• Psy - 11 - français

    Manuel Diez Matilla : un destin oublié

     

     

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

     

    11ème partie

     

    Par Christian Diez Axnick

    Refonte au dimanche lundi 26 août 2013 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      J'ai fini il y a quelques temps une mission dans le secteur de la recherche mécanique, au sein d'un important organisme de conseil au plan national.

     Même si Toro reste une importante capitale artistique, religieuse, juridique et royale, ou encore taurine, et même culinaire, avec ses «   Pastas » et ses «  bollos », ses remarquable «  Polvorones » ou encore politique, archéologique, viticole, Manuel Diez reste un des derniers représentants de sa splendeur artistique.

    Il est un des derniers produits importants qui soit né là bas. Même si l’essentiel de sa carrière s’est déroulée en métropole. Quelques traces du christianisme semi-païen ont subsisté dans son œuvre.

    Il est allé vers plus de synthèse chrétienne, traditionnelle et historique. Une partie de certains vins de Bordeaux vient du vignoble de Toro, ou l’on produit le «  Sarmiento », ou plutôt pour être plus correct le «  Cermeño ». Artistiquement, le XVIème siècle est très représenté là bas, comme le siècle d’or. Gérard Depardieu possède quelques bons crus de là bas. J’étais allé avec Nina chez sa femme Elisabeth à Bougival à l’époque ou Guillaume vivait encore et ou Julie était célibataire. Elle recherchait un couple de jardiniers. Toro est un peu à l’Espagne ce que Jérusalem est à Israël. Une capitale humaine et sociale incontournable, Le Téjar ayant été en quelque sorte le Bethléem de mon père. Les torésanos n'ont pas vraiment apprécié que Depardieu se présente un beau matin chez eux pour vendre du vin. Ma mère n'a pas aimé non plus.

      Comme toujours pour les artistes, il faut savoir se remettre en cause, se remettre en question, et poursuivre sa route par les méandres sinueux qui mènent à nos buts respectifs, s’aménager des portes de sortie, et aller vers un moindre mal, sans pour autant entièrement perdre de vue ses propres ambitions.

      L’Espagne est à la croisée des chemins. Ses oligarchies représentent encore le passé sanglant et répressif de l’Europe. Elle tient arc-boutée sur de vieux fondements, prisonnière du terrorisme aujourd'hui davantage maîtrisé, morcelée et écartelée par ses autonomies qui retiennent et contiennent le sentiment national.

    Quel avenir aura-t-elle après lui, je l’ignore. Je suis resté tellement éloigné de l’Espagne, comme maintenu à distance, que je ne sais plus comment apporter le maximum à ce pays.

      Pourtant, ce pays a fait encore récemment des choses prestigieuses, comme par exemple les excellents résultats et le titre mondial de La Roja, il a réalisé il y a peu des avancées et il serait difficile de le faire dans un pays comme la France ou règne davantage de liberté, mais aussi une relative anarchie cadenassée par un pouvoir qui veille sur tout. Je ne suis pas beaucoup retourné à Toro, et j’aimerai y aller plus souvent, ne serait-ce que pour me recueillir à nouveau sur la tombe de mes ancêtres.

      Ce que j’aimerai beaucoup, ce serait avoir plus d’argent et plus de temps pour peindre et en revenir à ce qui a fait la vocation et les heures de gloire de cette petite partie de la famille Diez que nous sommes. C’est ce que nous savons faire de mieux, même si tous, nous nous sommes dispersés depuis la terrible mort de mon père. Il faut en revenir à l’humilité, le ciment de l’art.

     José-Mari, le fils cadet de Vénancio, s’est lancé dans la peinture avec un relatif succès, du vivant de Christine et après sa disparition tragique. Il nous a même dépassés. Je souhaite dessiner et peindre beaucoup plus qu’aujourd’hui. Ingo peint un peu. Moi j’ai beaucoup perdu de contact avec le chevalet. Et puis, d’autres techniques modernes ont pris de l’importance. Les toiles africaines en sable coloré par exemple. Kheira, la sœur d’Hanifia, m’en avait offerte une.

      J’aimerai après un bref passage par l’art moderne ( à un moment j’ai été inspiré par les tags et les graffitis ) et le surréalisme, en revenir à l’art classique ou néo-classique, à l’impressionnisme. Je manque de tubes de peinture et d’argent. Mais si je pouvais créer une activité ou une entreprise, un atelier, je ne dirais pas non. J’ai eu quelques contacts avec Ute Hadam, une très grande artiste, et je ne désespère pas de repartir un jour sur de bonnes bases. Il y a aussi Birgit Magler-Wieseman. Ce qui compte souvent, c’est la volonté, l’humilité.

      L’espoir est là, il nous tend les bras, dans un monde ou presque tout nous est opposé. C’est à nous de savoir nous ressaisir, nous remettre en question. Il faut tout recommencer, repartir de zéro.

      Ce que j’ai essayé de faire en écrivant le manuel d’introduction rédigé en quatre parties, et ces onze études psychologiques dont certaines sont encore perfectibles, c’est de mettre en évidence un diaporama historique et culturel. Les textes autobiographiques de mon père reflètent davantage sa propre pensée. J’accorde une certaine importance aux relations publiques, au débat d’idées, sans lequel l’art n’avancerait pas non plus. Je ne veux pas tout trahir, ou livrer les opinions politiques de mon père, car il était avant tout un peintre passionné, vivant dans une certaine démesure, au sommet des possibilités artistiques et picturales de son temps.

      Pour ceux qui l’ont aimé, qui ont été ses contemporains, je tiens à accorder le pardon, l’indulgence. Je voudrais que ses ouvriers, les travailleurs de l’ombre, ceux qu’il a connus et engagés, aient aussi leur part de gloire et de reconnaissance dans l’héritage qu’il a laissé, Pédro, Ramon, Antonio Illan, Landrin, Agop Agopian, tant d’autres. C’est la moindre des choses. Le père de Pédro est mort il y a deux ans.

     Manuel Diez n’aimait pas les gens prétentieux, les bêtes à concours et à diplômes, mais les gens humbles, ceux qui parti de rien prenaient le risque entrepreneurial avec lui, ceux qui savaient être et rester à leur place en apprenant à progresser.

      Puissent ces travaux écrits, rédigés et pensés aider à une meilleure compréhension de ce qu’il a incarné et représenté, pour que l’on oublie jamais les décors aquatiques et floraux, naturalistes, merveilleux et fabuleux qu’il a composés. Pour que l’on soupèse à la lumière du jour le travail accompli, sa maturité, sa dextérité, son extraordinaire diversité de tons, de couleurs et de nuances. Mon père était un granvirtuose de la peinture, une obsession qui ne l'a jamais quitté..

