• Psy - 3 - français

     

     

     Photo avec Sandra, la petite fille de Pepe Perez, le frère aîné de Pédro Perez, dont
    il était le parrain.

     

     

     

    Manuel Diez Matilla : un destin oublié 

     

     

     

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

    3ème partie

     

     

    Refonte au 8 décembre 2012 

    Par Christian Diez Axnick

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Touche avec la sueur,

    Toi prudent et avec amour.

     

     

     

     

     

     

     Mon père avait fait le salon des indépendants avec Prudencio Salvador Asencio, un
    surréaliste catalan. Celui-ci était de la famille de Micaela Asencio, la bonne
    de mon curé de baptême, le R.P. Don Primitivo Belver, un de ses proches amis,
    comme l’était le père Charnin à Montmartre, un suisse.

     J’avais passé une quinzaine de jours avec eux un an avant les jeux olympiques de
    Barcelone et nous avions visité la catalogne. La bonne du curé comme disait mon
    père, en référence à la chanson d’Anny Cordy qui le faisait tant rire. Depuis
    la mort de Primi, je l’ai appelée, l’évêché lui a versé une somme d’argent dont
    elle aurait pu ne rien toucher si elle avait laissé les choses continuer ainsi.
    Tout a failli lui passer sous le nez. Elle m’a dit que mon père était « un
    padrazo », et il est vrai qu’il était assez possessif avec ses fils. Micaela a
    toujours été une femme très drôle, dotée d’un fort sens de l’humour.

     

    Ce tableau de Prudencio préfigure t’il la disparition de Primitivo ? Une créature
    avec un squelette de sardine asséchée sur le désert aride et sec?

    Sans doute.

     

     

    Et celui-ci n’est pas sans rappeler le sacerdoce et le service religieux, avec quelques
    allusions à la Pâque.

     

     

     

    Celui-ci est très intéressant, avec ces trois bonshommes devant un miroir déformé, sur
    un damier. Le temps se dilate et se déforme, jusqu’à l’espace au loin. Le
    miroir a trois reflets, les personnages se dupliquant, avec une espèce de paon
    derrière eux.

     

     

     

    Celui-ci traite à nouveau l’espace ou la nature survit et se débat comme elle peut. Le
    suivant évoque le temps, la musique et la déformation temporo-spatiale.

     

     

     

     

     

     

     

     
    Le tableau ci-dessus est davantage d’inspiration ibérique et guerrière. Le
    suivant est une espèce d’allégorie de la liberté.

     

     

     

     
    Je dois le dire, la Catalogne est une très belle région ou j’avais conseillé à
    mon père de venir peindre. Primi et Micaela m’ont fait visiter une splendide villa
    que leur propriétaire leur avait donnée à garder.

      
    La vue depuis le  haut sur la terrasse était extraordinaire, et j’ai dormi
    dans un lit fabuleux, un lit Wiking, une pièce en bois superbe et majestueuse,
    solide et massive, une véritable merveille d’ébénisterie. La villa était
    magnifique, un joyau comme on n’en trouve qu’à Sitges, à deux pas de la plage.

      
    J’ai beaucoup souffert lorsque les catalans de Samaranch et Maragall ont obtenu
    les jeux dans l’indifférence générale, eux qui ont exterminé la moitié de
    l’Europe avec les nazis, rayé de la carte les états Baltes, participant ainsi
    aux plus grands massacres de masse de l’histoire de l’humanité comme je l’ai
    déjà dit dans le manuel d’introduction. Je me serais satisfait de quelques
    manifestants dans la rue, la ou des milliers seraient nécessaire pour que
    l’Europe démocratique se réveille enfin. Pas un chat dans les rues, quelle
    déception, quelle honte pour le pluralisme et la lutte des classes.

     
    Lorsque j’étais à la fac en 1983, nous avons eu 6 mois de grève des
    conférenciers, alors que les militants d’extrême gauche de l’UNEF prenaient
    1H30 sur 2H00 de conférence, 3 mois de grève de l’administration, 8 facs venues
    manifester à Paris, sans compter les vols d’U.V., l’échec pour la 20ème année
    consécutive de la réforme universitaire. Le drame de la gauche, c’est de ne pas
    savoir cadrer en fonction de ses objectifs. Quelque chose est bancal,
    asymétrique, deux poids deux mesures comme à droite. Tout cela m’a obligé à
    quitter l’université pour l’armée.

