• Psy - 9 - français

     

     

     

    Manuel Diez Matilla : un destin oublié

     

     

     

     

     

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

     

    9ème partie

     

    Par Christian Diez Axnick

    Refonte au dimanche 18 août 2013

     

     

     

     
    Je recommande pour éclairer sur un plan plus général le lecteur de cet essai un
    livre intitulé «  Les grandes dates de la littérature française », d'Alain
    Couprie, aux éditions Nathan Université, qui retrace assez bien les différents
    mouvements dans la littérature française. On peut ici comprendre par exemple
    que le nouveau roman est le dernier courant de littérature qui ait eu lieu en
    France. Sa définition peut aujourd’hui nous sembler confuse, et sera plus
    claire d’ici quelques années.

      
    De la même façon, et dans le même ordre d'idée, Manuel Diez appartient à la
    tradition livresque, celle du roman, dans la mesure ou il s'inscrit dans une
    certaine continuité.

     
    Un livre à lire, je l’ai lu il y a quelque années : « Le Montmartre de nos
    vingt ans », de Paul Yaki, préface de Francis Carco, éditions le vieux
    Montmartre. C’est un ouvrage incontournable pour qui s’intéresse à la pensée
    française et à Montmartre.

     
    Mon père a fréquenté au cours de sa vie les endroits par ou les plus grands
    sont passés, surtout à Montmartre. Je pense aussi bien à Van Gogh, Utrillo,
    Utter, Suzanne Valadon, Gen Paul, Fujita, Man Ray ( le photographe américain de
    Montparnasse ), Toulouse Lautrec, Depaquit, Emile Bernard, Raoul Dufy et tant
    d’autres, comme le chansonnier Aristide Bruand,  ou Renoir, que mon père
    n’aimait pas trop. On y retrouve un certain parallélisme, le quartier étant une
    véritable fourmilière d’artistes peintres et de personnalités de tous ordres.
    Mon père «  avait sa gueule » comme on disait de lui.

     
    C’est lui par exemple qui a réalisé les étagères en bois pour ranger tout un
    tas de vieilles sculptures, sauvé bon nombre d’affiches de Poulbot. Francisque
    Poulbot a habité là; j’ai travaillé chez SR Electricité, pratiquement en face
    de la maison ou il a vécu également à Saint-Denis, à deux rues de la basilique.

     J’ai travaillé pour cette société sur la rue de Rivoli ( Ensemble commercial
    Celio/Jennyfer ) et sur le Drugstore Champs-Elysées notamment.

     Lautrec, aussi, est passé par là. Qu’est ce qu’il a pu sauver comme affiches de Lautrec.
    Quel foutoir c’était que ce musée. Idem avec les sculptures et toutes sortes
    d’objets et de sculptures.

     Il s’est jeté aussi dans l’antre, plus que dans l’arène. Si Zola écrivit « 
    le ventre de Paris » en référence aux Halles, Montmartre est une véritable
    termitière. Il détestait Charpentier, qu’il a longtemps accusé de se promener
    avec des aiguilles, et de venir dans son dos. Une fois ou nous passions en
    voiture avec Pruden après son licenciement, il m’a même demandé d’accélérer et
    de le faucher alors qu’il sortait subrepticement du 12 rue Cortot, le musée
    donc du vieux Montmartre. Son procès je l’ai dit a tout de même duré 2 ou 3
    ans, avec une foule de témoins.

     
    Il était particulièrement remonté contre lui. Moi je n’ai en réalité pas trop
    connu Charpentier. Il n’était presque jamais là quand je venais, et Claude
    Estier n’en parlons pas. Mon père recevait parfois des amis, le père Charnin,
    un prêtre suisse, des amis espagnols, ou encore mes frères, ou simplement des
    relations de la butte. Il y avait Anne-Marie, Mme Vertex.

     
    Puisse l’espèce de mémorandum que je lui consacre éclairer les amateurs d’art
    en tout genre, et apporter sa pierre à l’édifice. Aujourd’hui par exemple, la
    Evangelische Kirche que fréquente ma mère tous les dimanches à Paris organise
    des visites guidées sur les pas d’Utrillo. Une exposition a eu lieu à la
    pinacothèque. Mme Buttler s’occupe de ça, elle est pasteur. J’ai vu
    l’exposition avec ma femme. Je trouve ses tableaux vraiment formidables, et sa
    démarche très intéressante il est vrai.

      
    Les concerts à l'église allemande sont remarquables.

      
    Il y a une chose que j’aime, et qui vaut plus que tout au monde pour moi, c’est
    l’enthousiasme des jeunes générations nipponnes, la volonté de s’intégrer des
    japonais qui vivent en France. Même les chinois que je vois parfois dans mon
    métier s’intéressent me semble t’il aussi au fait que Jésus était un juif
    moitié syrien, moitié palestinien. Enfin, j'exagère, car Jésus était israëlite,
    parlait l'hébreu, et accessoirement le grec et l'araméen.

     
    Mais l’optimisme japonais me semble encore plus important chez les plus jeunes.
    La fraîcheur des japonais est quelque chose d’agréable. Je n’en dirais pas
    autant de la faiblesse ou de la quasi-inexistence de nos rapports avec eux,
    malheureusement.

    Je voudrais le dire ici, car si l’on interprète correctement la pensée de Jésus,
    c’est important.

    Il y a quelques années, Kristel, la sœur de Oma, ma grand-mère, est décédée. Je
    n’ai même pas pu être à l’enterrement. A ce propos le livre «  Les
    sagesses d’orient » de Gilbert Sinoué, est un excellent livre de réflexion. Je
    regrette souvent que les familles se connaissent assez peu ou trop peu et
    soient séparées par la géographie.

     Mon frère a fait un deuxième voyage en Chine. C’est très difficile de repartir en
    Asie depuis Hiroshima et Nagasaki, il faut bien du courage. Là aussi les crimes
    de l’impérialisme américain sont innombrables et nous ont été rapportés aussi.
    Mon frère est un cas, il n’a jamais travaillé de sa vie, mais comme je l’ai déjà
    dit il a cotoyé la majeure partie des plus grands maîtres d’arts martiaux du
    monde. Dida Diafat par exemple est de Villiers-le-Bel, je l’ai aperçu une fois
    avec Ingo. Il a été champion du monde de boxe thaï.

     
    Je pense aussi à ce jeune boxeur thaï, Mohamed, lâchement assassiné il y a
    quelques années à Drancy. Au fond, notre algèbre existe dans la société, la
    criminalité est un problème crucial, angoissant. Dieu soit loué, Berthe Mann a
    de la famille qui vit à Jérusalem ! Voilà qui nous rapproche un peu de la terre
    sainte.

     
    Vers cette époque j’avais écrit à l’empereur du Japon, mais il a préféré ne pas
    me répondre. Les problèmes de la banlieue existent il est vrai pour tous.
    Latimier ne l’a pas décidé.

      
    Je pense que le Gulistan, de Saadi, est une grande œuvre. Pierre Seghers l’a
    édité au S.N.E.D., en fait, il a pillé les textes. J’en suis venu à bout, mais
    pas en langue arabe ou perse. Je n’avais pas vu l’exposition sur les
    Sassanides. Je ne désespère pas avec les Pahlavi. Surtout à cause de la mort de
    Leila. Je peux me tromper, mais je fais de mon mieux malgré mes pépins de
    santé. Je pense qu’ils ont beaucoup progressé. Deux choses peuvent nous nuire,
    dit Saadi dans le Gulistan : se taire quand il faut parler; parler au lieu de
    se taire.

      
    En dehors d’une chanson comme « La suerte y la inteligencia », de Pepe Pinto,
    je ne vois pas de référence majeure ici. Les choses devaient être difficiles
    pour Leila, elle ne pouvait avoir que peu de repères dans la vie.

     
    Mon père et moi écoutions beaucoup cette chanson au cours de ses trois
    dernières années de sa vie au musée Cortot à Montmartre. Le canari de mon père
    virevoltait autour de sa cage. Un jour il s’est échappé et mon père était resté
    fou de tristesse. Il est presque mort de chagrin de ne plus avoir le canari. Un
    jour il n’est pas retourné dans sa cage, quelqu’un a du ouvrir la fenêtre. Je
    ne sais pas si c’est moi, je ne crois pas. Mais sait-on jamais comme on dit.
    Tout peut arriver.

    Trois autres proverbes :

    - Le sage travaille, l’ignorant espère.

    - Ta parole est comme ta fille : sache oû la placer.

    - Notre langue est un arc « On ne voit pas plus revenir la parole échappée de la
    bouche que la flèche échappée de l’arc » Et quand la flèche se plante dans le
    cœur de l’autre, il est trop tard. ( Abou Shakour ).