      Je repense à nouveau à la catastrophe de Fréjus avec cette digue qui avait rompu, et à cette image d’un homme recueilli devant une croix dont il a tiré plusieurs tableaux à empâtements, comme pour le chasseur de chardonnerets. Mon père s’inspirait de tout, il partait d’une idée, parfois comme ici d’une photo parue dans un journal pour composer d’authentiques chefs-d’œuvre.

      Puissions-nous repartir de zéro, nous remettre en question, et marcher à nouveau sur ses traces gravées dans nos mémoires à jamais.

      Et au public, je voudrais dire merci, mille fois merci de bien avoir accepté de nous suivre dans nos pérégrinations et nos aventures, d’être entré dans l’intimité créatrice de ce géant du XXème siècle à qui nous devons tant et tant de merveilles. Lui-même ne cachait pas son admiration devant certaines œuvres et certains tableaux. Il était capable de s’émerveiller, il aimait son métier et la peinture était sa passion. Il a commencé à 4 ou 8 ans et ne s’est plus jamais arrêté de peindre.

      Je tenais à vous remercier tous, les visiteurs de ce blog, tous ceux, toute la foule des anonymes qui ont suivi et se sont intéressés à cet être impressionnant d’audace et de débrouillardise, ce travailleur manuel infatigable que le destin nous a repris cruellement. Merci à tous, et que nos conseils, notre témoignage vous soit utile et vous permette de mieux vous situer dans le monde immense de l’art.

    Ce colosse de petite taille, qui ne pesait plus que quelques kilos avant sa mort, a tant œuvré pour faire avancer les coloris, l’esthétique et la création picturale, l’innovation et le style d’une œuvre forte et mature. Merci donc, et que le vent soit avec vous, qu’il vous mène à bon port.

      Le public est d’une certaine façon le sauveur non pas des apparences, mais des réalités. Quand je pense au meuble de linge sublime qui se trouve dans la chambre de ma mère, avec des chinoises qui sont représentées, je me dis qu’il n’a pas eu beaucoup d’occasion de nous laisser quelques unes de ses magnifiques oeuvres. C’est la vie. Il n’existe plus de petits artisans de son envergure. Aujourd’hui, les systèmes s’effondrent, le monde arabe bascule dans de terribles révolutions prolétariennes. Non pas que la révolution ne soit pas quelque chose d’intéressant, même de passionnant. D’ailleurs Hanifia est de toutes les façons et depuis longtemps de ce bord là, mais le prix à payer en termes de vies humaines me semble beaucoup trop élevé, pour un gain politique, administratif et bureaucratique relativement réduit. Il y a eu beaucoup trop de morts et de martyres. Je pense que même si certains dirigeants ont des milliards, issus de la corruption et de l’accaparement des richesses, ces révolutions ont donné lieu à un effroyable bain de sang. Ce qu’il manque, c’est une alternative. La guerre civile en Syrie est aussi un terrible drame dont on ne voit plus la fin, dont on arrive pas à trouver de solution.

      Après lui, qui a su donner un cap, les systèmes de valeur s’effondrent. La vie humaine ne compte pas assez, on ne la prend pas suffisamment en compte. La vie humaine doit être quelque chose de sacré. L’Europe ne peut se mêler facilement aux nouveaux défis mondiaux que pose la pauvreté.

      Elle-même est très pauvre aussi. Comme la véritable Amérique du reste. La vraie révolution ne peut aboutir que par sa propre consolidation, et pas autrement. Il faut au moins un pied dans le pouvoir, sinon c’est l’hécatombe.

     Pourtant, la majeure partie de dirigeants arabes qui ont chuté sont venus en Europe, et ont été reçus, mais ce sont les systèmes qui ne marchent pas, les projections sur le long terme.

      Mon père savait ne pas trop se mêler des affaires des autres, ou de la vie des autres, il remettait tout sur le métier, et continuait son parcours, en se méfiant des pièges de l’histoire, des subterfuges, des mensonges par omission distillés aussi par les journalistes et l’audiovisuel. Il menait sa route, savait contempler son œuvre, persévérer, continuer dans un mode de vie modéré.

      Les révolutions ne sont pas un mythe, mais elles coûtent un immense crédit également. La révolution est un but qui nécessite une clarification, une reconnaissance du partage nécessaire du pouvoir, une acceptation de l’exercice du pouvoir. Elle ne peut aboutir autrement. De là est né et provient le socialisme, la seule norme à peu près acceptable par les communautés, lorsque les systèmes de droite mènent à l’impasse.

      J’ai lu le livre de Gérald Messadié, «  Saladin, chevalier de l’islam », paru aux éditions de l’Archipel, et si la contagion qui a gagné le maghreb et le monde arabe m’a parue justifiée, je pense que l’opposition doit accepter le partage et une expérience du pouvoir, ou plutôt les oppositions. Récemment j'ai lu le livre de Rudolph Pesch " L'évangile n'est pas antisémite ", ou il plaide pour l'évangéliste Jean.

     Le monde s’accélère, il faut un édredon, un amortisseur qui puisse permettre l’économie de vies humaines. Je suis d’accord avec Gérald Messadié lorsqu’il dit «  Au 1er siècle de notre ère, Jésus brisa le moule du judaïsme, qui présentait dieu comme le maître du bien et du mal, pour imposer le concept d’un dieu exclusivement bon ». Il parle aussi dans son livre des péripéties advenues à la vraie croix, que les combattants francs ont perdue dans une bataille. Mon père m’en avait parlé aussi.

      Il est vrai par exemple que ma mère était revenue d’Espagne, et même si elle est viscéralement protestante, elle a assisté à un office à la paroisse San Julian de Toro avec Méré. Jésus est aussi l’homme de la cohérence. Elle est passée dans le journal, sur une photo, avec Méré, sous un article consacré aux toréros. Elle et Méré sont sur la file, à gauche des autres. Dans ma famille, nous avons eu un chulo et un banderillo.