    Aujourd’hui, rien ne va non plus, rien n’a évolué faute de prise de conscience.

    Les réformes ont toujours échoué systématiquement. Ma mère va à la Sorbonne en auditeur
    libre par contre.

    Je dois dire, car beaucoup de gens dans ma famille étaient et sont plutôt socialiste
    ( Maruja, David ) que j’ai tout de même une assez bonne opinion de Mr Lionel
    Jospin. Ingo avait été invité à un banquet du coté de Tours je crois. Ils
    étaient quelque uns à table. Lorsque j’étais arrivé à Paris IV pour m’inscrire
    à Paris I, j’étais tombé sur lui en 1983, et lui avait demandé ma route en
    quelque sorte. Jospin m’avait renseigné. C’est un brave homme, intelligent. Son
    échec à la présidentielle n’est pas le reflet de ses grandes qualités humaines.
    Un de mes anciens camarades de classes l’a eu comme conférencier plusieurs
    années. Il avait été pris à partie en Palestine, come Michèle Alliot-Marie il y
    a quelques années. Mais globalement, Lionel Jospin a su apporter sa modération
    aux forces de gauche.

     
    Heureusement, j’ai fait ce voyage à l’invitation de Primi un an avant les jeux.
    J’étais pour un boycott clair et net, mais on ne nous a pas laissé nous
    exprimer. Mon séjour en Catalogne fût inoubliable, à Barcelone, à Tarragone, à
    Sitges, sur la côte. Le musée Dali est magnifique.

    La tapisserie de la Création à Gérone est une pièce unique.

     

     

     

     

     

     

     
    André Serrita, mon ancien professeur de flamenco, un proche de Sabicas, est né
    dans le quartier gitan de Barcelone, le quartier le plus pauvre. Sabicas est un
    des plus grands flamenquiste de l'histoire, avec Carlos et Ramon Montoya,
    Escudéro, Paco de Lucia, ou encore aujourd'hui Vicente Amigo. Le père d'Andrés
    était aussi un grand guitariste de classique et de flamenco.

     
    Ce voyage est le dernier que j’ai fait en Espagne ou j’ai eu l’occasion d’être
    avec Primi, après je suis allé à Toro en 2011. Et puis lorsque l’on voit
    comment Sarkozy a vainement tenté de piller notre patrimoine national, il faut
    se rendre à l’évidence, nous sommes sur la défensive dans un monde instable aux
    lendemains incertains.

    Il procède avec un mode opératoire qui consiste à débaucher les gens, notamment
    les gens qui se disent de gauche, ou des gens immondes, traîtres et parvenus
    comme Séguéla, toute cette cohorte de lèche-bottes.

      
    J’aurais bien fait une année de plus avec Yvette Taborin à Paris I Tolbiac,
    mais le vol de mes U.V. m’a dissuadé de continuer l’archéologie et l’histoire
    dans une université ou régnait l’anarchie la plus complète. C’est une des
    dernières intellectuelles communiste, marxiste, la dernière a avoir connus les
    plus grands théoriciens russes, français du communisme, doctrine venue
    d’Allemagne, puisque Marx était un baron allemand. Mais les russes ont fait
    encore plus fort théoriquement. C’était aussi une grande préhistorienne et
    traumatologue.

    J’irais presque jusqu’à dire qu’après Sartre et Simone de Beauvoir, elle est la
    dernière des intellectuelles de gauche qui ait eu sa chaire de conférencière, a
    avoir influencé les gens de gauche.

