• Psy - 8 - français

    Manuel Diez Matilla : un destin oublié

     

     

     

     

     

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

     

    8ème partie

     

    Refonte au dimanche 18 août 2013

    Par Christian Diez Axnick

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      Ci-dessus un vieux souvenir, notre maison au début des années 60.

    Ci-dessous notre affiche à la grande époque.

     

     

     

     

     

     

     

      Je dois le dire, lorsque ma tante était venue d'Espagne avec sa nièce, cela m'avait un peu donné le mal du pays. L'espagnol est une langue si poétique, si chantante, à la prose si imaginative et surprenante. J'aime cette langue, qui chante moins que l'italien, mais permet tellement de subtilités et de finesse dans une discussion.

      L'espagnol est la langue de l'agréable et du raffinement, de l'humour typiquement espagnol.

    L'humeur flegmatique de cette langue, calme, plaine de drôlerie, est pour moi quelque chose dont je ne peux me passer.

      La France est un pays globalement plus riche que l'Espagne, Catalogne incluse. Rien qu'en Ile-de-France, chaque région possède pratiquement au moins une centaine de châteaux avec parcs et jardins. Celui de Chamarande, dans l'Essonne, dispose d'un parc gigantesque, à couper le souffle.

    Des archives nationales s’y trouvent, comme à Pierrefitte ( j’y ai travaillé chez BETOM pour la clim ). Plus de 20 000 ouvriers ont trouvé en revanche la mort lors de la construction du château de Versailles, notamment en raison des marais et du paludisme.

     Un monde entier s'est écroulé avec la mort de Manuel Diez, celui aussi des dernières illusions d'un monde un peu plus juste, un peu moins sectaire. C'était véritablement un grand génie, aujourd'hui ses tableaux sont allés un peu partout, la famille, les amis, quelques ventes alimentaires.

     Je ne veux pas être ringard, mais je trouve que des peintres de sa dimension et de sa carrure manquent déjà à notre époque décousue, ou l'on essaie de lancer quelques artistes modernes tant bien que mal.

     J'ai entrevue l'exposition sur le peintre suisse Paul Klee par exemple, ou plutôt survolée. Gérard Garouste est passé à la télévision plusieurs fois, étant considéré comme le plus grand peintre français contemporain. Mais je ne retrouve pas le souci du détail et la passion envahissante de la perfection qui possédaient mon père, la poigne qu'il avait. Un documentaire a ete consacré à Garouste qui a peint aussi en terre-Sainte.

     Lui et Jeumont sont des gens charmants, avec lesquels mon père a tout de même travaillé une vingtaine d'années et pour lesquels il a réalisé des centaines de tables et de meubles. Mais pour aller au devant des difficultés, je dirais que le monde de l'art stagne aujourd'hui, pour ne pas dire qu'il se retrouve dans l'impasse ou on a bien voulu le jeter.

     Les parts furent injustement réparties depuis le début. Je veux dire par là qu'on ne refera plus un artiste comme mon père. Et puis, la France est un pays jaloux de ses prérogatives, exploiteur même. Il y est de plus en plus difficile de travailler, d'y trouver l'inspiration qui est notre fibre à tous.

      Cette inspiration, elle venait parfois à lui manquer, mais elle finissait toujours par refaire surface à l'improviste. Mon père travaillait avec toute sa tête. C'était un peintre intelligent, très malin et très débrouillard. Il avait ce sens inné de la peinture, cette passion dévorante, cette faculté à résoudre les difficultés les plus grandes, ces éclairs lumineux exceptionnels. Il avait la classe et le talent réunis.

    Toute sa vie se passait et défilait devant les tableaux qu’il composait.

      Honnêtement, je n'ai rien de tout cela, des qualités qu’il avait, même si j'ai pris beaucoup de notes de ce qu'il m'expliquait et m'apprenait. Il m'a toujours soutenu, toujours dirigé, toujours enseigné ses mille et une astuces et autres petits trucs. Son talent était insensé. J'étais émerveillé par ce que je voyais, épaté, il était bluffant, souvent complètement époustouflant. Quand je pense à lui, j'ai l'impression d'être un nain à coté de lui. Quelque part, j'ai presque honte de moi, mais je revis les merveilleux instants que nous avons parfois passé, je revois en rêve le travailleur infatigable qu'il était. Je l’ai toujours suivi comme j’ai pu, de mon mieux.

      Oui, il pouvait parfois avoir un peu de mépris pour tel ou tel, ou ne pas aimer tel ou tel autre, toiser les plus grands, un tel génie pouvait se le permettre. Ce n'est pas peu dire. Je l'ai vu à l'oeuvre durant des années. Il m'écrasait comme un vulgaire pou de toute sa classe. J'oserais presque dire que j'avais l'air d'un con face à un tel monstre de la peinture, autant pour l'huile, que pour la cellulosique, la peinture à l'eau ou le pastel. Mes fondements étaient explosés par tant de maîtrise et de savoir-faire. Je me suis retrouvé un peu dans une carrière parallèle un peu solo, tellement je ne faisais pas le poids. Quelque uns ont apprécié mon travail, lui même parfois. Il me prodiguait tous ses encouragements, il m'aidait beaucoup.

      Issu d’un monde prosaïque sur le point de disparaître, un monde exceptionnel que l’on ne retrouvera plus, manuel Diez a aussi été quelque part le produit de ce monde, un de ses derniers représentants.

     Nous avons un point commun, c’est qu’il prenait beaucoup de notes au crayon dans son atelier qui a laissé place aujourd’hui à une extension de la maison. Moi aussi sur mon lieu de travail, en général je prends des notes. Puissent ces quelques lignes aider, conseiller et inspirer les talents à venir, les jeunes qui arrivent.

      Je me souviens d’une livraison à Deauville. Il avait absolument voulu que Katia Granof lui dédicace son livre «  de l’Espagne » à Honfleur. Il vouait une véritable passion aux écrivains contemporains. Il aimait beaucoup lire. Il aimait beaucoup Jean D’Ormesson par exemple, ou Michèle Morgan comme je l’ai dit ailleurs dans mes études. Elle a aussi une galerie à Paris, sur les Champs-Elysées je crois.

      Je suis passé par Honfleur avec Hanifia après un séjour à Fécamp. Sa galerie existe toujours. De bons artistes exposent toujours à Honfleur. La promenade tout au long des galeries est douce et plaisante. Honfleur est une petite merveille adossée à la mer, et compte même une petite plage. Les lumières de Fécamp sont très jolies la nuit aussi.

      Sur la photo qui suit, antérieure dans le temps, on le voit en compagnie de Jasper, le chien qu’il a probablement le plus aimé. Il est venu avec nous aussi à Deauville, comme Viking, le berger allemand, nous en avons eu plusieurs de ce nom là. Jasper avait mordu Guy, du décor du logis, une fois qu’il était venu. Il n’était pas de tout repos. Mais il était très affectueux avec mon père.

     

     

     

      On aperçoit la vieille table de l’atelier, sur laquelle il a tellement travaillé, et le bric-à-brac au fond.

     

     

     

      Sur cette photo, David est en bas à gauche, et moi assis sur mon père allongé.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :