’art chrétien ou religieux est fait d’ajouts, de compléments, d’anticipation et de synthèse. Souvent les artistes à la fin de leur vie glissent vers une certaine apostasie ou certains doutes.

    Mais l’histoire ne retient d’eux qu’une partie de leur œuvre, pas toute leur œuvre à travers le monde, pas tout leur engagement.

    Un artiste ne fait pas que témoigner de son époque, il lui apporte aussi quelque chose en plus, souvent quelque chose qu’elle n’aurait pas vu sans lui. Il met en relief certaines choses, certains évènements parfois historiques, met l’accent sur certaines fêtes, trouve des symboles, par exemple les symboles de la pâque. Mon père a fait des centaines de peintures à l’huile dans sa vie. Il a su dans son métier utiliser les qualités de la laque d’une manière optimale, et faire avec elle des choses qu’il n’aurait pas pu faire à l’huile et réciproquement.

     

    Sa sœur, Angelita, et une bonne partie de ma famille, a notamment longtemps travaillé et travaillait encore récemment jusqu’à sa mort pour la baronne Goury du Roslan, qui avait un lien de parenté lointain avec Joseph, le frère de Napoléon. Son travail de laqueur décorateur, mon père l’a exercé de Biarritz à Deauville, en passant par Tours.

    La baronne, ou son neveu, se sont vus dédicacer le livre de l’écrivain russe Pasdoc de Salkoff « Le cocher de la Troïka ». Pasdoc de Salkoff y parle de sa carrière de chansonnier et de la chanson française.

    Cette baronne qui nous a quitté en avril 2005 était d’origine danoise et américaine, ses parents étaient l’un un ancien ambassadeur du Danemark à Paris, l’autre un banquier américain, enfin sa fille je crois.

    Sa famille allemande avait émigré au Danemark. Elle descendait en effet des Moltke, du nom du maréchal allemand qui a participé à un attentat contre Hitler. Anne Frank parle de lui dans son journal, regrettant que ce nobliau allemand n’ait pas réussi dans son entreprise. En réalité Moltke est d’origine danoise, il s’était engagé dans l’armée allemande.

    Le grand-père de mes cousins d’Allemagne, que nous surnommons Opa Linie, a également participé à un attentat contre Hitler, celui qui s’est soldé par des centaines d’exécutions et d’opposants décapités. La majeure partie de ma famille allemande a été sur les routes de l’exode après la déroute, la débâcle et l’avancée des troupes russes, et dans nombre de petits camps de transit, dont un pas loin du Stuthoff, près de Danzig, l’actuelle Gdansk, et aussi celui de Marianenfeld près de Berlin.

    Horst, l’aîné des frères, est décédé de la typhoïde dans l’un de ces camps.

    La baronne est donc morte il y a peu, à 105 ans. Elle s’est éteinte, née avec le siècle et morte avec lui.

    Pasdoc de Salkoff, dans son livre, traite de la chanson française. Il y cite notamment Charles Aznavour, qui a sa salle des fêtes à Arnouville-lès-Gonesse, et beaucoup d’autres, Trenet, Brel, Montand, Johnny Halliday. Pasdoc de Salkoff est un ancien aviateur russe, comme mon ami Jean Seigaud, le dernier aviateur français a avoir pris part à la bataille d’Angleterre, dont le père est l’un des principaux ingénieurs de la ligne Maginot. J’ai vaguement connu un aviateur breton qui a fait 15 ans de guerre avec De Lattre. Seigaud est un homme plus posé. Il finit tranquillement ses jours à l’hôpital de Gonesse.

     

    Jeté de l’avion sur l’Algérie sans parachute, il n’a du sa survie qu’à son parachute de secours et à un arbre qui a amorti sa chute, mais en lui perçant la rate, il a fini dans un état très grave jusqu’à aujourd’hui. Son état de paralysie générale est stationnaire depuis.

    Il est invalide à 90%, comme mon frère aîné est malade mental à 90%, schizoïde et schizophrène. Cela dit, mon frère aîné, même s’il est malade, a travaillé avec pratiquement tous les plus grands maîtres d’arts martiaux du monde. Il a pas mal voyagé, au Maroc, au sud de la chine, au Tibet, mais moins que ma mère. Mon autre frère, David, est mort tragiquement. La folie de mon frère aîné a en définitive pesé très lourd, même si ce n’est pas le seul  paramètre qui ait précipité sa fin triste dont je ne pourrais jamais me remettre. C'est un véritable légume d’égoïsme.

     

    Les carrières aujourd’hui n’offrent plus des perspectives géographiques aussi profondes pour les artisans, qui sont un peu les chansonniers de la peinture et les aventuriers de la deuxième moitié du XXème siècle. D’abord parce qu’on a pris la sale habitude d’étouffer les artisans, tellement on les jalouse. Tout un paravent commercial a été mis en place, toute une devanture artificielle, un harcèlement publicitaire permanent. Sans compter le sabotage industriel, les agressions racistes, antisémites parfois contre les commerçants et leurs magasins, le racket, les délits de toute sorte. La profession n’est pas épargnée, l’ensemble de la chaîne non plus.

     

    Ensuite, tout à été fait pour jeter de l’huile sur le feu et attiser la haine contre les artisans et « la vieille Europe », l’ordre ancien en quelque sorte, les autres se déclarant automatiquement comme d’excellents modernes, ce qui est loin d’être le cas. En fait, le vrai modernisme, la vraie innovation artistique est par essence de nature classique.

    Il n’y a pas de nouveauté sans preuve tangible.

     

    Les « anciens » comme on les appelle ont découvert Kurt Masur avant que les hommes d’affaires et la finance ne lui tombent dessus et Campanella bien avant les autres, et les Toñas d’El Pele et les Jaléos de Chano Lobato bien avant les autres encore.

    Les plus grands ont commencé par séduire les anciens et réciproquement. C’est le meilleur label de la vraie différence. C’est vrai pour l’absurde traité par Carlos Montoya, pour Ramon Montoya, pour la logique traitée par José-Antonio Sabicas, pour Serra et son fils Serrita et ses zambras ou encore José El Toro, son ami chanteur.

    Il y a toujours comme un examen de passage à passer. Serra a enregistré avec les plus grands, El Camaron de la Isla, Paco de Lucia, Escudéro et tant d’autres.

    Mais à la différence des autres ceux que l’on appelle les anciens ont travaillé avec eux et pour eux, sans compter ce qu’ils ont légué à leurs enfants. Les grandes innovations sont très souvent classiques. Il est rare que le monde moderne ne plagie pas.

    Ce que j’aime par exemple chez Chopin, même s’il était alcoolique, c’est qu’il ne se situait pas à l’intérieur des grands empires de son époque. Ni à l’intérieur de l’empire britannique, ni de celui du Saint-Empire Romain Germanique, ou les chevaliers teutoniques exterminèrent les prussiens pour les convertir au catholicisme, ni à l’intérieur de celui de Charles-Quint, Chopin était un grand esprit lyrique, un des premiers à apparaître en marge du système, à bouleverser les normes.

     

    La finesse, la fluidité de son jeu, donnent à ses mélodies un lyrisme aux aboutissants surprenants. Chopin était copernicien dans l’âme. Il savait surprendre agréablement et subitement comme Dvorak.

    Bien souvent, tout au long de sa carrière, mon père surprenait des artisans asiatiques et autres dessinateurs devant les vitrines en train de plagier les décors de ses tables ou de ses meubles.

    Les vraies idées, on va les chercher avant tout là ou est la qualité. La force est un moteur qui ne se présente pas seul, que l’on finit toujours par copier puis par saboter.


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