      Au fond, ce qui me sépare de ma femme, c’est que je suis un peu plus conservateur qu’elle, alors qu’elle, elle ne reconnaît aucun des pontes au pouvoir dans ce pays, qui font tous de la lèche et passaient leur temps à astiquer les bottes du nabot. Moi je suis révolutionnaire du coté d’un Bernardo Sandoval et de son «  Sendero luminoso », du coté de vraies idées, et plus ou moins socialiste. Elle, elle est plutôt socialiste, et convaincue que tous sont mauvais. Elle zappe dès qu’apparaît le visage de Sarkozy ou de l’un de ses amis sur le petit écran. Elle ne peut pas les voir ni les supporter. Moi je trouve que la république espagnole fait partie tout simplement du patrimoine espagnol. Albéniz était basque et espagnol, comme Manuel de Falla, Rodrigo ou Manolo Caracol. Il ne faut pas qu'une république en absorbe une autre.

      Ces gens, comme autrefois les socialistes et Mitterrand, mais à un moindre niveau en ce qui concerne ces derniers, nous ont fait passer du paradis à l’enfer. Le monde actuel n’offre aucune issue autre à la contestation que la lutte de classe ou la lutte armée. On ne peut pas être des deux cotés, c’est impossible. C’est d’ailleurs ce qui fait encore la force de l’église en Castille y Léon, sa dureté et sa durabilité, son intransigeance.

      Pourquoi avons-nous perdu tant de sens manuel et d’habitudes de travail ? Parce que nous sommes dans l’engineering, le process, le génie civil, les bureaux d’études, les métiers intellectuels. 

      Contrairement à ce que croient beaucoup de français, c’est souvent nous qui faisons presque tout dans ce pays. Notre civilisation est franque. Ceux qui vont de l’avant sont souvent les plus positifs, nous n’avons guère d’autres atouts dans le monde contemporain. Nos seules chances sont dans la cohésion des forces, et non dans leurs divisions.

      Alors j’ai parfois la nostalgie de l’atelier, de notre ancienne entreprise familiale, mais sans mon père il n’était plus vraiment possible de continuer. Ou alors, il aurait fallu que les commandes de tables et de meubles affluent, mais nous ne pouvions plus donner de garanties suffisantes aux clients. C’est une affaire de grandeur, d’envergure, d’entreprise, et lorsqu’il faut faire vivre jusqu’à 10 salariés, rien n’est jamais acquis ou facile, surtout à cause des charges. Le départ de Pédro a précipité les choses aussi, comme pour les autres.

      J’aurais voulu continuer, mais en vérité, je ne pouvais pas le réussir tout seul. Il m’aurait fallu au moins un employé ou deux. Alors il m’a fallu renoncer. En plus, Bernard a fait sauter l’installation et le compresseur en voulant passer du triphasé au biphasé. Peu à peu, la transition avec l’atelier paternel s’est délitée. Je ne pouvais pas continuer l’atelier seul, même si j’ai du faire une brocante ou deux avec Nina. Le rêve s’est peu à peu évanoui.

      Pedro a monté sa boite dans le midi, une société ou il s’est mis à travailler avec le vernis polyester. Ma mère a fait démolir l'atelier vétuste pour créer une salle de bains.

      Les arts traditionnels pour se perpétuer nécessitent une colonne vertébrale, et c’était mon père qui l’incarnait. Sans lui, plus rien ne pouvait tourner de la même façon. Il savait répondre et faire face aux exigences et aux demandes de la clientèle. Aujourd’hui, j’arrive tout juste à me remettre de cette époque révolue, puisque je travaille dans les bureaux d’études depuis une vingtaine d’année, mais parfois, un regain de nostalgie me gagne, des espoirs déçus, la grandeur passée, le prestige, les livraisons que nous faisions au Faubourg Saint-Antoine. J’ai du mal à oublier, je regrette cette époque ou je voyais mon père réaliser des merveilles et des décors fabuleux, inoubliables.

      Je crois, enfin j’ai essayé d’être le meilleur auxiliaire pour lui, je l’ai toujours soutenu, j’ai toujours été à ses cotés, et parfois il ne me faisait pas de cadeaux. Il lui arrivait d’avoir la critique acerbe.

    Il avait toujours un peu tendance à me mettre à part, sauf lorsqu’il avait besoin de moi. Il savait qu’il pouvait compter sur moi.

      Les évènements qui ont gagné le monde arabe depuis déjà quelques mois démontrent la vivacité et la détermination de la révolution et la terrible répression armée qui existe. Le majordome de Mme la baronne n'était pas loin du lieu ou Youssoupof assassina Raspoutine le jour de l'assassinat. La baronne Gousry de Roslan était riche, et savait utiliser son argent. Du moins tant qu’elle a tenu Frogères en Sologne, une fois partie à Bormes-les-Mimosas dans le Var, elle n’était plus qu’un légume. Sa fin de vie a été longue, car elle est morte très âgée, née avec le siècle et morte avec lui.

      Elle avait deux parentes plus ou moins proches et éloignées, les deux faisant partie de la noblesse, l’une dirige encore aujourd’hui un célèbre parc botanique ( Saint-Jean de Beauregard me semble t’il ), et l’autre qu’elle a peu connu s’était mariée à un hobereau allemand. Dieter et ma tante Gerda ainsi que leur fille Daniela vivent non loin du château ou elle a vécu, ou un de ses portraits orne un mur. Des fêtes villageoises ont eu lieu là. Encore une drôle de coïncidence.

     Ce majordome qui fut au service de la Baronne n'était pas loin des évènements, du lieu de l'assassinat de Raspoutine qui fut le prélude de la révolution bolchevique avec son douloureux et terrible cortège de 20 millions de morts. De la même façon, les révolutions, les mouvements de protestations, de contestation qui ont pu se développer ces derniers temps dans le monde arabe, entraînant déjà la chute de deux dirigeants importants, sont le résultats de décennies de tyrannie.

    On a pris le parti d'ignorer les problèmes des peuples, et voilà le résultat. C'est l'impasse et l'escalade dans l'horreur. Puissent les peuples entendre raison, et surtout les despotes véreux et multimilliardaires qui contrôlent cette partie du monde, depuis toujours et jusqu'à aujourd'hui, dans la répression et le sang des innocents.

      La Lybie a basculé dans la guerre civile il y a deux ans. Ce fut l’escalade dans l’horreur, avec des mercenaires venus du Libéria, des snipers, une répression atroce. De plus, la France est un des pays qui a déroulé le tapis rouge devant Khadafi depuis toujours, sans compter le scandale avec Michèle Alliot-Marie et son départ ainsi que celui de son compagnon, ministre comme elle. Ce pays est devenu non pas un berceau pour l’art et l’artisanat, mais un marchand de canons qui fait la courbette devant tout le monde. Ces vieux despotes ne veulent pas quitter le pouvoir. On en avait déjà eu l’écho lors des jeux de Barcelone, avec tous les anciens suppôts du régime nazi. Heureusement le conflit lybien a pris fin depuis avec la mort de Khadafi, qui en soit était un combattant de l'islam, même excentrique.

