• Psy - 6 - français

     

    Manuel Diez Matilla : un destin oublié

     

     

     

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

     

    6ème partie

     

    Refonte au samedi 8 décembre 2012 

    Par Christian Diez Axnick

     

     

     

     

     

    Ci-dessous une table ronde ivoire faite pas mon père, d’une grande richesse ornementale.

     

     

     Ci-dessous deux toiles de ma grand-mère, aux tons froids verts et bleus, qui témoignent de sa longue et douloureuse maladie : l’alzheimer.

     

     

     

     

     

     

     Comparons à nouveau avec un détail du tapis de la création, mère, serpent, et enfant.

    La toile de mon père est également prophétique, et aborde, situe la longue déchéance, le désordre et le désarroi mental d’abuela.

     Le serpent vient peu à peu à bout de la mère.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      Parmi les centaines de toiles réalisées par mon père, on peut retenir la série de deux ou trois toiles qu'il avait réalisées à chaque fois sur des thèmes différents. Aussi bien le thème pastoral du chasseur de chardonnerets, ou encore celui de l'homme priant devant un crucifix. Il s'était inspiré du Figaro et d'une photo après la catastrophe de Fréjus. Ou encore ceux de ma grand-mère, gravement atteinte d'alzheimer. Avec des tons bleus et verts évoquant la maladie et la terrible déchéance mentale qu'elle entraîne.

     

      Mon père lorsqu'il abordait un thème, revenait parfois dessus. A l'arrivée on ne conserve parfois que certaines photos de certaines toiles qui ont finit par atterrir dieu sait ou.

     

     Il faisait de même du point de vue de la composition. Par exemple lorsqu'il partait sur les neutres pour travailler les fonds, puis en venait aux verts pour les arbres, et à toute une palette de couleurs.

    Des marrons, des ocres, des gris, une pointe de rouge pour bleuir les extrémités. Sa connaissance des gammes, la facilité avec laquelle il réussissait à glisser des milliers de coloris, à innover dans le choix des couleurs, reste quelque chose d'assez ahurissant.

     Il ne se lassait pas de travailler avec les pinceaux, de venir et de revenir, de gratter comme on dit dans le jargon des peintres en bâtiment. C'est un peu la même chose pour les tables ou les meubles, on met en réalité peu de peinture sur le pinceau, on va et on revient, doucement, chaque chose en son temps.

     Il a aussi réalisé des portraits de ma mère, d'amis, d'autres personnes de la famille. J'ai baigné très tôt dans cette atmosphère particulière. J'avais un papa surdoué, et je réagissais comme un gamin auquel on ouvre les portes du secret et du monde. J'étais éberlué, privilégié est le terme exact.

     Malheureusement, mes deux frères ne partageaient pas mon goût et ma passion pour le travail qu'il faisait, du moins pas autant que moi. Pour autant, je n'ai pas vraiment fait mes preuve plus qu'eux, et je veux bien faire amende honorable, car je n'ai jamais trop eu le temps de peindre, enfin jamais énormément. Le problème est plutôt que les autres passions de mes deux frères prenaient le dessus sur la peinture. Mais je n'étais pas non plus particulièrement travailleur, contrairement à mon père qui était une bête de travail. Mais j’aimais beaucoup travailler avec lui à l’atelier.

     Par contre, j'assimilais sa technique, une bonne partie de son savoir. J'aimais beaucoup le regarder travailler, j'étais ébahi. Et pourtant, c'est tellement ridicule si l'on se base sur l'histoire de l'art, sur le marché de l'art. Il était un peintre tellement ignoré pour ne pas dire en partie rejeté par la société, même s’il a connu ses heures de gloire.

     Sur ce que je l'ai vu faire, concernant certaines tables, certains meubles, certains décors floraux, naturels ou aquatiques, je dois dire que je lui vouais une admiration sans borne, moi qui reste il faut bien le dire un individu assez ordinaire, voire médiocre, mais je ne veux pas non plus trop noircir le tableau en ce qui me concerne.

      Je l'ai aidé à l'atelier aussi durant une bonne quinzaine d'années. J'ai démarré l'atelier à 8 ans et l'usine à 16, par la suite je me suis embourgeoisé, j'ai continué l'école, mais au fond on n'y apprend pas grand chose d'autre que la haine et le mépris des différences. C'est un lieu ou l'on monte les gens les uns contre les autres facilement, l'endroit de toutes les manipulations aussi. A l'atelier, on ne ment pas, on connait la qualité de chaque personne et ses capacités. Tout s'évalue dans un atelier.

      C'est vrai que parfois, mon père me traitait un peu comme un microbe, mais je n'étais pas spécialement débrouillard ou manuel non plus, ni trop doué. Par contre, je faisais les grecques, je passais la mixtion, je faisais les dorures et bien d'autres choses.

      Je dois le dire par respect pour le public, sa disparition m'avait plongé dans le désarroi, je ne comprenais plus ou j'étais. On ne peut cotoyer un tel monument sans y laisser quelque chose qui appartiendra pour toujours à l'histoire. Il est mort dans l'injustice, au plus fort des ravages causés par le sida, dans un monde livré à lui même. Il a laissé son empreinte, sa patte magique, et il est parti rejoindre quelque part les siens, ceux qui sont quelque part aussi des nôtres, car notre peuple a connu ses heures de souffrance aussi. Il laisse un grand vide derrière lui, qui n'a pas ete comblé jusqu'à présent.

     


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