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    Manuel Diez Matilla : un destin oublié

     

     

     

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

     

    6ème partie

     

    Refonte au samedi 8 décembre 2012 

    Par Christian Diez Axnick

     

     

     

     

     

    Ci-dessous une table ronde ivoire faite pas mon père, d’une grande richesse ornementale.

     

     

     Ci-dessous deux toiles de ma grand-mère, aux tons froids verts et bleus, qui témoignent de sa longue et douloureuse maladie : l’alzheimer.

     

     

     

     

     

     

     Comparons à nouveau avec un détail du tapis de la création, mère, serpent, et enfant.

    La toile de mon père est également prophétique, et aborde, situe la longue déchéance, le désordre et le désarroi mental d’abuela.

     Le serpent vient peu à peu à bout de la mère.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      Parmi les centaines de toiles réalisées par mon père, on peut retenir la série de deux ou trois toiles qu'il avait réalisées à chaque fois sur des thèmes différents. Aussi bien le thème pastoral du chasseur de chardonnerets, ou encore celui de l'homme priant devant un crucifix. Il s'était inspiré du Figaro et d'une photo après la catastrophe de Fréjus. Ou encore ceux de ma grand-mère, gravement atteinte d'alzheimer. Avec des tons bleus et verts évoquant la maladie et la terrible déchéance mentale qu'elle entraîne.

     

      Mon père lorsqu'il abordait un thème, revenait parfois dessus. A l'arrivée on ne conserve parfois que certaines photos de certaines toiles qui ont finit par atterrir dieu sait ou.

     

     Il faisait de même du point de vue de la composition. Par exemple lorsqu'il partait sur les neutres pour travailler les fonds, puis en venait aux verts pour les arbres, et à toute une palette de couleurs.

    Des marrons, des ocres, des gris, une pointe de rouge pour bleuir les extrémités. Sa connaissance des gammes, la facilité avec laquelle il réussissait à glisser des milliers de coloris, à innover dans le choix des couleurs, reste quelque chose d'assez ahurissant.

     Il ne se lassait pas de travailler avec les pinceaux, de venir et de revenir, de gratter comme on dit dans le jargon des peintres en bâtiment. C'est un peu la même chose pour les tables ou les meubles, on met en réalité peu de peinture sur le pinceau, on va et on revient, doucement, chaque chose en son temps.

     Il a aussi réalisé des portraits de ma mère, d'amis, d'autres personnes de la famille. J'ai baigné très tôt dans cette atmosphère particulière. J'avais un papa surdoué, et je réagissais comme un gamin auquel on ouvre les portes du secret et du monde. J'étais éberlué, privilégié est le terme exact.

     Malheureusement, mes deux frères ne partageaient pas mon goût et ma passion pour le travail qu'il faisait, du moins pas autant que moi. Pour autant, je n'ai pas vraiment fait mes preuve plus qu'eux, et je veux bien faire amende honorable, car je n'ai jamais trop eu le temps de peindre, enfin jamais énormément. Le problème est plutôt que les autres passions de mes deux frères prenaient le dessus sur la peinture. Mais je n'étais pas non plus particulièrement travailleur, contrairement à mon père qui était une bête de travail. Mais j’aimais beaucoup travailler avec lui à l’atelier.

     Par contre, j'assimilais sa technique, une bonne partie de son savoir. J'aimais beaucoup le regarder travailler, j'étais ébahi. Et pourtant, c'est tellement ridicule si l'on se base sur l'histoire de l'art, sur le marché de l'art. Il était un peintre tellement ignoré pour ne pas dire en partie rejeté par la société, même s’il a connu ses heures de gloire.

     Sur ce que je l'ai vu faire, concernant certaines tables, certains meubles, certains décors floraux, naturels ou aquatiques, je dois dire que je lui vouais une admiration sans borne, moi qui reste il faut bien le dire un individu assez ordinaire, voire médiocre, mais je ne veux pas non plus trop noircir le tableau en ce qui me concerne.

      Je l'ai aidé à l'atelier aussi durant une bonne quinzaine d'années. J'ai démarré l'atelier à 8 ans et l'usine à 16, par la suite je me suis embourgeoisé, j'ai continué l'école, mais au fond on n'y apprend pas grand chose d'autre que la haine et le mépris des différences. C'est un lieu ou l'on monte les gens les uns contre les autres facilement, l'endroit de toutes les manipulations aussi. A l'atelier, on ne ment pas, on connait la qualité de chaque personne et ses capacités. Tout s'évalue dans un atelier.

      C'est vrai que parfois, mon père me traitait un peu comme un microbe, mais je n'étais pas spécialement débrouillard ou manuel non plus, ni trop doué. Par contre, je faisais les grecques, je passais la mixtion, je faisais les dorures et bien d'autres choses.

      Je dois le dire par respect pour le public, sa disparition m'avait plongé dans le désarroi, je ne comprenais plus ou j'étais. On ne peut cotoyer un tel monument sans y laisser quelque chose qui appartiendra pour toujours à l'histoire. Il est mort dans l'injustice, au plus fort des ravages causés par le sida, dans un monde livré à lui même. Il a laissé son empreinte, sa patte magique, et il est parti rejoindre quelque part les siens, ceux qui sont quelque part aussi des nôtres, car notre peuple a connu ses heures de souffrance aussi. Il laisse un grand vide derrière lui, qui n'a pas ete comblé jusqu'à présent.

     


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    Manuel Diez Matilla : un destin oublié

     

     

     

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

     

    5ème partie

     

    Refonte au samedi 8 décembre 2012 

    Par Christian Diez Axnick

     

     

     

     

     

     

    Nous avons vu le détail du char solaire sur ce même tapis. Ci-dessous le Pantocrator, autre détail du tapis. Le Pantocrator, c'est Jésus-Christ, à ne pas confondre avec le démiurge mais c'est tout comme.

     

     

     

     

      Ci-dessous Christ assis de mon père. Le cliché n’est pas de très bonne qualité.

     

     

     

     Je voudrais préciser un fait, c'est que je suis donc allé chez Primi à Barcelone un an avant les jeux.

    En fait, je voulais aller à Toro, ou voir le reste de ma famille à Alicante.

     Mais j'ai préféré répondre à l'invitation de Primi ( mon curé de baptême ). D'ailleurs, j'ai bien fait, car il est décédé depuis.

     La Catalogne, comme toutes les régions d'Espagne, possède ses propres clans nationalistes, et même un nationalisme bien ancré et ancien, redoutable du reste. A l'époque Terra Llure a fait un attentat qui a coûté une jambe à un guardia civil.

     Je suis parfois dépité par les rivalités, par exemple footballistiques, mais pas seulement, entre la Catalogne, Barcelone, et la Castille, Madrid. C'est très pesant en Espagne, même si les gens sont toujours fraternels entre eux. Tous vivent sur le même palier, ou lavent leur linge ensembles.

      Mais après, c'est une tout autre histoire, certains catalans sont «  muy la Cata », et font sombrer l'Espagne dans le nationalisme le plus raciste, le plus arrogant et le plus dur, alors que les problèmes par exemple avec le pays basque sont déjà terribles.

     «  Vosotros nada ! », disait mon père. Et il avait ses raisons. Sinon, la nation espagnole est relativement soudée, mais ces divisions, ces chamailleries entre régions plombent parfois l'ambiance. C'est le coté obscur de la force. El lado oscuro de la fuerza.

     

     

     

     

       Par contre, il n’est pas faux que parfois la Catalogne tire plutôt l’Espagne vers le haut, mais ce n’est pas forcément entièrement vrai non plus. C’est plutôt le cas cependant si on prend l’exemple de champions comme Carlos Moya.

      Mon père ne tenait pas à ce que j’aille en Catalogne, mais je voulais quand même connaître un peu mieux l’Espagne. C’est une très belle région. Mais Micaela elle-même a parfois critiqué ceux et celles qui sont «  muy la Cata ».

      Et puis les gens sont pleins d’idées, mais lesquelles aussi après tout.

     

     

     

     

       Moi j’ai surtout vécu en France, et très peu en Espagne. J’aimerai y retourner, mais je n’ai pas vraiment le temps ni les moyens. Mon père a consacré toute sa vie à la peinture, et ne s’intéressait pas à grand-chose d’autre dans la vie. Si, ses amis, ses employés ou ses clients. Après la fermeture de l’atelier il a continué à peindre. Mon frère aîné peint un peu encore, moi pas trop.

      J’aimerai davantage me consacrer à la peinture, et je compte repartir en direction de cette muse, mais il est vrai que je manque de temps et de moyens, de courage et de volonté aussi. Cela dit, je compte peindre à nouveau dans un délai raisonnable. Je compte me reprendre en main et aborder l’avenir avec de nouvelles compositions.

      Il ne faut pas partir avec l’idée d’un Manuel Diez très giscardien, voire franquiste, ce qui n’était ici pas du tout le cas. Sauf pour Giscard dont il a été longtemps un inconditionnel. D’ailleurs son oncle a été un élu de Toro, puisqu’il a été maire républicain de la ville après la victoire de 36, avant d’être assassiné durant la guerre civile. Mon père avait certes des idées assez à droite, mais seul son métier et ses clients le captivaient. Il faut plutôt comprendre que la France est devenue peu à peu un pays très hostile aux immigrés. La montée de la gauche caviar a précédé celle de l’extrême droite. Bruxelles a condamné la France en matière de droits de l’homme, et à de très lourdes amendes. Etre immigré en France n’est pas de tout repos. Il n’y a sans doute pas 30 000 meurtres commis chaque année comme aux Etats-Unis, mais il existe une hostilité très marquée contre les immigrés, récurrente avec le discours interminable tenu par le front national.