    J’aime la Catalogne, j’aime les catalans, mais il est difficile, voire impossible de comprendre comment des gens qui ont exterminé la moitié de l’Europe avec les nazis, rayé de la carte pour ainsi dire les pays baltes, participé aux plus grands massacres de masse de l’histoire de l’humanité ( dont ceux de Tréblinka à l'arme lourde ), ont pu réussir à s’accaparer les jeux et la direction du mouvement olympique durant un quart de siècle. Les documentaires sur Treblinka et sur les massacres dans les pays baltes sont indescriptibles, avec ces gibets de 40 mètres de haut qui s'étendaient à perte de vue. Il faut le voir pour le croire.

    Quel manque de réaction de la part de nos démocraties, quel fiasco. L'Espagne sombre depuis, et n'en finit plus de glisser vers l'abîme. C'est depuis cette époque, à la charnière des années 90, que j'ai définitivement perdu ma première petite amie, ma dulcinée du Toboso. L'Espagne nous a rejetté comme d'incapables combattants de l'ombre. Depuis, j'ai connu Hanifia, mais je souffre encore de n'avoir rien pu faire à l'époque. Nous sommes devenus des parias, avec les suffrages de toute l'Europe ligués contre nous, une Europe entièrement complice à nouveau comme dans les années 20, les années 30. Ma vie de fils d'immigré espagnol a basculé dans ces années là. Rien n'a ete possible à entreprendre qui puisse soulager le fardeau de l'Espagne. Elle s'est comportée comme après notre victoire en 1936, nous broyant méthodiquement et au fur et à mesure. " Habiamos ganado ", disait Maruja. " Lo téniamos todo ". Aujourd'hui, cette ex a deux filles, c'est fini pour moi. Le pouvoir nous a broyé, la faiblesse de nos moyens de réaction nous a mené vers la catastrophe. Le dilettantisme mène à l'impasse humaine.

      Même Louis-Napoléon III, qui a sorti des contre-réformes très dures, n’a pas sorti de contre-réforme aussi dure. Le problème en Espagne, c’est le suffrage européen et mondial, c’est que de telles contre-réformes puissent voir le jour. Ici on a affaire à un véritable assassinat par l’ignorance. Le monde entier s’est ligué contre nous. Et le monde entier paie les conséquences de la politique diffamatoire qui a été conduite contre nous depuis toujours. On demande un visa aux espagnols en Turquie, pas aux autres. Une telle contre-réforme va laisser des traces pendant des décennies, et les conséquences seront terribles sur le long terme. Non pas que je n'aime pas Barcelone, mais c'est aussi par là que la bourgeoisie s'accapare tout dans ce pays. Championnats d'europe ou du monde, Barcelone broie l'Espagne, la bourgeoisie s'accapare tout de la façon la plus anti-démocratique qui soit. Ce n'est pas l'Espagne qui décide, mais l'Europe qui dicte sa loi.

     Le seul moyen pour mettre un terme à une telle situation, c’est l’éducation, la prise de conscience des masses et du peuple lorsque ses intérêts vitaux sont en jeu. Sans réussir à faire prendre conscience au peuple que des dirigeants passés experts dans les massacres de masse sont devenus un danger pour la démocratie et son avenir, rien n’est possible. Envoyer des malheureux à l’abattoir ou au casse-pipe n’est pas non plus une bonne solution, c’est au plus haut niveau qu’il faut pouvoir intervenir, et tout cela ne peut se faire sans un minimum de crédibilité. Ce ne sont pas quelques originaux, quelques manifestants, qui peuvent faire changer les choses, il en faudrait des milliers, des millions. La pauvreté s'étend en Espagne, et les politiques publiques sont nulles. Cest la part consacrée au tertiaire qui a permit à la France d'éviter, de conscrire une évolution de cette nature.

      Et ou est-elle cette crédibilité lorsque je pense encore aux deux ans d’agonie passés en réanimation intensive à l’hôpital Bichat et auparavant à Gonesse et Stains par mon père ? Nulle part en réalité. Des mondes et des univers se succèdent les uns aux autres, sans que l’on ne puisse rien faire d’autre que rechercher à témoigner d’un passé glorieux. La fin de vie est une chose atroce et indescriptible. Est-ce que tout cela vaut vraiment le coup ?

       Je voudrais me relancer, peindre à nouveau, mais je dispose de peu de temps et de peu de moyens. Je ne veux pas faire de misérabilisme, et je garde bon espoir. Mais la vie est dure, le monde est devenu terrible, les temps ont changé, les hommes ne durent pas toujours.

      Depuis longtemps en France, on a porté Serge Gainzbourg au pinacle, surtout son ami Drucker. C’est vrai qu’il était un grand vulgarisateur musical, un immense artiste. Mais 70 % à 80 % de son répertoire provient d’Anton Dvorak et de quelques autres, Dvorak qui lui-même a réussi à synthétiser le répertoire traditionnel et folklorique tchèque, comme beaucoup de compositeurs issus des nationalismes en Europe, y puisant de nombreux leitmotiv. J’étais allé voir Gainzbourg en concert avec David. Il ne respectait pas trop ses musiciens, mais le concert était de toute beauté, une réussite musicale et poétique. Il est vrai que l’objectivité n’étouffe pas toujours les européens. D’autres grands groupes musicaux, comme Maluzerne, ont beaucoup apporté aux musiques traditionnelles et à la composition. Moi-même j’essaie de mettre au propre mes compositions.

      Les producteurs de Johnny Halliday ont également repris Dvorak, et une de ses symphonies, la symphonie du nouveau monde je crois. En réalité, les variétés empruntent souvent au classique, qui lui-même puise dans le répertoire populaire. Il est vrai en revanche que Gainzbourg reste un des seuls à avoir tenu la dragée haute aux anglo-saxons.