     
    Le salon des indépendants, que mon père fit avec Prudencio, car à l’époque il
    voulait que je l’aide à vendre en France, il avait déjà fait des salons
    prestigieux et ses œuvre étaient cotées, fut il faut bien le dire un échec.
    Personne ne fit attention à nous, pourtant l’œuvre de Pruden est remarquable.
    L’expédition que nous fîmes ne connut aucun succès. Il est vrai aussi que mon
    père n’y exposât que des toiles de petite facture. La vue que nous avions sur
    les champs de M. Lemoine à l’époque ou les promoteurs n’étaient pas encore venus.
    Depuis ils ont construit devant chez nous. Avant, il y avait des champs partout
    autour. Il avait amené également des vues du musée Cortot qui a vu passer tant
    de peintres.

     
    Renoir est le premier d’entre eux à s’être installé au 12 rue Cortot. Mon père
    n’appréciait pas sa peinture. J’habite aujourd’hui rue de Strasbourg à
    Arnouville.

     
    Utrillo y a vécu aussi. Parfois, ivre, il jetait ses pinceaux sur les passants.
    Sa mère, Suzanne Valadon, y est venue aussi. Elle était du Limousin comme
    Renoir.

     Beaucoup d’autres y sont venus, presque tous les impressionnistes, dont Van Gogh,
    Cézanne.

    Il n’y a pas un seul numéro de la rue Lepic à Montmartre ou des célébrités n’aient
    pas habité.

    Un soir, nous avons failli aller voir Dalida, mais nous n’avons pas osé.

     
    Je dus monter les tableaux sur le toit de ma voiture et emmener tout le
    chargement, Prudencio avait mis et placé ses toiles dans de petits coffrets en
    bois qu’il avait confectionné.

    Le voyage fût difficile. Mon père était particulièrement coléreux. C’était une des
    dernières chances pour lui. Le voyage de la dernière chance.

     Beaucoup rêvent des indépendants, mais seules les célébrités s’en sortent
    financièrement.

    Ou encore tout au plus quelques contestataires, quelques artistes modernes,
    anticonformistes, surprennent et vendent. Pour cela ils bénéficient de tout un
    réseau commercial et de clients assurés et fidélisés.

     

     

      
    C’est la dure loi du marché de l’art. Ce sont des hommes d’affaires américains
    et des journalistes allemands qui ont lancé Picasso, à ses débuts lorsqu’il
    faisait pas mal d’eaux-fortes. Le marché de l’art a ses codes. Moi j’ai fini
    par aimer Picasso, notamment sa superbe toile «  Massacres en Corée » qui
    se trouve au musée Picasso de Paris. C’est une œuvre réellement engagée, qui montre
    l’anonymat des tueries, la dérision qui accompagne les droits de l’homme. Il
    s’est beaucoup lancé en France aussi, au bateau-lavoir. C’est là qu’il a peint
    les demoiselles d’Avignon et Guernica je crois qui se trouve aujourd’hui à
    Madrid.

     
    Prudencio, vous l’aurez remarqué, se trouve en tant que catalan naturellement
    influencé par Dali. Certaines de ses toiles surréalistes portent des numéros,
    des chiffres, comme le chiffre 7.

    Les chiffres ont une place et une signification prépondérante. Dali est vraiment un
    monument du surréalisme, comme mon père est un monument des paysages aquatiques
    et floraux cellulosiques, ou des ocres et des gris dans la peinture à l’huile.

     

     

          
    ( détail du tapis de la création )

     

     
    La peinture de Dali est une peinture propre, illuminée, ou le sujet occupe une
    place prépondérante. Comme je l’ai dit, mon père a passé les trois dernières
    années de ce qui fût sa carrière au musée Cortot, dont il haïssait le
    directeur, Mr Charpentier, qui ne lui avait versé que la moitié de son salaire
    en trois ans.

     
    Il a fini par avoir gain de cause en justice, au terme de deux ou trois ans de
    procédure.

    Charpentier s’est payé le luxe de se faire inviter à l’époque sur le petit écran, à la
    télévision, ou il a présenté l’enseigne du Lapin Agile. C’était les années de
    plombs, les années Mitterrand, les années ou Thierry Paulin terrorisait le
    quartier, les pires années qui soient.

    Mon père lui a collé toute une série de recommandés, d’avocats, de témoins,
    d’huissiers.