     
    J’ai vu le film « La journée de la jupe » avec ma mère et Hanifia. J’ai trouvé
    ça pas mal. C’est très théâtral. Je me suis finalement fait enlever un énorme
    névrome de Morton au pied gauche.

     
    « Grantorino » est aussi un bon film. Pour une fois, ma mère et Hanifia ont
    bien aimé Eastwood. Je l’ai vu en V.O. avec Hanifia. Je pense que c’est un des
    meilleurs Eastwood et sans doute un des derniers.

      
    J’avais signé un contrat avec une société nationale. J’étais tenu au secret;
    finalement, il m’est arrivé la même chose avec une autre société par la suite.
    A la fin du chantier toutes mes créations ne reviendront pas à cette société
    puisqu’on ne m’a pas gardé en définitive. Je n’étais pas assez pugnace,
    j’aurais dû réclamer des notes de calcul. Généralement, pas mal de BE ou
    d’entreprises qui m’embauchent me recommandent la discrétion ou le secret.
    Récemment j’ai fait la plomberie d’un centre culturel du sous-sol inférieur
    jusqu’à la toiture.

     J’ai visité le palais de l’UNESCO, et je l’ai trouvé particulièrement innovant et
    moderne.

     
    Notamment la présence de plaques de granit provenant d’Hiroshima ou Nagasaki.
    Les américains ont lâché la bombe alors que la paix était signée et la guerre
    finie. L’ancien directeur de l’UNESCO était japonais.

     
    L’UNESCO abrite également des œuvres de Miro, Picasso et beaucoup d’autres
    choses très intéressantes, dont une tapisserie au dessin signé Le Corbusier
    fabriquée à Aubusson.

     
    Ma mère dit qu’elle a été d’une génération sacrifiée, comme celle de mon père,
    et c’est vrai. On peut parler en effet de génération sacrifiée, et quelque
    part, c’est un peu la même chose pour la nôtre. Par exemple encore récemment un
    film ( Inglorious bastards) retrace l’histoire d’un commando israélien chargé
    d’éliminer Hitler. C’est de la fiction comme de la parodie j’imagine, je ne
    l’ai pas vu.

     
    Dans le cas de la génération des mes parents, c’est la réalité, aussi bien du
    coté des Moltke que du coté d’Opa Linie, le grand-père de mes cousins Arne et
    Markus. J’ai ai parlé dans le manuel d’introduction. Eux sont vraiment et
    réellement allés au feu face à Hitler, lorsqu’il faisait parfois jusqu’à 99 %
    des voix dans les villages les plus reculés d’Allemagne. Cela mérite autre
    chose que ces parodies américaines assez teintées de nationalisme US, même s’il
    est vrai qu’Hitler avait d’autres ennemis importants, dont ce Von je ne sais
    plus quoi, Stauffenberg je crois.

     
    Il y a quelques années, j’ai accompagné ma mère aux Diaconesse de Versailles,
    qui sont liée je crois aux diaconesses de Reuilly.

     
    Ma femme Hanifia, était passée à l’émission de Julien Lepers «  Question
    pour un champion » lorsqu’elle est arrivée en France, et est ensuite passée
    dans celle de Thierry Beccaro ( Motus ) puisqu’elle avait réussi les
    qualifications. Elle a gagné avec une autre dame. Beccaro que j’ai vu est un
    grand professionnel de l’audio-visuel à mon avis, un homme droit dans ses
    bottes, intègre, sobre et travailleur. Lepers est aussi un homme ouvert et
    intelligent, parfois un peu dispersé.

     
    Il me semble qu’elle va à nouveau passer à Motus.

     
    Elle a écrit à je ne sais plus quel organisme pour leur dire que « c’est de la
    lèche », en mon nom en réalité.

     
    En effet des journalistes s’étaient introduits pour filmer le chien de Carla
    Bruni ou je ne sais plus quoi, puis le président, « la crotte » comme elle
    l’appelle, s’est invité sur le plateau. C’était en réalité concerté, les
    journalistes criant à la surprise.

     
    Décidément l’Europe est tombée bien bas, notre pays plus qu’un autre. Le tenant
    d’un des pires nationalismes de son histoire a réussi le tour de passe-passe de
    devenir omniprésent sur nos écrans, il monopolise les médias. Et la gauche,
    faute de prévention, faute d’union, faute de combativité se laisse débaucher
    par ce minable.

     Ma femme hait Sarkozy et change de chaîne dès qu’il pointe le bout de son nez, elle
    zappe tout le temps quand passent les informations et la cohorte de ministres
    qui le suivent. Moi j’estime que parfois il fait son boulot comme il peut, et
    que la société est largement complice aussi.