      Maruja, ma tante, était très amie avec Narciso Yepes, elle était depuis toujours très proche de lui. Ils étaient mêmes des amis intimes. Mon père m’avait emmené le voir à la salle Pleyel. Par contre, il avait refusé de l’emmener dans sa fourgonnette, sa fameuse fiat 238. Yepes l’avait mal pris et lui en avait tenu rigueur. Il m’avait par contre serré la main. Yepes aimait beaucoup les enfants, et donnait beaucoup de cours à des petits, un monument comme lui savait se mettre à la hauteur des enfants. J’ai également travaillé dans une maison musicale de jeunes ( MJC ) avec Pierre Bénichou et Jean-Paul Beqvort, qui l’ont connu aussi, ce sont des proches de Jorge Cardoso. Yepes a probablement été, au moins sur le plan arithmétique, algébrique, le plus grand qui soit. Seuls quelques uns, comme Lagoya et Ida Presti, Segovia, ses contemporains, ont été aussi importants. Siegfried Behrend également. J'ai connu et vu deux fois avec Hanifia Emmanuel Roessfelder, un élève de Lagoya.

      Le répertoire de Yepes est impressionnant, hallucinant même, comme celui de Ségovia. La guitare a 12 ou 24 cordes, qu’il s’était fait fabriquer, a été son gagne-pain durant toute sa vie. Lui et Maruja étaient très liés, ils ont même enregistré le Concerto d’Aranjuez sous la direction de Kurt Masur. Le disque de la RTVE, Maruja me l’avait offert, celui avec les violons en première partie, comme le voulait Joachim Rodrigo. J’ai toutefois préféré la version de Behrend sans les violons, qui n’est pas la version officielle, mais donne plus de mordant dès l'introduction. Mais je me souviendrais toujours du cadeau de Maruja, qui a pas mal enregistré avec lui.

     Moi j’ai beaucoup étudié le flamenco, notamment avec Andres Serrita, le fils de Serra et le fils spirituel de Jose-Antonio Sabicas. J’aurais souhaité jouer certains de ses chefs d’œuvre, comme «  Noche de Arabia », ou «  Mosaico tropical ». Il m’a juste manqué le temps. Lui comme son père ont travaillé avec Paco de Lucia. " El Pecino", mon premier professeur de flamenco, est comme lui d'Algéciras. Le parrain de David était de San Pédro de Alcantara, pas très loin de là. Il était chez lui une année.

     Aujourd’hui, j’aimerai en revenir à la musique moderne, au blues, au rythm’n blues et au rock and roll. Mais j’ai peu de temps. Je compose surtout du classique et du flamenco, et j’aimerai aussi sortir des bases qui sont les miennes et des sentiers battus. Si j’avais plus de moyens informatiques, je pourrais éditer mes partitions plus facilement. J’ai connu de grands groupes de rythm and blues, partis sur les traces de Clapton, notamment avec des amis d’enfance, Frédéric Roy, les Martin-Boileu. Ils ont même fini par faire des tournées aux Etats-Unis, Mustapha était le chanteur et le soliste. En Amérique, c’est beaucoup plus demandeur.

      Je ne voudrais pas trop critiquer Johnny Halliday, car il a vécu c’est vrai. Il a été un très grand artiste, notamment par ses passages vocaux, les accords et les passages harmoniques qu’il a toujours réussi. Mais il me semble aujourd’hui âgé, il ne dispose plus de tous ses moyens. Témoin sa grogne contre les producteurs. Il s’aigri. Je l’ai toutefois vu dans le concert qu’il avait fait pour la mairie de Paris, celui qui a suscité des remous par son cachet trop consistant au goût de certains.

      Ingo a vu Eddy Mitchell en concert, moi j’ai eu l’occasion de voir Jacques Higelin, qui a beaucoup fait pour le spectacle, avec quantité de trucages et d’effets de scène, d’accessoires. Higelin est un huguenot, un grand artiste de troupe. Ingo n’aime pas Johnny, mais plutôt Elvis, Eddy Cochran, Gene Vincent et les autres grands du rock. Avec David j’ai eu l’occasion entre autres de voir les Dogs, un des plus grands groupes de rock français, avec notamment ce soliste incroyable qu’ils ont. Angelito, David et moi avions vu Foreigner aux arènes de Fréjus. Avec David j’ai aussi eu l’occasion de voir Bashung, Rita Mitsouko, the Damned bien d’autres.

      La carrière de taxi de David s’est mal terminée. Lui qui a transporté Gérard Oury, Michèle Morgan, que mon père était allé voir dans une de ses dernières pièces de théâtre. Elle s’appelait je crois «  Mon dernier amour sera pour vous ». Il était allé la voir à la fin de la pièce. Michèle Morgan est une très grande actrice, une des plus grandes actrices françaises avec Suzanne Flon. Sa famille a eu des problèmes avec la drogue. Mon père était fou d'elle.

      David vivait mal, il avait quelques problèmes d’argent ponctuels. Son mal vivre n’a fait qu’empirer lorsqu’il s’était séparé de Laurence, son amie. Et puis, la maladie terrible de mon frère aîné n’a rien arrangé. J’aurais bien voulu pouvoir faire face, mais moi-même j’avais des problèmes de moyens. Il s’était de plus en plus aigri, il était devenu de plus en plus violent. Et puis il a perdu son emploi avec les taxis parisiens. Le décès de mon père a pesé aussi. En plus, il avait des problèmes avec toutes sortes de gens. Je n’ai pas su le tirer de là. C’est comme pour Rémi Martin-Boileu, un ami d’enfance, qui a perdu son fils dans un accident de voiture. On ne sait plus quoi faire. On ne sait plus comment faire. Le monde entier vous tombe dessus.

      Le monde est ce qu’il est. La vie ne nous fait pas de cadeau. Moi j’ai sans doute su relativiser un peu mieux, surmonter mes échecs et les drames de ma vie. Et puis j’ai connu Hanifia. Elle était repassée à nouveau chez Julien Lepers à Question pour un champion ( 2008 et 2011 ). Elle a perdu face à un adversaire méritant et très brillant, et on a pu la voir à la télévision en septembre 2011. Elle avait gagné avec une amie je crois dans l’émission «  Motus ». Je l’avais accompagnée. On avait mangé au grec en face des studios. Elle s'entraîne d'ailleurs pour repasser à Motus.

      Maintenant chez Lepers, il y a une cantine. Elle a échoué plusieurs fois au CAPES, elle a un très bon niveau et une très grande culture générale, beaucoup de connaissances. J’ai bon espoir. Elle connait presque tout sur la littérature et l’ancien français. Hanifia possède beaucoup de connaissances et dispose d’une solide culture générale. Pourvu qu’elle gagne à nouveau. Hier elle a passé les tests pour se présenter un troisième fois à Question pour un champion.