     
    Aujourd’hui, nous sommes en quelque sorte dans l’extrême inverse, les gens sont
    décontenancés, ils ne savent plus à quel saint se vouer. Sarkozy verrouille les
    médias, débauche les opposants à tour de rôle, le système est cadenassé.

     
    C’est ce verrou qu’il faudra faire sauter le moment venu. Trop de gens le
    trouvent intelligent, alors qu’il est le représentant d’un des pires systèmes
    de pensée, d’un des pires nationalismes d’Europe. Le sortir de là sera très
    difficile, et je ne sais pas encore si je pourrais mener ce combat.

     
    Il faut une solution de rechange, une stratégie globale, la volonté d’en finir
    avec le système actuel. Pour cela, la gauche doit à la fois savoir pardonner et
    savoir réorienter ses idées.

    Elle doit se remettre en question.

     
    Comment se fait-il qu’un peintre comme mon père, dont la production représente
    des milliers de toiles à l’huile, de pastels, d’acryliques, de tables, de
    meubles, de paravents, sans compter ce qu’il fabriquait avec l’argile du Téjar,
    comment peut-il se faire que la société l’ait abandonné, comme elle a abandonné
    David, comment peut-on en arriver là ?

     
    C’est une vraie question qu’il faut avoir le courage de poser. Si l’on veut un
    jour repartir sur des bases saines, il faut résoudre ces questions. Il faut un
    accompagnement, que des investisseurs fassent quelque chose, et non les
    profiteurs, les spéculateurs, les hommes d’affaires et les commerciaux sans
    scrupules.

     

     

     ( autre détail du tapis de la création )

     

     

     

     
    Nous vivons dans un monde ou les gens sont divisés, séparés par leurs idées et
    leurs intérêts, ou les différences se ravivent. Tout est séparé, cloisonné. Le
    monde a connu de profondes mutations depuis les années 70, depuis la fin trente
    glorieuses qui vont me semble t’il de 48 à 78. Il ne sera plus jamais comme
    avant.

     
    Il faut proposer, concevoir un avenir, et ne pas s’abstraire de cet avenir,
    même si les temps ont changé. Je ne veux pas non plus faire de démagogie.
    J’aimerai retourner à la terre, Hanifia et moi voudrions acheter un pavillon et
    vendre l’appartement. J’aimerais en revenir aux pinceaux, et cesser cette vie
    tumultueuse et insoutenable ou l’on ne vous garde que deux ou trois semaines
    dans le bureau d’études ou vous débarquez.

     
    Oui, il faudrait que je me stabilise professionnellement. Mon grand regret,
    comme pour Hanifia, est de ne pas avoir pu avoir d’enfant. Et puis, je devrais
    davantage travailler de mes mains, et laisser un peu tomber les ordinateurs. Il
    faut consolider nos maigres acquis.

     
    L’air du temps est aux révolutions, mais ma génération, les castes ou les
    classes par lesquelles je suis passé, n’a pas pu réellement s’exprimer.
    L’audiovisuel est cadenassé, par Bouygues, par Berlusconi. Il faudrait que tous
    ces chevaliers blancs cèdent un peu plus la place au peuple. Ils n’ont jamais
    rien fait ni levé le petit doigt pour que les courants contemporains puissent
    s’exprimer, profiter éventuellement de ce formidable outil qu’est
    l’audiovisuel, ou l’on ne sert plus que des petits fours et des amuse-gueules
    aux invités sur les plateaux. Pourtant, les satellites, c’est tout le monde qui
    les paie.

     
    Tous ne jurent que par l’audience, raisonnent comme des médias puissants, mais
    à courte vue et dans des limites conjoncturelles. On ne bâti plus rien avec ce
    système privé et fermé à toutes les initiatives, ou les présentateurs ne
    lâchent du lest que de temps à autres, et encore, pour mieux noyer le poisson
    par la suite et étouffer les révolutions dans l’oeuf. Ils font tout pour se
    maintenir dans un système devenu aujourd’hui archaïque, une télévision qui ne
    correspond plus à notre temps et aux problèmes à venir, fermement aux mains du
    pouvoir.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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