      Mon père est venu en France pour travailler. Il faut bien faire prendre conscience aux français que le pays s’est mis progressivement hors la loi. Le discours de haine qui est tenu contre les immigrés, les juifs, les noirs, les arabes, est constamment alimenté. Les plus hautes instances européennes ont condamné la France. Dans les autres pays de l’union européenne, aucun discours de cette nature n’est tenu contre les travailleurs immigrés. Ce serait un scandale.

      Il faut savoir crier gare. Moi-même qui suis français, j’en ai marre aussi de ces missions d’intérim de quelques semaines qui ne débouchent jamais sur rien. Il faut aussi savoir remettre les français à leur place. Ils se sont amusés depuis de longues années déjà à contourner le droit, les conventions internationales, le droit du travail notamment. Une telle évolution ne pourra pas continuer. Il faut rompre avec les thèses xénophobes avant qu’il ne soit trop tard, et que le pays ne devienne une fournaise. Il manque une véritable prise de conscience du péril que représente la montée des thèses xénophobes. Il faudra sérieusement songer à repartir sur de bons rails.

      Manuel Diez était un combattant. Il s’est battu contre Charpentier, contre Claude Estier. Il était dans son droit, je dois le rappeler. D’ailleurs je l’ai dit, la cour européenne des droits de l’homme a condamné la France à de très sévères amendes. Les français doivent avoir présent à l’esprit qu’ils devront payer s’ils s’obstinent à persévérer dans cette voie. Et cela ne suffira probablement pas d’ailleurs. Il n’est pas possible de faire tout ce que l’on veut pour ne faire que payer par la suite.

      Je voudrais que les français se ressaisissent, et abandonnent les dogmes dépassés de la haine de l’autre. Il est temps d’en revenir à une société plus solidaire et plus équitable.

     

     

     


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    Manuel Diez Matilla : un destin oublié

     

     

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

    4ème partie

     

     

    Refonte au samedi 8 décembre 2012 

    Par Christian Diez Axnick

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Tu es sorti et tu es parti.

     

     

     S’il est un ouvrage que je recommande au amoureux de Montmartre, c’est le

    « Guide de Montmartre » ( Guides Horay ), qui s’attarde à décrire avec une
    extrême minutie toutes les rues et leur légendaires locataires, tous les lieux
    prestigieux, les adresses des impressionnistes, sans compter la mire du Nord,
    au 3 rue Girardon, chemin des deux frères.

     Lorsque je suis allé au concert de Maurane «  O Nougaro  », elle a confié au
    public que Claude Nougaro et Diane Dufresne ont habité Montmartre, ou elle
    s'est produite également.

     

     

     

     
    Ci-dessus un meuble réalisé par mon père à l’atelier dans les années 70.

    Rigueur et sobriété des tons cuirs caractérisent l’œuvre.

     

     

     

     
    La toile de Dali, souvenirs d’Afrique témoigne elle du mysticisme de l’artiste,
    et au delà des courants modernes de l’époque.

     

     

     

    C’est en revanche un homme un peu seul et paisible, face à lui-même et à son destin,
    sur le cliché du bas que nous retrouvons.

     

     

    Le contraste est saisissant, il témoigne bien de la réalité. Ci-dessous le fameux
    tapis de la création à Gérone. Une pièce unique. Mon père ne l’a pas vu. Je
    risquerai cependant un parallèle dans le domaine des idées forces.

     
    En effet, s’il est une réalité difficile à élucider avec un peintre comme
    Manuel Diez Matilla, c’est de savoir comment il a pu rayonner sur la peinture
    durant des décennies, insuffler un tel esprit, avant de périr dans l’oubli et
    d’horribles conditions de fin de vie. Son calvaire a duré deux ans, et personne
    n’a eu le courage de l’abréger.

     

     Oui, il ne faut pas l’oublier en dépit des systèmes de propagande bien rôdés qui
    existent, mon père venait d’un milieu ouvrier et modeste, il a toujours été
    modeste. Le Toro de mon enfance, et à un niveau beaucoup moindre la Castille,
    le pays basque et Madrid, sont à l’époque des régions assez misérables. La
    misère est encore partout. La langue, basque, et au-delà la civilisation
    indo-européenne vivante dans le monde basque, est une grande langue, très
    intéressante.

     

     
    Toro est un des principaux berceaux de la chrétienté en Europe, mais aussi et
    surtout un bastion populaire, un lieu ou l’expression du peuple, ses tendances,
    ses goûts, ses traditions, sont quelque chose qui est encore resté très fort.
    Le lien avec le moyen-âge, avec le siècle d’or, le style plateresque, avec les
    origines mauresques, la gouaille populaire, l’enracinement de ce lieu magique
    du christianisme, tout cela a conditionné les structures mentales de l’artiste.

     
    Les « Toresanos » sont des gens d’un certain goût, d’un certain art
    de vivre. Honnêtement, lorsque mon père a démarré dans la peinture alors qu’il
    avait à peine 4 ans et se fabriquait des soldats avec l’argile du Téjar vers 8
    ans, des billes, il demandait souvent l’avis de mon grand-père ou de ma
    grand-mère, il était trop petit pour suspecter son talent, et essayait de voir,
    de savoir ce que les autres pensaient de sa peinture. Une fois plus grand, il
    continuait à leur demander leur avis, et aussi celui de sa sœur avec laquelle
    il est toujours resté très proche, ma tante Angelita.

     
    A l’époque, la liberté d’aujourd’hui, le mépris affiché pour les conventions,
    tout cela était absent de la morale chrétienne, cela n’existait pas, purement
    et simplement. Les gens étaient et vivaient heureux, l’idée même de haine comme
    de nos jours n’existait pas. Seule la guerre civile a bouleversé une importante
    partie des esprits et des comportements. Mais ce monde ouvrier, sécularisé et
    au mode de vie si paisible, vif, aux forces puissantes, vivait dans un cadre
    très ancien encadré en partie par l’église ou mon père devait puiser
    nécessairement son inspiration.

     A vrai dire, c’est la puissance de son génie qui devait peu à peu le mener à de
    plus grands projets, dont celui d’émigrer en France une fois sa décision prise.
    Il faut donc considérer le cadre de la naissance de son œuvre. Et aussi sa
    faculté à changer brusquement de direction.

     Son départ en France correspond à un changement brusque et soudain. Il devait
    envoyer un peu d’argent à ses parents, comme la majeure partie des immigrés.
    Comme il l’a toujours dit, il est venu en France pour travailler, ce que bien
    des gens ne comprenaient toujours pas ici.

     
    Le peuple espagnol est un peuple d’un goût immense, et mon père synthétisait
    bien cet acquis prodigieux, qu’il n’a cessé de faire fructifier. Je dois le
    dire ici, étant d’une constitution physique assez faible, sa vigueur physique
    était énorme, quel contraste avec sa fin de vie ou il n’était plus qu’un légume
    de quelques kilos. En France, le médecin lui avait confié qu’il n’avait jamais
    vu des poumons comme les siens. C’est dire s’il était fort, et travaillait
    d’arrache-pied. Il faut une sacrée dose de force physique pour peindre et
    travailler avec les pinceaux et la peinture comme il l’a toujours fait. Il
    avait aussi le coup d’œil, l’intelligence du maître accompli.

     
    Comme partout et toujours, ombres et lumières nous habitent. Manuel Diez est
    vraiment le peintre qui a su donner une direction, dégager de vraies solutions
    d’avenir. Son aventure picturale commence sur les rives du Duero, le long des
    châteaux et des paysages de Castille, et se termine à Paris, en passant par une
    bonne partie de l’Europe, la Sologne et le pays basque notamment.

     
    Beaucoup de ses œuvres se sont dispersées. Et puis il a fait tant de meubles,
    de tables pour le décor du logis, Mme Mush, Mme Weintraub, le grand trianon à
    Versailles, le petit trianon aussi je crois, tant d’autres clients, Biarritz,
    Deauville, Tours. Son œuvre gigantesque est aujourd’hui éclatée un peu partout
    dans le monde, elle s’est dispersée à travers toute la famille et les amis, les
    acheteurs.

     

     

     

     

     

     


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     Photo avec Sandra, la petite fille de Pepe Perez, le frère aîné de Pédro Perez, dont
    il était le parrain.

     

     

     

    Manuel Diez Matilla : un destin oublié 

     

     

     

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

    3ème partie

     

     

    Refonte au 8 décembre 2012 

    Par Christian Diez Axnick

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Touche avec la sueur,

    Toi prudent et avec amour.

     

     

     

     

     

     

     Mon père avait fait le salon des indépendants avec Prudencio Salvador Asencio, un
    surréaliste catalan. Celui-ci était de la famille de Micaela Asencio, la bonne
    de mon curé de baptême, le R.P. Don Primitivo Belver, un de ses proches amis,
    comme l’était le père Charnin à Montmartre, un suisse.