      Me mère voyage beaucoup depuis la mort de mon père. Elle s’est rendue dans au moins 8 pays éloignés. A Saint-Petersbourg et à Moscou, en Russie, à Königsberg, capitale de l’ancienne Prusse Orientale, en Pologne par ou elle est passée.

      A Saint-Pétersbourg elle n’a eu que deux jours pour visiter l’Hermitage, qui est un peu depuis toujours en concurrence avec le Louvre. L’Hermitage est en réalité plus grand, même si le Louvre a été agrandi, j’ai d’ailleurs travaillé à son extension, pour la tour carrée. L’Hermitage rassemble en revanche beaucoup plus d’objets, surtout par leur densité. Il faudrait au minimum une semaine pour le visiter, et encore, seulement en partie. Il dispose de réserves au moins aussi considérables que le Louvre.

      Je l'avait emmenée à l'aéroport avec Angelines ( Illan), elle est allée à Antalya en Turquie ou elle s’est déjà rendue trois fois, ou elle a visité cette fois-ci la Capadocce. Elle est allée à Dubrovnik en Croacie après la fin de la guerre, en Egypte, à Rome ou elle a pu voir les richesses incroyables amassées par le vatican, la basilique Saint-Pierre et la sixtine. Elle est allée aussi au Maroc, comme Ingo.

      Elle a beaucoup voyagé et connait bien le monde. Elle projette de faire un autre voyage en Prusse Orientale, ou elle est née, à Momehnen et Gerdauen-Neuendorf, villes qui sont aujourd’hui en Pologne et en Russie. Elle est née à Gerdauen.

      Tout ce tumulte a contribué à m’éloigner de la peinture et des arts traditionnels, mais a aussi apporté sa pointe de modernité. Et puis c’est une ouverture sur le monde, car pour ma part j’ai peu voyagé, je ne me suis rendu qu’une fois chez ma belle famille en Algérie.

      J’aimerais bien un jour voir l’Amérique du Sud, ou les caraïbes, mais je regrette vraiment de ne pas avoir pu aller avec elle. Peut-être un jour si j’atteins la retraite. J’aimerai voir Berlin et faire le voyage de Prusse Orientale, ou rendre visite à ma famille de Dresde. Enfin et pourquoi pas, faire un jour le voyage en terre Sainte.

    Berthe Mann n’a pas voulu aller en Turquie avec Angelines et Christa en raison des problèmes entre la Turquie et Israël. Elle a peur. Elle nous a offert un fauteuil. Elle a longtemps travaillé à la Cooper avec ma mère. C'est elle qui s'occupait de la fermeture.

      La montée dans les sondages du Front National n’arrange pas les choses non plus. Les gens veulent-ils vraiment sortir de l’euro ? En tous les cas ils devraient méditer sur cette question. Lorsqu’on a la monnaie la plus puissante du monde, il ne s’agit pas de tourner le dos à l’Europe. Les américains sont trop contents de cette situation. Et ils ne sont pas les seuls.

      La FED avait provoqué le krach de 29 aux Etats-Unis, je ne rentrerai pas dans les détails, Hitler avait d’ailleurs réussi à embobiner tout le monde en arrivant au pouvoir juste au moment de la déflation, puis il y a eu la crise de 1996 avec les subprimes. A chaque fois tout cela a mené à des conflits mondiaux. Cette fois-ci, il se pourrait que les choses se passent de la même façon. Les témoins virent au rouge.

      La situation est très difficile. J’ai travaillé dernièrement comme chargé d’affaires. Il y a quelques années je m’étais rendu sur un chantier boulevard Haussmann, et c’est sur ce même boulevard d’ailleurs que Jean Sorel, qui est très riche et passait voir sa femme tous les jours sur le lieu de travail d’Hanifia, possède un immeuble particulier également. Nous sommes passés par là pour voir l’exposition sur les Romanov à la pinacothèque de Paris, derrière la Madeleine.

      L’exposition, qui rassemblait des collections privée, était assez petite et comprenait relativement peu de tableaux, mais notamment toutefois un portrait de vieillard de Rembrandt, un autre visage de vieillard de Tiepolo, quelques toiles de maîtres espagnols, dont Ribera, Alonso Cano, Murillo, des hollandais, des italiens, des Courbet, des Derain, et tant d’autres.

      Si la nature a peur du vide, et cette phrase résume à elle seule tout ce qu’il peut y avoir de consistant dans l’œuvre de mon père, je dois dire que les tableaux de l’Hermitage ( pas l'église La Hermita de toro, mais l'Hermitage de Saint-Pétersbourg ), qu’il rêvait de voir un jour, sont de somptueux chefs-d’œuvre, et ceux de l’exposition à la pinacothèque n’en étaient qu’une infime partie, du reste cette exposition ne comprenait que relativement peu de toiles.

      Le terrible tremblement de terre au Japon, suivi d’un effroyable tsunami qui a rayé des villes de la carte, sans compter les problèmes encore pires avec l’explosion de plusieurs réacteurs nucléaires, démontre encore à quel point la nature à horreur du vide. Moi-même je suis pris de vertige devant la force et la puissance de la nature, nous ne sommes que d’insignifiants fétus de paille. Les conséquences seront très graves.

      Si les juifs ne sont plus que 13 millions sur terre, il faut savoir qu'Hitachi, avec qui j’ai travaillé et qui fabrique aussi des refroidisseurs dans le nucléaire, est en fait dès l'origine une entreprise familiale et paternaliste, pas une entreprise d'état, mais privée. Cela souligne l'ampleur du problème dans l'approche des enjeux nucléaires.

      Le nucléaire devrait plutôt être confié à des entreprises nationalisées, avec une commission consultative et des organes représentatifs. Le problème du refroidissement est qu'il faut au moins un ou deux systèmes de secours, si ce n'est plus.

      Aujourd'hui on le voit de plus en plus, la situation est terriblement difficile. Une collègue d'Hanifia a perdu son frère, un jeune agent de police en Cote d'Ivoire. Il est tombé dans une embuscade tendue par les rebelles. Elle est venue travailler et on le lui a soudain annoncé. Elle à du revenir encore d'ailleurs.

      Quant aux catastrophes nucléaires au Japon, aux guerres civiles en Lybie et en Cote d’ivoire, elles nous mènent de plus en plus vers l’abîme. Les écologistes marquent des points. Il faut une alternative au nucléaire. Est-ce qu’elle viendra d’une meilleure gestion de la force marée motrice ? D’autres découvertes ? On ne le sait pas pour l’instant, mais on sait que le nucléaire peut-être très dangereux entre autres combiné à des catastrophes naturelles. Sa gestion humaine et technique est en cause. De la même façon je ne suis pas parvenu à gérer la situation avec David. J'ai travaillé avec un directeur commercial qui avait 35 ans d'expérience dans le traçage électrique, dans l'agro-alimentaire, l'industrie, le nucléaire. j'étais tenu au secret, comme ailleurs ensuite.

      L'an passé déjà, j’avais eu la chance de passer une semaine à Guardamar del segura, dans le Valencian, et une autre à Toro. J’étais très ému de revoir Toro, qui n’a pas beaucoup changé. Depuis Guardamar, nous sommes remontés à Alicante, et après avoir pu admirer ses murailles, nous sommes également descendus sur Carthagène, ou nous avons pu voir l’amphithéâtre romain et les splendides balcons de la ville.

      A Toro, nous avons notamment visité le monastère de Sancti Spiritus, les arènes, les églises, les couvents, la Colegiata, la Hermita, le Téjar, notre propriété, et d’autres endroits. Nous sommes descendus en Espagne par la Catalogne, et nous sommes remontés par le pays basque et les landes. Quelle émotion en revoyant Toro, ou Mere possède un appartement dans une rue qui donne sur la Colegiata. De là, nous sommes allés avec Angelito à Zamora, puis à Tordesillas.

    Les vues sur Pelléas et Valdefinjas depuis Toro, d’oû sont les ancêtres de mon père, sont magnifiques.

      Mere possède un splendide tableau de mon père, une représentation avec Joseph, et Marie lui présentant l’enfant Jésus. Le couvent de Sancti Spiritus est à deux ou trois rues de chez Mere. Une sœur nous a accueilli, et une dame qui était au consitoire avec Juan Basi, le frère d’Ambrosito et l’autre fils d’Atilana, sa sœur, nous a fait visiter le monastère et ses admirables tableaux.

     Doña Beatriz de Portugal, la femme de Juan primero, repose là. Sur le dessus, sa couronne est éloignée de sa tête, car elle avait perdu la guerre de succession du Portugal. Elle a été reine d’Espagne 8 jours je crois. Sur le flanc, «  las descalzas » lui ont mis la couronne sur sa tête, car elles la considéraient encore reine du Portugal.

      Il y a des merveilles dans ce couvent, dont un olivier de plus de 800 ans, des œuvres exceptionnelles de l’art médiéval espagnol et flamand. Toro est aussi la ville des deux filles du Cid Campeador, dont Léonor, qui habitait à deux rues de chez Mere, ma tante. La maison du Cid se trouve à Zamora, nous l’avons vue aussi.

      Lorsque nous sommes descendus à la Hermita, Ambrosito y était avec ses amis. Angelito nous a également fait visiter l’ancien bastion des rois d’Espagne, et un endroit ou se trouvent aujourd’hui des associations «  Conde » je ne sais plus quoi, Marquina, quelque chose comme ça. Des piliers et une marquetterie en bois ont été refaits sur trois étages.

      A guardamar, Mere et Javi ont un appartement, les reste de la famille aussi, Ramon a aussi un appartement. Je voulais voir Victoria, la petite sœur de Noël. Ma mère est allée cette année, en 2012, au mariage de Michaël, le fils de Ramon ( ramonin pour nous ), celui qui tient un garage à Bagnolet.

      J’ai lu le livre d’Allen Carr pour arrêter de fumer sur les plages de Guardamar. Le parc Alphonse ( X ou XII je crois ) qui donne sur la plage est remarquable, avec ses paons et leur cris d’amour, ses écureuils, ses tortues, ses canards et ses oies.

      En vérité nous sommes allés de Guardamar à Toro en remontant par Madrid, et en passant l’Escorial et el Valle de los caïdos, puis en passant la province de Ségovie et celle il me semble d’Avila. Avec mon père, nous faisions souvent halte à Tordesillas ou Villanueva del Campo, mais pas cette fois-ci. Nous y sommes allés après notre arrivée.

      La vue principale de Toro sur la plaine du Duero est toujours aussi majestueuse, et le pont romain que nous avons traversé est aussi une merveille. Une grosse couleuvre nous attendait à notre arrivée au Téjar, elle se dorait au soleil, comme pour nous souhaiter la bienvenue.

     Hanifia avait enregistré à «  Question pour un champion », je l’avait accompagnée à la plaine du Landy, non loin du stade de France, ou le maquilleur et le coiffeur l’a reçu. Elle a concouru dans l’après-midi, et l’émission est passée vers le 9 septembre 2011 ou quelque chose comme ça.

      Depuis mon retour d’Espagne, j’ai suivi l’actualité, le printemps arabe, et si Hanifia est très à gauche, j’ai toutefois peur de la difficulté qui attend ces peuples pour se prendre en main et en charge, la tâche est redoutable, et l’on peut craindre des contre-révolutions ou des contre-réformes. Jusqu’à présent, on a surtout assisté à un bain de sang, et chaque camp s’ignore et se combat.

      Pour ma part, j’étais particulièrement ému de revoir mon pays, et de pouvoir me recueillir devant le caveau familial et la tombe de Vicente, mon oncle et le mari de Mere, de revoir Javier et Angelito, mes cousins, sans compter les enfants de Javier.

      Je voudrais bien que le monde soit plus facile, que le travail, la paix soient accessibles à tous, et le mouvement des indignés est aussi celui de gens qui demandent du travail. L’Espagne compte 20% de chômeurs contre 9% en France.

      Angelito, qui est le plus illuminé de nous tous, est celui qui soutient le plus ce mouvement, qui était très actif à Zamora, des tentes se sont montées sur la place.

      Ce que veulent «  Los indignados », c’est faire bouger les lignes, là ou le parti communiste se chargeait de le faire auparavant. Aujourd’hui, il n’existe plus, alors il fallait une alternative, d’autres formes de contestation.

      Certes, il faudrait plus de solidarité, mais les états de droit réagissent aussi. Chaque pays veut pouvoir assurer la sécurité et le droit public. Mais il faut reconnaitre que seule la mobilisation peut permettre d’assurer de nouvelles conquêtes sociales.