     
    Ce sont toujours les mêmes qui doivent faire le travail, jamais les dirigeants
    au pouvoir. Il n’y a pas dans le panorama actuel d’alternative à cette tyrannie
    qui se dessine depuis déjà des années. Il manque une force de réaction. Quel
    désastre industriel et financier, le plus grand qui ne se soit jamais produit.
    Quel manque de solidarité et de continuité historique. On nous casse. On nous
    humilie, on nous broie. On minimise notre passé glorieux par la calomnie, la
    parodie et la satyre. Je lance ici un appel solennel. Il faut réagir.
    Réveillez-vous, levez vous avant qu’il ne soit trop tard. La démocratie vaut
    cette peine. Ne laisser pas vos dirigeants répandre le mensonge et l’ignorance.
    Organisons la lutte. Chacun doit y prendre part. L’heure est grave. Nos
    libertés sont en danger.

     
    Je ne dis pas que les divergences n’existent pas entre nous. Pour moi l’Alsace
    et la Lorraine ( Elsass und Lothringen ) ont été allemandes durant des
    millénaires. Mais il faut aplanir nos différents, lutter ensembles, et chasser
    Sarkozy et sa clique du pouvoir. Il faut un consensus, une ligne générale.
    Laissons nos différents au placard. Passons à l’action. Ne faisons pas dans la
    demi-mesure, nos positions doivent être claires.

     
    Prenons le parti de la transparence face aux forces et aux puissances réactionnaires.

     
    Nous l’avons toujours fait, nous savons le faire, nous saurons bien le faire à
    nouveau.

     
    Ma grand-mère disait «  Wer sich als ein Hund vergibt, muss auch als ein Hund bellen ».

    Celui qui se conduit comme un chien, doit aussi aboyer comme un chien. Je trouve
    cette phrase très vraie aujourd’hui. Ma grand-mère n’a jamais caché qu’elle
    était pour Hitler, et au fond je lui donne presque raison, ou tout au moins je
    la comprends. Hitler était un juif autrichien parmi d’autres, mais au moins
    parlait-il clairement et disait-il vraiment ce qu’il pensait, même si je n’ai
    jamais pensé comme lui, ce qui n’est pas le cas de Cohn-Bendit, pour qui j’ai
    voté aux dernières élections européennes. J’ai été déçu à l’arrivée des courses
    je dois dire. C’est vide de sens. Et sinon tous votent à droite, et se laissent
    embobiner comme des laquais.

     Ma grand-mère lorsqu’elle perdait aux jeux, se mettait à tricher. Sacrée Oma. Par
    exemple lorsque nous jouions au «  Barrikadenspiel », le jeu des
    barricades ou l’on joue avec des dés et place des barricades aux autres. Elle
    faisait bien rire ma mère. Oma était très mauvaise perdante. Au rami, aussi, ou
    j’ai toujours assez bien joué, ou à d’autres jeux. Ma mère ne lui a pas trop
    pardonné d’être si mauvaise perdante. Au Kniffel aussi, de temps en temps, elle
    trichait. Mais j’adorais Oma.

     
    Certains parlent de risque révolutionnaire dans ce pays, mais disent-ils que
    durant des décennies, l’assemblée a été tenue par Jean-Louis Debré, dont j’ai
    parlé dans le manuel d’introduction, et qu’il n’a même pas été capable
    d’obtenir son bac ? Ils ne le lui ont donné que plus tard et à regrets. Il ne
    l’a pas eu tout de suite.

     
    Il faut réagir, c’est la règle en démocratie. La France ne doit pas demeurer au
    sein de l’OTAN. La majorité veut l’indépendance. Point final. Nous sommes 500
    millions de francophones, et presque autant d’hispanophones, d’hispaniques.
    Sarkozy veut faire de nous les valets de l’Amérique. L’Amérique peut se passer
    de nous, elle l’a toujours fait. A vrai dire, vis-à-vis de nous, l’Amérique a
    toujours joué la carte de l’ignorance. Elle nous ignore. Nous ne comptons pas
    pour elle et elle joue sans nous, nous exploite au maximum. La crise des
    subprimes est un déchet de l’Amérique.

     
    Les américains semblent bien être les premiers à se foutre royalement de
    Sarkozy. Qu’on n’imagine pas que je suis d’accord avec lui, il n’est qu’un pion
    aussi. Le coté «  haut les cœurs » est bien connu. A chacun de balayer
    devant sa porte.