     J’avais passé une quinzaine de jours avec eux un an avant les jeux olympiques de
    Barcelone et nous avions visité la catalogne. La bonne du curé comme disait mon
    père, en référence à la chanson d’Anny Cordy qui le faisait tant rire. Depuis
    la mort de Primi, je l’ai appelée, l’évêché lui a versé une somme d’argent dont
    elle aurait pu ne rien toucher si elle avait laissé les choses continuer ainsi.
    Tout a failli lui passer sous le nez. Elle m’a dit que mon père était « un
    padrazo », et il est vrai qu’il était assez possessif avec ses fils. Micaela a
    toujours été une femme très drôle, dotée d’un fort sens de l’humour.

     

    Ce tableau de Prudencio préfigure t’il la disparition de Primitivo ? Une créature
    avec un squelette de sardine asséchée sur le désert aride et sec?

    Sans doute.

     

     

    Et celui-ci n’est pas sans rappeler le sacerdoce et le service religieux, avec quelques
    allusions à la Pâque.

     

     

     

    Celui-ci est très intéressant, avec ces trois bonshommes devant un miroir déformé, sur
    un damier. Le temps se dilate et se déforme, jusqu’à l’espace au loin. Le
    miroir a trois reflets, les personnages se dupliquant, avec une espèce de paon
    derrière eux.

     

     

     

    Celui-ci traite à nouveau l’espace ou la nature survit et se débat comme elle peut. Le
    suivant évoque le temps, la musique et la déformation temporo-spatiale.

     

     

     

     

     

     

     

     
    Le tableau ci-dessus est davantage d’inspiration ibérique et guerrière. Le
    suivant est une espèce d’allégorie de la liberté.

     

     

     

     
    Je dois le dire, la Catalogne est une très belle région ou j’avais conseillé à
    mon père de venir peindre. Primi et Micaela m’ont fait visiter une splendide villa
    que leur propriétaire leur avait donnée à garder.

      
    La vue depuis le  haut sur la terrasse était extraordinaire, et j’ai dormi
    dans un lit fabuleux, un lit Wiking, une pièce en bois superbe et majestueuse,
    solide et massive, une véritable merveille d’ébénisterie. La villa était
    magnifique, un joyau comme on n’en trouve qu’à Sitges, à deux pas de la plage.

      
    J’ai beaucoup souffert lorsque les catalans de Samaranch et Maragall ont obtenu
    les jeux dans l’indifférence générale, eux qui ont exterminé la moitié de
    l’Europe avec les nazis, rayé de la carte les états Baltes, participant ainsi
    aux plus grands massacres de masse de l’histoire de l’humanité comme je l’ai
    déjà dit dans le manuel d’introduction. Je me serais satisfait de quelques
    manifestants dans la rue, la ou des milliers seraient nécessaire pour que
    l’Europe démocratique se réveille enfin. Pas un chat dans les rues, quelle
    déception, quelle honte pour le pluralisme et la lutte des classes.

     
    Lorsque j’étais à la fac en 1983, nous avons eu 6 mois de grève des
    conférenciers, alors que les militants d’extrême gauche de l’UNEF prenaient
    1H30 sur 2H00 de conférence, 3 mois de grève de l’administration, 8 facs venues
    manifester à Paris, sans compter les vols d’U.V., l’échec pour la 20ème année
    consécutive de la réforme universitaire. Le drame de la gauche, c’est de ne pas
    savoir cadrer en fonction de ses objectifs. Quelque chose est bancal,
    asymétrique, deux poids deux mesures comme à droite. Tout cela m’a obligé à
    quitter l’université pour l’armée.

    Aujourd’hui, rien ne va non plus, rien n’a évolué faute de prise de conscience.

    Les réformes ont toujours échoué systématiquement. Ma mère va à la Sorbonne en auditeur
    libre par contre.

    Je dois dire, car beaucoup de gens dans ma famille étaient et sont plutôt socialiste
    ( Maruja, David ) que j’ai tout de même une assez bonne opinion de Mr Lionel
    Jospin. Ingo avait été invité à un banquet du coté de Tours je crois. Ils
    étaient quelque uns à table. Lorsque j’étais arrivé à Paris IV pour m’inscrire
    à Paris I, j’étais tombé sur lui en 1983, et lui avait demandé ma route en
    quelque sorte. Jospin m’avait renseigné. C’est un brave homme, intelligent. Son
    échec à la présidentielle n’est pas le reflet de ses grandes qualités humaines.
    Un de mes anciens camarades de classes l’a eu comme conférencier plusieurs
    années. Il avait été pris à partie en Palestine, come Michèle Alliot-Marie il y
    a quelques années. Mais globalement, Lionel Jospin a su apporter sa modération
    aux forces de gauche.

     
    Heureusement, j’ai fait ce voyage à l’invitation de Primi un an avant les jeux.
    J’étais pour un boycott clair et net, mais on ne nous a pas laissé nous
    exprimer. Mon séjour en Catalogne fût inoubliable, à Barcelone, à Tarragone, à
    Sitges, sur la côte. Le musée Dali est magnifique.

    La tapisserie de la Création à Gérone est une pièce unique.

     

     

     

     

     

     

     
    André Serrita, mon ancien professeur de flamenco, un proche de Sabicas, est né
    dans le quartier gitan de Barcelone, le quartier le plus pauvre. Sabicas est un
    des plus grands flamenquiste de l'histoire, avec Carlos et Ramon Montoya,
    Escudéro, Paco de Lucia, ou encore aujourd'hui Vicente Amigo. Le père d'Andrés
    était aussi un grand guitariste de classique et de flamenco.

     
    Ce voyage est le dernier que j’ai fait en Espagne ou j’ai eu l’occasion d’être
    avec Primi, après je suis allé à Toro en 2011. Et puis lorsque l’on voit
    comment Sarkozy a vainement tenté de piller notre patrimoine national, il faut
    se rendre à l’évidence, nous sommes sur la défensive dans un monde instable aux
    lendemains incertains.

    Il procède avec un mode opératoire qui consiste à débaucher les gens, notamment
    les gens qui se disent de gauche, ou des gens immondes, traîtres et parvenus
    comme Séguéla, toute cette cohorte de lèche-bottes.

      
    J’aurais bien fait une année de plus avec Yvette Taborin à Paris I Tolbiac,
    mais le vol de mes U.V. m’a dissuadé de continuer l’archéologie et l’histoire
    dans une université ou régnait l’anarchie la plus complète. C’est une des
    dernières intellectuelles communiste, marxiste, la dernière a avoir connus les
    plus grands théoriciens russes, français du communisme, doctrine venue
    d’Allemagne, puisque Marx était un baron allemand. Mais les russes ont fait
    encore plus fort théoriquement. C’était aussi une grande préhistorienne et
    traumatologue.

    J’irais presque jusqu’à dire qu’après Sartre et Simone de Beauvoir, elle est la
    dernière des intellectuelles de gauche qui ait eu sa chaire de conférencière, a
    avoir influencé les gens de gauche.

     
    Le salon des indépendants, que mon père fit avec Prudencio, car à l’époque il
    voulait que je l’aide à vendre en France, il avait déjà fait des salons
    prestigieux et ses œuvre étaient cotées, fut il faut bien le dire un échec.
    Personne ne fit attention à nous, pourtant l’œuvre de Pruden est remarquable.
    L’expédition que nous fîmes ne connut aucun succès. Il est vrai aussi que mon
    père n’y exposât que des toiles de petite facture. La vue que nous avions sur
    les champs de M. Lemoine à l’époque ou les promoteurs n’étaient pas encore venus.
    Depuis ils ont construit devant chez nous. Avant, il y avait des champs partout
    autour. Il avait amené également des vues du musée Cortot qui a vu passer tant
    de peintres.

     
    Renoir est le premier d’entre eux à s’être installé au 12 rue Cortot. Mon père
    n’appréciait pas sa peinture. J’habite aujourd’hui rue de Strasbourg à
    Arnouville.

     
    Utrillo y a vécu aussi. Parfois, ivre, il jetait ses pinceaux sur les passants.
    Sa mère, Suzanne Valadon, y est venue aussi. Elle était du Limousin comme
    Renoir.

     Beaucoup d’autres y sont venus, presque tous les impressionnistes, dont Van Gogh,
    Cézanne.

    Il n’y a pas un seul numéro de la rue Lepic à Montmartre ou des célébrités n’aient
    pas habité.

    Un soir, nous avons failli aller voir Dalida, mais nous n’avons pas osé.

     
    Je dus monter les tableaux sur le toit de ma voiture et emmener tout le
    chargement, Prudencio avait mis et placé ses toiles dans de petits coffrets en
    bois qu’il avait confectionné.

    Le voyage fût difficile. Mon père était particulièrement coléreux. C’était une des
    dernières chances pour lui. Le voyage de la dernière chance.

     Beaucoup rêvent des indépendants, mais seules les célébrités s’en sortent
    financièrement.

    Ou encore tout au plus quelques contestataires, quelques artistes modernes,
    anticonformistes, surprennent et vendent. Pour cela ils bénéficient de tout un
    réseau commercial et de clients assurés et fidélisés.

     

     

      
    C’est la dure loi du marché de l’art. Ce sont des hommes d’affaires américains
    et des journalistes allemands qui ont lancé Picasso, à ses débuts lorsqu’il
    faisait pas mal d’eaux-fortes. Le marché de l’art a ses codes. Moi j’ai fini
    par aimer Picasso, notamment sa superbe toile «  Massacres en Corée » qui
    se trouve au musée Picasso de Paris. C’est une œuvre réellement engagée, qui montre
    l’anonymat des tueries, la dérision qui accompagne les droits de l’homme. Il
    s’est beaucoup lancé en France aussi, au bateau-lavoir. C’est là qu’il a peint
    les demoiselles d’Avignon et Guernica je crois qui se trouve aujourd’hui à
    Madrid.

     
    Prudencio, vous l’aurez remarqué, se trouve en tant que catalan naturellement
    influencé par Dali. Certaines de ses toiles surréalistes portent des numéros,
    des chiffres, comme le chiffre 7.

    Les chiffres ont une place et une signification prépondérante. Dali est vraiment un
    monument du surréalisme, comme mon père est un monument des paysages aquatiques
    et floraux cellulosiques, ou des ocres et des gris dans la peinture à l’huile.

     

     

          
    ( détail du tapis de la création )

     

     
    La peinture de Dali est une peinture propre, illuminée, ou le sujet occupe une
    place prépondérante. Comme je l’ai dit, mon père a passé les trois dernières
    années de ce qui fût sa carrière au musée Cortot, dont il haïssait le
    directeur, Mr Charpentier, qui ne lui avait versé que la moitié de son salaire
    en trois ans.

     
    Il a fini par avoir gain de cause en justice, au terme de deux ou trois ans de
    procédure.

    Charpentier s’est payé le luxe de se faire inviter à l’époque sur le petit écran, à la
    télévision, ou il a présenté l’enseigne du Lapin Agile. C’était les années de
    plombs, les années Mitterrand, les années ou Thierry Paulin terrorisait le
    quartier, les pires années qui soient.

    Mon père lui a collé toute une série de recommandés, d’avocats, de témoins,
    d’huissiers.

     
    Aujourd’hui, nous sommes en quelque sorte dans l’extrême inverse, les gens sont
    décontenancés, ils ne savent plus à quel saint se vouer. Sarkozy verrouille les
    médias, débauche les opposants à tour de rôle, le système est cadenassé.

     
    C’est ce verrou qu’il faudra faire sauter le moment venu. Trop de gens le
    trouvent intelligent, alors qu’il est le représentant d’un des pires systèmes
    de pensée, d’un des pires nationalismes d’Europe. Le sortir de là sera très
    difficile, et je ne sais pas encore si je pourrais mener ce combat.

     
    Il faut une solution de rechange, une stratégie globale, la volonté d’en finir
    avec le système actuel. Pour cela, la gauche doit à la fois savoir pardonner et
    savoir réorienter ses idées.

    Elle doit se remettre en question.

     
    Comment se fait-il qu’un peintre comme mon père, dont la production représente
    des milliers de toiles à l’huile, de pastels, d’acryliques, de tables, de
    meubles, de paravents, sans compter ce qu’il fabriquait avec l’argile du Téjar,
    comment peut-il se faire que la société l’ait abandonné, comme elle a abandonné
    David, comment peut-on en arriver là ?

     
    C’est une vraie question qu’il faut avoir le courage de poser. Si l’on veut un
    jour repartir sur des bases saines, il faut résoudre ces questions. Il faut un
    accompagnement, que des investisseurs fassent quelque chose, et non les
    profiteurs, les spéculateurs, les hommes d’affaires et les commerciaux sans
    scrupules.

     

     

     ( autre détail du tapis de la création )

     

     

     

     
    Nous vivons dans un monde ou les gens sont divisés, séparés par leurs idées et
    leurs intérêts, ou les différences se ravivent. Tout est séparé, cloisonné. Le
    monde a connu de profondes mutations depuis les années 70, depuis la fin trente
    glorieuses qui vont me semble t’il de 48 à 78. Il ne sera plus jamais comme
    avant.

     
    Il faut proposer, concevoir un avenir, et ne pas s’abstraire de cet avenir,
    même si les temps ont changé. Je ne veux pas non plus faire de démagogie.
    J’aimerai retourner à la terre, Hanifia et moi voudrions acheter un pavillon et
    vendre l’appartement. J’aimerais en revenir aux pinceaux, et cesser cette vie
    tumultueuse et insoutenable ou l’on ne vous garde que deux ou trois semaines
    dans le bureau d’études ou vous débarquez.

     
    Oui, il faudrait que je me stabilise professionnellement. Mon grand regret,
    comme pour Hanifia, est de ne pas avoir pu avoir d’enfant. Et puis, je devrais
    davantage travailler de mes mains, et laisser un peu tomber les ordinateurs. Il
    faut consolider nos maigres acquis.

     
    L’air du temps est aux révolutions, mais ma génération, les castes ou les
    classes par lesquelles je suis passé, n’a pas pu réellement s’exprimer.
    L’audiovisuel est cadenassé, par Bouygues, par Berlusconi. Il faudrait que tous
    ces chevaliers blancs cèdent un peu plus la place au peuple. Ils n’ont jamais
    rien fait ni levé le petit doigt pour que les courants contemporains puissent
    s’exprimer, profiter éventuellement de ce formidable outil qu’est
    l’audiovisuel, ou l’on ne sert plus que des petits fours et des amuse-gueules
    aux invités sur les plateaux. Pourtant, les satellites, c’est tout le monde qui
    les paie.

     
    Tous ne jurent que par l’audience, raisonnent comme des médias puissants, mais
    à courte vue et dans des limites conjoncturelles. On ne bâti plus rien avec ce
    système privé et fermé à toutes les initiatives, ou les présentateurs ne
    lâchent du lest que de temps à autres, et encore, pour mieux noyer le poisson
    par la suite et étouffer les révolutions dans l’oeuf. Ils font tout pour se
    maintenir dans un système devenu aujourd’hui archaïque, une télévision qui ne
    correspond plus à notre temps et aux problèmes à venir, fermement aux mains du
    pouvoir.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    Manuel Diez Matilla : un destin oublié 

     

     

     

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

    2ème partie

     

     

    Refonte au 8 décembre 2012 

    Par Christian Diez Axnick

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Manuel ou l’assurance et la maturité.

     

     

     

    Qui dit psychanalyse, veut dire dans cet essai de plus large compréhension de
    l’œuvre de cet immense artiste, qui a peint des centaines et des milliers de
    toiles qui sont toutes des chef-d’œuvre, s’appuyer sur un raisonnement correct,
    construit, et concret.

    On ne décrypte pas facilement les mille et une facettes d’une telle œuvre, aux
    bornes si distantes les unes des autres, aux différenciations si particulière
    dans l’appréhension de notre temps. Par exemple pour mon père le théâtre était
    un art majeur.

    L’endocrinologie constitue une des bases, un des socles de la pensée et de l’explication
    psychiatrique. Le livre « Les hormones sexuelles » des professeur K.D. Voigt et
    du docteur H. Schmidt, paru chez Robert Laffont, me semble constituer une bonne
    introduction à cette science développée assez tôt. Ici, je risque un parallèle.

    Une force de la nature comme manuel Diez Matilla, un génie si vif, si profond, ne
    peut s’étudier qu’en prenant en compte toute l’acception du terme psychanalyse.

    Il vaut mieux connaître déjà les 5 principales religions monothéistes, dont le
    judaïsme, le christianisme ( protestantisme, luthérianisme et le catholicisme
    ), l’Islam avec le Saint-Coran, sans oublier les autres, tant dans leur
    pratiques que dans leur fondements, de façon à mieux appréhender et envisager
    une œuvre d’une telle dimension et d’une telle complexité dans l’approche des
    sujets de société.

    Sans compter nous l’avons dit le bouddhisme, l’hindouisme, les religions orientales
    et extrême-orientales, puisque mon père a travaillé dans la laque de chine et
    de Venise toute sa vie ou presque, disons durant la majeure partie de sa vie
    active. Je connais un peu moins ces religions, même si j’ai un peu fait
    connaissance avec le bouddhisme à l’université.

    J’aime bien le livre « Spirite », d’un grand poète indien et soufi comme Kabir, que
    j’ai lu parce que Nina l’avait chez elle. Je connais nettement moins le reste.
    C’est un grand livre de spiritualité.

    La question est avant tout une question de discernement. L’artiste a connu de
    vives et profondes mutations et évolutions, avec un fils directeur
    stable : sa méthode, son style pictural. Sa pensée a évolué aussi de fil
    en aiguille. Sa maturité a été constante et appuyée.

    Il vaut mieux connaître aussi l’histoire de l’art dans la région de Zamora, Valladolid,
    Toro, jusqu’à Tolède et Burgos, et même plus loin, tellement tant de choses et
    d’artistes s’y recoupent.

    Je dirais que cette dimension correspond aux débuts, au launching de l’artiste.

    Zurbaran, Ribera, tant d’autres se sont fondus dans cet univers indivisible.

    Une des amies de mon père, Marie Raso Moutinho, avait dans sa famille une proche
    nommée Isabelle Wallon Raso, qui vit aujourd’hui non loin de Tolède, ou du coté
    de Gérone. Elle s’appelle aussi Allemand, comme Aléman.

    Je recommande si l’on aborde la partie classique de l’œuvre de mon père la lecture
    du livre « Les figures de style », de Catherine Fromilhague, chez nathan
    Université, qui dresse bien le panorama des tropes dans la littérature ou le
    théâtre.

    Un autre ouvrage qui peut s’avérer très utile dans la compréhension de son œuvre
    s’appelle « Les termes clés de l’analyse du théâtre », d’Anne Ubersfeld, paru aux éditions
    du Seuil.

    On ne peut se satisfaire de l’ignorance, dès que l’on tente de mieux expliquer
    quel furent les passions et les drames, l’incompréhension dans laquelle a
    parfois vécu un tel artiste.

     
    Car de nos jours et avec les temps qui courent, la société ne reconnaît pas les
    grands artistes, mais cherche à les réduire aux strictes limites qu’elle s’est
    fixée.

    A vrai dire, chez Manuel Diez, la montée du psychisme est un fait avéré, le
    besoin et l’envie de peindre sont des données constantes de sa vie. C’est le
    peintre du besoin et de l’instant. Le « moment », terme mathématique, est
    l’instant ou il a choisi de commencer une œuvre, pour l’achever et la finaliser
    au fur et à mesure.

     

    C’est une autre relation avec la création picturale, un autres corpus ou le peintre
    et son œuvre ne font qu’un, s’associent, se divisent, se séparent, se
    réunissent à nouveau, au gré de la progression de leur rapport l’un avec
    l’autre.

    Manuel Diez vit sur une autre planète, celle de la maturité artistique et picturale,
    celle de la maîtrise étroite des mélanges de pigments les plus complexes et les
    plus difficiles.

    Son monde est celui d’un représentant généreux et convaincu de ses idées.

    La peinture a toujours été le principal catalyseur de son expression, de son
    caractère.

    Il se retrouve en elle, et elle est en lui. Les deux forment un seul être
    autonome, vivant et fait de difformités, de contorsions, en un écoulement
    turbulent, un va-et-vient permanent entre la pensée et l’acte créateur. C’est
    le noyau de la famille.

    Je dirais ici que la psychanalyse est techniquement parlant indissociable de
    l’endocrinologie. Au point de vue de nombre d’explications techniques et liées
    au fonctionnement. De la même façon et dans le même ordre d’idée, la couleur ne
    peut se séparer de l’artiste.

    Le drame culturel existe, il est latent. Autant, chez l’individu assez faible, la
    montée du psychisme s’accompagne de problèmes, autant chez un individu sur de
    lui comme l’était mon père, elle se passe de façon linéaire. Elle se situe dans
    un continuum particulièrement éprouvé.

    Mr Gigot, mon ancien professeur d’allemand, s’intéressait beaucoup à la
    psychanalyse, qui constitue un élément nouveau au 20ème siècle. Almuro est par
    exemple un compositeur de musique électroacoustique, un proche de Xénakis, qui
    a longtemps traité l’absurde, ses interférences sur l’homme.

    L’endocrinologie est avant tout une science proche de l’exact. Habituellement, Manuel Diez était
    d’une très grande vigueur physique, ce qui n’est pas à l’instar de sa déchéance
    peu avant sa mort.

    Mon père considérait que la constitution de 58 était un chef-d’œuvre. Je suis plus
    partagé sur la question.

    Je trouve, et l’histoire récente le prouve, que l’étonnante complicité des
    Etats-Unis et de l’Europe avec l’état israélien qui commet les pires crimes en
    Palestine, est une forme de décadence. Jésus était un juif palestinien. Israël
    a commis et commet les pires abominations en Palestine. Cette déchéance morale
    est profonde et organisée par le haut.

    Le pire est que cela ne dissuade pas l’intégrisme juif. J’aimerai tant qu’une
    femme comme Berthe Mann, très proche amie de ma mère, reconnaisse qu’Israël a
    volé leur terre aux palestiniens, en assassinant des milliers de gens pour 2 ou
    3 victimes.

    Lorsqu’il travaillait comme copiste au Louvre ( il a ete au Prado aussi ), mon père fit
    la connaissance d’Antonio Illan, qu’il devait prendre à son service par la
    suite. Les Illan sont nos amis depuis 30 ou 40 ans depuis. Nous connaissons
    toute la famille et nous avons passé le dernier réveillon ensembles.

    Par contre, mon père n’a pas gardé Antonio Illan en CDI. Une fois, c’est tout juste
    s’il ne lui demandait pas un million d’anciens francs pour poncer une misérable
    table ! Mais je plaisante un peu. Antonio l'aidait ponctuellement, il lui
    servait d'appoint suivant ses besoins. Il a eu deux enfants d'un premier
    mariage avec Claudia, une aveugle.

    L’actualité récente est terrible. Manuel Diez fait figure d’exception dans ce monde affreux
    et sanglant. Qu’il me soit permis de faire de lui un exemple, au travers du
    SIDA et des années 80. Surtout avec un président qui s’octroie une augmentation
    de salaire de 140%, ou s’achète un avion Falcon à 45 millions pour s’aligner
    sur les autres chefs d’état. Le contraste entre l’opulence, le cynisme, la
    haine, le mépris de l’autre et la misère est élevé. Sous Sarkozy, le déficit
    public a été multiplié par deux. Sans compter les 500 euros quotidiens il y a
    encore quelques temps pour que Mme Dati puisse lire les journaux, ou ses 10
    véhicules de fonctions, 10 taxis.

    Contrairement à ma femme Hanifia qui le déteste et change de chaîne dès qu’il passe à la
    télévision, je lui accorde qu’il a tout de même été avec Cécilia, qui possède
    un lien de parenté avec Isaac Albéniz. Il faudrait dit-on 25 vies des plus
    grands pianistes pour ne jouer à peine qu’un dixième d’une œuvre pianistique
    comme Ibéria. Rachida Dati était une proche de Cécilia, il a juste attendu un an
    avant de la lâcher après son divorce, question de principe. C’est la seule de
    ce gouvernement qui a tenté d’insuffler quelque chose, mais d’autres étaient
    plus diplômés et plus qualifiés.

    De fort, j’ai vu mon père passer à un état d’extrême faiblesse. Dans sa jeunesse
    il avait des idées franquistes. Mais à une époque d’idées généreuses. Franco
    est le premier et le dernier à s’être dressé face à Hitler, notamment avec le
    fameux éposode du train, contrairement à ce que raconte une certaine propagande
    de gauche 40 après. Il n’a pas à en avoir honte, même si ses idées ont évolué
    très différemment par la suite.

     A ses débuts, Franco était amiral, lorsque les américains ont mobilisé toute leur
    flotte ultramoderne, des milliers de navires de guerre et 3 millions d’hommes
    pour nous extorquer les philippines. Il est le seul, contrairement à Pétain,
    Laval et Mussolini, à ne pas avoir livré un seul juif aux nazis. Il est le
    premier dirigeant atlantiste d’Europe, le premier et de dernier à s’être opposé
    à Hitler. Mais rappelons déjà au sens «  logicien » du terme qu’Hitler
    était un juif autrichien, dont des journalistes américains on dit récemment
    qu’il est né avec un seul testicule, ce sera plus simple ainsi. Il ne faut pas
    abuser, car beaucoup de gens ont souffert sous le nazisme et lui aussi. « Unter
    den Linden », comme dit ma mère.

     
    Le seul après lui c’est Roosevelt. Notamment lorsqu’il lui a posé un lapin
    avec ce donc célèbre épisode du train. Il aura fait beaucoup pour les
    musulmans, les juifs, l’église, même si les pires et les plus sanguinaires
    combattants juifs ont été dans ses rangs.

     
    Face aux américains à ses débuts, nous ne pouvions opposer que deux ou trois
    rafiots et deux ou trois coquilles de noix. Franco a beaucoup fait pour
    l’église, mais aussi pour les musulmans et les juifs. Vers la fin de sa vie mon
    père ne l’aimait plus tellement. «  No dice enseguida …  ».

    Il faut bien comprendre qu’à cette époque, l’honneur politique était encore à peu
    près possible.

    Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui. Si je prends l’exemple de mon oncle
    Norbert, qui est avec une jeune femme des philippines, Julieta qui était venue
    à Paris avec ses soeurs, et bien il est l’anti-Espagne incarnée, enfin dans une
    certaine mesure. La dernière fois que je l’ai vu il m’a dit au sujet du coureur
    cycliste Pedro Delgado : « Der war Voll ». Il n’a rien trouvé d’autre. C’est
    d’un cynisme à toute épreuve. Mais Norbert était très drôle étant petit,
    lorsqu’on l’habillait pour le carnaval.

    En 88, l’année ou Delgado a gagné le tour, mon employeur a tenté de me tuer alors
    qu’il avait mutilé une de mes amies quelques années plut tôt. 2 ans de procès.

     
    10 ans plus tard David disparaissait. Le livre de Pedro est en vente à 10
    euros.

     
    C’est à la fin des années 80 que mon père a attaqué Mr Charpentier, le
    directeur du musée Cortot, qui ne lui avait payé que la moitié de son salaire
    durant trois ans. 3 ans de procédure et de procès ont suivi.

    Mais on a senti un réveil, une volonté d’avancer. Ces dernières années le cyclisme
    espagnol a continué son renouveau. Même chose en football, les leçons, ça paye.

    Moi contrairement à mon père qui n’aimait pas les cyclistes, j’aimais bien Luis
    Ocaña.

    C’était un grand républicain, son livre biographie est admirable. Je l’ai juste
    feuilleté. Pour l’anecdote, mon ami Jean Seigaud dont j’ai déjà parlé a couru
    en cyclotouriste avec lui.