      Revoir Toro, la ville natale de mon père, m’a comme revigoré, quelle émotion en franchissant le premier arc de la ville, et en atteignant el Arco del Reloj. Nous avons pris sur la gauche une fois arrivés à sa hauteur pour contourner l’avenue principale et aller chez Mere. Ville légendaire, berceau de la chrétienté en Espagne, ville qui représente tant pour le pays. Doña Pilar de Borbon a inauguré les travaux de rénovation de la Colegiata, qui sont en cours. Mon père a tellement peint dans cette ville et aux alentours. Puisse son souvenir nous guider dans nos orientations futures, devenues tellement difficiles par les temps qui courent.

      Nous nous sommes promenés dans Toro, par exemple depuis el Arco del Reloj à l’autre passage, Manolita, une amie de tia Angelita, vivait dans cette rue.

      Dans les bars, on entendait les clameurs dues à la victoire du barça en coupe d’Europe. La vieille Espagne est vivante, et plus que jamais.

      Esperanza, le guide qui nous a fait visiter les arènes, était une « toresana » typique de la région, avec ce parler espagnol si particulier et si charmant. J’ai posé avec un groupe à la sortie les arènes. Nous avons revu Esperanza près de la Colegiata, à la sortie du musée qui se trouve sur la rue principale de l’Arco del Reloj. Comme la dame connaissait Angelito, elle nous a laissé visiter le musée gratuitement.

      Il y a quelques années, nous sommes allés voir «  Le chat du rabbin », un film tiré d’une bande-dessinée, avec une musique d’Enrico Macias. Je n’ai pas pu voir l’exposition Manet, mais j’ai vu celle de la mairie de Paris, et celle de Giverny.

      Ingo était rentré de Chine, ou il a visité à nouveau Pekin et est allé à Wu Deng mille km plus au sud, Wu Deng berceau des arts inter ( Thai Chi, Chi Kong etc … ). Il est revenu avec des nouvelles intéressantes. Les chinois travaillent artisanalement le cuivre et le peignent en divers coloris, seul l’intérieur des objets n’est pas étanche.

     Tout de même, la Chine a été occupée par les mongols jusqu’en 1920. Il est revenu avec le petit livre de citations rouge de Mao Tse Toung. Je tacherai de le lire une bonne fois pour toutes.

      J’ai lu le livre de Patrick Süskind «  La parfum », que j’ai trouvé pas mal, j'ai lu aussi «  le Prince », de Machiavel. Hanifia était passée à la télévision vers le 8 ou le 9 septembre, après avoir enregistré à «  Questions pour un champion ». Elle a donc perdu face à un candidat il faut le dire aussi particulièrement brillant.

      J’ai réalisé la clim de l’ambassade du Burkina Faso il y a quelques années, j'avais faite celle des Etats-Unis il y a de longue années. 

      Finalement, Hanifia est passée à Questions pour un champion le 8 septembre 2011, et elle a atteint la finale comme en 2003. Son vainqueur, très brillant, était encore en lice. Elle va peut-être repasser à Motus, ou elle avait gagné avec une amie.

      Le 11 septembre est notre date anniversaire de mariage, puisque nous nous sommes mariés un an avant les attentats du Worl Trade Center. José-Mari, qui s’était fait opérer, avait eu un accident avec un loup aux environs de Barcelone. Il ne restait rien de la voiture et du loup, mais il en est sorti lui indemne. Par contre il est malade et les nouvelles de sa santé sont plutôt mauvaises.

      Le dimanche 11 septembre 2011 l’ambassadeur d’Allemagne avait fait un discours à l’église allemande. Ma mère y était et je devais y aller, mais finalement je n’y suis pas allé. Il a ete remplacé par une femme depuis.

      Finalement, Michel, le vainqueur d’Hanifia a gagné ensuite 5 fois et fait tomber la cagnotte. Il a dit au sujet d’Hanifia qu’il a failli se faire grignoter. Elle a réalisé une belle remontée face à lui et aura été un des ses plus sérieux adversaires.

      Hanifia était passée à Motus le 6 octobre. Elle a gagné 500 Euros. Nous étions allés voir le film "un cochon pour Gaza" qui est une remarquable parodie humoristique des relations israëlo palestiniennes. Nous avons depuis obtenu le crédit pour notre pavillon, enfin pour y faire les travaux nécessaires. Depuis, Hanifia est passée chez Slam, ou elle m'a un peu chambré, et ou le jeune animateur Cyril ( ou Damien ) Feraud s'est un peu moqué de moi, en me parodiant sous la forme d'un canard qui se noit dans une bouée et appelle sa femme à l'aide. Hanifia est en effet une très bonne nageuse, je lui ai appris et elle m'a dépassé au papillon. Mais le médecin m'a déconseillé la piscine en raison d'une arthrite, depuis je fais aussi un peu d'acide urique, ce qui n'arrange rien.

      Je suis rentré il y a quelques mois d'un week-end thalasso avec Hanifia à Saint-Malo. Ma mère séjourne actuellement à Toro, chez Mere. Plus tard elle doit aller à Cologne et faire un voyage en Israël. J'ai donc fini il y a un mois et demi une mission dans un des plus grands centres de recherche en mécanique de l'hexagone, depuis j'ai fait un bref passage chez Bouygues. Je suis horrifié parce qu'il se passe en Egypte et en Syrie. En raison des massacres, dont ceux de Houla, certains ambassadeurs ou diplomates ont ete déclarés persona non grata par l'ex-gouvernement. C'est aussi un problème du point de vue du droit international et de la tradition républicaine dans ce pays. L'usage des armes chimiques contre les populations et les enfants est une atrocité.

     Dans l'existentialisme de Sartre " Vous faites des choix ", c'est le teneur philosophique de la théorie sartrienne. Je dirais aussi, vous faites, vous êtes face à des évènements successifs et espacés dans le temps qui se présentent à vous, et vous ne pouvez les aborder que de manière passive, soit en les ignorant, ou soit en tentant d'être actif, d'être un acteur engagé, et ainsi de tenter d'influer sur le cours des évènements. L'autre partie de la théorie est plutôt que les évènements se présentent indépendamment de votre volonté, au cours de votre vie. A vous de pouvoir réagir, ou au contraire de subir ces évènements. Les évènements se multiplient les uns après les autres, et vous êtes pris dans ces feux croisés.

      Le père de l'actuel dictateur syrien semblait, ou donnait l'impression d'être un homme habile et avisé, voire sain d'esprit. Mais sa disparition faustienne a précipité le pays dans le chaos d'une alternance confisquée, d'une succession ratée, dans l'abîme le plus profond, le désordre et l'horreur de la guerre civile. Le " choix " a ete mauvais, Sartre était décidément un petit-bourgeois, mais aussi un visionnaire implacable.


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