     
    Un déficit public multiplié par deux, les députés envoyés siéger à Bruxelles,
    un congrès à 400/500 000 euros pour lui, sans compter tout le reste, Sarkozy a
    profondément changé le panorama, notamment chez les jeunes. Il y a ceux qui le
    détestent, ceux qui haïssent et zappent à chaque Sarkozy, ma femme en fait
    partie, et l’immense majorité des autres.

     
    Je dirais que le français est difficile à cerner. Prenons Jacques-Laurent Bost,
    un écrivain français qui a pas mal écrit sur l’Espagne.

     
    Il dit dans «  L’Espagne au jour le jour » ( Editions Paul Morihien )
    des choses pertinentes et sans nul doute très intéressantes, mais son racisme,
    son mépris et son irrespect gâchent tout. Prosper Mérimée est l’autre écrivain,
    celui me semble t’il qui a le plus écrit sur l’Espagne.

     
    Ce qu’il décrit sur le « Pundonor » est très proche de la réalité, et
    de ce que représentait le théâtre espagnol, que j’ai eu l’occasion de voir.
    C’était à se tordre de rire.

     
    C’est là qu’il faut rappeler aux plus jeunes et aux moins informés quel artiste
    extraordinaire et hors du commun était Manuel Diez Matilla. Pour qu’ils
    comprennent cette Espagne étrange, repliée et envoûtante. De lui jusqu’à Diego
    Amador, le guitariste de Flamenco qui monte ces derniers temps.

    On ne refera plus des peintres comme lui. Nous sommes trop en bute aux profonds
    changements de société de nos jours, trop opprimés, déconcertés même.

     
    Comprenons aussi qu’il disait parfois « Los Americanos lo saben muy bien »,
    mais je ne sais pas quoi exactement. Il semblait faire allusion aux casernes
    américaines en Espagne.

     
    Ici, je préfèrerais faire allusion à Lia Marchese, qui me connait bien. Mais je
    peux me tromper. Je le sais. Il y a aussi Francesca Lardin, la dernière amie de
    David, que j’ai bien connue aussi.

     Une page importante de notre histoire commune se tourne, et il faudra songer à
    interroger les générations à venir, leur demander ce qu'elles veulent faire à
    leur propre tour, leur expliquer que cet important héritage artistique les
    concerne aussi, que chacun doit savoir se prendre en main, se prendre en
    charge.

     Pour ne livrer qu’un exemple, à l’époque ou mon père était à Montmartre, Clause
    Nougaro marchait déjà avec Maurane dans le quartier, ou plutôt c’est elle qui
    marchait sur ses pas.

     J’aiassisté à son excellent concert à Garges-lès-Gonesse ou elle lui rend hommage
    dans sa tournée «  O Nougaro ». Mon père avait croisé sa route un
    soir d’hiver je crois. Les deux hommes avaient des points communs. Quel poète
    était Nougaro.

     
    Pas loin dans le quartier, la maison donc de Diane Dufresne et de je ne sais
    plus quel artiste nous disait Maurane. Elle a chanté dans un cabaret du
    quartier. J’ai trouvé ses musiciens particulièrement excellents, remarquables
    pour tout dire. Dernièrement, ma mère, Hanifia et moi sommes aussi allés voir
    un concert de country à l’espace Aznavour d’Arnouville.

     
    Je suis allé voir avec Hanifia le dernier film de Richard Geere « 
    Hatchi ». C’était vraiment très bien, très touchant, l’histoire de ce
    chien qui est retourné durant 9 ans sur la place ou il cherchait encore son
    maître disparu.

     
    Hanifia et moi avions vu aussi une représentation très intéressante de La flute
    enchantée à Garges.

    Mon père l’avait vu aussi avec ma mère il y a très longtemps. C’est un véritable
    chef-d’œuvre.

    J’écoute souvent la Flute enchantée de Mozart. Je trouve ce compositeur particulièrement
    génial, et je pense que ce qu’il a apporté au peuple allemand et à sa musique
    est gigantesque.

     
    En revanche, le fait qu’il était diminué, presque infirme en raison me semble
    t’il de maladies vénériennes, se ressent légèrement dans son œuvre.

     
    Mon père avait quantités de disques à la maison, mais il était à moitié sourd.
    Il entendait très mal. D’ailleurs, il est mort en réalité des complications
    postopératoires de son opération de l’oreille ou du pavillon.