      Il avait mis « la pâtée » à Michel Drucker, le présentateur de télévision.

    Ocaña s’est donné la mort alors qu’il se savait atteint d’une hépatite. Mes deux
    frères étaient mordus de cyclisme. Pour mon père, c’était bien simple, tous se
    dopaient. Les seuls sports qu’il tolérait étaient la natation et la
    gymnastique. Hanifia et moi avons acheté deux vélos depuis. Je dois acheter une
    pompe pour réparer les roues, enfin c’est déjà fait.

    Lorsque Mme Thatcher a passé 30 ans à établir de faux titres de propriétés des
    Malouines, déjà on l’a vu, tout s’est terminé dramatiquement. Idem avec une importante
    partie de la gauche ou des communistes, qui aiment à réviser l’histoire à
    l’envers 40 ans plus tard. Le lobbying antiespagnol est puissant.

    L’anti-Espagne est puissante comme en parle Franco dans ses mémoires ( Il y cite les Polo, nom
    également d’une partie de ma famille. Est-ce un hasard ? ). L’Angleterre a tout
    de même déclaré la guerre uniquement sur la base de faux en écriture. La guerre
    des malouines a coûté la vie à des milliers de soldats. Alors vous savez, si
    pour la tradition anglaise la reine est censée amener la paix et la sécurité
    partout ou elle se rend, on reste assez loin d’un ordre sérieux. Je préfère
    Jeanne d’Arc à l’église saint-Saturnin, même si je n'aime pas du tout les gens
    qui l'ont récupérée.

    C’est une des raisons qui ont fait que sa dimension publique a été amoindrie. Des
    gens de ma famille allemande se sont battus contre les anglais à Vamy, là ou la
    reine d’Angleterre va faire ses macabres célébrations. Ils y ont laissé la vie
    d’ailleurs. J’ai toujours été marqué par l’extrême misère de l’Espagne de mon
    enfance, ou d’une partie minime de celle-ci.

     
    Je dois dire que ma sensibilité anglo-saxone reste un peu plus germanique. Les
    Windsor sont tous d’origine germanique du reste. Le duc d’Edimbourg a même
    cassé la jambe à l’un de mes amis lors d’une prise d’arme. Il s’en est fallu
    d’une seule voix m’a confié ma mère pour que la langue allemande soit adoptée
    comme langue officielle des Etats-Unis.

     
    Une année j’ai écrit à la princesse de galles, pour tenter d’aborder la
    question sur Diego Ramon et sur le marranisme en Espagne, mais elle s’est tuée.
    C'était pratiquement le seul chanteur castillan de haute tenue, et moderne avec
    ça. Cela ne m’a pas porté chance. Je voulais être concret et seulement partir
    du peuple, de considérations modernes. La diversité artistique de l’Espagne est
    profonde.

     
    On le voit dans le livre de Funck-Brentano sur Martin Luther, aux éditions
    Bernard Grasset, Hitler a bien sûr repris certaines choses sur Luther. Un
    journaliste américain rapporte donc nous l’avons dit qu’Hitler n’avait qu’un
    seul testicule, au grand désespoir de sa mère, qui concevra un deuxième enfant
    avec son mari. Il l’a exaspérée.

     
    Luther est le premier théologien allemand qui ait traduit l’ancien testament et
    le nouveau testament en allemand. C’est un héros, certes controversé, mais un
    héros.

    On le reprendra sur les pièces de monnaie par exemple. Moi j’aime les allemands de
    Silésie (Schlésien ), je ne rentre pas trop dans le cadre nationaliste « bon ton ». Je
    dis que ce pays n’a jamais été ni russe ni polonais, c’est tout, pas plus que
    la Prusse orientale, qui a été allemande durant des millénaires. Edith Beer,
    une très proche amie de ma mère qui porte le même nom que celui de ma tante
    disparue, est originaire de Silésie. Elle nous a rendu une petite visite
    récemment, en octobre 2010. Albert Einstein était aussi originaire de Silésie
    me semble t’il, ou des sudètes.

    Irina, une amie de Marita, une autre de mes tantes, est elle originaire de Mazurie,
    d’ou vient la Mazurka. Là encore, cette région a toujours été et est toujours à
    très forte majorité allemande depuis des millénaires. Pendant la guerre, un
    soldat russe avait braqué sa mère.

    Elle lui avait répondu que s’il la tuait il serait obligé de tuer sa fille aussi.
    Les polonais et les russes ont toujours été particulièrement oisifs et
    invivables dans ce pays qui n’a jamais été le leur.

     Récemment en revanche, j’ai pu assister au spectacle de chœurs et de danse de l’orchestre
    de l’armée russe, qui s’appelait auparavant les chœurs de l’armée rouge, nom
    plus engagé. Les danseuses et les danseurs sont exceptionnels, taille fine et
    taille de guêpe. Ce sont des danseurs de plus petit gabarit, qui n’ont pas
    réussi à rester au bolchoï, mais les chorégraphies sont toutefois remarquables.

     Luther, pour en revenir à lui, était un grand réformateur, plutôt qu’un prophète.

     

    Il a rédigé ses 95 propositions, s’est élevé contre les indulgences, mais a
    cautionné aussi des crimes assez abominables. A l’époque, l’église abusait le
    peuple, et lui demandait de remplir les caisses. Il fallait payer pour que son
    âme puisse monter au ciel.

    Les indulgences étaient vraiment une forme d’assassinats programmés. L’église
    romaine assassinait en masse avec ce stratagème.

    Manuel Diez n’a pas réussi à protéger ses fils, notamment David, mais que pouvait-il
    faire ? C’était un génie fabuleux. Et comme toujours, l’histoire se dérobe sous
    leurs pieds.

    Lui qui avait écrit à Giscard d’Estaing ( et il lui a répondu ), qui allait jusqu’à
    coller ses affiches, a sans doute sous-estimé les errements des gaullistes, qui
    sont des pinailleurs invétérés. David a fini comme Abdelkader Bentayeb, mon
    beau frère.

    Marre de ce monde.

     Ou en sommes nous aujourd’hui avec Sarkozy, que ma femme Hanifia déteste comme je
    l’ai dit au plus haut point qui soit ? La France est au bord du gouffre.

    Justement, les gaullistes, qui sont si on veut, ou en quelque sorte par une espèce de
    métaphore, le grand esprit invisible dont parle Jésus, c'est-à-dire autre chose
    que des communistes, se sont fait une fois de plus les valets d’une potiche
    comme Sarkozy.

     Jacky Lhomme est le seul qui m’ait donné l’impression d’émerger dans le monde de
    notre Gaule si prosaïque.

    Le pays est dans l’impasse politique, avec des nuées d’affairistes, de menus
    tyrans locaux, de caciques, de profiteurs. Tous veulent qu’on rentre dans leur
    jeu. De temps en temps ils font un peu de show-biz pour se requinquer, et vous
    offrent des petits fours.

    Du moment que l’argent rentre dans leur poche ils sont contents. L’un d’eux avait
    même invité Sitting Bull, du moins son descendant. Les français sont comme des
    bébés, on peut en rire aussi.

    Je ne fais pas d’à priori, je ne fais pas une fixation. J’observe que tant qu’ils
    nous piquent nos femmes ils sont contents, mais au fond ils se foutent bien de
    nous. Les horreurs que les israéliens ont commises en Palestine prouvent les
    limites de ce qui peut se faire. Ce sont quand même de vraies chiffes molles.
    Pas un mot là-dessus.

    On ne peut accepter de se borner à admettre de tels crimes, aux conséquences
    incalculables. Personne ne peut accepter cela. Plus rien ne sera jamais plus
    comme avant. Le monde n’a plus d’autre issue que d’attaquer Israël. Il n’a plus
    d’autre choix.

    Et même les juifs les plus intégristes le savent, ce n’est pas acceptable. Qu’on
    leur rende leurs terres. Rendez leur leurs terres un point c’est tout.

    Comment peuvent-ils assassiner des enfants de la sorte ? Ce n’est pas possible.

    Voilà, le monde est ce qu’il est. La lâcheté est partout. Il est terrible ce constat.

    On ne peut refaire ce qui a déjà été fait. Dans mon métier, lorsque je travaille à
    une étuve, ou à un réacteur, pour la fabrication de médicaments, je m’aperçois
    que ce métier je l’ai en partie hérité aussi. Ce métier, il est aussi une
    profession et rien d’autre. Aujourd'hui je travaille également pour des
    centrales nucléaires, dans l'agro-alimentaire, l'industriel.

    Quelque part, je suis un peu soulagé que ma mère, qui est protestante et va au temple,
    se rapproche un peu des catholiques. Les temps sont durs. Ma femme, qui est du
    Maghreb, déteste les dirigeants du monde actuels, celui d’un Krach industriel
    et financier sans précédent, les Bush, Sarkozy, et autres cinglés, autres
    profiteurs des régimes. La spéculation est partout. Comment les gens ont-ils pu
    en arriver là ?

    Il faut le dire, le monde ne sera plus jamais ce qu’il a été et ce qu’il était. Le
    monde actuel est terrible. On ne refera pas des artistes comme Manuel Diez.

    Heureusement que ma mère, qui va souvent à la Evangelische Kirche de Paris, le temple
    protestant, fait quelques concessions aux catholiques. C’est un moindre mal.