     
    Il a tout d’abord perdu connaissance, et les choses se sont ensuite aggravées.
    L’infection s’est généralisée par la suite d’établissement en établissement.
    C’est parti de Gonesse ou il est tombé dans le coma, suivant l’opération ratée
    de l’oreille à l’hôpital Delafontaine de Saint Denis, puis Bichat …

     
    Ma mère parle à juste titre dans le cas de sa génération de «  génération
    sacrifiée ». C’est le cas depuis toujours et jusqu’à aujourd’hui, en
    effet. La mienne aussi a beaucoup donné, sans presque rien obtenir non plus en
    retour. Je n’ai vu Opa Linie qu’une fois, c’est dire la transition qui s’est
    faite. Personne n’a rien fait, personne n’a levé le petit doigt pour ce petit
    homme, ce vieillard encore jeune, qui a participé à un des plus grands
    attentats contre Hitler, le père d’Hanswerner, le grand-père de mes cousins
    comme je l'ai dit du coté de ma tante Marita. L’Europe n’a rien fait pour lui.
    Ni l’Allemagne ni les autres pays. C’était cet attentat qui s’était soldé par
    des centaines d’opposants décapités, dont on a tiré une parodie
    cinématographique. Mais pour ma famille allemande déracinée, c’est l’Allemagne
    profonde, la voix de l’Allemagne.

     
    J’ai beaucoup apprécié il y a plusieurs mois l’exposition sur Munch à
    la pinacothèque. Munch est un très grand artiste, un immense peintre,
    probablement un des plus grands peintres scandinaves. Sa peinture rappelle un
    peu certains chefs-d’œuvre d’Utrillo. Mon père d’ailleurs se rapproche beaucoup
    de ce style d’expression. C’est un peu la même école, le même cru. Il collait
    au pinceau, le travaillait, l’appuyait. Il grattait comme on dit dans le
    bâtiment.

     Une fois, ma mère a vendu un de ses tableaux pour gagner un peu d’argent.

    Un grand tableau avec un pot de fleurs et des ornements de type et dans le style de la
    Vieille-Castille. Une partie de la peinture de mon père était ornementale et
    symboliste aussi. Ce tableau était un des très rares ou il ait fait appel au
    rouge, même s’il utilisait les tons rouge aussi pour donner des nuances aux
    tables et aux meubles parfois. Soit il éclaircissait, il bleutait, soit il
    allait vers les tons cuirs, ou encore les verts, soit il réchauffait les décors
    avec du rouge. Cela dépendait du thème, des décors et des souhaits du client.

     
    Souvent, avec Hanifia, ma mère ou d’autres personnes de la famille, nous allons
    visiter des châteaux ou des parcs de la région parisienne, qui n’a presque plus
    de secrets pour moi. Nous sommes allés à Giverny et comptons y retourner.

     
    Le public peut le remarquer, notre mode de vie s’est en partie adouci depuis la
    disparition de ce grand travailleur insatiable qu’était mon père, il peignait
    sans arrêt, sa passion était infatigable.

     Il a peint jusqu’à ses derniers instants. Je ne compte pas ses deux dernières
    années d’agonie et de coma, car il n’avait plus connaissance de lui, il n’était
    plus en état de conscience. Il est mort en 1991.

     
    Ses deux frères, mes oncles, l’ont suivi avec David en 1999, mort très jeune.
    Aujourd’hui mes oncles d’Allemagne Uwe et Norbert sont eux aussi sortis
    d’opérations. Espérons que les temps à venir ne soient pas trop durs. Hanifia a
    du encore subir une opération après sa réduction mammaire réussie. Moi je suis
    sorti il y a quelques années d’une douloureuse nécrose de l'épiploom.
    L'opération s'est bien passée.

     
    Les derniers moments de sa vie furent pour lui un calvaire et une terrible
    agonie. J’étais dérouté, je ne savais pas quoi faire. «  No te hagas el
    perrin » ( ne fais pas le chiot - el cachorro ), m’avait-il dit vers la
    fin de sa vie, avant qu’il ne plonge dans la maladie. Il attendait comme
    quelque chose de moi, et ne désirais pas que je puisse le faire pour d’autres.
    Il est mort en fait de complications liées à la tuberculose. Lui dont un
    médecin lui avait confié à son arrivée en France qu’il n’avait jamais vu des
    poumons comme les siens. Ainsi passent les années et les siècles, ainsi vont et
    viennent les faiseurs de rêves et d’illusions, ainsi passent les artistes.

     

     


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