    La disparition de son fils David, mon frère, ou encore celle d’Abdelkader
    Bentayeb, mon beau frère, sont des faits qui prouvent la folie de la société.
    Elle les a broyés. Abdelkader avait connu un important traumatisme crânien.

    Le frère aîné de mon père est mort aussi dans des circonstances analogues à celles
    qui ont vu la disparition de David. Mon grand père ne s’en est jamais relevé.

    Il était l’élu, le « primogenito ». Lorsque mon père l’a ramené en Espagne, il est
    mort de chagrin et du choc émotionnel.

    Dans son manuscrit sur l’incendie de l’église Santa Catalina survenu en 57, mon
    père, vers la fin de ce manuscrit, parle des masques qu’avait réalisés mon
    grand-père pour garder un souvenir des traits du visage de son fils qui portait
    le même nom que lui.

     A la mort de mon grand-père, Vénancio, mon père fit de même. Il fit je crois des
    dessins, et des masques avec du papier si je me souviens bien. Nous étions à
    l’hôtel Juan II ou mon grand-père est décédé.

    Quand je pense à Mme Dominguez. Les Dominguez de la Torre étaient et sont toujours
    des musiciens exceptionnels, originaires de Galice, comme José Soto. Ce sont
    deux frères jumeaux, avec leur sœur Téré. A l’époque un batteur français
    complétait le groupe. Tout le répertoire des variétés et du Rock y passait. Ils
    étaient à leur grande époque parmi les plus grands musiciens de variété
    d’Europe, dans les tous premiers. Moi et deux amis avions également créé un
    groupe à la même époque.

    J’ai même fait partie d’un groupe de new-wave. Un groupe anglo-saxon. Mon oncle
    Norbert avait des amis en Allemagne qui constituaient eux un très bon groupe de
    Rock Country. J’aime beaucoup le Ryth’m Blues. Eric Clapton est le grand
    musicien anglo-saxon de notre temps encore en vie je crois. Norbert jouait de
    la guitare hawaïenne. C’était sa spécialité.

    La pauvre Mme Dominguez est morte dans des conditions que je ne veux pas
    développer ici. C’est un peu le même scénario qu’avec David et Abdelkader.

     
    Je les vois tous les jours les cinglés et les fous. Prenez le maire de ma
    ville. Il a réussi à faire débaptiser la ville en lui enlevant la particule «
    lès-Gonesse » ( j’ai joué 10 ou 15 ans au rugby à Gonesse ). Il a également
    encore récemment débaptisé et rebaptisé au nom de M. Bigel la rue le long de
    son pavillon.

     Dommage que le conseil d’état ait laissé Michel Aumas débaptiser les noms et faire ce
    qu’il veut dans la ville sans réagir.

    Seul 23% des électeurs ont pu se rendre finalement au scrutin. Au prétexte de
    moderniser notre ville, on détruit une partie de son passé.

    C’est vrai que Mr Bigel a reçu Sitting Bull, mais je n’en dirais pas autant de ses
    relations avec l’internationale et les anarchistes, comme quoi la droite est
    prête à tout pour se maintenir comme elle peut. Ma mère aussi pense que c’est
    mieux «  Arnouville ». Finalement je m'y suis fait aussi, bon gré mal
    gré.

     
    Je pense ici à Mme Mercier, qui a été agressée il y a quelques années par des
    voyous. Son mari a été mon professeur de mathématiques, comme elle aussi je
    crois. Ma mère aussi a été agressée par des voyous dans le bois des Condos, qui
    avaient réussi à lui dérober son sac.

     
    Lorsque nous avions étés champions Ile-de-France par équipe en athlétisme avec
    Sonny, c’est tout juste si M. Bigel n’était pas venu nous cracher dessus. C’est
    ça aussi la droite. C’est bien souvent le mépris le plus affiché de la
    condition humaine.

     
    Les grands clubs, que nous avions tous battus et passés en revue, n’ont reculé
    devant rien pour essayer de nous spolier et de nous déposséder de notre titre.

    Je n’ai rien contre les grands clubs, même si certains de nos athlètes ont failli
    battre des athlètes de ces mêmes grands clubs, et l’ont fait d’ailleurs.
    Lorsque je jouais au rugby, je suis resté invaincu 14 ou 15 fois contre le
    Racing CF. Même la première du Racing.

     

     
    Ici je résume car ce n’est pas tout. Je comprends bien que les grands clubs ont
    une politique différente. Gonesse a battu Béziers ou Narbonne une fois je
    crois, au Racing. Le match s’est terminé en bain de sang. C’est dire que les
    grands clubs ne sont pas toujours si sportifs qu’on veut bien le dire. Le club
    est arrivé en quart ou en demi-finale du championnat de France un an après sa
    création.

     Je suis même un des rares joueurs à ne jamais avoir perdu contre le Racing.
    J’étais très heureux à chaque fois que nous arrivions au Racing, que les
    records nationaux, européens et mondiaux des perchistes du Racing soient
    affichés. Un de nos perchistes d’Arnouville a même failli battre Vigneron à
    l’entraînement. Houvion est sur Facebook. C’est un gars sympa. Comme Romain
    Mesnil. Il y en a beaucoup d’autres.

     L’année ou j’ai entraîné les gamins, l’équipe est arrivée en tête dans un tournoi
    Groupama de 3000 équipes. J’ai aussi dirigé les frères Castel. Le cadet a été
    champion de France avec le racing CF, et meilleur marqueur d’essais sur la
    saison en championnat de France, sans compter les matches internationaux. Il
    était le fer de lance de l’attaque du Racing CF et il a été champion de France
    au Parc-des-Princes avec cette équipe. Je l’ai dirigé avec deux autres joueurs.

    Tout le monde doit avancer, mais dans mon esprit, dès que des petit patelins ou
    bleds de 200/400, ou 10 000 pèlerins commencent à les battre, à accrocher tel
    ou tel titre, les grands clubs se cabrent.

    Une droite omniprésente, arriviste, agressive et parvenue, prête à n’importe quoi
    pour parvenir à ses fins et à ses combinaisons les plus ringardes, les plus
    arriérées, constamment en train de rechercher à humilier les autres, gangrène
    ces même grands clubs.

    Une année je me souviens, lorsque les grands clubs, les grandes écuries,
    craignaient de perdre trop de titres face aux petits, ils sont allé jusqu’à
    supprimer plus de la moitié des épreuves du championnat de France. C’est une
    triche légalisée et officialisée. Cette régression ne les effraie pas.

    C’est une vision régressive. Tout ça parce que parfois un petit village de 200
    habitant décroche le titre au relai 400x100 ou autre.

    Un bon scandale de dopage sorti des fagots pour faire diversion et cacher le pire,
    quelques déclassements à l’âge, quelques tricheries de plus et on n’en parle
    plus.

    Une année nous aurions pu déjà être champions Ile-de-France, il ne restait plus que
    trois équipes dans la course, dont deux que nous avions battues par 20/30
    points d’écart au cours des dernières saisons, mais l’arbitrage ne l’a pas
    permis.

    Il a fallu attendre l’année suivante.

     Dans le match manquant, l’arbitre n’avait pas sifflé au moins 80 hors-jeu de
    position de l’équipe adverse au cours de la partie, ce qui nous avait privé de
    tout point de repère.

    Le score pléthorique en faveur de l’équipe adverse masquait un arbitrage
    totalement défaillant.

     Nous nous étions en définitive inclinés chez nous au retour 4 à 3 sur un terrain
    gelé, n’ayant rien pu exploiter à l’aller, essentiellement en raison de cet
    arbitrage partial.

     Charles Pussey, au centre en bas, m’a confié que lors d’un match qualificatif de
    championnat de France entre Le PUC et Sarcelles ou il était présent dans les
    gradins, un essai a été accordé au PUC alors qu’il y avait en-avant, et un
    autre a été refusé à Sarcelles alors qu’il s’agissait d’un faux en-avant,
    l’essai de Sarcelles était valable. Sarcelles avait gagné sur le terrain mais
    perdu sur le papier. Le PUC, qui nous a sorti aussi, n’a gagné la plupart de
    ses matches que de un point ou deux d’écart. Il échouera contre Bagnères au
    Parc ( 9-16 ). Le parcours du PUC cette année reste suspect.

    Philippe Mondon est sur cette photo aussi, je me souviens de tous les joueurs. Il a été
    interwievé par des journalistes de la télévision lors de la terrible
    catastrophe d’Haïti, car il voulait prendre un orphelin avec son amie. Il est
    le quatrième en haut en partant de la gauche. Larrieux, Didier Clément, sont
    entre autres également présents sur la photo. Je suis en bas, l’avant-dernier à
    droite.

     Je ne veux pas ici dresser l’inventaire de toutes les tricheries qui ont lieu et
    prennent cours dans un sport de masse comme le rugby. Ou dans d’autres sports
    de masse.

    Mais c’est un paramètre important. Lorsque l’on a vu certaine choses on s’en
    souvient, et cela modifie profondément la perception que l’on peut avoir de
    certains clubs qui ont à leur actif plusieurs titres nationaux. Nous étions une
    bande de copains, tout le monde se connaissait dans l’équipe. De nombreux
    joueurs sont passés en sélection.

    Dans nos adversaires, je pense à Aulnay, un très bon club bourré de titres
    nationaux, contre lequel j’ai juste joué lorsque j’étais minime contre de très
    bons séniors. Mais quelle désillusion lors d’un match ou l’arbitre avait été
    acheté, et radié à vie par la suite.

    Aujourd’hui, c’est professionnel d’ailleurs. L’argent a pris le pouvoir.

    Le pire moment de ma carrière, c’est ce match contre Villeneuve-la-Garenne sur la
    pelouse du stade français. 400 spectateurs armés de barres de fer, coups de poing
    américains et autres armes de poing avaient envahi le terrain. Je me suis
    retrouvé à un moment sous un regroupement. J’ai pris un mauvais coup sur la
    plante des pieds, bilan : fracture au troisième col du métatarsien. Cela m’a
    poursuivi toute ma carrière jusqu’à aujourd’hui.

    L’arbitre a été radié à vie.

    J’ai finalement passé une IRM qui a permit de déceler un névrome de Morton. Je me
    suis fait opérer. J’avais 45 ans, j’avais cette douleur terrible depuis 18 ans.

    Parallèlement, comme le dit très bien ma femme Hanifia, le fait que l’on en soit aujourd’hui à
    l’érythropoïétine ( E.P.O. ) de deuxième génération, indétectable, modifie
    largement ce que l’on peut penser des sports de haut niveau.

    Car la crise fait le lit de la droite la plus réactionnaire qui soit, sans arrêt
    sur la défensive et totalement repliée sur ses intérêts, toujours sur la
    défensive.

    Ilne faut pas s’y tromper. Dans un pays, quand la police se fait systématiquement
    le relai des pires tyrans qui soient, au plus grand mépris de la loi, avec
    toute la cohorte ministérielle, c’est que ça sent le roussi. Grande est la
    confusion dès que l’on traite de sécurité ou de sûreté.

    Il y a quelques années, après avoir travaillé pour un lycée technique et une usine
    Porsche, car j’avais travaillé chez le leader national en aspiration de fumées
    de soudure ( bras flexibles articulés, rails creux alu ) , j’ai été reçu par un
    commissaire de police et un agent, pour travailler justement dans la sûreté. Je
    n’ai pas été retenu par cette nouvelle filiale de la SNCF. Mais cela m'a
    toutefois permit à l'époque de me faire à une meilleure image de la police.

    Il y a beaucoup à faire contre la criminalité, contre le terrorisme, mais veut-on
    vraiment s’en donner les moyens ? Il faudrait une vraie volonté de faire
    avancer les dossiers, or on le voit, tous campent sur le mode le plus régressif
    qui soit. On ne veut pas aller au bout d’une démarche collective. A force de
    vouloir faire les choses par le haut, on ne consulte plus la base.

    De la même façon, peu de textes paraissent sur l’art espagnol. Je suis là pour y
    remédier, pour permettre au grand public de se forger une opinion, pour ouvrir
    de nouveaux horizons d’expression.

    Il faut faire sauter les verrous de cette société absurde que l’on veut nous
    imposer.

    Il faut refonder, repartir sur des bases bien séparées.

    Manuel Diez était un fabuleux génie, le continuateur des Van Gogh, Utrillo, Picasso,
    Monet, Gen Paul et autres. Là encore le sénateur Claude Estier, qui avait un
    appartement à coté du musée Cortot, lui a mené la vie impossible, là encore le
    pouvoir en place lui a mené la vie infernale. Là encore la société n’a rien à
    faire des grands artistes, et elle n’a pour ainsi dire rien appris d’eux, ou
    presque rien. Il était un immense continuateur, et c’est ce continuum qui a été
    rompu.

    Carl’univers politique est absurde, ses contradictions et ses volte-face sont
    nombreuses. C’est que le marché de l’art n’a plus rien à voir avec l’humain,
    avec l’art au sens noble. Manuel Diez préfigure déjà ce que sont les ruines du
    christianisme.

    Aujourd’hui, une religion comme l’Islam ne demande plus son reste, elle reste hermétique aux
    principes chrétiens, repliée sur sa communauté. L’oumma comme disait Hassan II,
    la communauté.

    Et si Hassan II était octavien, comme ma femme est une octavine, il reste tangible
    que les seuls points communs entre nos religions sont la prédominance de la
    communauté. La mort de Manuel Diez, c’est un peu la fin d’une peinture un peu
    moins abrupte.

    J’ai lu quelques uns des livres d’Hassan II, et moi qui connais surtout l’Algérie,
    et qui ai pu assister à la tension entre le Maroc et l’Algérie, avec la
    fermeture des frontières, je trouve qu’un dirigeant clairvoyant et imaginatif
    comme il l’était manque beaucoup.

    J’ai vu le film ou Yolande Moreau incarne Séraphine de Senlis à la perfection, je
    l’ai trouvé admirable. Nous étions allés à Senlis avec Méré la dernière fois
    qu’elle est venue.

    Elle vit à Toro et a beaucoup de problèmes de santé avec son genou.

    Séraphine a fini à Clermont, ou je suis allé quelquefois lorsque j’étais ambulancier.

    C’est presque aussi pire que Sainte-Anne. Sa fin a été terrible. André Gill est mort
    en internement aussi, à Charenton je crois.

    Montmartre, quartier d’Utrillo, de Marcel Aymé, de tant d’artistes aura vu la fin de ce
    personnage exceptionnel qu’était mon père. Il « avait sa gueule » comme on
    disait de lui.

    Il y a de très nombreuses années de cela, une vieille dame a été assassinée à
    Arnouville, dans sa maison près du Mont de Gif, pour 10 ou 20 francs à peine. A
    coups de couteaux, elle devait être en chemise de nuit ou chez elle dans son
    lit. Un crime horrible.

    Plus tard, à deux pas de là, le lieu ou a démarré  la fameuse polémique sur
    l’autodéfense avec François Art, avec lequel je me suis battu deux ou trois
    fois au lycée à Gonesse, et à Jean-Moulin aussi je crois, c’est le célèbre vol
    d’autoradio.

    Mitterrand l’avait invité dîner à l’Elysée. J’ignore s’il était au courant de ce crime,
    mais il s’est produit non loin des faits. C’est un de mes anciens camarades de
    classe, Cahard, qui était dans le SAMU avec Art. Il était infirmier à l’époque.

    J’ai trouvé Mitterrand assez pitoyable dans cette affaire. On lui a masqué la
    vérité. Cahard m’a confié qu’il pissait le sang dans le SMUR qui l’emmenait à
    l’hôpital de Gonesse, il a bien failli y rester. J’étais à l’armée à ce moment
    là, en Allemagne. C’était passé à la télévision.

    En vérité dans ce pays, il y a deux tendances sérieuses de gauche. Le centre
    gauche, qui regrette constamment l’incapacité de la gauche à s’unir, à se
    prendre en charge et venir à bout de la droite, dont Mme Bouissy dont j’ai
    parlé dans le manuel d’introduction est un des principaux représentant, et le
    communisme à tendance maoïste, qui pose clairement la question : « Qu’aurons
    nous soulevé ensembles ? ». Après, c’est le spectre de la division et de
    l’incompréhension.

     

     

     

     

    Ci-dessus un ancien cliché de notre maison à Arnouville. Les promoteurs sont venus de
    partout au fil des années, encouragés par tous les affairistes qui se sont
    succédé dans notre ville.

     

     

     

     

    Il est loin le temps de l’atelier. Ci-dessus mon frère David en train d’apprêter
    des petites tables en pied.

     

     

     

     C’est David lui-même qui a réalisé toute cette série de clichés et de photos des
    tableaux, car il a fait de la photographie. Il voulait être photographe, et il
    a fini taxi. Ses clichés forment cependant une très belle série. La première et
    la seule à ce jour. Ma mère ne veut pas que je la fasse paraître sur la toile.

     Comme je regrette David, de ne pas avoir pu ou su mieux le protéger, mais l’histoire
    était en marche et plus rien ne pouvait contrecarrer son tragique destin. Son
    service militaire s’était mal passé, comme celui d’Ingo s’est achevé
    brutalement. Pour lui, ça s’est mal terminé. Les autres ont été plus violents
    que lui.

     
    Si mon frère aîné aurait été placé en maison de repos dès le début, il serait
    peut-être encore là aujourd’hui, mais ma mère n’a jamais voulu le placer, elle
    s’y est toujours refusé. Il a joué un rôle terriblement nocif sur lui, et m’a
    considérablement empêché de veiller davantage à la sécurité de David. Ingo lui
    a barré la route sans même s’en rendre compte. «  Le Unmensch »,
    comme l’appelle Hanifia. Mais il est aujourd’hui trop tard, et je dois
    maintenant à mon tour veiller sur Ingo aussi, faute d’avoir fait suffisamment
    attention à David.

     
    Pauvre David, il avait une forte personnalité, un grand sens humoristique et si
    particulier. Nous avions fait les vendanges ensembles dans le Beaujolais, à
    Lancié et au Perréon. Nous sortions souvent sur Paris et en banlieue, pour voir
    des concerts, dans les années 80. David me semblait aimer la vie, mais il n’a
    pas fait suffisamment attention à la sienne, et les autres n’ont pas réussi à
    s’en charger à sa place. Nous étions trop pauvres, il avait accumulé les
    problèmes durant toute sa vie. Je n’aurais jamais pensé qu’il puisse
    disparaître aussi jeune.

     
    Comme le XXème siècle a été cruel aussi, et nous a tout enlevé.

     

     

     

     

     

     

     

     


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